Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur le centre de recherche Agrobiotech de Sophia-Antipolis sur la recherche en biologie, Sophia-Antipolis le 27 mai 2004.

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Circonstance : Inauguration du centre de recherche INRA/Agrobiotech à Sophia-Antipolis le 27 mai 2004

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Madame la Directrice Générale,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec le plus grand plaisir, mêlé de la plus haute curiosité, que je prends part aujourd'hui à l'inauguration du Centre de recherche de Sophia-Antipolis. Au-delà de la joie esthétique, face à ce splendide bâtiment, ma satisfaction tient à ce que cette nouvelle réalisation m'apparaît exemplaire, à plusieurs titres.
* Ce projet est exemplaire, tout d'abord, par la volonté de regroupement, de mise en commun, entre organismes de recherche et établissements d'enseignement supérieur ; par la détermination à mutualiser des moyens et à ouvrir la voie à de fructueuses synergies.
* Ce projet est exemplaire, ensuite, par l'effort matériel consenti. Il s'agit ici du plus grand projet immobilier de l'INRA ! Mais la contribution des autres partenaires, notamment du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et du Conseil général des Alpes-Maritimes mérite d'être rappelée d'emblée.
* Ce projet est exemplaire, enfin, par l'ambition scientifique affichée, européenne et mondiale, centrée sur un objectif clair : l'application de la biologie adaptative à l'agriculture et à l'environnement.
Recherche, transfert et valorisation, les promoteurs du projet Agrobiotech, que nous voyons aujourd'hui se concrétiser, ont voulus ces trois étapes étroitement imbriquées, dès le début de leur réflexion. Cette orientation volontariste, qui installe la science au coeur de notre développement économique et social, répond parfaitement aux mission de l'établissement pivot de ce projet, l'INRA. C'est en innovant que nous maintiendrons la place qui est la nôtre parmi les pays les plus développés, que nous contredirons dans les faits ceux qui veulent faire croire que nous sommes en déclin, et que ce déclin est inéluctable.
Notre capacité d'innovation scientifique et technique est l'un de nos meilleurs atouts. Nous avons le devoir impératif de la faire fructifier. Dans la compétition des nations, si nous voulons préserver et développer notre prospérité, nous n'avons pas d'autre choix, en France et plus largement en Europe, que de miser sur la connaissance et sur l'intelligence.
Dans la conception du projet Agrobiotech, au sein de la technopole de Sophia Antipolis, tout m'apparaît tendu vers l'innovation et j'en prends acte avec une profonde satisfaction.
Cette ambition ne saurait avoir des effets concrets, si elle ne reposait sur une conception adaptée de la structuration de la recherche. Personne ne peut plus croire qu'un saupoudrage de moyens, aussi avisé qu'il puisse être, serait à la hauteur des enjeux. Il est impératif aujourd'hui pour être performant de regrouper des masses critiques de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens, de créer des rassemblements d'acteurs animés d'une même volonté, partageant leur moyens techniques et leur enthousiasme dans une indispensable multi-disciplinarité.
C'est bien ce que je découvre ici, avec ce remarquable ensemble de plus de 200 chercheurs et enseignants-chercheurs, fédérés autour d'un même programme de biologie adaptative, une des branches les plus prometteuses de la biologie moderne.
La thématique que s'approprie le Centre de recherche de Sophia-Antipolis me semble particulièrement pertinente, à la fois en termes de richesse pour produire de nouvelles connaissances et en termes d'application pour l'agriculture et l'environnement.
Notre développement économique, qui conditionne notre prospérité, ne doit pas en effet s'accomplir à n'importe quel prix. Le domaine de l'agriculture est ici emblématique. Même si l'on ne peut souscrire à toutes les véhémences de certains des contempteurs d'une agriculture productiviste, il est certain que le modèle de production agricole qui a longtemps prévalu ne peut être considéré comme réellement durable. Concilier le volume de production agricole indispensable aux besoins de notre société et le respect de l'environnement est devenu une absolue nécessité, dont les partenaires d'Agrobiotech se sont vigoureusement saisis. Et cette conciliation exige une extrême capacité d'innovation !
Comment protéger les cultures en réduisant le recours à des intrants chimiques indésirables ? Comment permettre la mise en valeur agricole de surfaces ou de régions connaissant des conditions physico-chimiques ou climatiques défavorables - et il faut raisonner ici à l'échelle de la Terre entière ? Comment comprendre, pour mieux les maîtriser, les mécanismes qui sous-tendent l'évolution des agents biologiques agresseurs des plantes ?
Ce sont là des questions majeures, celles que les partenaires d'Agrobiotech ont voulu se donner les moyens d'aborder avec succès.
Pour s'attaquer à ce véritable défi, les approches les plus novatrices ont été retenues : génomique fonctionnelle comparative, des végétaux et de leurs agents pathogènes ; lutte biologique intégrée contre les ravageurs ; étude des mécanismes de réponse aux agressions physiques, chimiques et biologiques que fait subir leur environnement aux populations de plantes cultivées ; toxicogénomique ; mécanismes moléculaires et cellulaires des effets toxiques ; recherche de bio-pesticides nouveaux
J'ai été impressionné par la richesse scientifique du projet et par la pertinence de ses démarches ! De la génomique à la structure des populations, tous les compartiments de la biologie moderne sont ici réunis, focalisés sur un objectif commun. Cette recherche finalisée, au coeur des missions de l'INRA, prend une dimension plus générale, grâce à la haute qualité des approches retenues. Elle apportera, j'en suis sûr, par delà les perspectives qu'elle offre à nos capacités de développement, une contribution d'excellence, voire une vision nouvelle, dans bien des domaines, par exemple dans celui de la toxicologie.
L'outil construit ici, ce complexe de laboratoires appuyé par de solides structures expérimentales, contribuera certainement à organiser l'innovation. Mais il ménage aussi l'avenir à d'autres titres : souple, modulaire, "flexible", il peut être aisément remodelé et a été conçu pour suivre au plus près les inflexions que résultats et concepts nouveaux ne manqueront pas d'imposer aux programmes qu'il abritera. La préparation de notre avenir est décidément au centre du projet Agrobiotech !
Mais ces perspectives enthousiasmantes pour le futur ne nous dispensent pas de revenir quelques instants sur le passé, sur la genèse de ce projet, pour en tirer les meilleures leçons. Quatorze années se sont écoulées entre l'éclosion de l'idée féconde et la réalisation concrète de l'instrument, au sens le plus noble du terme, qui permettra de donner corps à cette idée. Il faut certes du temps pour réfléchir, planifier, organiser, accomplir ; mais ce long délai reflète aussi quelques pesanteurs, administratives ou financières, quelques complexités de multiples origines qui ralentissent l'exécution de nos projets.
Cet exemple, qui se solde par un succès que nous fêtons aujourd'hui, doit inspirer notre réflexion sur un axe majeur que je voudrais porter dans mon action des prochains mois : la simplification du fonctionnement de notre système de recherche et d'innovation, mise au service d'une meilleure performance. Tous ensemble, pour des réalisations de grande ampleur comme ce centre, mais aussi dans des actions de recherche plus modestes, nous devrons nous appliquer à réduire les délais qui peuvent retarder la concrétisation d'un projet d'avenir et nuire gravement à notre compétitivité.
Avant de passer la parole à Monsieur le Ministre de l'Agriculture, je voudrais encore adresser quelques félicitations et remerciements plus spécifiques.
Dans le domaine scientifique, tout d'abord, je tiens à saluer l'INRA, le CNRS et l'Université de Nice-Sophia-Antipolis, pour le défi qu'ils se sont collectivement lancés et pour la magnifique aventure qu'ils ont choisi de vivre ensemble.
Je tiens ensuite à remercier les partenaires qui ont contribué à ce que ce projet devienne une belle réalité : le Conseil Général des Alpes-Maritimes, le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Syndicat mixte d'aménagement Sophia-Antipolis, la SAEM, la représentation locale de la DATAR et les entreprises qui se sont associées à cette réalisation.
Mes félicitations et remerciements vont enfin tout spécialement aux deux chevilles ouvrières du projet, Pierre Ricci et Jean-Michel Rabasse.
Merci à tous, pour cette passionnante parenthèse printanière, dans un cadre aussi séduisant, et tous mes voeux de réussite pour la montée en charge de ce magnifique centre.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 28 mai 2004)