Interview de M. Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, dans "France-Soir" du 16 décembre 2003, sur l'accord signé entre la France et la justice américaine dans l'affaire Executive Live touchant le Crédit Lyonnais.

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Média : France soir

Texte intégral

Q - Vous jugez "bon" l'accord signé sur Executive Life. La somme de 475 millions de dollars constitue pourtant une amende record.
R - Il ne faut pas oublier que cette histoire date des relations nouées par le Crédit Lyonnais sous les gouvernements socialistes du début des années 90. Nous n'avons aucune responsabilité dans les événements de cette époque. En revanche nous devons malheureusement en supporter les conséquences. L'objectif du gouvernement a été de préserver, dans toute la mesure du possible l'intérêt des Français et tout cela n'aura pas d'impact sur les contribuables puisque les sommes en cause ont déjà été provisionnées. J'ajoute qu'il est parfaitement possible que l'ensemble de ces provisions ne soit pas utilisé. Il y a beaucoup de désinformation et aussi de mensonges sur le sujet.
Q - Il est aussi possible que l'on ait besoin de plus
R - Non. Honnêtement, d'après les estimations, nous sommes plutôt au-dessus de ce que l'on risque.
Q - La justice américaine réclame néanmoins 3,5 milliards de dollars.
R - La thèse qui est la nôtre est que, comme il n'y a pas de victimes, il n'y aura pas de dommages et intérêts à payer au civil. L'objectif du gouvernement était que l'accord au pénal soit global, et non partiel, et de ce point de vue, la fermeté a payé puisque la justice américaine a accepté d'inclure toutes les personnes morales françaises et ouvre l'accord aux personnes physiques. Cet accord ne coûtera pas un euro de plus à l'Etat que ce qui a déjà été provisionné. Cela n'aura donc aucun impact sur nos finances publiques.
Q - Mais Jean Peyrelevade ne fait toujours pas partie de l'accord
R - A ma connaissance, il y est invité, mais il le refuse pour l'instant. On verra ce qu'il décidera de faire. L'importance était que toutes les personnes morales soient incluses, ce qui n'était pas le cas dans le premier accord.
Q - Son absence était pourtant évoquée comme l'une des raisons de ne pas ratifier l'accord conclu le 2 septembre.
R - Je vous le répète, il y est invité. On peut penser raisonnablement que les personnes physiques feront un jour partie de l'accord.
Q - Avez-vous des informations sur les culpabilités que la France a reconnues ?
R - Non, je n'en ai pas. Mais notre devoir était d'assumer les responsabilités de l'Etat, qui résultent entièrement de la gestion des gouvernements socialistes et nous l'avons fait.
Q - Avez-vous discuté avec François Pinault pour le convaincre de rentrer dans l'accord ?
R - Toutes les parties françaises ont coordonné leur défense.
Q - Que pensez-vous des accusations contre Jacques Chirac d'être intervenu en faveur de François Pinault ?
R - Tout ça est parfaitement faux. Il s'agit d'allégations mensongères et indignes.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2003)