Conférence de presse de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes sur l’Union européenne et la Roumanie, à Paris le 6 septembre 2000.

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Circonstance : Visite de M. Petre Roman, ministre roumain des affaires étrangères et de l'intégration européenne, à Paris le 9 septembre 2000

Texte intégral

La rencontre avec Petre Roman a été comme d'habitude, amicale et fructueuse. Nous avons évoqué évidemment la Présidence française et l'attitude générale qui est la nôtre, en particulier sur l'élargissement.
J'ai redit à Petre Roman que l'élargissement n'était pas pour nous une priorité parmi d'autres, mais que c'était en fait la toile de fond, le grand projet dans lequel nous inscrivions notre Présidence. C'est d'abord et avant tout pour l'élargissement que nous réformons les institutions européennes. Et puis s'agissant des négociations d'élargissement, nous souhaitons passer d'une phase technique, qui est indispensable, à une phase politique qui nous permette d'avoir une approche globale, une vue d'ensemble du processus d'adhésion des pays candidats. Nous avons parlé de ces modalités.
Dans ce contexte, une des tâches qui nous revient, c'est bien sûr de conduire les négociations d'élargissement. Je viens de parler de l'esprit, je voudrais dire aussi quelques mots de ce que nous allons faire concrètement. En accord avec la Commission, la Présidence française a décidé l'ouverture de 42 nouveaux chapitres à l'égard des pays qui ont été admis à engager les négociations d'adhésion, lors du Conseil européen d'Helsinki, et parmi lesquels la Roumanie, nous nous en réjouissons. Pour la Roumanie, cela voudrait dire que 4 chapitres seraient ouverts. Petre Roman m'a fait une demande, que j'approuve et que je soutiens bien volontiers, c'est que l'on ouvre pour la Roumanie, un ou deux chapitres supplémentaires. Je lui ai promis de me faire l'avocat de cette cause auprès de Günter Verheugen, que je verrai prochainement à Bruxelles. La question posée est double : d'abord, quelles sont les capacités d'absorption de la Commission, compte tenu de ses moyens, en personnel notamment ; deuxièmement, quel type de chapitres devront être ouverts. Nous avons eu des échanges là-dessus. Mais, je le redis ici, je me ferai, auprès de la Commission, l'avocat de la Roumanie pour que soit ouvert au moins un chapitre supplémentaire, deux si possible, dans les négociations d'élargissement.
Nous avons aussi consacré une partie importante de notre entretien à la levée de l'obligation des visas entre la Roumanie et les pays de l'Union européenne. C'est un sujet sur lequel je m'étais exprimé lorsque j'étais venu à Bucarest, au début de cet été, et je sais à quel point Petre Roman s'est engagé personnellement dans cette cause. J'avais pris des positions favorables. Je veux ici les réitérer. La Présidence française souhaite que l'on trouve les conditions pour parvenir, durant ce semestre, à la levée de l'obligation des visas pour la Roumanie. Cela suppose bien sûr que des progrès soient faits par la Roumanie dans l'intégration de l'acquis en matière de Justice et Affaires intérieures. Je signale d'ailleurs que c'est le Conseil JAI, co-présidé par Elisabeth Guigou et Daniel Vaillant, qui doit statuer sur ce point-là. Il va falloir convaincre, cher Petre, vos partenaires aussi pour que cette position, qui est nationale, et qui est donc celle de la Présidence en tant que délégation, soit partagée par d'autres. Ensuite, c'est une négociation qui doit être conduite entre la Présidence et ses partenaires. Je pense que dès lors qu'il apparaîtrait que les conditions sont remplies, cette levée pourrait être décidée lors du Conseil JAI qui se tiendra le 30 novembre 2000.
Troisième sujet dont nous avons parlé, c'est une cause à laquelle vous savez que nous, Français sommes très attachés, c'est la cause des orphelins en Roumanie. J'ai pu en parler avec Petre Roman, en lui manifestant notre satisfaction par rapport aux évolutions récemment décidées, notamment les transferts de moyens à une agence. Les choses vont dans le bon sens. C'est un drame humain qu'il faut prendre en charge et à cur avec des moyens et une philosophie nouvelle. Les problèmes existent et nous en avons parlé avec franchise, mais nous avons conscience, en même temps, que ce problème est pris au sérieux par les autorités roumaines.
Voilà les sujets dont, pour l'essentiel, nous avons parlé.
Q - (sur les visas)
R - Nous avons entendu le plaidoyer de Petre Roman. Encore une fois, j'ai dit que notre position était favorable en principe à la levée de l'obligation de visas et favorable aussi à l'ouverture de chapitres. Il va de soi que c'est la Présidence de l'Union, en liaison avec la Commission qui, à la fois négociera avec elle l'ouverture de chapitres, et avec ses partenaires les conditions de la levée de l'obligation de visas.
Q - (sur les déclarations de Günter Verheugen)
R - Je voudrais ajouter un mot sur ce que l'on appelé " l'affaire Verheugen ", confirmant ce que j'ai dit hier au Parlement européen. Je vais exactement dans le sens de Petre Roman. Au titre de la Présidence, je travaille sur l'élargissement avec Günter Verheugen. Nous avons des entretiens réguliers. Je le connais depuis longtemps, nous avons été collègues, ministres des Affaires européennes, nous avons travaillé ensemble sur l'Agenda 2000 à l'occasion de la Présidence allemande. C'est un ami. Je sais que Günter Verheugen est sincèrement persuadé que l'élargissement est la tâche historique de l'Union européenne. Je sais qu'il est personnellement favorable à l'élargissement. Il est même l'un des hommes politiques européens les plus préoccupés de ce qui se passe dans ce domaine et c'est d'ailleurs pour cela qu'il a brigué, et obtenu, ce poste de Commissaire à l'élargissement. Donc, ses propos ont pu être inopportuns, ils ont pu aussi être interprétés. Je suis persuadé qu'il saura, dès cet après-midi, au Parlement européen, donner une explication nette et satisfaisante et que la Commission, le Conseil et le Parlement européen pourront ensemble reprendre leur travail, leur chemin vers un élargissement réussi./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr. le 8 septembre 2000)