Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur la libération de Dole par les FFI en 1944, à Dole (Jura) le 9 septembre 2004.

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Circonstance : Cérémonie de commémoration du soixantième anniversaire de la Libération de Dole, le 9 septembre 2004

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs les présidents d'associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Avec fidélité et joie, mais aussi avec émotion, Dole commémore aujourd'hui sa Libération.
En ce lieu, nos pensées vont, d'abord, vers celles et ceux qui tombèrent au champ d'honneur pour le retour de la liberté dans votre ville, aux premiers jours de septembre 1944.
Elles vont aussi vers toutes les victimes civiles et militaires de la Guerre, à Dole et dans ses environs.
Au nom du Gouvernement, je m'incline, avec reconnaissance et respect, devant leur mémoire.
Dole, sa région et tout le Jura, chacun le sait, furent des terres de maquis. Aujourd'hui, avant de le faire à nouveau à Bletterans samedi, je veux saluer le rôle éminent, historique, de ces hommes d'honneur, au courage admirable, qui se sont levés pour briser le joug nazi.
Pour libérer Dole, leur action fut décisive. Nous nous en souvenons.
En effet, dès le début du mois de septembre, les forces alliées et françaises, débarquées en Provence le 15 août, ont atteint la Franche-Comté, au terme d'une progression fulgurante.
Mais, ici, à Dole, ce sont les Résistants qui décident d'engager le combat déterminant. Le 8 septembre, non sans audace, les FFI adressent un ultimatum à la garnison allemande. Dans la nuit, l'ennemi évacue la ville.
Le 9 septembre 1944, voici soixante ans, jour pour jour, la joie peut alors s'exprimer. Le bonheur est immense dans Dole, épargné, qui fête ses libérateurs.
Mesdames et Messieurs, cette victoire donne bien la mesure de la force acquise par la Résistance dans notre département. Dès les premiers temps, à la suite du général de GAULLE, des Jurassiens fidèles aux principes de la République, fidèles aux valeurs de la Patrie, ont refusé la fatalité de la défaite.
La géographie, l'intersection des lignes de démarcation entre les différentes zones d'occupation et, plus encore, le tempérament jurassien : tout s'est conjugué pour donner, ici, à la Résistance, une ampleur dont l'Histoire de France garde la mémoire.
Je n'oublie pas, bien sûr, le renfort substantiel, et ô combien courageux, des réfractaires au STO
Le nombre des communes jurassiennes décorées de la Croix de guerre atteste de l'ancrage profond et généralisé de la Résistance.
Mesdames et Messieurs, sur le plateau du Vercors, le Premier ministre a rappelé le rôle historique majeur des maquis. Il a rendu un hommage national et solennel à tous les maquisards. Un hommage d'autant plus justifié que, pour prix de leur courage et de leur sens de l'honneur, les Résistants ont payé un très lourd tribut.
Nous gardons tous la mémoire vive de la répression impitoyable, cruelle, barbare, qui frappa dans notre département. Tout au long de l'Occupation, et jusqu'aux ultimes moments de sa présence, l'ennemi a déporté, fusillé et massacré des Résistants. La population a partagé ce grand malheur. La sauvagerie de ces années de sang et de larmes a atteint, avec brutalité et sans mesure, les civils.
En 2005, la Nation commémorera la libération des camps de concentration. Avec force et gravité, nous rendrons hommage à ceux qui ont subi la pire des épreuves, pour notre liberté et pour notre honneur.
Nous penserons à celles et à ceux qui n'ont pas survécu à l'indicible, à l'enfer. Pour nous, jurassiens, les drames de cette période ont des noms et des visages. Ce sont les noms et les visages, souvent proches, des hommes et des femmes sans lesquels nous ne pourrions vivre aujourd'hui dans un pays libre et souverain.
Oui, le Jura, les Jurassiennes et les Jurassiens, ont bien mérité de la Patrie.
Mesdames et Messieurs, sur les champs de bataille, devant les monuments aux morts, en commémorant ces pages douloureuses de notre Histoire, on prend conscience de l'extraordinaire portée historique de l'unification irrévocable de l'Europe et de la réunification de la France et de l'Allemagne.
On prend l'exacte mesure de l'importance, pour les générations futures, du projet européen. Un enjeu qui dépasse infiniment les préoccupations, par ailleurs légitimes, de la gestion quotidienne.
Vous le voyez, faire mémoire de notre Histoire, nationale et locale, rappeler les heures glorieuses de la Libération et les années sombres de l'Occupation comme nous le faisons, ensemble aujourd'hui à Dole, c'est aussi regarder l'avenir. C'est transmettre aux générations futures les enseignements du passé.
A Dole, dans le Jura, où tant de grandes et belles pages d'Histoire se sont écrites, nous avons le devoir particulier d'être, à notre tour, des " passeurs de mémoire ".
Je veux donc saluer les élus, les anciens combattants, les jeunes, et la population de Dole. Par cette cérémonie et par votre présence aussi nombreuse, vous attestez de votre reconnaissance et de votre admiration pour celles et ceux qui vous ont libéré de la barbarie. Vous manifestez votre fidélité aux idéaux de la Résistance et aux valeurs de la République. Vous oeuvrez à la construction d'un avenir meilleur pour notre jeunesse.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 septembre 2004)