Texte intégral
Vous retrouver ce soir, à mi-parcours de Lire en fête, est pour moi un très grand plaisir que je souhaite partagé.
Avec vous, bien sûr, au cur de ce quartier de Montparnasse, qui a inspiré plus d'une forte page, et aussi avec tous ceux, que l'on me dit très nombreux, qui se sont mobilisés partout en France et à l'étranger, pour ces journées particulières de célébration de la lecture.
Je dois vous dire que je me suis interrogée sur la forme à donner à ce rendez-vous d'automne. Comment, sans risquer le contre-sens, faire une fête de la lecture, activité certes très largement partagée et cependant toujours intime, parfois jusqu'au bouleversement de l'être ?
Mais, dans le même temps : comment ne pas vouloir marquer par un moment fort autant d'initiatives, voire de militantisme, au vrai et beau sens du terme, qui se manifestent à longueur d'année par la présence d'auteurs et d'éditeurs en librairies, en bibliothèques, en mille lieux où travaille la chaîne du livre ?
A dire vrai, si je me suis interrogée, je n'ai pas hésité : favoriser la découverte et l'appropriation de la création écrite par le plus grand nombre est au cur de l'action que je conduis dans mon ministère.
L'écrit est une valeur. Elargir l'accès aux textes, c'est sans cesse frayer de nouveaux chemins vers le monde complexe et vital de la pensée, de la connaissance ; c'est favoriser l'échange, la réflexion, l'intégration ; c'est participer du combat pour la citoyenneté et pour la liberté. C'est aussi entrer dans d'autres imaginaires pour mieux connaître le sien. C'est rêver, s'évader... La lecture est essentielle dans une vision ouverte et généreuse de la culture. C'est pour moi une priorité.
Je le disais à l'instant : avec les services de la Direction du Livre et de la Lecture, et notamment l'équipe, très performante, du Commissariat de Lire en fête, nous avons constaté une formidable mobilisation pour ces trois jours de fête. Je voudrais, à cet égard, remercier très chaleureusement nos partenaires, compagnons de route de cette manifestation, France Télévision, la Cinquième, Radio-France Outre-Mer, Radio-France Interna-tionale, Bayard Presse, les Relais H, La Poste, mais aussi la presse écrite, et notamment le Parisien qui a veillé à l'information la plus complète de ses lecteurs.
De nouveaux partenaires nous ont rejoints et je voudrais saluer particulièrement l'engagement de la SNCF qui accueille 250 auteurs et illustrateurs dans 13 gares de grandes villes dans le cadre de l'opération En train de Lire.
C'est ainsi qu'à Nantes, par exemple, des lecteurs se relaient pour une lecture en continu de Jules Verne, grand voyageur devant l'éternel, qu'à Bordeaux, c'est la Bande Dessinée qui est locomotive, cependant qu'ici même, quatre-vingts auteurs auront au cours de ce week-end, pu dialoguer avec le public.
Je ne peux m'empêcher de voir une logique dans cette initiative qui, je le souhaite, sera reconduite et amplifiée l'an prochain. Lieu de passage et de brassage, de départs, parfois, vers l'aventure, lieu de hasards, de retrouvailles ou d'arrachements, les gares sont le théâtre de tant et tant de mots, de débuts ou de fins de romans, de répliques inoubliables, de chansons...
Lire, est très proche de dire. C'est pourquoi j'ai voulu associer plus fortement le monde du théâtre à Lire en fête : la lecture à haute voix n'est-elle pas l'acte premier du théâtre ? Partout en France, des lectures sont en cours, dans des appartements, des librairies bien sûr, des cafés, sur scène, en bateau, sur des places publiques, dans des cinémas... Partout, les livres se révèlent comme ce qu'ils sont bien souvent : des voleurs de voix...
Cette fête, qui s'adresse également aux publics isolés, dans plus de deux cents établissements hospitaliers, grâce à la mobilisation de la Direction des hôpitaux, dans les centres de détention où sont conduites, par les services de l'administration pénitentiaire et de mon ministère, de multiples actions en faveur de l'écrit et de la lecture, cette fête, si elle apparaît comme une effervescence de colloques, débats en librairie, salons, si elle est relayée par les arts de la rue, a toute sa place au cur du réseau de la lecture publique.
Il se fait, jour après jour, un travail remarquable dans les bibliothèques publiques, municipales ou départementales de prêt.
Soucieux de leurs missions, les bibliothécaires ont su affirmer et renforcer le rôle culturel, éducatif et social de leurs établissements. De la BNF, qui vient d'ouvrir aux chercheurs ses salles du site François-Mitterrand aux relais-livre en campagne, les bibliothèques - que fréquentent 21 % des Français - jouent un rôle majeur dans l'aménagement culturel du territoire. Les collectivités locales et l'Etat se sont engagés pour le développement et la modernisation de ce réseau. Je veux consolider et enrichir cette collaboration, dans laquelle s'inscrit le programme national des contrats ville-lecture que je viens de mettre en uvre.
Les lieux du livre ne pouvant se tenir à l'écart des nouvelles techniques de communication, je me réjouis de l'opération Lire en fête sur internet qui donne à voir, et à lire, le dynamisme et la créativité de plus de cent sites culturels francophones. Je suis convaincue que cette initiative, ajoutée aux manifestations soutenues par le ministère des affaires étrangères et de la coopération, et relayées par les institutions françaises à l'étranger, contribue largement au rayonnement international de la manifestation, qui se déroule dans plus de quatre-vingts pays et met le livre en français à l'honneur. Je peux vous dire que ce travail en faveur de l'édition française et francophone, s'il est difficile, trouve des relais enthousiastes. Je viens de le constater à New York où j'ai eu le plaisir d'inaugurer la bibliothèque de l'Alliance Française/Institut Français, l'établis-sement le plus important Outre-Atlantique consacré exclusivement au français.
A la source des livres, il y a les écrivains. Il était essentiel que Lire en fête leur fasse la première place. C'est ainsi que Lire la Caraïbe est venu tout naturellement s'inscrire dans ce rendez-vous, apportant une appréciable et belle dimension littéraire aux manifestations de célébration du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage qui marquent cette année 1998.
Je suis très heureuse de la présence d'écrivains de Cuba, de Haïti, de Jamaïque, de Porto Rico, de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, et de la République Dominicaine. Ils nous apportent, par le don d'une littérature riche de la diversité de ses langues et de la puissance de ses thèmes, un regard renouvelé sur le monde, sur le métissage des cultures. Depuis une semaine, du Salon du Livre de l'Outre-Mer à celui de la Plume Noire, ils ont voyagé, de Lille à Aix-en-Provence, de Lyon au Mans. Ils ont participé à des rencontres, ouvert des horizons, trouvé de nouveaux lecteurs.
J'aimerais, pour conclure, emprunter aux mots du grand poète d'Haïti, Frankétienne, homme de l'universel quand il nous invite à plonger dans la lumière et les ténèbres de la musique du verbe, pour faire " un voyage ahurissant, aux ultimes frontières de l'imaginaire, dans un délire intensément lucide, marqué par la brûlure des mots incandescents (...) une spirale enflammée de violences et d'horreurs. Une efflorescence de mythes et de symboles ".
(source http://www.culture.gouv.fr, le 13 septembre 2001)
Avec vous, bien sûr, au cur de ce quartier de Montparnasse, qui a inspiré plus d'une forte page, et aussi avec tous ceux, que l'on me dit très nombreux, qui se sont mobilisés partout en France et à l'étranger, pour ces journées particulières de célébration de la lecture.
Je dois vous dire que je me suis interrogée sur la forme à donner à ce rendez-vous d'automne. Comment, sans risquer le contre-sens, faire une fête de la lecture, activité certes très largement partagée et cependant toujours intime, parfois jusqu'au bouleversement de l'être ?
Mais, dans le même temps : comment ne pas vouloir marquer par un moment fort autant d'initiatives, voire de militantisme, au vrai et beau sens du terme, qui se manifestent à longueur d'année par la présence d'auteurs et d'éditeurs en librairies, en bibliothèques, en mille lieux où travaille la chaîne du livre ?
A dire vrai, si je me suis interrogée, je n'ai pas hésité : favoriser la découverte et l'appropriation de la création écrite par le plus grand nombre est au cur de l'action que je conduis dans mon ministère.
L'écrit est une valeur. Elargir l'accès aux textes, c'est sans cesse frayer de nouveaux chemins vers le monde complexe et vital de la pensée, de la connaissance ; c'est favoriser l'échange, la réflexion, l'intégration ; c'est participer du combat pour la citoyenneté et pour la liberté. C'est aussi entrer dans d'autres imaginaires pour mieux connaître le sien. C'est rêver, s'évader... La lecture est essentielle dans une vision ouverte et généreuse de la culture. C'est pour moi une priorité.
Je le disais à l'instant : avec les services de la Direction du Livre et de la Lecture, et notamment l'équipe, très performante, du Commissariat de Lire en fête, nous avons constaté une formidable mobilisation pour ces trois jours de fête. Je voudrais, à cet égard, remercier très chaleureusement nos partenaires, compagnons de route de cette manifestation, France Télévision, la Cinquième, Radio-France Outre-Mer, Radio-France Interna-tionale, Bayard Presse, les Relais H, La Poste, mais aussi la presse écrite, et notamment le Parisien qui a veillé à l'information la plus complète de ses lecteurs.
De nouveaux partenaires nous ont rejoints et je voudrais saluer particulièrement l'engagement de la SNCF qui accueille 250 auteurs et illustrateurs dans 13 gares de grandes villes dans le cadre de l'opération En train de Lire.
C'est ainsi qu'à Nantes, par exemple, des lecteurs se relaient pour une lecture en continu de Jules Verne, grand voyageur devant l'éternel, qu'à Bordeaux, c'est la Bande Dessinée qui est locomotive, cependant qu'ici même, quatre-vingts auteurs auront au cours de ce week-end, pu dialoguer avec le public.
Je ne peux m'empêcher de voir une logique dans cette initiative qui, je le souhaite, sera reconduite et amplifiée l'an prochain. Lieu de passage et de brassage, de départs, parfois, vers l'aventure, lieu de hasards, de retrouvailles ou d'arrachements, les gares sont le théâtre de tant et tant de mots, de débuts ou de fins de romans, de répliques inoubliables, de chansons...
Lire, est très proche de dire. C'est pourquoi j'ai voulu associer plus fortement le monde du théâtre à Lire en fête : la lecture à haute voix n'est-elle pas l'acte premier du théâtre ? Partout en France, des lectures sont en cours, dans des appartements, des librairies bien sûr, des cafés, sur scène, en bateau, sur des places publiques, dans des cinémas... Partout, les livres se révèlent comme ce qu'ils sont bien souvent : des voleurs de voix...
Cette fête, qui s'adresse également aux publics isolés, dans plus de deux cents établissements hospitaliers, grâce à la mobilisation de la Direction des hôpitaux, dans les centres de détention où sont conduites, par les services de l'administration pénitentiaire et de mon ministère, de multiples actions en faveur de l'écrit et de la lecture, cette fête, si elle apparaît comme une effervescence de colloques, débats en librairie, salons, si elle est relayée par les arts de la rue, a toute sa place au cur du réseau de la lecture publique.
Il se fait, jour après jour, un travail remarquable dans les bibliothèques publiques, municipales ou départementales de prêt.
Soucieux de leurs missions, les bibliothécaires ont su affirmer et renforcer le rôle culturel, éducatif et social de leurs établissements. De la BNF, qui vient d'ouvrir aux chercheurs ses salles du site François-Mitterrand aux relais-livre en campagne, les bibliothèques - que fréquentent 21 % des Français - jouent un rôle majeur dans l'aménagement culturel du territoire. Les collectivités locales et l'Etat se sont engagés pour le développement et la modernisation de ce réseau. Je veux consolider et enrichir cette collaboration, dans laquelle s'inscrit le programme national des contrats ville-lecture que je viens de mettre en uvre.
Les lieux du livre ne pouvant se tenir à l'écart des nouvelles techniques de communication, je me réjouis de l'opération Lire en fête sur internet qui donne à voir, et à lire, le dynamisme et la créativité de plus de cent sites culturels francophones. Je suis convaincue que cette initiative, ajoutée aux manifestations soutenues par le ministère des affaires étrangères et de la coopération, et relayées par les institutions françaises à l'étranger, contribue largement au rayonnement international de la manifestation, qui se déroule dans plus de quatre-vingts pays et met le livre en français à l'honneur. Je peux vous dire que ce travail en faveur de l'édition française et francophone, s'il est difficile, trouve des relais enthousiastes. Je viens de le constater à New York où j'ai eu le plaisir d'inaugurer la bibliothèque de l'Alliance Française/Institut Français, l'établis-sement le plus important Outre-Atlantique consacré exclusivement au français.
A la source des livres, il y a les écrivains. Il était essentiel que Lire en fête leur fasse la première place. C'est ainsi que Lire la Caraïbe est venu tout naturellement s'inscrire dans ce rendez-vous, apportant une appréciable et belle dimension littéraire aux manifestations de célébration du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage qui marquent cette année 1998.
Je suis très heureuse de la présence d'écrivains de Cuba, de Haïti, de Jamaïque, de Porto Rico, de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, et de la République Dominicaine. Ils nous apportent, par le don d'une littérature riche de la diversité de ses langues et de la puissance de ses thèmes, un regard renouvelé sur le monde, sur le métissage des cultures. Depuis une semaine, du Salon du Livre de l'Outre-Mer à celui de la Plume Noire, ils ont voyagé, de Lille à Aix-en-Provence, de Lyon au Mans. Ils ont participé à des rencontres, ouvert des horizons, trouvé de nouveaux lecteurs.
J'aimerais, pour conclure, emprunter aux mots du grand poète d'Haïti, Frankétienne, homme de l'universel quand il nous invite à plonger dans la lumière et les ténèbres de la musique du verbe, pour faire " un voyage ahurissant, aux ultimes frontières de l'imaginaire, dans un délire intensément lucide, marqué par la brûlure des mots incandescents (...) une spirale enflammée de violences et d'horreurs. Une efflorescence de mythes et de symboles ".
(source http://www.culture.gouv.fr, le 13 septembre 2001)