Texte intégral
Monsieur le Ministre, Cher Bernard Bosson,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureux, après avoir ouvert hier soir le festival, de vous retrouver pour l'inauguration du Marché international du film d'animation d'Annecy. Il me semble essentiel, pour le rayonnement culturel de la France, qui se situe au premier plan européen et au deuxième ou troisième plan mondial dans le domaine de l'animation avec les États-Unis et le Japon, que se tienne ici, au bord de ce lac, cette manifestation qui prend chaque année plus d'ampleur.
Et je tiens à rendre hommage au travail et au dynamisme de toutes les équipes organisatrices et en particulier au Centre international du cinéma d'animation, qui est la référence internationale et historique permanente pour les professionnels d'animation du monde entier.
Je salue aussi l'engagement personnel et passionné, de longue date, de Bernard Bosson et de la ville d'Annecy en faveur de l'animation.
Cet engagement est également prolongé par celui de la Communauté d'Annecy et du département de la Haute-Savoie qui sont à l'origine de la Cité de l'image et de l'animation (CITIA).
Nous pouvons être très fiers de l'animation française qui s'épanouit sur les rives du lac et qui jouit d'une grande reconnaissance au niveau international, tant par l'originalité et le talent de ses auteurs et créateurs que par les compétences et la qualité de ses équipes de production et de fabrication.
Cette reconnaissance, c'est le résultat du dynamisme et de la qualité du travail de la quarantaine de sociétés actives en France, dont les programmes sont plébiscités par le public du monde entier. L'importance économique de cette activité se mesure à l'aune de son chiffre d'affaires : environ 180 millions d'euros par an. Mais aussi d'une croissance très soutenue en longue période : le volume de production a été multiplié par cinq en vingt ans, d'une soixantaine d'heures par an au début des années quatre-vingts à trois cents heures en moyenne depuis le milieu des années quatre-vingt dix.
C'est la tendance de long terme, la tendance de fond, et je crois qu'elle va continuer. Pour ma part, dans les responsabilités qui sont les miennes, j'apporterai le soutien des pouvoirs publics à la consolidation de cette croissance.
J'ai cité hier, en ouvrant le festival, les scores remarquables du nombre d'entrées de La prophétie des grenouilles et des Triplettes de Belleville, qui ont fait une véritable carrière internationale.
C'est aussi le résultat de la formation d'un vivier de jeunes talents, de très grande qualité. Et je me réjouis qu' Annecy soit aussi le carrefour de l'emploi et de la formation dans les métiers de l'animation. Il y a ainsi une grande cohérence entre les différentes manifestations qui se croisent pendant ces quelques jours, autour du festival et du marché international.
C'est le résultat enfin, du très haut niveau de prestations techniques parfaitement compétitives avec les meilleurs studios étrangers.
Évidemment, tout n'est pas rose au pays de " Titeuf " et de " Tchoupi ". Je sais que vous tous, producteurs, créateurs, techniciens, prestataires, traversez une période difficile, en raison des mutations du marché international, marquées par trois caractéristiques principales : une demande de plus en plus exigeante sur le plan de la diversité et de la qualité, et de moins en moins prévisible quant aux volontés des programmateurs ; des audiences qui se fragmentent autour de diffuseurs de plus en plus nombreux. Et j'ajoute, vous le savez, des prix de plus en plus faibles sur le marché international.
Toutes ces évolutions, j'en suis conscient, créent un paradoxe : au moment même où la demande ne cesse de croître, l'offre se trouve fragilisée.
Aussi, je sais quelles sont vos inquiétudes. Des inquiétudes justifiées : si sept longs métrages d'animation français sont sortis dans nos salles l'an dernier, globalement la production audiovisuelle d'animation a subi un recul de près de 20%, soit en cinq ans un volume de production divisé par deux.
Quelle que soit sa vitalité, le marché domestique ne suffit évidemment pas à assurer seul le financement d'une série d'animation au format traditionnel.
Les niveaux d'investissement des chaînes ont sensiblement progressé en 2003. Je tiens ici à les en remercier. Car je suis convaincu de la nécessité de proposer aux enfants et aux jeunes téléspectateurs une grande diversité et une grande qualité d'offre de programme.
Je suis conscient que l'effort réel qui a été fourni est très inégal d'un diffuseur à l'autre et que globalement le niveau de financement reste faible.
Au total en effet, l'apport des chaînes françaises et du CNC couvre environ 50% à 60% des devis. C'est dire si les partenariats internationaux sont indispensables, et je suis très attentif aux difficultés que vous pouvez rencontrer dans ce domaine, ainsi qu'à leurs conséquences sur vos activités et vos droits d'exploitation.
La réforme du Compte de soutien à l'industrie des programmes audiovisuels (COSIP) permet de renforcer le soutien du CNC aux producteurs d'animation. L'objectif essentiel de cette réforme est d'accompagner financièrement les oeuvres qui contribuent à la localisation de l'emploi sur le territoire national, en prenant davantage en compte les dépenses créatives et techniques effectuées en France.
Le secteur de l'animation emploie au moins 2500 personnes par an. Comme c'est un secteur très dépendant du marché international, il est indispensable de tenir compte le plus en amont possible des exigences de ce marché pour renforcer le développement de projets en France.
L'animation connaît un véritable succès à l'exportation puisqu'elle a représenté 42% des exportations de programmes audiovisuels français.
Et la vitalité de notre marché se nourrit autant de projets internationaux que de projets domestiques. Afin de produire tous ses effets bénéfiques pour la création, notre système de soutien est donc conçu pour aider les deux, tout en valorisant les projets où la part artistique et technique française est la plus conséquente.
Je suis bien conscient de la nécessité de préserver un niveau d'activité en France indispensable au développement de vos métiers et de vos entreprises.
Et je pense en particulier aux jeunes créateurs, qui sont nombreux ici, à Annecy, carrefour et pépinière de jeunes talents.
Car les grands succès du cinéma d'animation ont souvent puisé leur source dans la créativité des jeunes pousses. Je suis très conscient également des responsabilités des diffuseurs audiovisuels et en particulier des chaînes de télévision. J'ai bien entendu vos attentes à l'égard des objectifs qui doivent être fixés aux trois chaînes publiques, ainsi que vos préoccupations quant à l'effort qu'elles doivent fournir pour favoriser la production audiovisuelle d'animation.
D'une manière générale, je crois aux vertus incitatives des crédits d'impôt. Ce mécanisme a déjà été mis en place pour le cinéma : il comprend des aménagements très spécifiques pour tenir compte des particularités de la production de dessins animés. J'ai demandé un premier bilan. Je vous annonce que nous pouvons d'ores et déjà constater une tendance à la relocalisation de certaines dépenses, voire de certains tournages.
Je m'engage à soutenir dans les mêmes conditions l'extension du crédit d'impôt à l'audiovisuel. Mais là aussi, cette mesure doit s'inscrire dans la durée et, je tiens à le dire, en contrepartie d'engagements clairs.
Je ne crois pas, à " l'effet d'aubaine". Les engagements des professionnels doivent porter sur leur activité et leurs emplois localisés en France. Je suis convaincu qu'en complément d'un dispositif de financement domestique amélioré, notamment grâce aux aides du CNC, c'est un "plus" pour la production d'animation et l'attractivité du territoire national.
J'ajoute que le secteur de l'animation sera évidemment concerné par l'extension des fonds régionaux d'aide à la production cinématographique abondés par le CNC à l'audiovisuel, annoncée par le Premier ministre.
J'ai demandé une étude précise sur le financement de cette mesure très positive pour la production de programmes à destination de la jeunesse en particulier. Je suis un amateur de films d'animation. J'aime les regarder. Je suis aussi très vigilant sur l'économie et l'emploi dans ce secteur. Je suis à l'écoute de vos préoccupations et de vos propositions.
Je vous souhaite un excellent Festival et un excellent Marché. Un Marché est toujours un lieu d'échanges et de rencontres. Que vos échanges soient fructueux pour tous vos projets ! Que vos rencontres soient stimulantes pour toutes vos créations ! Je suis convaincu que vous trouverez ici l'ambiance et l'énergie propices.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 juin 2004)
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureux, après avoir ouvert hier soir le festival, de vous retrouver pour l'inauguration du Marché international du film d'animation d'Annecy. Il me semble essentiel, pour le rayonnement culturel de la France, qui se situe au premier plan européen et au deuxième ou troisième plan mondial dans le domaine de l'animation avec les États-Unis et le Japon, que se tienne ici, au bord de ce lac, cette manifestation qui prend chaque année plus d'ampleur.
Et je tiens à rendre hommage au travail et au dynamisme de toutes les équipes organisatrices et en particulier au Centre international du cinéma d'animation, qui est la référence internationale et historique permanente pour les professionnels d'animation du monde entier.
Je salue aussi l'engagement personnel et passionné, de longue date, de Bernard Bosson et de la ville d'Annecy en faveur de l'animation.
Cet engagement est également prolongé par celui de la Communauté d'Annecy et du département de la Haute-Savoie qui sont à l'origine de la Cité de l'image et de l'animation (CITIA).
Nous pouvons être très fiers de l'animation française qui s'épanouit sur les rives du lac et qui jouit d'une grande reconnaissance au niveau international, tant par l'originalité et le talent de ses auteurs et créateurs que par les compétences et la qualité de ses équipes de production et de fabrication.
Cette reconnaissance, c'est le résultat du dynamisme et de la qualité du travail de la quarantaine de sociétés actives en France, dont les programmes sont plébiscités par le public du monde entier. L'importance économique de cette activité se mesure à l'aune de son chiffre d'affaires : environ 180 millions d'euros par an. Mais aussi d'une croissance très soutenue en longue période : le volume de production a été multiplié par cinq en vingt ans, d'une soixantaine d'heures par an au début des années quatre-vingts à trois cents heures en moyenne depuis le milieu des années quatre-vingt dix.
C'est la tendance de long terme, la tendance de fond, et je crois qu'elle va continuer. Pour ma part, dans les responsabilités qui sont les miennes, j'apporterai le soutien des pouvoirs publics à la consolidation de cette croissance.
J'ai cité hier, en ouvrant le festival, les scores remarquables du nombre d'entrées de La prophétie des grenouilles et des Triplettes de Belleville, qui ont fait une véritable carrière internationale.
C'est aussi le résultat de la formation d'un vivier de jeunes talents, de très grande qualité. Et je me réjouis qu' Annecy soit aussi le carrefour de l'emploi et de la formation dans les métiers de l'animation. Il y a ainsi une grande cohérence entre les différentes manifestations qui se croisent pendant ces quelques jours, autour du festival et du marché international.
C'est le résultat enfin, du très haut niveau de prestations techniques parfaitement compétitives avec les meilleurs studios étrangers.
Évidemment, tout n'est pas rose au pays de " Titeuf " et de " Tchoupi ". Je sais que vous tous, producteurs, créateurs, techniciens, prestataires, traversez une période difficile, en raison des mutations du marché international, marquées par trois caractéristiques principales : une demande de plus en plus exigeante sur le plan de la diversité et de la qualité, et de moins en moins prévisible quant aux volontés des programmateurs ; des audiences qui se fragmentent autour de diffuseurs de plus en plus nombreux. Et j'ajoute, vous le savez, des prix de plus en plus faibles sur le marché international.
Toutes ces évolutions, j'en suis conscient, créent un paradoxe : au moment même où la demande ne cesse de croître, l'offre se trouve fragilisée.
Aussi, je sais quelles sont vos inquiétudes. Des inquiétudes justifiées : si sept longs métrages d'animation français sont sortis dans nos salles l'an dernier, globalement la production audiovisuelle d'animation a subi un recul de près de 20%, soit en cinq ans un volume de production divisé par deux.
Quelle que soit sa vitalité, le marché domestique ne suffit évidemment pas à assurer seul le financement d'une série d'animation au format traditionnel.
Les niveaux d'investissement des chaînes ont sensiblement progressé en 2003. Je tiens ici à les en remercier. Car je suis convaincu de la nécessité de proposer aux enfants et aux jeunes téléspectateurs une grande diversité et une grande qualité d'offre de programme.
Je suis conscient que l'effort réel qui a été fourni est très inégal d'un diffuseur à l'autre et que globalement le niveau de financement reste faible.
Au total en effet, l'apport des chaînes françaises et du CNC couvre environ 50% à 60% des devis. C'est dire si les partenariats internationaux sont indispensables, et je suis très attentif aux difficultés que vous pouvez rencontrer dans ce domaine, ainsi qu'à leurs conséquences sur vos activités et vos droits d'exploitation.
La réforme du Compte de soutien à l'industrie des programmes audiovisuels (COSIP) permet de renforcer le soutien du CNC aux producteurs d'animation. L'objectif essentiel de cette réforme est d'accompagner financièrement les oeuvres qui contribuent à la localisation de l'emploi sur le territoire national, en prenant davantage en compte les dépenses créatives et techniques effectuées en France.
Le secteur de l'animation emploie au moins 2500 personnes par an. Comme c'est un secteur très dépendant du marché international, il est indispensable de tenir compte le plus en amont possible des exigences de ce marché pour renforcer le développement de projets en France.
L'animation connaît un véritable succès à l'exportation puisqu'elle a représenté 42% des exportations de programmes audiovisuels français.
Et la vitalité de notre marché se nourrit autant de projets internationaux que de projets domestiques. Afin de produire tous ses effets bénéfiques pour la création, notre système de soutien est donc conçu pour aider les deux, tout en valorisant les projets où la part artistique et technique française est la plus conséquente.
Je suis bien conscient de la nécessité de préserver un niveau d'activité en France indispensable au développement de vos métiers et de vos entreprises.
Et je pense en particulier aux jeunes créateurs, qui sont nombreux ici, à Annecy, carrefour et pépinière de jeunes talents.
Car les grands succès du cinéma d'animation ont souvent puisé leur source dans la créativité des jeunes pousses. Je suis très conscient également des responsabilités des diffuseurs audiovisuels et en particulier des chaînes de télévision. J'ai bien entendu vos attentes à l'égard des objectifs qui doivent être fixés aux trois chaînes publiques, ainsi que vos préoccupations quant à l'effort qu'elles doivent fournir pour favoriser la production audiovisuelle d'animation.
D'une manière générale, je crois aux vertus incitatives des crédits d'impôt. Ce mécanisme a déjà été mis en place pour le cinéma : il comprend des aménagements très spécifiques pour tenir compte des particularités de la production de dessins animés. J'ai demandé un premier bilan. Je vous annonce que nous pouvons d'ores et déjà constater une tendance à la relocalisation de certaines dépenses, voire de certains tournages.
Je m'engage à soutenir dans les mêmes conditions l'extension du crédit d'impôt à l'audiovisuel. Mais là aussi, cette mesure doit s'inscrire dans la durée et, je tiens à le dire, en contrepartie d'engagements clairs.
Je ne crois pas, à " l'effet d'aubaine". Les engagements des professionnels doivent porter sur leur activité et leurs emplois localisés en France. Je suis convaincu qu'en complément d'un dispositif de financement domestique amélioré, notamment grâce aux aides du CNC, c'est un "plus" pour la production d'animation et l'attractivité du territoire national.
J'ajoute que le secteur de l'animation sera évidemment concerné par l'extension des fonds régionaux d'aide à la production cinématographique abondés par le CNC à l'audiovisuel, annoncée par le Premier ministre.
J'ai demandé une étude précise sur le financement de cette mesure très positive pour la production de programmes à destination de la jeunesse en particulier. Je suis un amateur de films d'animation. J'aime les regarder. Je suis aussi très vigilant sur l'économie et l'emploi dans ce secteur. Je suis à l'écoute de vos préoccupations et de vos propositions.
Je vous souhaite un excellent Festival et un excellent Marché. Un Marché est toujours un lieu d'échanges et de rencontres. Que vos échanges soient fructueux pour tous vos projets ! Que vos rencontres soient stimulantes pour toutes vos créations ! Je suis convaincu que vous trouverez ici l'ambiance et l'énergie propices.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 juin 2004)