Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Bienvenue au Quai d'Orsay, très sincèrement à chacune et à chacun d'entre vous. Avec la ministre déléguée aux Affaires européennes, Claudie Haigneré, nous sommes très heureux de ce moment de convivialité qui, souvent en France, commence par des discours. Celui-ci ne sera pas trop long mais je voulais porter témoignage de l'attention que nous portons à votre engagement, à l'enseignement que vous donnez de notre langue, aux difficultés et aux préoccupations particulières qui sont les vôtres. Je voulais vous saluer, chacune et chacun, ainsi que les diplomates, ambassadeurs ou ambassadrices, des pays qui sont les vôtres. Je suis heureux de vous recevoir au Quai d'Orsay, dans cette pièce en particulier.
Je vais donc commencer par vous dire l'histoire de cette pièce que l'on appelle le Salon de l'Horloge, une pièce très célèbre, en particulier parce qu'ici même, quasiment à la place où je me trouve devant cette cheminée, comme vous le voyez sur cette photo, Robert Schuman a prononcé le 9 mai 1950 son fameux appel pour la construction européenne et à cette époque c'était la Communauté du charbon et de l'acier. Robert Schuman était à l'époque ministre des Affaires étrangères de la France, aux côtés de Jean Monnet, deux des pères, j'allais dire des grands-pères fondateurs de l'Union européenne.
Je vous remercie donc, Mesdames et Messieurs, d'avoir répondu à cette invitation dans une période scolaire de rentrée qui est, je l'imagine, chargée pour chacune et chacun d'entre vous. Parce que vous êtes à l'avant-garde, en première ligne, de la défense de la diversité linguistique en Europe, j'ai voulu avec Claudie Haigneré, marquer encore une fois notre attention à votre travail et à votre engagement.
La question linguistique en Europe n'est pas une question pratique ou secondaire, elle est une question fondamentale. Le combat pour la diversité en Europe est avant tout un combat bien naturellement pour la diversité des langues. Vous le savez, je viens de passer cinq ans à Bruxelles comme commissaire européen, je connais bien le scepticisme qui s'attache au choix du plurilinguisme et pourtant j'ai pensé qu'une seule langue, ce n'était pas une chance pour l'Europe, que même ce n'était une chance pour personne. J'ai souvent dit, notamment dans les travaux que nous avons conduit pour la Constitution européenne, que nous nous battions, que nous travaillions pour une Europe unie, pas pour une Europe uniforme. Une Europe unie c'est assez différent d'une Europe uniforme. Notre continent est riche de ses peuples, de ses cultures et chacune de ses cultures, chacun de ses peuples tient à sa différence, à son identité et au coeur de cette identité des peuples il y a naturellement la langue. La vocation de notre continent est de devenir un véritable laboratoire de cette diversité culturelle et linguistique, pour montrer le chemin à d'autres continents, qui vont s'organiser comme nous, même plus tard, mais qui vont s'organiser. En Afrique, ce sera difficile mais c'est nécessaire, l'Amérique du Sud a déjà commencé, ainsi que l'Asie. L'Union européenne montre qu'il est possible de réunir dans une même communauté politique, économique monétaire, dix, quinze, vingt-cinq, - nous sommes vingt-cinq aujourd'hui et un jour trente - des peuples qui gardent chacun leurs différences et qui pourtant mutualisent, mettent ensemble une partie de leur destin.
Voici, en quelques mots, le contexte européen qui sous-tend l'action du ministère que nous animons avec Claudie Haigneré.
Ma conviction, Mesdames et Messieurs, est que la langue française a toute sa place, toutes ses chances, si nous le voulons, dans ce contexte européen. Il y a 70 millions de francophones en Europe, dans l'Union et, en dehors de l'Union, parmi des pays qui vont nous rejoindre. Bien que dans une période un peu difficile pour nous, - nous nous sommes mobilisés pour libérer deux de nos compatriotes qui sont enlevés en Irak - j'étais néanmoins lundi et mardi dans le Sud-Est de l'Europe, dans les Balkans, au Kosovo, en Albanie et en Macédoine et j'ai été très frappé du fait qu'en Macédoine et en Albanie, tous les dirigeants que j'ai rencontrés, tous les ministres, parlaient français. C'est aussi le cas notamment, nous le savons bien, pour une large part en Bulgarie et surtout en Roumanie.
Douze millions de personnes apprennent le français, c'est la deuxième langue de l'Union européenne. Elle reste importante, mais il faut être vigilant dans le fonctionnement quotidien de nos institutions en particulier des institutions européennes, où elle est partout langue de travail.
Quelle est notre responsabilité commune ?
Ma responsabilité, et la vôtre et la nôtre, est d'agir, de montrer concrètement que le plurilinguisme est praticable, réalisable, utile. Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, chacune et chacun en tant que professeur de français, vous avez cette responsabilité et il vous faut séduire, convaincre, entraîner de jeunes générations qui ne viendront au français que si le français va à leur rencontre.
Mais pour cela, je le sais, vous devrez pouvoir vous appuyer sur un environnement favorable au plurilinguisme. C'est pourquoi le ministère des Affaires étrangères de notre pays s'engage en faveur de la généralisation de l'apprentissage de deux langues vivantes pendant la scolarité obligatoire en Europe. Le but est que tout citoyen européen, tout jeune citoyen demain parle, en plus de sa langue maternelle, au moins une seconde langue européenne.
Restons concrets aussi au-delà des voeux ou des intentions. Vous vous posez certainement la question des moyens de ces ambitions, des moyens de cette politique.
Je voudrais évoquer ces moyens autour de deux axes : d'abord comment adapter la coopération en matière d'éducation pour faire face aux nouvelles demandes de français ; ensuite comment agir pour le français au sein des institutions européennes.
D'abord la coopération en matière d'éducation. Elle s'inscrit pour nous dans un plan d'action en quatre volets :
Premier volet : la mise en place de réseaux d'excellence dans l'enseignement bilingue au niveau du secondaire qui permet aujourd'hui à 50.000 jeunes Européens de recevoir une formation francophone ou biculturelle. En 2005 j'entends, avec toute l'équipe du Quai d'Orsay et en particulier avec le ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, Xavier Darcos que je veux excuser, réunir les principaux acteurs de l'enseignement francophone bilingue en Europe pour que nous dressions ensemble une première évaluation de ces expériences nationales et que nous tracions des perspectives de développement pour l'avenir.
Un deuxième volet : nous sommes engagés dans la modernisation de notre coopération universitaire avec toutes les universités de la "Grande Europe". Il s'agit d'adapter les diplômes que délivrent des filières francophones aux nouveaux parcours européens qui se mettent en place.
Un troisième volet consiste dans le plan de modernisation des cours de langue délivrés par les établissements culturels français en Europe et ce plan est engagé. L'apprentissage du français doit devenir un laissez-passer pour un temps de formation en France et répondre précisément aux besoins de ceux qui apprennent.
Un quatrième volet, enfin, c'est qu'il n'y a pas d'enseignement du français de qualité sans enseignants de qualité : un programme spécifique de formation des professeurs de français originaires des douze pays que vous représentez sera mis en place en 2005. En trois ans, nous avons l'ambition que ce programme de formation concerne plus de 2.000 enseignants. Et vous en serez naturellement vous-même, comme vous êtes en avant-garde, les premiers bénéficiaires.
Une dernière précision sur ce volet éducatif : la promotion du français en Europe ne peut pas être à sens unique. Elle appelle, en retour, la promotion des langues européennes en France. C'est le sens de la politique mise en oeuvre par le ministère de l'Education nationale en faveur de la diversification linguistique. Il existe près de 3 200 sections européennes dans nos établissements scolaires sur le territoire national. Les épreuves obligatoires de première langue vivante du baccalauréat français peuvent se passer désormais en 22 langues différentes.
Un deuxième point que je voulais évoquer concerne la position de notre langue, cette langue que nous avons en partage, au sein des institutions européennes : Conseil des ministres, Parlement, Cour de Justice, Cour des Comptes et naturellement Commission européenne. C'est un sujet qui me tient, qui nous tient particulièrement à coeur et sur lequel naturellement nous devons être toujours vigilants.
Depuis 1995, la France menait une action, souvent assez peu connue, pour soutenir la présence de cette langue au sein des institutions européennes. Des milliers de fonctionnaires ont ainsi pu bénéficier de formations en langue française, aussi bien à Bruxelles que dans vos pays.
En 2002, nous avons cosigné avec le Luxembourg, la communauté française de Belgique et la Francophonie multilatérale un plan d'action pluriannuel pour le français en Europe. Il a permis notamment, en 2003, de former à notre langue près de 6.000 fonctionnaires européens ou nationaux, traducteurs ou interprètes, journalistes aussi, à travers toute l'Europe.
Devons-nous faire moins, maintenant que le processus d'adhésion de dix nouveaux pays membres s'est achevé ? Je ne le crois pas. Il suffit de regarder les statistiques sur les fonctionnaires qui entrent ou qui vont entrer à la Commission européenne - je crois 75 % d'entre eux ont indiqué dans un sondage qu'ils voulaient travailler en anglais, 15 % en allemand, le reste en français - pour se rendre compte que nous avons devant nous un long travail. Maintenant que cette réunification de l'Europe est faite, je ne crois pas qu'il faille baisser la garde et cet effort de formation doit continuer pour 2004/2005 et toutes les années suivantes. Des crédits spécifiques continueront d'être réservés, sur le budget propre du ministère et dans le cadre de la contribution de la France à la Francophonie, pour la formation en français des nouveaux fonctionnaires européens.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion de participer il y a quelques semaines à Bruxelles à une réunion assez originale avec le président Diouf, l'ancien président du Sénégal, qui est le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, et qui avait réuni une douzaine de ministres des pays appartenant, soit comme membre à part entière, soit comme observateur, à l'organisation internationale de la Francophonie.
Mesdames et Messieurs,
Simplement une dernière réflexion en conclusion : je crois que pour construire l'Europe, dans l'harmonie des cultures et le respect de notre diversité, votre engagement, celui dont vous témoignez personnellement en faveur du plurilinguisme et de la langue française, me paraît tout à fait essentiel. C'est pour cette raison que je tenais personnellement, avec la ministre déléguée aux Affaires européennes à vous saluer, à vous remercier d'avoir accepté cette invitation, ainsi que beaucoup de diplomates je le répète, d'ambassadeurs, ambassadrices qui sont ici pour vous accompagner.
Je vous souhaite un excellent séjour à Paris et je vous dis : bonne rentrée et bonne année scolaire !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2004)
Bienvenue au Quai d'Orsay, très sincèrement à chacune et à chacun d'entre vous. Avec la ministre déléguée aux Affaires européennes, Claudie Haigneré, nous sommes très heureux de ce moment de convivialité qui, souvent en France, commence par des discours. Celui-ci ne sera pas trop long mais je voulais porter témoignage de l'attention que nous portons à votre engagement, à l'enseignement que vous donnez de notre langue, aux difficultés et aux préoccupations particulières qui sont les vôtres. Je voulais vous saluer, chacune et chacun, ainsi que les diplomates, ambassadeurs ou ambassadrices, des pays qui sont les vôtres. Je suis heureux de vous recevoir au Quai d'Orsay, dans cette pièce en particulier.
Je vais donc commencer par vous dire l'histoire de cette pièce que l'on appelle le Salon de l'Horloge, une pièce très célèbre, en particulier parce qu'ici même, quasiment à la place où je me trouve devant cette cheminée, comme vous le voyez sur cette photo, Robert Schuman a prononcé le 9 mai 1950 son fameux appel pour la construction européenne et à cette époque c'était la Communauté du charbon et de l'acier. Robert Schuman était à l'époque ministre des Affaires étrangères de la France, aux côtés de Jean Monnet, deux des pères, j'allais dire des grands-pères fondateurs de l'Union européenne.
Je vous remercie donc, Mesdames et Messieurs, d'avoir répondu à cette invitation dans une période scolaire de rentrée qui est, je l'imagine, chargée pour chacune et chacun d'entre vous. Parce que vous êtes à l'avant-garde, en première ligne, de la défense de la diversité linguistique en Europe, j'ai voulu avec Claudie Haigneré, marquer encore une fois notre attention à votre travail et à votre engagement.
La question linguistique en Europe n'est pas une question pratique ou secondaire, elle est une question fondamentale. Le combat pour la diversité en Europe est avant tout un combat bien naturellement pour la diversité des langues. Vous le savez, je viens de passer cinq ans à Bruxelles comme commissaire européen, je connais bien le scepticisme qui s'attache au choix du plurilinguisme et pourtant j'ai pensé qu'une seule langue, ce n'était pas une chance pour l'Europe, que même ce n'était une chance pour personne. J'ai souvent dit, notamment dans les travaux que nous avons conduit pour la Constitution européenne, que nous nous battions, que nous travaillions pour une Europe unie, pas pour une Europe uniforme. Une Europe unie c'est assez différent d'une Europe uniforme. Notre continent est riche de ses peuples, de ses cultures et chacune de ses cultures, chacun de ses peuples tient à sa différence, à son identité et au coeur de cette identité des peuples il y a naturellement la langue. La vocation de notre continent est de devenir un véritable laboratoire de cette diversité culturelle et linguistique, pour montrer le chemin à d'autres continents, qui vont s'organiser comme nous, même plus tard, mais qui vont s'organiser. En Afrique, ce sera difficile mais c'est nécessaire, l'Amérique du Sud a déjà commencé, ainsi que l'Asie. L'Union européenne montre qu'il est possible de réunir dans une même communauté politique, économique monétaire, dix, quinze, vingt-cinq, - nous sommes vingt-cinq aujourd'hui et un jour trente - des peuples qui gardent chacun leurs différences et qui pourtant mutualisent, mettent ensemble une partie de leur destin.
Voici, en quelques mots, le contexte européen qui sous-tend l'action du ministère que nous animons avec Claudie Haigneré.
Ma conviction, Mesdames et Messieurs, est que la langue française a toute sa place, toutes ses chances, si nous le voulons, dans ce contexte européen. Il y a 70 millions de francophones en Europe, dans l'Union et, en dehors de l'Union, parmi des pays qui vont nous rejoindre. Bien que dans une période un peu difficile pour nous, - nous nous sommes mobilisés pour libérer deux de nos compatriotes qui sont enlevés en Irak - j'étais néanmoins lundi et mardi dans le Sud-Est de l'Europe, dans les Balkans, au Kosovo, en Albanie et en Macédoine et j'ai été très frappé du fait qu'en Macédoine et en Albanie, tous les dirigeants que j'ai rencontrés, tous les ministres, parlaient français. C'est aussi le cas notamment, nous le savons bien, pour une large part en Bulgarie et surtout en Roumanie.
Douze millions de personnes apprennent le français, c'est la deuxième langue de l'Union européenne. Elle reste importante, mais il faut être vigilant dans le fonctionnement quotidien de nos institutions en particulier des institutions européennes, où elle est partout langue de travail.
Quelle est notre responsabilité commune ?
Ma responsabilité, et la vôtre et la nôtre, est d'agir, de montrer concrètement que le plurilinguisme est praticable, réalisable, utile. Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, chacune et chacun en tant que professeur de français, vous avez cette responsabilité et il vous faut séduire, convaincre, entraîner de jeunes générations qui ne viendront au français que si le français va à leur rencontre.
Mais pour cela, je le sais, vous devrez pouvoir vous appuyer sur un environnement favorable au plurilinguisme. C'est pourquoi le ministère des Affaires étrangères de notre pays s'engage en faveur de la généralisation de l'apprentissage de deux langues vivantes pendant la scolarité obligatoire en Europe. Le but est que tout citoyen européen, tout jeune citoyen demain parle, en plus de sa langue maternelle, au moins une seconde langue européenne.
Restons concrets aussi au-delà des voeux ou des intentions. Vous vous posez certainement la question des moyens de ces ambitions, des moyens de cette politique.
Je voudrais évoquer ces moyens autour de deux axes : d'abord comment adapter la coopération en matière d'éducation pour faire face aux nouvelles demandes de français ; ensuite comment agir pour le français au sein des institutions européennes.
D'abord la coopération en matière d'éducation. Elle s'inscrit pour nous dans un plan d'action en quatre volets :
Premier volet : la mise en place de réseaux d'excellence dans l'enseignement bilingue au niveau du secondaire qui permet aujourd'hui à 50.000 jeunes Européens de recevoir une formation francophone ou biculturelle. En 2005 j'entends, avec toute l'équipe du Quai d'Orsay et en particulier avec le ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, Xavier Darcos que je veux excuser, réunir les principaux acteurs de l'enseignement francophone bilingue en Europe pour que nous dressions ensemble une première évaluation de ces expériences nationales et que nous tracions des perspectives de développement pour l'avenir.
Un deuxième volet : nous sommes engagés dans la modernisation de notre coopération universitaire avec toutes les universités de la "Grande Europe". Il s'agit d'adapter les diplômes que délivrent des filières francophones aux nouveaux parcours européens qui se mettent en place.
Un troisième volet consiste dans le plan de modernisation des cours de langue délivrés par les établissements culturels français en Europe et ce plan est engagé. L'apprentissage du français doit devenir un laissez-passer pour un temps de formation en France et répondre précisément aux besoins de ceux qui apprennent.
Un quatrième volet, enfin, c'est qu'il n'y a pas d'enseignement du français de qualité sans enseignants de qualité : un programme spécifique de formation des professeurs de français originaires des douze pays que vous représentez sera mis en place en 2005. En trois ans, nous avons l'ambition que ce programme de formation concerne plus de 2.000 enseignants. Et vous en serez naturellement vous-même, comme vous êtes en avant-garde, les premiers bénéficiaires.
Une dernière précision sur ce volet éducatif : la promotion du français en Europe ne peut pas être à sens unique. Elle appelle, en retour, la promotion des langues européennes en France. C'est le sens de la politique mise en oeuvre par le ministère de l'Education nationale en faveur de la diversification linguistique. Il existe près de 3 200 sections européennes dans nos établissements scolaires sur le territoire national. Les épreuves obligatoires de première langue vivante du baccalauréat français peuvent se passer désormais en 22 langues différentes.
Un deuxième point que je voulais évoquer concerne la position de notre langue, cette langue que nous avons en partage, au sein des institutions européennes : Conseil des ministres, Parlement, Cour de Justice, Cour des Comptes et naturellement Commission européenne. C'est un sujet qui me tient, qui nous tient particulièrement à coeur et sur lequel naturellement nous devons être toujours vigilants.
Depuis 1995, la France menait une action, souvent assez peu connue, pour soutenir la présence de cette langue au sein des institutions européennes. Des milliers de fonctionnaires ont ainsi pu bénéficier de formations en langue française, aussi bien à Bruxelles que dans vos pays.
En 2002, nous avons cosigné avec le Luxembourg, la communauté française de Belgique et la Francophonie multilatérale un plan d'action pluriannuel pour le français en Europe. Il a permis notamment, en 2003, de former à notre langue près de 6.000 fonctionnaires européens ou nationaux, traducteurs ou interprètes, journalistes aussi, à travers toute l'Europe.
Devons-nous faire moins, maintenant que le processus d'adhésion de dix nouveaux pays membres s'est achevé ? Je ne le crois pas. Il suffit de regarder les statistiques sur les fonctionnaires qui entrent ou qui vont entrer à la Commission européenne - je crois 75 % d'entre eux ont indiqué dans un sondage qu'ils voulaient travailler en anglais, 15 % en allemand, le reste en français - pour se rendre compte que nous avons devant nous un long travail. Maintenant que cette réunification de l'Europe est faite, je ne crois pas qu'il faille baisser la garde et cet effort de formation doit continuer pour 2004/2005 et toutes les années suivantes. Des crédits spécifiques continueront d'être réservés, sur le budget propre du ministère et dans le cadre de la contribution de la France à la Francophonie, pour la formation en français des nouveaux fonctionnaires européens.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion de participer il y a quelques semaines à Bruxelles à une réunion assez originale avec le président Diouf, l'ancien président du Sénégal, qui est le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, et qui avait réuni une douzaine de ministres des pays appartenant, soit comme membre à part entière, soit comme observateur, à l'organisation internationale de la Francophonie.
Mesdames et Messieurs,
Simplement une dernière réflexion en conclusion : je crois que pour construire l'Europe, dans l'harmonie des cultures et le respect de notre diversité, votre engagement, celui dont vous témoignez personnellement en faveur du plurilinguisme et de la langue française, me paraît tout à fait essentiel. C'est pour cette raison que je tenais personnellement, avec la ministre déléguée aux Affaires européennes à vous saluer, à vous remercier d'avoir accepté cette invitation, ainsi que beaucoup de diplomates je le répète, d'ambassadeurs, ambassadrices qui sont ici pour vous accompagner.
Je vous souhaite un excellent séjour à Paris et je vous dis : bonne rentrée et bonne année scolaire !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2004)