Déclaration de M.François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, dans "Le Figaro-Economie" le 19 août 2004, sur l'évolution des relations commerciales franco-algériennes.

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Média : Le Figaro Economie

Texte intégral

Q - On assiste à une mobilisation générale du gouvernement pour renouer avec l'Algérie. N'est-ce pas pour contrer la montée en puissance des Américains ?
R - Contrairement à une idée répandue nous ne sommes pas en perte de vitesse sur le marché algérien. En dix ans, les échanges entre nos deux pays ont été multipliés par deux avec une forte accélération sur les quatre dernières années. Notre part de marché atteint aujourd'hui près de 25%. Et au premier semestre 2004, nos exportations ont augmenté de 10,8% vers l'Algérie. Si vous regardez les relations commerciales de l'Algérie, comme du Maroc d'ailleurs, avec les Etats-Unis vous constaterez que c'est encore modeste. Et l'écart en faveur de la France devrait se creuser cette année. En volume d'exportations on est sur une tendance autour de 4 milliards d'euros pour 2004.
Q - La France n'a-t-elle pas essayé de réduire sa dépendance à l'égard du pétrole algérien ?
R - Certaines personnes résument trop les relations économiques franco-algériennes aux questions énergétiques. C'est vrai que nous avons baissé nos importations au premier semestre de cette année et que peut-être les Etats-Unis ont augmenté les leurs. Mais l'année dernière nos importations d'hydrocarbures algériens avaient augmenté de 17%. Et l'Algérie reste notre troisième fournisseur d'hydrocarbures (pétrole et gaz) après la Norvège et la Russie.
Q - L'Algérie n'en reste pas moins qu'au quatorzième rang parmi les clients de la France...
R - Mais c'est un de nos premiers clients hors OCDE. Même comparés aux chiffres d'affaires réalisés avec nos très grands partenaires commerciaux les 4 milliards d'euros de ventes espérés en Algérie en 2004 représentent un volume d'affaires considérable. Je rappelle que nous vendons pour environ 20 milliards d'euros aux Etats-Unis et 40 milliards à l'Allemagne.
Q - Quelles perspectives offre l'Algérie pour les exportateurs français ?
R - Les projets en cours sont considérables. Les entreprises françaises pourraient d'abord gagner des marchés dans la distribution et l'assainissement de l'eau. Les besoins dans ce domaine sont immenses. Elles pourraient également intervenir dans les domaines des transports, notamment dans l'achèvement du métro d'Alger, la construction d'autoroutes, en particulier l'axe est-ouest prévu dans les régions nord du pays. Ce sont de très grands chantiers pour lesquels les entreprises françaises peuvent proposer des solutions extrêmement performantes.
Q - Mais les PME peuvent-elles aussi participer à ce mouvement ?
R - Lors de la foire d'Alger de 2001 il y avait 15 PME françaises. Cette année on en a compté 400 ! La confiance est bel et bien de retour. Non seulement l'Algérie n'a pas de gêne à travailler avec nous mais attend des initiatives de notre part.
Plus personnellement, j'ai senti l'amélioration de la qualité de la relation avec les Algériens lors de la visite de Jacques Chirac à Alger au printemps dernier à laquelle je participais. Les manifestations de sympathies de la foule m'ont profondément ému. Les liens entre la France et l'Algérie ne sont pas simplement économiques et culturels mais puissamment affectifs et humains. Et je les ressens même jusque dans ma région alsacienne : je suis invité, vendredi soir, à faire le méchoui de la fraternité avec les Français musulmans d'Alsace
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 août 2004)