Texte intégral
A. Hausser-. On va parler d'inondations et d'autres choses aussi. Le Sud a payé un lourd tribut humain et matériel à ces inondations ?
- "Oui, effectivement, six morts, c'était de trop !"
Six morts !
- "Oui, oui, tout à fait. Même si on peut considérer que les Services de prévisions de crues se sont nettement améliorés..."
Ce n'est pas encore parfait.
- "Oui, bien sûr. Nous avons nettement améliorés cette prévision grâce à une réorganisation totale des services, grâce à l'appui du Service central hydrométéorologique que j'ai créé à Toulouse, et nous avons pu prévoir, bien entendu, de meilleure façon ces crues. Mais néanmoins, des comportements prudentiels sont toujours à mettre en avant. Les inondations, c'est le principal risque naturel auquel sont confrontés nos concitoyens, 2 millions de personnes, en France, sont confrontées aux inondations. Et vous savez, il ne faut pas se considérer exonérés des crues. La saison de crues n'est hélas pas terminée et nous pourrons avoir des crues jusqu'en février."
Vous avez dit, après la canicule, que "l'été 2003 apparaîtra comme un été frais d'ici 2100". Alors, je voudrais vous demander : est-ce que, à cette même époque, l'hiver 2003 apparaîtra comme un hiver humide ?
- "Nous savons bien que, dans le siècle qui va venir - enfin dans lequel nous sommes, que nous débutons - 30 années sur à peu près les 100 que nous allons vivre, seront des années plus chaudes que l'été que nous avons vécu. C'est ce que nous disent les scientifiques. Donc, du fait du dérèglement climatique, nous allons aller vers des événements climatiques extrêmes : des étés chauds, des hivers avec des tempêtes, des inondations. C'est la raisons pour laquelle, la mise en oeuvre du protocole de Kyoto, c'est-à-dire combattre l'effet du dérèglement climatique, l'effet par l'homme du dérèglement climatique, est absolument capital."
Avant que l'on en vienne à Kyoto, parce que je vais vous poser une question là-dessus, vous dites qu'on n'est pas exonéré pour le restant de l'hiver. On parle toujours de la grande crue à Paris. Est-ce que, cette année, il y a plus de risques ? Et d'autre part, a-t-on intensifié les mesures d'observation, de prévention pour Paris ?
- "Bien entendu, bien entendu."
Par rapport à l'année dernière, j'entends ?
- "Ne me faites pas faire des prévisions que je suis tout à fait incapable de faire à l'heure actuelle. Bien entendu. Est-ce que, au mois de janvier ou au début de février, nous aurons une grande crue à Paris ? Néanmoins, effectivement, l'ensemble des services publics, l'ensemble du Service de prévision des crues, est mis en alerte pour chiffrer, pour évaluer les risques, et bien entendu prendre toutes les mesures nécessaires. Mais, effectivement, la grande crue de 1920 pourrait tout à fait être revécue à Paris avec des conséquences financières et des conséquences de perturbations beaucoup plus importantes qu'à l'époque. Savez-vous que, si nous revivions une crue comme celle de 1920, les dégâts matériels seraient multipliés par sept par rapport à ce qu'ils ont été en 1920."
Vous parliez du protocole de Kyoto. Vous allez vous rendre à Milan, ces jours-ci, peut-être aujourd'hui même, pour cette Conférence climatique. Le protocole est toujours refusé par les Etats-Unis, il est refusé par la Russie. L'Allemagne...
- "Il n'est pas refusé pas refusé par la Russie qui a exprimé son intérêt pour le protocole de Kyoto. Je me suis d'ailleurs rendue en Russie en septembre. Mais effectivement, les circonstances internes et les échéances électorales en Russie ne sont pas très propices à la signature du protocole pour l'instant. Néanmoins, les Russes et le gouvernement russe a exprimé son accord pour cela - enfin son intérêt pour le protocole de Kyoto. Et j'ai bon espoir. Nous faisons, j'allais dire, le forcing auprès des Russes, car la signature des Russes permettra l'entrée en vigueur du protocole auprès de tous ceux qui l'ont signé."
Peut-on signer le protocole et rouvrir les centrales thermiques ? Je pense à l'Allemagne ?
- "Il est tout à fait évident que le principal problème qui est posé à la planète, le principal problème écologique est celui du réchauffement climatique. Nous devons absolument réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans ce domaine, pour réduire les gaz à effet de serre, un bouquet énergétique... notre choix énergétique doit être de réduire nos gaz à effet de serre, nucléaire d'un côté et développement des énergies renouvelables de l'autre. Donc, en aucun cas, l'utilisation des énergies fossiles, charbon par exemple, gaz ou pétrole."
Je voudrais qu'on parle un peu de politique quand même. C'est facile d'être ministre d'un Gouvernement dont la cote chute régulièrement et qui a maintenant passé la barre des 30 % ?
- "C'est toujours difficile d'être ministre, bien entendu. Car c'est un travail tout à fait considérable. Mais j'ai la confiance du président de la République et du Premier ministre, et j'avance sur mes dossiers : dossier sur la Charte de l'environnement, sur la stratégie nationale du développement durable, dossier de lutte contre les inondations..."
Et l'ambiance au sein du Gouvernement ?
- "L'ambiance est excellente."
Alors, il semble, quand même, qu'il y ait débat, par exemple, sur la laïcité. Officiellement, tout le monde s'est rangé à une loi, mais alors on ne connaît pas la portée de cette loi puisque, pour l'instant, la Commission Stasi n'a pas rendu son rapport. La mission Debré dit "oui", des députés disent "non", parce que l'on tombe sous le coup des intégrismes de la laïcité. Ca fait débat entre vous ça ?
- "Oui. Mais c'est un débat riche, c'est un débat important. Au départ de cette affaire, je me suis posée beaucoup de questions sur le contour que pourrait avoir une loi sur la laïcité. Je pense qu'elle est absolument indispensable. J'attends avec intérêt les avis des experts qui doivent bâtir une loi avec des attendus qui soient opérants. Parce que, la féministe que je suis ne peut pas regarder sans être profondément choquée, des jeunes filles voilées et tout ce que cela suppose comme atteinte aux libertés fondamentales, comme atteinte à l'égalité entre les hommes et les femmes. Donc, j'attends avec intérêt les conclusions des experts sur une loi qui, maintenant, apparaît indispensable."
La féministe que vous êtes, que dit-elle de l'amendement Garraud sur...?
- "Il faut absolument le retirer."
J'allais vous demander : comment a-t-il pu passer ?
- "Tout ce qui peut être considéré et comporter des atteintes aux droits fondamentaux des femmes doit être absolument rejeté."
Vous disiez que vous vous sentiez bien au sein de ce Gouvernement, que vous avez la confiance du président de la République. Votre franc-parler passe bien ?
- "Je crois qu'effectivement, je suis dans le monde politique quelqu'un qui dit la vérité, toujours. Je crois d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle on m'a choisie. Ce goût de ne pas avoir la langue de bois. Je continuerai."
Et vous diriez quoi, ce matin ?
- "Ce matin ? A propos des inondations, par exemple ?
A propos de la langue de bois en général.
- "Que, sans doute, une des façons de réconcilier les Français avec la politique, c'est aussi de tenir le langage de la vérité."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 décembre 2003
- "Oui, effectivement, six morts, c'était de trop !"
Six morts !
- "Oui, oui, tout à fait. Même si on peut considérer que les Services de prévisions de crues se sont nettement améliorés..."
Ce n'est pas encore parfait.
- "Oui, bien sûr. Nous avons nettement améliorés cette prévision grâce à une réorganisation totale des services, grâce à l'appui du Service central hydrométéorologique que j'ai créé à Toulouse, et nous avons pu prévoir, bien entendu, de meilleure façon ces crues. Mais néanmoins, des comportements prudentiels sont toujours à mettre en avant. Les inondations, c'est le principal risque naturel auquel sont confrontés nos concitoyens, 2 millions de personnes, en France, sont confrontées aux inondations. Et vous savez, il ne faut pas se considérer exonérés des crues. La saison de crues n'est hélas pas terminée et nous pourrons avoir des crues jusqu'en février."
Vous avez dit, après la canicule, que "l'été 2003 apparaîtra comme un été frais d'ici 2100". Alors, je voudrais vous demander : est-ce que, à cette même époque, l'hiver 2003 apparaîtra comme un hiver humide ?
- "Nous savons bien que, dans le siècle qui va venir - enfin dans lequel nous sommes, que nous débutons - 30 années sur à peu près les 100 que nous allons vivre, seront des années plus chaudes que l'été que nous avons vécu. C'est ce que nous disent les scientifiques. Donc, du fait du dérèglement climatique, nous allons aller vers des événements climatiques extrêmes : des étés chauds, des hivers avec des tempêtes, des inondations. C'est la raisons pour laquelle, la mise en oeuvre du protocole de Kyoto, c'est-à-dire combattre l'effet du dérèglement climatique, l'effet par l'homme du dérèglement climatique, est absolument capital."
Avant que l'on en vienne à Kyoto, parce que je vais vous poser une question là-dessus, vous dites qu'on n'est pas exonéré pour le restant de l'hiver. On parle toujours de la grande crue à Paris. Est-ce que, cette année, il y a plus de risques ? Et d'autre part, a-t-on intensifié les mesures d'observation, de prévention pour Paris ?
- "Bien entendu, bien entendu."
Par rapport à l'année dernière, j'entends ?
- "Ne me faites pas faire des prévisions que je suis tout à fait incapable de faire à l'heure actuelle. Bien entendu. Est-ce que, au mois de janvier ou au début de février, nous aurons une grande crue à Paris ? Néanmoins, effectivement, l'ensemble des services publics, l'ensemble du Service de prévision des crues, est mis en alerte pour chiffrer, pour évaluer les risques, et bien entendu prendre toutes les mesures nécessaires. Mais, effectivement, la grande crue de 1920 pourrait tout à fait être revécue à Paris avec des conséquences financières et des conséquences de perturbations beaucoup plus importantes qu'à l'époque. Savez-vous que, si nous revivions une crue comme celle de 1920, les dégâts matériels seraient multipliés par sept par rapport à ce qu'ils ont été en 1920."
Vous parliez du protocole de Kyoto. Vous allez vous rendre à Milan, ces jours-ci, peut-être aujourd'hui même, pour cette Conférence climatique. Le protocole est toujours refusé par les Etats-Unis, il est refusé par la Russie. L'Allemagne...
- "Il n'est pas refusé pas refusé par la Russie qui a exprimé son intérêt pour le protocole de Kyoto. Je me suis d'ailleurs rendue en Russie en septembre. Mais effectivement, les circonstances internes et les échéances électorales en Russie ne sont pas très propices à la signature du protocole pour l'instant. Néanmoins, les Russes et le gouvernement russe a exprimé son accord pour cela - enfin son intérêt pour le protocole de Kyoto. Et j'ai bon espoir. Nous faisons, j'allais dire, le forcing auprès des Russes, car la signature des Russes permettra l'entrée en vigueur du protocole auprès de tous ceux qui l'ont signé."
Peut-on signer le protocole et rouvrir les centrales thermiques ? Je pense à l'Allemagne ?
- "Il est tout à fait évident que le principal problème qui est posé à la planète, le principal problème écologique est celui du réchauffement climatique. Nous devons absolument réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans ce domaine, pour réduire les gaz à effet de serre, un bouquet énergétique... notre choix énergétique doit être de réduire nos gaz à effet de serre, nucléaire d'un côté et développement des énergies renouvelables de l'autre. Donc, en aucun cas, l'utilisation des énergies fossiles, charbon par exemple, gaz ou pétrole."
Je voudrais qu'on parle un peu de politique quand même. C'est facile d'être ministre d'un Gouvernement dont la cote chute régulièrement et qui a maintenant passé la barre des 30 % ?
- "C'est toujours difficile d'être ministre, bien entendu. Car c'est un travail tout à fait considérable. Mais j'ai la confiance du président de la République et du Premier ministre, et j'avance sur mes dossiers : dossier sur la Charte de l'environnement, sur la stratégie nationale du développement durable, dossier de lutte contre les inondations..."
Et l'ambiance au sein du Gouvernement ?
- "L'ambiance est excellente."
Alors, il semble, quand même, qu'il y ait débat, par exemple, sur la laïcité. Officiellement, tout le monde s'est rangé à une loi, mais alors on ne connaît pas la portée de cette loi puisque, pour l'instant, la Commission Stasi n'a pas rendu son rapport. La mission Debré dit "oui", des députés disent "non", parce que l'on tombe sous le coup des intégrismes de la laïcité. Ca fait débat entre vous ça ?
- "Oui. Mais c'est un débat riche, c'est un débat important. Au départ de cette affaire, je me suis posée beaucoup de questions sur le contour que pourrait avoir une loi sur la laïcité. Je pense qu'elle est absolument indispensable. J'attends avec intérêt les avis des experts qui doivent bâtir une loi avec des attendus qui soient opérants. Parce que, la féministe que je suis ne peut pas regarder sans être profondément choquée, des jeunes filles voilées et tout ce que cela suppose comme atteinte aux libertés fondamentales, comme atteinte à l'égalité entre les hommes et les femmes. Donc, j'attends avec intérêt les conclusions des experts sur une loi qui, maintenant, apparaît indispensable."
La féministe que vous êtes, que dit-elle de l'amendement Garraud sur...?
- "Il faut absolument le retirer."
J'allais vous demander : comment a-t-il pu passer ?
- "Tout ce qui peut être considéré et comporter des atteintes aux droits fondamentaux des femmes doit être absolument rejeté."
Vous disiez que vous vous sentiez bien au sein de ce Gouvernement, que vous avez la confiance du président de la République. Votre franc-parler passe bien ?
- "Je crois qu'effectivement, je suis dans le monde politique quelqu'un qui dit la vérité, toujours. Je crois d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle on m'a choisie. Ce goût de ne pas avoir la langue de bois. Je continuerai."
Et vous diriez quoi, ce matin ?
- "Ce matin ? A propos des inondations, par exemple ?
A propos de la langue de bois en général.
- "Que, sans doute, une des façons de réconcilier les Français avec la politique, c'est aussi de tenir le langage de la vérité."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 décembre 2003