Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la défense européenne, notamment l'exercice militaire EOLO 4 et les progrès de la politique européenne de sécurité et de défense, à Nîmes le 18 octobre 2004.

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Circonstance : Exercice EOLO 04, à Nîmes (Gard) le 18 octobre 2004

Texte intégral

L'exercice EOLO 04, qui nous réunit aujourd'hui sur la base aéronavale de Nîmes, est un exercice ambitieux.
Il est à la mesure d'une vision de l'Europe de la défense que nous partageons tous ici.
La présence de nombreux ambassadeurs, de chefs d'état-major de l'Union européenne, ainsi que de parlementaires et d'élus, que je salue, témoigne du très large intérêt collectif que suscite la mise en oeuvre concrète de la politique européenne de sécurité et de défense.
Avec la multiplication des menaces de toutes sortes qui touche tous les continents, l'Europe a besoin d'une politique propre de sécurité et de défense. Plus personne ne le conteste.
Les gouvernements des pays membres ont fait depuis quelques années des progrès considérables en matière de concepts et d'outils.
La responsabilité des militaires, qui mènent sur le terrain les opérations de l'Union, est tout aussi importante.
Notre capacité à construire des structures de commandement européennes à la fois représentatives et efficaces dépend pour beaucoup du dialogue et des échanges d'expérience entre les armées des Etats membres.
A ce titre, les exercices comme celui qui se déroule aujourd'hui sur la base de Nîmes, mettant en scène une opération de gestion de crise fictive, sont indispensables.
Organisé par l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la France, il associe également d'autres pays de l'Union européenne (Allemagne, Autriche, Royaume-Uni, Suède, Chypre).
1. L'exercice EOLO 04 confirme la volonté européenne de développer un outil de défense cohérent et efficace.
1.1 L'Union européenne est désormais forte de 25 Etats membres, rassemblant plus de 450 millions d'habitants. Elle partage la responsabilité de la sécurité internationale.
L'Europe a besoin d'un outil militaire flexible, interopérable, efficace
- pour répondre aux attentes des Européens en matière de sécurité,
- pour protéger ses intérêts,
- pour répondre à une éventuelle sollicitation de l'Organisation des Nations Unies,
- pour compléter l'action de l'OTAN.
Les Européens ont un savoir-faire reconnu en matière de gestion de crise.
Ce savoir-faire opérationnel a déjà été appliqué dans des opérations militaires et civiles de l'Union :
- Concordia en ex-République de Macédoine,
- Artémis en République démocratique du Congo,
- la mission de police de l'UE qui est en cours en Bosnie-Herzégovine
- ou encore Thémis en Géorgie.
1.2 Grâce au retour d'expérience de ces opérations, nous pouvons encore progresser.
C'est l'objectif de l'exercice EOLO 04.
Il s'inscrit dans la continuité de nombreux exercices de coopération multinationale et interarmées menés depuis plus de dix ans.
Mais EOLO 04 ouvre des perspectives nouvelles, par sa dimension et par son ambition. Il vise à valider le fonctionnement des états-majors et l'interopérabilité des postes de commandement et des unités.
2. L'exercice EOLO s'inscrit dans une large dynamique de progrès de la PESD depuis maintenant plus de deux ans.
2.1 En parallèle des opérations sur le terrain, des progrès sont réalisés sur le plan capacitaire.
La voie est tracée pour les années à venir avec :
- La création des groupes de projet assortis prochainement d'un examen de résultats,
- La conception du nouvel Objectif global 2010.

De nouvelles ambitions et programmes accompagnent ce mouvement avec la création de l'agence, mais également le lancement de programmes Meteor, de l'A400M, du NH 90, du Tigre.
L'accord sur la Force de Gendarmerie Européenne en un temps record complète ce tableau.
2.2 Aucun pays n'est en mesure de porter seul les progrès de la PESD.
Pour concrétiser les avancées de l'Europe de la défense, nous devons avancer ensemble, partager les efforts.
Tous les pays de l'Union ont vocation à participer aux nouvelles initiatives de la PESD.
Il importe désormais d'adopter le traité constitutionnel, qui est la prochaine étape de la construction de l'Europe de demain.
Il contient des dispositions qui nous permettront de faire progresser la PESD, notamment la clause de solidarité et le mécanisme des coopérations structurées.
Tous les États qui sont représentés ici aujourd'hui, ainsi que les autres Etats membres de l'Union européenne, partagent une même vision du monde, basée sur la liberté, la démocratie, le respect du droit international.
Ils en ont donné la preuve en adoptant la stratégie européenne de sécurité.
Les Européens ont pu, cette année encore, confirmer sur le terrain la solidité et l'efficacité de leurs liens, leur fraternité d'armes.
Je sais qu'un exercice comme EOLO 04 contribuera un peu plus à confronter nos savoir-faire, à unir nos efforts, à renforcer la solidarité européenne.
C'est le fondement d'une Europe forte, répondant aux défis de sécurité, affirmant sa vocation de pilier majeur des relations internationales.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 octobre 2004)