Déclarations de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur les missions des contingents français en Centrafrique et en Côte d'Ivoire, Bangui le 30 et Yamoussoukro le 31 décembre 2003.

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Circonstance : Voyage officiel de Mme Michèle Alliot-Marie du 30 décembre 2003 au 1er janvier 2004 en Centrafrique, au Mali et en Côte d'Ivoire-Rencontre avec les détachements BOALI et CEMAC à Bangui le 30 et avec les troupes françaises en Côte d'Ivoire le 31

Texte intégral

Déclaration à Bangui le 30 décembre :
Monsieur l'Ambassadeur,
Général,
Officiers, Sous-Officiers, Militaires du rang français et africains,
Je suis particulièrement heureuse et fière d'être parmi vous aujourd'hui, à Bangui. Heureuse, car ces déplacements au sein des forces en opération sont pour moi l'occasion de me rendre compte de la réalité des choses et de votre mission. Fière également, d'être en tant que ministre à la tête de femmes et d'hommes dont les qualités humaines et professionnelles sont unanimement reconnues.
Soyez assurés que ma présence ici, parmi vous, aujourd'hui, n'est pas le fait du hasard.
Elle marque la priorité que la France accorde à ce continent malmené. Elle témoigne de notre volonté d'assumer, avec l'approbation de la communauté internationale, nos responsabilités envers des pays qui sont nos frères par la langue et auxquels nous lie une longue histoire.
Nous ne pouvions accepter que le désordre se perpétue dans ce pays, alors que les ressortissants de la communauté internationale étaient en danger et que les nouvelles autorités appelaient à l'aide.
Nous avons agi de concert avec nos amis africains de la CEMAC, parce que notre désir est de voir les Africains prendre en charge les destinées de leur continent, en s'appuyant tant qu'il sera nécessaire sur leurs alliés européens.
Nous avons pu ainsi limiter, ensemble, le drame humain subi par la population centrafricaine.
L'engagement du contingent de la CEMAC - le Gabon, le Congo et le Tchad - est essentiel pour le succès de cette opération, et il participe pleinement au processus de paix.
Elle confirme la volonté et la capacité des Africains à prendre en charge les destinées de leur continent.
Je tiens à rendre hommage au sacrifice consenti par la force, à vos morts disparus dans l'accomplissement de leur mission et à ceux qui souffrent encore de leurs blessures.
A vous militaires français est revenue tout d'abord la charge d'épauler le contingent africain, durement éprouvé au cours des événements du mois de mars.
Le deuxième aspect de votre mission concerne le soutien aux forces armées centrafricaines. Ce soutien ne sera pas compté. Leur renaissance est une étape vitale pour l'avenir du processus de paix et pour le pays. Vous m'avez montré cet effort que vous déployez au quotidien, avec vos camarades de la coopération militaire. Vous faites tous preuve des plus belles qualités militaires, d'adaptation et de professionnalisme.
Cette opération est un succès auquel je suis venu apporter le témoignage de notre reconnaissance.
Elle montre notre capacité mutuelle à se comprendre et à travailler ensemble, dans un contexte politique et opérationnel très difficile.
Vous avez droit à la reconnaissance du peuple centrafricain et à celle de la France.
En cette fin d'année je n'oublie pas dans mes remerciements et mes vux les proches de chacun d'entre vous, qui devez passer de longs mois loin de votre foyer et de ceux qui vous sont chers. Je connais leurs difficultés et je sais l'importance de leur équilibre et de leur épanouissement pour l'exercice de votre métier.
Je suis heureuse aujourd'hui de vous exprimer les félicitations des plus hautes autorités de l'Etat.
Je ne doute pas que vous continuerez à remplir magnifiquement votre mission, et vous exprime ma pleine et entière confiance.
Pour conclure, je tiens donc à vous remercier pour la chaleur de votre accueil et la qualité de vos présentations qui resteront pour moi la marque du remarquable travail que vous effectuez pour la France, en Centrafrique et en Afrique.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 janvier 2004)
Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie à Yamoussoukro le 31 décembre :
Monsieur l'Ambassadeur,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Vous comprendrez que je souhaite commencer mon propos en rendant hommage à nos soldats disparus dans l'accomplissement de leur mission, et à ceux qui souffrent encore des séquelles de leurs blessures.
Leur sacrifice au service de la paix et de la France montre la nécessité de rester vigilant, malgré les signes encourageant d'apaisement du conflit et des passions.
En effet l'opération Licorne, la plus lourde que nous ayons menée depuis longtemps sur le continent africain, connaît aujourd'hui un succès indéniable.
Elle marque la volonté de la France d'assumer de nouveau, avec l'approbation de la communauté internationale, ses responsabilités envers des pays qui sont nos frères par la langue et auxquels nous lie plus d'un siècle d'histoire.
Nous ne pouvions accepter que se reproduise en Côte d'Ivoire, qui fut longtemps un havre de paix et de prospérité, les horreurs de la région des Grands Lacs, de la Sierra Leone et du Liberia.
Nous avons agi de concert avec nos amis africains de la CEDEAO, parce que notre désir est de voir les Africains prendre en charge les destinées de leur continent, en s'appuyant tant qu'il sera nécessaire sur leurs alliés européens.
C'est pourquoi, même si les forces de la MICECI nous appuient de façon toujours plus efficace, même si l'ONU consent à s'engager d'une manière plus importante, la France n'abandonnera pas ce pays au milieu du gué.
A vous, militaires français, est revenue la lourde charge de monter les premiers en ligne, voici un an.
Malgré une situation extrêmement mouvante et complexe, vous avez été à même d'accomplir une de vos tâches essentielles : la protection de l'intégrité physique de nos ressortissants et de ceux d'autres pays.
Votre tâche majeure, depuis de longs mois, consiste à faire vivre ce processus de paix. Il est décrié par les extrémistes des deux bords, mais il est la seule voie vers une paix durable une véritable réconciliation nationale. Vous avez réussi à les faire taire.
Alors que le découragement pouvait gagner tous les acteurs, vous n'avez jamais baissé les bras. Vous avez, au jour le jour, fait renaître une confiance qui avait disparu.
Vous récoltez aujourd'hui les premiers fruits de vos efforts.
Votre professionnalisme et votre sang-froid, votre connaissance aiguë du terrain et des hommes ont permis d'éviter la rupture avec les forces gouvernementales et de nouer le dialogue avec les forces nouvelles.
A ceux qui refusaient la voix de la réconciliation, nous avons su opposer la plus grande fermeté.
Nous avons pu ainsi limiter le drame humain subi par la population ivoirienne.
Nous y sommes aidés par nos amis africains des pays de la CEDEAO.
Leur participation est essentielle pour le succès de l'opération en RCI et ils participent pleinement au processus de paix.
Elle confirme la volonté et la capacité des Africains à prendre en charge les destinées de leur continent.
La MICECI est un exemple supplémentaire de la volonté des dirigeants africains de s'engager dans la résolution des crises sur leur continent.
Cette opération est un grand succès et montre notre capacité mutuelle à se comprendre et à travailler ensemble, dans un contexte politique et opérationnel très difficile.
Vous avez tous fait preuve des plus belles qualités militaires, d'adaptation et de professionnalisme.
D'autres étapes vous attendent, menant à une paix durable :
- La participation au processus de démobilisation, de désarmement et de regroupement des forces antagonistes.
- La sécurisation des frontières.
La route sera longue, car il faut que le processus enclenché à Marcoussis vive dans son esprit et dans sa lettre. Il sera concrétisé par la tenue d'élections libres et transparentes en 2005.
Le dispositif Licorne restera donc en place pour continuer à favoriser le retour à la paix.
En ce jour particulier, il me semble normal d'être présente parmi vous pour vous présenter mes vux les plus chaleureux.
J'y associe bien évidemment les proches de chacun d'entre vous, qui devez passer de longs mois loin de votre foyer et de ceux qui vous sont chers.
Vous avez droit à la gratitude du peuple ivoirien, et à celle de la France.
C'est pourquoi, je suis heureuse de vous exprimer les félicitations des plus hautes autorités de l'Etat.
Je ne doute pas que vous continuerez à remplir magnifiquement votre mission, et vous exprime ma pleine et entière confiance.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 janvier 2004)