Texte intégral
Q- Vous êtes nouveau secrétaire général de l'UMP et président de la commission des Finances à l'Assemblée. N. Sarkozy a pris, hier, la présidence de l'UMP. Vous allez donc travailler en étroite collaboration avec lui. Excusez-moi cette question peut-être idiote, mais à quoi sert de diriger l'UMP ? Si je vous interroge comme cela, c'est que B. Accoyer, président du groupe des députés UMP, hier, a déclaré que la vocation des députés de l'UMP c'est d'obéir au chef de la majorité qui est le Premier ministre, point final. Est-ce votre point de vue ?
R- Un parti doit être une force de proposition pour le Gouvernement. Le Gouvernement n'a pas toute la vérité, on l'a vu dans ces deux dernières années. Donc, les députés et le parti sont là pour être une force de proposition. Soutenir le Gouvernement, bien sûr, mais être aussi mieux écouté par le Gouvernement, et c'est l'intérêt de tous.
Q-Un parti politique, ça sert également à préparer les élections. Les prochaines élections importantes, ce sont évidemment les présidentielles. Les statuts de l'UMP ne disent pas un mot du mode de désignation du candidat du parti. Cela ne risque-t-il pas de poser des problèmes ?
R- L'expérience des quarante dernières années montre finalement que c'est l'opinion publique qui choisit, même lorsqu'il y a des primaires...
Q-Ce sont les sondages, quoi ?
R-... Et donc, dans deux ans, deux ans et demi, l'état de l'opinion publique sera bien traduite par les élus, et à ce moment-là, je pense que le choix se fera normalement sans heurts. En attendant, le parti et particulièrement ses dirigeants doivent être à l'écoute des aspirations, dire la vérité, cela m'apparaît vital, car depuis vingt-cinq ans, sans arrêt, on aboutit à des alternances politiques. Pourquoi ? Parce que le vote négatif l'emporte toujours en France sur le vote positif. Et ce que j'ai aimé hier dans le discours, c'est qu'on n'ait pas passé la moitié du temps à critiquer ses adversaires, mais à présenter pour l'avenir une direction.
Q-P. Méhaignerie, excusez-moi de revenir là-dessus, mais je crois que c'est quand même l'information essentielle : quel sera le nom du prochain candidat à la présidentielle ? Hier, N. Sarkozy a déclaré vouloir rajeunir le parti. La veille de l'anniversaire des 72 ans du Président, c'est quand même délicat.
R- Vous savez parfaitement depuis hier qu'il y a deux candidats potentiels : le président de la République, s'il veut se représenter et puis il y a N. Sarkozy. Il apparaît aujourd'hui au sein de l'UMP comme celui qui peut être le candidat futur. Encore faut-il que le président de la République décide lui-même de poursuivre ou de ne pas poursuivre et ensuite, nous verrons...
Q-En d'autres termes, vous dites : si J. Chirac veut faire un troisième mandat, ce sera lui sinon ce sera N. Sarkozy ?
R- Le président de la République saura très bien quel est l'état de l'opinion publique, le besoin de renouvellement ou pas et la situation internationale. Tous ces éléments, aujourd'hui, nous ne les avons pas. Ce que nous savons, c'est que l'UMP a un candidat alternatif. Il n'est pas sans candidat, si le président de la République ne se représente pas.
Q-Vous êtes également président de la commission des Finances à l'Assemblée. Alors, vous avez forcément une petite idée de l'homme qui va remplacer N. Sarkozy à Bercy ?
R- Eh bien, pas du tout. Je pensais que c'était ou P. Douste-Blazy ou T. Breton. Maintenant, on parle de H. Gaymard. Donc, j'attends paisiblement, et nous travaillerons avec celui qui aura été désigné aujourd'hui par le président de la République. Il aura beaucoup de travail.
Q- Vous parlez de T. Breton. Vous croyez encore aux vertus d'un ministre des Finances venu de la société civile ?
R- T. Breton a été aussi un élu local et donc il a travaillé avec R. Monory. Il a souhaité s'engager dans la vie politique un moment. Il a les qualités à la fois professionnelles de son métier et puis les qualités politiques et nous sommes là pour l'aider. Mais ce qui m'apparaît le plus important, c'est qu'il faut rétablir rapidement plus encore la confiance entre le monde des entreprises et le Gouvernement. Je sens qu'aujourd'hui les créateurs de richesses doutent et il nous faut absolument leur apporter des réponses, et la plus importante pour moi, c'est de simplifier la vie des Français et des entreprises. C'est pour cela qu'avec ce nouveau ministre des Finances, la priorité numéro 1, c'est de réformer l'Etat et je souhaiterais que l'année 2005 soit l'an 1 de la réforme de l'Etat. Simplifier, alléger les procédures, arrêter de multiplier les structures. Dans une économie moderne, l'Etat et les entreprises doivent coopérer comme dans tous les autres pays européens, très activement.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 novembre 2004)