Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations entre la France et les îles de Jersey et Guernesey et sur un hommage à Victor Hugo, Paris le 2 novembre 2004.

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Circonstance : Dîner offert en l'honneur des Baillis de Jersey et Guernesey au Sénat le 2 novembre 2004

Texte intégral

Messieurs les Baillis,
Messieurs les Députés,
Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Laissez-moi d'abord vous dire ma joie d'accueillir ici, à la Présidence du Sénat, des voisins et amis. Je parle de voisins et d'amis mais je devrais plutôt parler de cousins, tant les Îles anglo-normandes font partie de la vie quotidienne de beaucoup de nos compatriotes.
Chers Amis,
Deux ans et demi après ma visite à Jersey et à Guernesey, sur les traces de Victor HUGO, visite dont je garde un souvenir impérissable, c'est à mon tour de vous recevoir pour un dîner qui, je l'espère, sera aussi convivial que le déjeuner que vous nous aviez offert.
Je n'ai à ce sujet pas beaucoup d'inquiétudes car tout nous rapproche.
Tout d'abord, vous comme nous, nous sommes des élus locaux, proches du terrain et enracinés dans la vie locale.
Ensuite, et cela peut surprendre au premier abord, le Sénat de la République française présente, somme toute, certains traits anglo-saxons. On y cultive en effet le pragmatisme ainsi qu'un certain flegme, et le travail de fond y est préféré aux grandes déclarations ou aux petites phrases...
De la même façon, les Sénateurs français ont le sens des usages et de la coutume. Notre Haute assemblée fonctionne à certains égards comme un club, où la tolérance et le respect de l'autre l'emportent toujours sur les clivages politiques. Le tout au bénéfice de la qualité du travail législatif, de la sérénité et du sens des responsabilités, lesquels devraient toujours guider les responsables politiques.
Ce n'est pas tout ! Il y a aussi Victor HUGO ! Ce géant visionnaire qui, il n'avait pas 20 ans, disait déjà : " être Chateaubriand ou rien ". Cet hommage au plus grand des Malouins, qui repose aujourd'hui sur son rocher du Grand Bé, face à Jersey, était un clin d'il prémonitoire à vos îles.
Ces îles qui allaient par la suite accueillir et adoucir l'exil du grand poète qui était aussi un grand opposant et qui fut, vous le savez, membre de notre Haute Assemblée.
Les Français n'ont pas oublié que c'est sur vos terres, face à la mer, que l'un de leurs plus grands héros a écrit plusieurs de ses uvres majeures, inspiré qu'il était par la beauté, la douceur, la sérénité mais aussi la force de vos paysages. Revigoré par la tonicité de votre climat...
Près de 150 ans après, nous vous sommes toujours reconnaissants de cette hospitalité. En accueillant Victor HUGO, c'est un peu de la France et beaucoup des Français que vous avez reçus.
Noblesse oblige ! Noblesse du cur et de l'esprit en l'occurrence : laissons à Victor HUGO le dernier mot en souhaitant avec lui pouvoir vivre un jour ce rêve européen qui l'animait avant l'heure.
Puisse la grande Europe, ces États-Unis d'Europe, pour reprendre sa propre expression, se construire un jour, dans le respect de l'identité de chacun, et en particulier des îles... Rien d'autre que l'application stricte du principe de subsidiarité !
Car sachez en effet que nous sommes aussi attachés que vous à vos spécificités et à vos traditions, qui font la force mais aussi le charme de vos chères îles.
J'ai assez parlé. A vous la parole ! Laissez-moi simplement dire du fond du cur :
Vive Jersey !
Vive Guernesey !
Vive la France !
Et vive l'Europe !
(Source http://www.senat.fr, le 15 novembre 2004)