Déclaration de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, en hommage aux combattants du maquis du Vercors nord en 1944, à Saint Nizier du Moucherotte le 17 juin 2004.

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Circonstance : Commémoration des combats du Vercors à Saint Nizier du Moucherotte le 17 juin 2004

Texte intégral

Général,
Monsieur le maire,
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames messieurs,
C'est, vous l'imaginez, un très grand honneur de pouvoir, avec vous, célébrer la mémoire des combattants du Vercors, ici à Saint Nizier du Moucherotte. De pouvoir évoquer et partager les valeurs exemplaires qu'ils incarnèrent, d'exprimer aux familles et amis de ceux qui sont tombés dans le Vercors l'admiration et la reconnaissance de la France.
Commémorer les combats du maquis du Vercors Nord, c'est d'abord rappeler quelques-uns des moments héroïques de ce haut lieu de la Résistance française.
D'abord lieu de refuge, en particulier pour les victimes des mesures de discrimination politique ou raciale du gouvernement de Vichy, le Vercors devient, après l'occupation de la zone sud, l'une de ces montagnes, qui, selon le général de Gaulle, " ont fourni à la Résistance maintes citadelles et tant de combattants ".
C'est, en effet, que selon le " plan montagnards ", sorti de l'esprit de deux hommes fascinés par ses hautes falaises, Pierre Dalloz et son ami l'écrivain Jean Prévost ? dit " Goderville ", ce massif devait être " un cheval de Troie pour commandos aéroportés ".
Le premier maquis s'y est en effet installé en décembre 1942 au sud du plateau dans la ferme d'Ambel. D'autres s'implantèrent notamment avec l'arrivée de jeunes refusant le STO.
Début 1944, connaissant l'existence du camp fondé par le chef de bataillon Séguin de Reynies, et où servit l'Abbé Pierre, près du village de Malleval, les nazis prennent au piège 22 maquisards qui périront au combat. Le village est incendié, huit habitants sont jetés dans le brasier d'une grange, sept autres ne reviendront jamais de la déportation.
Au printemps 1944, après le débarquement, c'est une véritable levée en masse, et presque 4000 maquisards se retrouvent sur le plateau en quelques jours.
Les affrontements avec les nazis s'y multiplient, et le 13 juin 1944, au prix de combats farouches, la résistance fait, ici même, reculer les nazis jusqu'à Grenoble.
Mais le 15 juin, les nazis reviennent en force : 600 résistants à peine, dirigés notamment par Jean Prévost, le chef de bataillon Costa de Beauregard, les capitaines Thivollet, Huet, dit "Hervieux", Brisac, et les lieutenants Chabal et Bouchier-Veyrat affrontent près de 2000 Allemands et une trentaine de miliciens. C'est un combat au corps à corps, une résistance héroïque. Au bout de quelques heures, il n'y a d'autre issue que le repli.
Le bilan des combats de Saint-Nizier est particulièrement lourd : 21 résistants et 9 civils de Saint-Nizier tués ; 81 maisons sur 93 détruites.
Aujourd'hui sur le lieu de ces combats héroïques des 13 et 15 juin 1944, se tient une partie du mémorial de la Résistance en Vercors, avec la nécropole de Saint-Nizier, où reposent, parmi nombre de leurs camarades héros du Vercors, Jean Prévost, mort en août 1944, ainsi qu'Eugène Chavant, chef civil du maquis, décédé en 1969.
Après Saint-Nizier, d'autres épopées, d'autres drames allaient se dérouler ici sur le plateau du Vercors pendant cette terrible bataille de l'été 1944. Ils ont pour noms, entre autres, Pas de l'Aiguille, Autrans - Méaudre, Valchevrière, Vassieux, la Chapelle en Vercors ou Grotte de la Luire.
Noms chargés de sens, lourds d'émotion, qui finalement n'appellent rien d'autre que le silence et la reconnaissance.
60 ans après, à la veille de la commémoration de l'appel du 18 juin, souvenons-nous de cette terrible bataille du Vercors qui, avec ses 800 morts, joua un rôle déterminant pour accélérer la libération de notre sol.
60 ans après, souvenons-nous du message de courage de ces pionniers et combattants du Vercors.
Grâce à l'action remarquable des associations d'anciens combattants, de victimes de guerre, de résistants et de déportés cette mémoire demeure vivante.
Je souhaite saluer tout particulièrement l'association nationale des pionniers et combattants volontaires du Vercors et remercier son président de la part qu'il a prise dans l'organisation de ces cérémonies.
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes tous ici à la fois les héritiers et les passeurs, pour les générations futures, d'un message fait d'honneur, d'exigence, d'engagement.
Ce message des pionniers du Vercors dont l'écho résonne, pour longtemps encore, dans leur chant :
" Souviens-toi peuple de France.
Le Vercors a bu leur sang.
Souviens-toi de leur vaillance.
Contre mille ils étaient cent ".
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 22 juin 2004)