Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, et entretien avec "Le Journal du dimanche", sur l'objectif de sa tournée au Moyen-Orient et les efforts du gouvernement français pour aboutir à la libération des deux journalistes français enlevés en Irak, Paris le 5 septembre 2004.

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Circonstance : Enlèvement de deux journalistes français en Irak le 20 août 2004 : entretien de Michel Barnier avec Jacques Chirac sur le bilan de sa tournée en Egypte et au Moyen Orient (30 août-2 septembre) pour obtenir leur libération, Paris le 5 septembre 2004

Média : Le Journal du Dimanche

Texte intégral

(Déclaration à la presse de Michel Barnier à l'issue de son entretien avec le président de la République, à Paris le 5 septembre 2004) :
Mesdames, Messieurs, bonjour,
Le président de la République et le Premier ministre suivent, vous le savez, personnellement d'heure en heure les efforts que nous déployons partout pour obtenir la libération de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot.
J'ai rendu compte ce matin, dès mon retour, au président de la République, de cette première partie de ma mission et nous y travaillerons cet après-midi avec le Premier ministre.
Cette mission consistait, vous le savez, aussi à expliquer, notamment dans cette région du Proche et du Moyen-Orient, ce qu'est la France et son identité républicaine et ce que fait la France partout dans le monde, mais notamment dans cette région, pour la dignité, la liberté, la souveraineté des peuples.
Nous avons été profondément touchés par l'écho rencontré dans cette région notamment par ce message.
Notre priorité absolue, bien sûr, reste aujourd'hui d'obtenir la libération de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot. Notre priorité reste leur sécurité. Au moment ou je vous parle, nous avons des raisons sérieuses de croire qu'ils sont tous les deux en bonne santé et qu'une issue favorable est possible.
Nous y travaillons de toute notre énergie. Nous y travaillons avec sang froid, avec prudence et avec discrétion. C'est une des conditions de leur sécurité et je vous demande et vous remercie de le comprendre.
Pour ma part, je reste prêt à rejoindre cette région à tout moment et je vous confirme que les équipes mises en place et installées à Amman et bien sûr à Bagdad, resteront en place, mobilisées aussi longtemps que cela sera nécessaire.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec "Le Journal du dimanche" à Paris le 5 septembre 2004) :
Q - Où en est la situation ?
R - Selon les informations dont nous disposons au moment où je vous réponds, à Bagdad et à Amman, Christian Chesnot et Georges Malbrunot seraient en bonne santé et sont correctement traités. Comme toujours dans ce genre de circonstances graves, il faut analyser ces informations avec toutes les précautions nécessaires. Mais ces indications nous encouragent à poursuivre nos efforts pour obtenir leur libération et celle de leur chauffeur, Mohamed Al-Djoundi.
Q - Peut-on parler d'heures ou de jours ?
R - Franchement, cela ne serait pas responsable de ma part de faire un pronostic. Il faut être patient. Nous le sommes, tout comme les proches de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot. La patience, la mesure, la discrétion sont toujours une garantie et un élément de la sécurité. Il faut garder son sang-froid. Le plus important pour nous, c'est que leur libération intervienne dans le meilleur délai.
Q - Qu'avez-vous tenté d'expliquer lors de vos contacts ?
R - A travers cette mission, confiée par le président de la République, Jacques Chirac, et le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, j'ai voulu rappeler en quoi cet enlèvement était incompréhensible. Nos deux compatriotes aiment et connaissent très bien sur les plans humain et politique le monde arabe. D'autre part, la France a toujours été engagée dans cette région pour la justice, la dignité et la souveraineté des peuples.
Q - Y a-t-il une exigence autre que celle de départ, à savoir le retrait de la loi sur les signes ostensibles religieux dans les écoles publiques ?
R - A ma connaissance, non.
Q - Avez-vous eu l'impression que votre clarification sur cette loi a été comprise ?
R - L'honneur et l'histoire de notre République sont de garantir avec de telles lois l'impartialité de l'Etat, la protection et la liberté pour chacun en France de pratiquer son propre culte et d'avoir ses propres opinions. C'est une affaire, comme l'ont dit aussi avec passion, Fouad Alaoui, Abdallah Zekri et Mohamed Bechari, les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui concerne le fonctionnement même de notre démocratie. Ce ne sont pas des lois qui excluent, mais au contraire, qui protègent la liberté.
Q - Peut-on parler avec cette crise de tournant capital pour les
de France ?
R - Cette épreuve a révélé avec une force nouvelle la diversité et la cohésion de la nation française. Tous ceux qui font partie de notre société ont saisi cette occasion pour dire leur attachement à une certaine idée de la République.
Q - Vous rentrez ?
R - Je suis ce matin à Paris pour rendre compte au président de la République et au Premier ministre de la première partie de ma mission. Mais je me tiens prêt à revenir à Amman à tout moment. Nous sommes en liaison, heure par heure, avec Bagdad et notre ambassade reste totalement engagée. Le dispositif opérationnel demeure inchangé.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2004)