Déclarations de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, sur la coopération franco-algérienne, notamment dans le domaine universitaire, Alger le 13 octobre 2004.

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Circonstance : Voyage de Xavier Darcos en Algérie, les 13 et 14 octobre 2004 : allocutions lors de l'ouverture du CA de l'Ecole supérieure algérienne des affaires, de la 1ère réunion du Haut-conseil franco-algérien universitaire et de recherche, à Alger le 13

Texte intégral

(Déclaration de Xavier Darcos lors de l'ouverture du conseil d'administration de l'Ecole supérieure algérienne des affaires, à Alger le 13 octobre 2004) :
Monsieur le Ministre du Commerce,
Monsieur le Président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie,
Monsieur le Président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris,
Chers membres du Conseil d'Administration,
C'est évidemment un moment important que la tenue de ce premier conseil d'administration de l'École supérieure algérienne des Affaires (ESAA).
On peut dire qu'avec les décisions qui seront prises aujourd'hui, qu'il s'agisse de la nomination du directeur général, de l'installation du conseil scientifique, de la validation du règlement intérieur ou encore de l'examen du projet de budget 2005, c'est véritablement le coup d'envoi du fonctionnement de cet établissement qui est donné aujourd'hui.
Je ne reviendrai pas sur les fondations de ce très beau projet, ni sur le partenariat qui s'est noué avec la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, dont j'ai tenu à associer le président et le directeur général à ma visite en Algérie, mais aussi la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille-Provence dont le président m'a également accompagné.
Je voudrais simplement souligner que, tout au long de cette entreprise, la vision partagée, la volonté d'entreprendre et la solidarité n'ont jamais fait défaut et que nos présidents respectifs, MM. Bouteflika et Chirac, l'ont parachevée, en inscrivant l'ESAA dans les perspectives ouvertes par leur Déclaration d'Alger de 2003 et en en faisant un projet prioritaire.
L'ESAA vient, à point nommé, symboliser la reprise, au meilleur niveau, de notre relation privilégiée. Je tiens à féliciter chaleureusement le président Franck pour son engagement sans défaut aux côtés de nos amis algériens.
Ce partenariat illustre aussi le caractère moderne que nous souhaitons donner à notre coopération : une coopération d'acteurs, qui s'effectue au plus près du terrain et à laquelle le ministère des Affaires étrangères apporte tout son soutien parce qu'elle contribue à réaliser un objectif essentiel. Je souhaite vivement qu'à travers l'ESAA, nous soyons capables de montrer le chemin, que cet établissement devienne un site de référence pour notre coopération et qu'il fasse des émules.
L'ESAA vient non seulement au bon moment de notre relation, mais je crois pouvoir dire ici qu'elle vient aussi à un moment opportun pour l'Algérie.
Cette école va former des cadres dont la vocation est d'abord d'exercer des métiers d'entreprise. Elle a donc sa place dans un pays à économie de marché. Elle doit même en être l'un des stimulants.
Au cours de la décennie passée, l'Algérie a fait le choix de la transition vers l'économie de marché. Ce choix a, d'une certaine façon, porté ses fruits et permis des gains de productivité appréciables. Depuis 2000, cette mutation s'est doublée d'une reprise du cours des hydrocarbures. Ces conditions favorables ont conduit au retour de la croissance. 2003, me dit-on, est la meilleure année de croissance depuis vingt-cinq ans. Le chômage baisse. Des excédents budgétaires sont engrangés par l'État depuis quatre ans. Il en va de même des réserves de change.
Cette embellie économique permet au gouvernement de faire des choix ambitieux en investissements publics. Ils sont certainement nécessaires. Toutefois, il ne faudrait pas que l'aisance financière de l'économie le conduise à différer les réformes utiles, et celles à venir sont encore nombreuses : le secteur bancaire, qui reste public à 90 %, et les entreprises publiques du secteur concurrentiel méritent d'être privatisés. La modernisation de l'État, l'amélioration de la gouvernance publique sont, elles aussi, indispensables et ne doivent pas faiblir. Les réformes du système éducatif et de l'enseignement supérieur vont dans le bon sens, celles de la décentralisation aussi. Il faut aussi aller de l'avant dans le domaine de la justice, du secteur de l'eau et des transports.
L'Algérie est au milieu du gué. Les chantiers sont encore nombreux, mais la conjoncture est favorable pour les mener à bien. Il faut en profiter : les réformes sont plus faciles à faire dans les périodes fastes et le calendrier des engagements doit y aider. Je pense notamment à l'accord d'association avec l'Union européenne et à l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. Toutefois, je sais bien - et la France a connu cela - qu'il y a toujours des résistances à la modernisation économique.
Les jeunes diplômés peuvent être les champions d'une Algérie entreprenante, productive, compétitive et ouverte sur l'extérieur, notamment sur la zone méditerranéenne. C'est en ce sens que nous avons choisi de vous accompagner pour bâtir cette école. Mais la meilleure école du monde sera inutile s'il ne se trouve pas un marché du travail performant et attractif pour ses diplômés. Dans cette hypothèse, le risque ne serait pas mince de voir ces jeunes cadres s'expatrier. Dois-je rappeler qu'il y a déjà plus de 200.000 Algériens diplômés de l'enseignement supérieur établis dans les pays de l'OCDE ? Le vrai défi de l'Algérie n'est pas tant de faire naître les compétences que de les maintenir au pays. Je suis convaincu que l'enjeu des réformes économiques et sociales est aussi celui-là.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2004)
(Déclaration de Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie à l'occasion de la première réunion du Haut-conseil franco-algérien universitaire et de recherche, à Alger le 13 octobre 2004) :
Monsieur le Ministre,
Madame la Ministre déléguée et co-présidente du Haut-Conseil franco-algérien universitaire et de recherche (HCUR),
Mesdames et Messieurs les membres du Haut-Conseil franco-algérien universitaire et de recherche (HCUR),
Mesdames et Messieurs,
C'est évidemment pour moi un honneur et un plaisir que d'ouvrir avec vous aujourd'hui à Alger la première réunion du Haut Conseil franco-algérien universitaire et de recherche (HCUR).
C'est un honneur parce que, dois-je le rappeler, ce Haut Conseil concrétise l'engagement qu'ont pris nos présidents de la République respectifs en mars 2003 et je tiens ici à féliciter tous ceux qui ont pris part à sa création.
C'est un plaisir aussi parce qu'il y a moins d'un an, en novembre 2003, j'avais signé avec vous, Madame la Ministre, le protocole portant création du Haut Conseil, dans les fonctions qui étaient alors les miennes de ministre délégué à l'Enseignement scolaire. Je me réjouis donc de voir celui-ci se concrétiser.
Je ne reviendrai pas sur le caractère novateur pour notre partenariat du dispositif que nous inaugurons. Je voudrais simplement rappeler que celui-ci correspond bien aux orientations de la coopération française. En confiant la conduite de notre coopération universitaire à cette nouvelle instance, nous décidons aussi de la confier à celles et ceux qui savent faire, c'est-à-dire les universitaires. Cette partition des responsabilités me paraît saine et conforme au rôle que l'État doit se donner.
Encore faut-il que nous donnions au HCUR un mandat et des orientations et qu'il nous rende compte de l'exécution des missions qui lui sont confiées. J'insiste sur ce point, car si ce devoir d'évaluation ne figure pas explicitement dans le protocole portant création du HCUR, il nous incombe, à nous qui sommes les tutelles respectives de cette instance, de veiller à ce qu'il soit bien exécuté.
Le chantier qui est ouvert est immense. J'en rappelle les trois objectifs :
- tout d'abord, "promouvoir, intensifier, structurer la coopération universitaire et la recherche algéro-française" ;
- ensuite, "créer les conditions favorables à l'évaluation vers un partenariat approfondi, en oeuvrant à terme à la création d'une université algéro-française" ;
- enfin, "répondre aux nouveaux défis et enjeux du partenariat euro-méditerranéen en matière d'enseignement supérieur et de recherche".
Je sais qu'avant même la première réunion de ce jour, les deux parties ont déjà commencé à travailler et ont fixé un programme de travail qui sera présenté aujourd'hui.
Je sais également qu'un travail d'évaluation a été réalisé, en France comme en Algérie, par nos universitaires pour accompagner au mieux la réforme de l'enseignement supérieur, qui, je crois comprendre, est en phase de réussir son passage au Système Licence-Master-Doctorat (LMD).
Je sais enfin que, déjà, des partenariats universitaires ont été identifiés. Ils pourront être sélectionnés parmi ceux qui seront soutenus par notre coopération, afin de mettre en place en Algérie des filières de formation et de recherche répondant aux besoins de l'économie.
Je tiens naturellement à féliciter tous ceux qui ont contribué à poser ces premiers jalons et je souhaiterais formuler brièvement quelques recommandations d'orientation pour le HCUR.
Dans le programme de travail de ce dernier, figure la mise en place de filières d'excellence algériennes pour la formation des ingénieurs au sein des établissements d'enseignement supérieur algériens.
C'est effectivement un chantier prioritaire que de promouvoir l'excellence. Je voudrais suggérer ici qu'on veille à se donner une approche aussi élargie que possible et que l'on considère que l'excellence est aussi une affaire de gouvernance des établissements eux-mêmes.
Cette approche en termes de gouvernance me paraît d'ailleurs pouvoir être généralisée à l'ensemble des programmes et des projets de partenariat. De ce point de vue, par exemple, la conduite de l'ouverture de l'Université algérienne est une chance évidente. Mais il est évident aussi qu'elle présente un risque dans un monde où la compétition est toujours plus vive. Il revient donc à notre coopération d'accompagner les établissements algériens pour minimiser de tels risques.
Ma deuxième recommandation concerne l'évolution de notre partenariat vers la création d'une université algéro-française.
Ce doit être l'horizon du HCUR dans son mandat actuel que de travailler à proposer un tel schéma d'évolution.
Une première étape peut consister en la constitution de réseaux d'établissements partenaires. A condition que ce terme de réseau ait quelque contenu contractuel et que l'objectif soit d'obtenir des résultats tangibles sur le partenariat, mais aussi - car c'est le but ultime, je le rappelle ici - sur la performance des établissements algériens.
Dans un second temps peut être envisagé le principe d'une intégration de cursus et d'établissements des deux pays. Je suggère que cette perspective soit approfondie, comme elle a commencé à l'être entre la France et d'autres pays et que soient encouragées, par les incitations efficaces, toutes les initiatives qui iront dans ce sens.
Cette évolution par l'intégration "d'en bas" me paraît préférable, car plus réaliste, à l'idée d'une université algéro-française construite de toutes pièces, et "par le haut". Elle s'imposera par les actions exemplaires et les projets-pilotes. Il revient au HCUR de savoir les susciter et les stimuler, et de se fixer un calendrier de travail volontariste pour avancer en ce sens.
Je proposerais volontiers à la partie algérienne que le HCUR soit explicitement missionné sur ce sujet dans ces directions.
Un premier projet d'ampleur, j'ai plaisir à le confirmer ici, devrait être très prochainement mis en uvre : je veux parler de la création d'une "école doctorale de français". Ce projet est doté de 6,5 millions d'euros par le ministère des Affaires étrangères, au titre du Fonds de Solidarité prioritaire. Il vise à créer, avec l'appui d'un réseau d'universités de nos deux pays, le dispositif nécessaire à la formation d'universitaires enseignants de français. Compte tenu des choix récents de l'Algérie en matière d'enseignement en langue française, ce projet viendra répondre, je le souhaite, à un besoin du système scolaire et universitaire algérien.
Il convient évidemment que ce projet soit suivi de près par le Haut-Conseil. Il est, d'une certaine façon, le premier projet de partenariats universitaires effectifs inscrit sur sa "Feuille de route".
Je souhaite enfin que le HCUR puisse nous rendre compte, aussi régulièrement que possible, non seulement des avancées de notre coopération, mais aussi de tout sujet de coopération dont il jugera utile de nous saisir ou que nous pourrions lui demander d'étudier. Cette mission de "veille" me paraît tout à fait correspondre aux exigences que nous nous donnons pour approfondir notre partenariat.
Je voudrais, pour conclure, renouveler mes encouragements et mes souhaits de réussite à tous les membres du HCUR et leur dire qu'ils participent d'une refonte importante de notre dispositif de coopération, dont l'objectif est d'atteindre une plus grande efficacité. Nous avons, en effet, pour nos amis algériens et pour nous-mêmes, une obligation de résultats.
Je vous souhaite d'excellents travaux.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2004)
(Déclaration de M. Xavier Darcos à l'occasion de la clôture du 23eme Comité des projets France - Algérie, à Alger le 13 octobre 2004) :
Monsieur le Secrétaire général des Affaires Étrangères,
Messieurs les Présidents du Comité des projets,
Mesdames et Messieurs les Membres du Comité des projets,
La 23ème session du Comité des projets que j'ai l'honneur de clore avec vous, Monsieur le Secrétaire général, s'inscrit dans un moment important de la coopération entre nos deux pays. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai souhaité faire ce déplacement aujourd'hui et demain en Algérie, qui est le premier que j'effectue en tant que ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie dans un pays du Maghreb et dans le monde arabe.
La reprise de nos relations trouve, dans cette 23ème session, trois occasions remarquables d'être mise en évidence de façon officielle.
Il s'agit d'abord du démarrage désormais effectif de l'École supérieure algérienne des Affaires (ESAA), dont j'ai eu le privilège d'ouvrir ce matin le premier Conseil d'administration. La scolarité devrait y démarrer sans tarder et s'échelonner durant la prochaine année. Cet établissement bénéficie d'un partenariat de très grande qualité avec la Chambre de commerce et d'industrie de Paris pour chef de file. Le ministère des Affaires étrangères lui apporte pour sa part un cofinancement substantiel.
Il s'agit ensuite du lancement très prochain du projet de création d'une école doctorale de langue française. Doté d'un financement du ministère des Affaires Étrangères de 6,5 millions d'euros, il vient accompagner la politique d'ouverture de l'enseignement supérieur algérien à la langue française et, plus généralement, le choix de la réintroduction de l'enseignement de la langue française dans le système scolaire.
Nous ne pouvons évidemment que nous en réjouir. Nous voyons dans ces décisions une occasion de rapprocher l'Algérie de la rive Nord de la Méditerranée et plus largement d'ouvrir l'université algérienne sur l'extérieur, et l'Europe au premier chef. Cette ouverture est aujourd'hui une condition nécessaire de sa qualité et de sa performance.
Enfin, il s'agit de la mise en place du Haut Conseil franco-algérien universitaire et de recherche. J'avais, il y a un an, signé le protocole qui en porte création. J'ai eu l'honneur aujourd'hui de présider l'ouverture de ses travaux dans sa première réunion plénière. Cette instance est véritablement appelée à être le dispositif de pilotage de notre coopération universitaire et de recherche scientifique. Son programme de travail est ambitieux. Il nous faudra, à nous, tutelles algérienne et française, en assurer le suivi régulier et rigoureux.
Je souhaite que ce Haut Conseil permette de faire les avancées indispensables pour que l'enseignement supérieur et la recherche algériens s'ouvrent sur l'extérieur et deviennent performants, c'est-à-dire pour qu'ils offrent des perspectives d'emploi aux diplômés et soutiennent une recherche scientifique productive et compétitive. L'horizon de la création d'une université franco-algérienne passe par une intégration renforcée et réussie de nos dispositifs respectifs, selon des formules qu'il faudra inventer et tester dans les meilleurs délais.
Bien évidemment, ce 23ème comité a, aussi et surtout, été consacré à l'examen de très nombreux projets certes beaucoup moins médiatiques, mais néanmoins déterminants. Par leur nombre et leur diversité, les projets qui ont été examinés à ce jour continuent de mettre en évidence la proximité entre nos deux pays. Et je suis sûr qu'entre nos deux pays tout y est prioritaire !
Par delà ce constat, et même si je n'ignore par l'énorme travail accompli par les uns et les autres pour sélectionner et orienter les projets, pour rationaliser notre dispositif, il nous faut continuer à travailler pour rendre notre coopération plus efficace, c'est-à-dire travailler selon une logique de résultats et en regard avec des objectifs clairement définis.
La France, vous le savez, s'est résolument engagée à accroître son aide publique au développement (APD). C'est l'un des cinq chantiers prioritaires du quinquennat du président Chirac : nous nous rapprochons tous les ans de l'objectif de 0,5 % du PIB en 2005 et l'horizon est de 0,7 % en 2012.
Ce choix en engage d'autres, au plan international. Il ne suffit pas que l'aide publique au développement augmente, encore faut-il qu'elle soit plus efficacement employée et qu'on puisse s'assurer qu'elle contribue à des résultats tangibles. La France, comme les grands bailleurs de fonds, s'est ralliée aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle est également "leader" sur le thème de l'efficacité et de l'harmonisation de l'aide. Elle vient enfin de faire des propositions pour augmenter les contributions financières internationales pour le développement. Le président Chirac, avec ses homologues brésilien et chilien et avec le Premier ministre espagnol, a ainsi lancé, à l'ONU, le mois dernier, un appel à l'augmentation de l'aide publique au développement : comme vous le savez, pour atteindre les Objectifs du Millénaire en 2010, il faut aujourd'hui doubler le montant total de l'APD, qui est actuellement de 50 milliards de dollars.
Ces multiples engagements internationaux ne sont évidemment pas sans résonance sur notre coopération bilatérale, d'abord parce qu'il nous faut être capable de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous préconisons : plus d'efficacité et de résultats, davantage d'harmonisation avec nos partenaires.
La trame sur laquelle le comité des projets a travaillé - "accompagner les réformes", "contribuer au développement", "renforcer les liens universitaires" - offre un cadre d'actions bien adapté aux priorités de l'Algérie et à notre capacité d'accompagnement. Il faut poursuivre dans ce sens et être plus exigeant sur les résultats à atteindre.
Pour ma part, j'ai souhaité que mon déplacement puisse s'inscrire dans un ensemble de thèmes, l'enseignement, la langue française, la culture, qui méritaient d'être mis en évidence parce qu'ils sont au cur de notre relation. La proximité entre deux pays se mesure d'abord à la densité des liens culturels, éducatifs, universitaires et scientifiques qu'ils nouent. C'est là véritablement le socle des relations.
Si notre coopération a pu reprendre de façon aussi spectaculaire depuis quatre ans, c'est bien parce que ces liens préexistaient et n'ont jamais été rompus. Mais il va de soi que l'Algérie nous attend sur bien d'autres sujets, qui sont aussi au centre de nos objectifs de coopération, soit parce qu'ils participent des Objectifs du Millénaire pour le développement, soit surtout parce qu'ils correspondent à de véritables urgences pour le pays : la gestion de l'eau, l'environnement, la modernisation des infrastructures, la prévention des risques majeurs et évidemment l'appui aux réformes économiques et de gouvernance.
Je n'insisterai pas sur ce dernier point ; la France réaffirme sa disponibilité à accompagner le pays. Il est indispensable que la conjoncture économique meilleure que connaît l'Algérie soit mise à profit pour réaliser ces réformes importantes en faveur de la modernisation économique et sociale. Et veillons à avancer pour mieux mettre notre coopération au service de ces objectifs de développement et de réformes, en bon ordre, c'est-à-dire avec l'Agence française du développement et le ministère des Finances, à travers "le partenariat pour la croissance et le développement" engagé par M. Sarkozy cet été.
Il faut aussi que nous adaptions nos instruments de coopération. En 2005, nous allons préparer un nouveau texte de convention de coopération, qui se substituera à celui signé en 1986. Il devra évidemment prendre en compte le nouveau contexte que j'ai décrit, mais aussi faire toute sa place aux nouveaux acteurs que sont les collectivités locales bien sûr, et les sociétés civiles ainsi qu'aux nouveaux dispositifs, existants ou à créer.
Sur ce point, je souhaite que nous élargissions le champ de notre coopération et de nos partenaires à la population algérienne émigrée en France et en Europe, que nous considérions que la présence d'une émigration qualifiée en France peut être une opportunité pour notre coopération. Faisons d'elle un véritable acteur de coopération. Il y a là une perspective qui mérite d'être exploitée. La France a déjà engagé une réflexion avec d'autres pays sur ce point. Je propose que l'Algérie s'y associe rapidement et que nous puissions engager rapidement des actions dans ce sens. Ainsi poursuivrons-nous la rénovation de notre coopération bilatérale.
Pour le reste, 2005 sera évidemment une grande année pour nos relations politiques, puisque nos deux pays vont sceller leur partenariat par un grand traité d'amitié. Mais 2005 sera aussi le dixième anniversaire du processus de Barcelone. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il mérite d'être sérieusement relancé. La France est prête à y contribuer, je l'ai dit à mes interlocuteurs ici à Alger. Mais plus encore mettons notre coopération bilatérale, dans toute sa densité et sa richesse, au service du partenariat euro-méditerranéen.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 octobre 2004)