Texte intégral
Q - Le budget 2005 confirme le redressement de l'effort de la France en matière d'aide publique au développement (APD). Quelle part est imputable aux annulations de dettes bilatérales ?
R - Cette hausse est conforme aux engagements pris par le président de la République de "sanctuariser" le budget des Affaires étrangères, compte tenu de l'importance de l'action diplomatique de la France, particulièrement dans sa dimension de dialogue avec nos partenaires du Sud. Notre aide publique au développement atteindra 0,44 % de notre richesse nationale en 2005, contre 0,42 % en 2004. Nous respecterons notre engagement d'atteindre 0,5 % du PIB en 2007 et 0,7 % à l'horizon de 2012. Vous semblez dire que cette progression doit beaucoup aux annulations de dettes. C'est en partie faux. Ces annulations ne sont pas directement inscrites au budget et elles sont entourées d'incertitudes, liées au comportement des pays débiteurs. Pour 2005, des annulations sont prévues au profit de la République du Congo et de l'Irak. Mais nous travaillons sur des fourchettes, où ces allégements de dettes représenteront entre 15 % et 35 % du total de notre APD.
Q - Comment convaincre vos partenaires européens et les Etats-Unis de l'opportunité d'une taxation internationale pour augmenter les volumes de l'aide publique au développement ?
R - Au début, la France et le Brésil ont été très seuls à porter ce message. Il a fallu que je me batte, lors des dernières assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, pour que le Comité de développement entérine le seul fait d'y réfléchir. Or, au début de la semaine à New York, pas moins de 111 pays ont soutenu ce projet. A travers le rapport Landau, nous avons montré que c'était faisable. Une taxation internationale n'est pas un bouleversement de l'ordre mondial. Alors, il est vrai que les Etats-Unis y sont opposés. Mais tôt ou tard, ils seront aussi poussés par leur opinion publique. La communauté internationale s'est mise d'accord sur les Objectifs du Millénaire, qui visent à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. Nous savons déjà que l'Afrique ne pourra par le faire avant 2147 ! Alors si nous ne sommes pas capables de tenir nos engagements et y mettre les ressources nécessaires, ayons le courage de reconnaître que nous sommes un club de menteurs. D'autant que 50 milliards de dollars, la somme attendue d'une taxation internationale, c'est seulement un peu plus d'un millième de la richesse du monde...
Q - Comment concevez-vous le rôle de votre ministère ?
R - L'intégration au Quai d'Orsay est naturelle et ne gène nullement nos marges de manoeuvre. Par ailleurs, le dernier Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement du 20 juillet dernier a clarifié les rôles entre le ministère, la Direction générale pour la Coopération internationale et le Développement et l'Agence française de développement (AFD). A nous de définir les grandes orientations politiques et à l'AFD de se charger de la mise en oeuvre sur le terrain.
Au fur et à mesure que nous nous réformons, nous sommes aussi plus exigeants vis-à-vis de nos partenaires. Les pays seront aidés à proportion des performances qu'ils seront capables de présenter. Cela veut dire un recentrage de notre aide qui mettra un terme aux accusations régulièrement portées de saupoudrage et de copinage. Par exemple, nous réfléchissons à l'opportunité de concentrer nos ressources sur des pays qui présenteraient le plus fort effet d'entraînement économique à l'échelle sous-régionale. Mais j'avoue que c'est une option difficile.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2004)
R - Cette hausse est conforme aux engagements pris par le président de la République de "sanctuariser" le budget des Affaires étrangères, compte tenu de l'importance de l'action diplomatique de la France, particulièrement dans sa dimension de dialogue avec nos partenaires du Sud. Notre aide publique au développement atteindra 0,44 % de notre richesse nationale en 2005, contre 0,42 % en 2004. Nous respecterons notre engagement d'atteindre 0,5 % du PIB en 2007 et 0,7 % à l'horizon de 2012. Vous semblez dire que cette progression doit beaucoup aux annulations de dettes. C'est en partie faux. Ces annulations ne sont pas directement inscrites au budget et elles sont entourées d'incertitudes, liées au comportement des pays débiteurs. Pour 2005, des annulations sont prévues au profit de la République du Congo et de l'Irak. Mais nous travaillons sur des fourchettes, où ces allégements de dettes représenteront entre 15 % et 35 % du total de notre APD.
Q - Comment convaincre vos partenaires européens et les Etats-Unis de l'opportunité d'une taxation internationale pour augmenter les volumes de l'aide publique au développement ?
R - Au début, la France et le Brésil ont été très seuls à porter ce message. Il a fallu que je me batte, lors des dernières assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, pour que le Comité de développement entérine le seul fait d'y réfléchir. Or, au début de la semaine à New York, pas moins de 111 pays ont soutenu ce projet. A travers le rapport Landau, nous avons montré que c'était faisable. Une taxation internationale n'est pas un bouleversement de l'ordre mondial. Alors, il est vrai que les Etats-Unis y sont opposés. Mais tôt ou tard, ils seront aussi poussés par leur opinion publique. La communauté internationale s'est mise d'accord sur les Objectifs du Millénaire, qui visent à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. Nous savons déjà que l'Afrique ne pourra par le faire avant 2147 ! Alors si nous ne sommes pas capables de tenir nos engagements et y mettre les ressources nécessaires, ayons le courage de reconnaître que nous sommes un club de menteurs. D'autant que 50 milliards de dollars, la somme attendue d'une taxation internationale, c'est seulement un peu plus d'un millième de la richesse du monde...
Q - Comment concevez-vous le rôle de votre ministère ?
R - L'intégration au Quai d'Orsay est naturelle et ne gène nullement nos marges de manoeuvre. Par ailleurs, le dernier Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement du 20 juillet dernier a clarifié les rôles entre le ministère, la Direction générale pour la Coopération internationale et le Développement et l'Agence française de développement (AFD). A nous de définir les grandes orientations politiques et à l'AFD de se charger de la mise en oeuvre sur le terrain.
Au fur et à mesure que nous nous réformons, nous sommes aussi plus exigeants vis-à-vis de nos partenaires. Les pays seront aidés à proportion des performances qu'ils seront capables de présenter. Cela veut dire un recentrage de notre aide qui mettra un terme aux accusations régulièrement portées de saupoudrage et de copinage. Par exemple, nous réfléchissons à l'opportunité de concentrer nos ressources sur des pays qui présenteraient le plus fort effet d'entraînement économique à l'échelle sous-régionale. Mais j'avoue que c'est une option difficile.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2004)