Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d'être aujourd'hui parmi vous, à Bruxelles, à l'invitation de la Fondation Schuman, sur un thème qui m'est si cher.
Je tiens à remercier les invités qui à mes côtés représentent certaines des plus grandes institutions et des plus importants projets européens du domaine spatial.
Je serai brève pour cette introduction, car je crois qu'il s'agit avant tout de répondre à vos questions, de dialoguer ensemble. Je voudrais simplement vous dire le sens de ma venue ici aujourd'hui sur ce sujet, et le sens que j'attache à la politique spatiale pour l'Union européenne.
Pendant 40 ans, l'Europe politique et l'Europe spatiale se sont construites par des processus largement indépendants. Or nous avons à présent une occasion historique de réunir ces deux Europe. Cela a déjà commencé par la signature d'un accord entre l'Union européenne et l'Agence spatiale européenne (ESA) le 25 novembre 2003. Cela est marqué par des coopérations engagées sur des projets essentiels comme Galiléo ou l'initiative de surveillance mondiale pour l'environnement et la sécurité (Global Monitoring for Environment and Security - GMES). Cela s'est traduit par la création d'une ligne budgétaire pour le domaine spatial dans le cadre du 6ème Programme - Cadre européen de recherche et de développement technologique (PCRD). Surtout, cela sera institutionnalisé par le projet de Constitution qui fait du spatial une nouvelle compétence de l'Union. J'ai beaucoup oeuvré en faveur de ces articles de la Constitution, I-13 et III-155, qui donneront une base nouvelle à l'action de l'Union européenne dans le domaine spatial.
L'Europe de l'espace a déjà enregistré des succès formidables : Mars Express qui a permis récemment la découverte d'eau sur Mars, le lanceur Ariane, les satellites de Météo, l'exploration spatiale avec par exemple la mission Cassini-Huygens et ses images de Saturne. L'Europe est présente dans tous les secteurs clefs de télécoms, météo, observation, sécurité, elle est au 1er rang mondial des lanceurs commerciaux - Jean-Yves Le Gall pourra y revenir -, et tout cela avec un financement six fois inférieur à celui des États-Unis.
L'Europe de l'espace, je crois, doit désormais être prise en compte par l'Europe politique. Il n'y a pas eu de définition d'objectifs politiques communs à moyen et long termes. Je crois que les choses évoluent dans le bon sens, les responsables politiques prennent de plus en plus conscience des enjeux du domaine spatial. Ainsi, un des vice-présidents de la Commission, M. Verheugen, suivra la politique spatiale, le nouveau Parlement va re-former un intergroupe sur l'espace, un groupe de haut niveau va proposer dans les mois qui viennent les priorités d'un programme spatial européen.
Pourquoi cette nécessité d'une prise en compte politique ? Parce que, quand on évoque les grands besoins de l'Europe, des citoyens européens, de quoi parle-t-on ? De paix, de sécurité, de respect de l'environnement, de dynamisme économique, de succès scientifique Sur tous ces objectifs politiques au coeur de l'Union européenne, l'espace est un élément incontournable. Il apporte des réponses concrètes, garantit des solutions indépendantes à long terme, entraîne un formidable potentiel économique qui irrigue non seulement les grandes entreprises mais aussi des PME dans toute l'Europe.
On peut même aller plus loin : je pense que l'espace est vraiment constitutif de l'identité européenne. Il suffit de voir l'enthousiasme que peuvent susciter, chez les jeunes notamment, les missions des astronautes européens. Je l'ai vécu, vous le savez, très directement. Tout récemment, j'ai participé au German Space Day, où s'étaient réunies près de 5.000 personnes. L'espace continue de faire rêver, très largement, les citoyens européens.
Il les informe et les divertit aussi : il faut penser en effet que l'une des principales applications de l'espace est l'information - la télévision, la vidéo, le haut débit - 1250 chaînes de télévision sont par exemple distribuées par satellites à près de 100 millions de foyers en Europe. C'est ainsi que l'espace est devenu un vecteur essentiel de la culture européenne.
Je crois qu'il faut ainsi ancrer l'espace dans le concret, dans le quotidien des citoyens européens. Ce n'est pas un monde à part, un luxe, ce n'est pas réservé à quelques grands pays, à quelques scientifiques ou à quelques grandes industries. L'un des enjeux politiques pour l'Union européenne est d'ouvrir sa politique spatiale à tous, de faire partager l'ambition spatiale par le plus grand nombre de citoyens.
Pour l'anecdote, la question qui m'est la plus souvent posée - et je dois même dire presque systématiquement - par les journalistes européens que je rencontre lors de mes voyages comme ministre des Affaires européennes, c'est de savoir à quoi ressemble l'Europe vue de l'espace ! Eh bien, après avoir vu l'Europe de l'espace, ce que je souhaite aujourd'hui c'est construire l'Europe de l'espace After Europe from Space, Europe of Space Parce que si aucun des États de l'Union n'a la capacité à être seul un grand acteur spatial mondial, ensemble nous le pouvons.
Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 octobre 2004)
Je suis très heureuse d'être aujourd'hui parmi vous, à Bruxelles, à l'invitation de la Fondation Schuman, sur un thème qui m'est si cher.
Je tiens à remercier les invités qui à mes côtés représentent certaines des plus grandes institutions et des plus importants projets européens du domaine spatial.
Je serai brève pour cette introduction, car je crois qu'il s'agit avant tout de répondre à vos questions, de dialoguer ensemble. Je voudrais simplement vous dire le sens de ma venue ici aujourd'hui sur ce sujet, et le sens que j'attache à la politique spatiale pour l'Union européenne.
Pendant 40 ans, l'Europe politique et l'Europe spatiale se sont construites par des processus largement indépendants. Or nous avons à présent une occasion historique de réunir ces deux Europe. Cela a déjà commencé par la signature d'un accord entre l'Union européenne et l'Agence spatiale européenne (ESA) le 25 novembre 2003. Cela est marqué par des coopérations engagées sur des projets essentiels comme Galiléo ou l'initiative de surveillance mondiale pour l'environnement et la sécurité (Global Monitoring for Environment and Security - GMES). Cela s'est traduit par la création d'une ligne budgétaire pour le domaine spatial dans le cadre du 6ème Programme - Cadre européen de recherche et de développement technologique (PCRD). Surtout, cela sera institutionnalisé par le projet de Constitution qui fait du spatial une nouvelle compétence de l'Union. J'ai beaucoup oeuvré en faveur de ces articles de la Constitution, I-13 et III-155, qui donneront une base nouvelle à l'action de l'Union européenne dans le domaine spatial.
L'Europe de l'espace a déjà enregistré des succès formidables : Mars Express qui a permis récemment la découverte d'eau sur Mars, le lanceur Ariane, les satellites de Météo, l'exploration spatiale avec par exemple la mission Cassini-Huygens et ses images de Saturne. L'Europe est présente dans tous les secteurs clefs de télécoms, météo, observation, sécurité, elle est au 1er rang mondial des lanceurs commerciaux - Jean-Yves Le Gall pourra y revenir -, et tout cela avec un financement six fois inférieur à celui des États-Unis.
L'Europe de l'espace, je crois, doit désormais être prise en compte par l'Europe politique. Il n'y a pas eu de définition d'objectifs politiques communs à moyen et long termes. Je crois que les choses évoluent dans le bon sens, les responsables politiques prennent de plus en plus conscience des enjeux du domaine spatial. Ainsi, un des vice-présidents de la Commission, M. Verheugen, suivra la politique spatiale, le nouveau Parlement va re-former un intergroupe sur l'espace, un groupe de haut niveau va proposer dans les mois qui viennent les priorités d'un programme spatial européen.
Pourquoi cette nécessité d'une prise en compte politique ? Parce que, quand on évoque les grands besoins de l'Europe, des citoyens européens, de quoi parle-t-on ? De paix, de sécurité, de respect de l'environnement, de dynamisme économique, de succès scientifique Sur tous ces objectifs politiques au coeur de l'Union européenne, l'espace est un élément incontournable. Il apporte des réponses concrètes, garantit des solutions indépendantes à long terme, entraîne un formidable potentiel économique qui irrigue non seulement les grandes entreprises mais aussi des PME dans toute l'Europe.
On peut même aller plus loin : je pense que l'espace est vraiment constitutif de l'identité européenne. Il suffit de voir l'enthousiasme que peuvent susciter, chez les jeunes notamment, les missions des astronautes européens. Je l'ai vécu, vous le savez, très directement. Tout récemment, j'ai participé au German Space Day, où s'étaient réunies près de 5.000 personnes. L'espace continue de faire rêver, très largement, les citoyens européens.
Il les informe et les divertit aussi : il faut penser en effet que l'une des principales applications de l'espace est l'information - la télévision, la vidéo, le haut débit - 1250 chaînes de télévision sont par exemple distribuées par satellites à près de 100 millions de foyers en Europe. C'est ainsi que l'espace est devenu un vecteur essentiel de la culture européenne.
Je crois qu'il faut ainsi ancrer l'espace dans le concret, dans le quotidien des citoyens européens. Ce n'est pas un monde à part, un luxe, ce n'est pas réservé à quelques grands pays, à quelques scientifiques ou à quelques grandes industries. L'un des enjeux politiques pour l'Union européenne est d'ouvrir sa politique spatiale à tous, de faire partager l'ambition spatiale par le plus grand nombre de citoyens.
Pour l'anecdote, la question qui m'est la plus souvent posée - et je dois même dire presque systématiquement - par les journalistes européens que je rencontre lors de mes voyages comme ministre des Affaires européennes, c'est de savoir à quoi ressemble l'Europe vue de l'espace ! Eh bien, après avoir vu l'Europe de l'espace, ce que je souhaite aujourd'hui c'est construire l'Europe de l'espace After Europe from Space, Europe of Space Parce que si aucun des États de l'Union n'a la capacité à être seul un grand acteur spatial mondial, ensemble nous le pouvons.
Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 octobre 2004)