Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis naturellement très heureux et très honoré de clôturer ce premier Forum européen sur le développement de la sous-région du Grand Mékong et de pouvoir saluer tous ceux ici réunis qui prennent dans ce domaine une part extrêmement active. Je tiens à remercier l'ensemble des responsables de la Banque asiatique de développement et notamment son Vice-président d'avoir pris l'initiative de ce grand rendez-vous, qui, je crois, fera date, et d'en avoir assuré la parfaite organisation. Croyez bien que je porterai la plus grande attention aux résultats de ces deux journées de réflexions et de débats.
La France, comme vous le savez, Mesdames et Messieurs, porte un intérêt particulier et déjà ancien au développement des pays de la région du Grand Mékong, qui constitue, depuis des siècles, un espace stratégique de la péninsule indochinoise. En témoigne l'importance de l'aide financière qu'elle apporte depuis longtemps aux États riverains.
Au cours des dix dernières années, la France a ainsi été le deuxième pays donateur de la sous-région, après le Japon. Je sais combien notre coopération bilatérale y est vivante, efficace et appréciée et j'aurai bientôt l'occasion de m'en rendre compte, puisque je me rendrai dans quelques jours dans la région.
Nous avons beaucoup réfléchi aux différents moyens d'aider la région à réduire ses écarts de développement et de permettre aux États riverains du Mékong de mieux s'intégrer encore, non seulement dans leur environnement économique et géopolitique, mais dans le monde en général.
Cette réflexion nous a amenés à établir, parallèlement à notre action bilatérale, une vaste action de coopération à caractère régional en Asie du Sud-Est. J'en évoquerai rapidement les principales caractéristiques.
Notre dispositif de coopération régionale couvre les dix États d'Asie du Sud-Est membres de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est, l'ASEAN. Ses actions sont très nombreuses, mais concernent essentiellement la formation des ressources humaines. Elles s'appuient sur plusieurs partenaires institutionnels régionaux : l'ASEAN naturellement, mais également l'Organisation des ministres de l'Éducation d'Asie du Sud-Est, l'Institut asiatique de technologie, la Commission du Mékong et la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique des Nations unies dont la France est l'un des États parties.
Ces actions se concentrent tout d'abord sur la formation à la gestion. A ce titre, nous avons établi, depuis sa création en 1959, un très important partenariat avec l'Institut asiatique de technologie de Bangkok. Celui-ci a été relancé dès 1990 à l'initiative de la France et se traduit par l'action particulièrement déterminée de son président, qui achève un mandat remarquablement bien rempli et que je tiens à saluer.
Ce partenariat constitue un volet majeur de notre coopération régionale en Asie du Sud-Est. Mais il ne résume pas la totalité de nos actions qui couvrent bien d'autres champs, qui vont des sciences de l'ingénieur aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication ; du droit à la décentralisation et à l'urbanisme ; de la médecine aux sciences sociales ou à l'audiovisuel ; de l'environnement et de l'énergie à la recherche et développement.
Dans ce dernier domaine, nous avons apporté notre soutien à plusieurs projets régionaux d'instituts français de recherche et développement, comme le Muséum national d'histoire naturelle, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement ou encore l'Institut de recherche pour le développement.
Par ailleurs, depuis fin 2003, le champ d'intervention de l'Agence française de développement a été élargi pour lui permettre, en finançant des infrastructures, de contribuer à l'intégration régionale dans les pays du bassin du Mékong.
Ces actions sont conduites en étroite liaison avec nombre de partenaires non seulement asiatiques, mais également européens. C'est pourquoi, par exemple, une enveloppe régionale spécifique au dialogue Europe-Asie, conduit dans le cadre de l'ASEM, permet de soutenir des opérations dans plusieurs domaines comme les Droits de l'Homme, l'environnement ou les échanges universitaires.
La France n'a donc pas attendu qu'on la sollicite pour faire preuve d'initiative en matière de coopération régionale. Elle se montre très attentive à créer un maximum de synergies entre tous les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, nationaux, communautaires ou multilatéraux.
Cette voie s'est avérée prometteuse et nous a conduits à prendre en compte les initiatives régionales les plus riches d'avenir. Le GMS nous apparaît, aujourd'hui, comme un programme régional de développement de l'Asie du Sud-Est des plus dynamiques. Son projet est ambitieux, d'autant que ses pays membres connaissent des systèmes politiques divers, des populations et des niveaux de développement économique très hétérogènes, avec des PNB par habitant s'échelonnant de 280 dollars pour le Royaume du Cambodge à 2 250 dollars pour le Royaume de Thaïlande. La deuxième phase d'action de la Banque asiatique de développement (BAD), qui court jusqu'en 2012, ne pourra donc réussir que grâce à la mobilisation de tous les acteurs concernés.
La France, pour sa part, a souhaité développer une participation active au sein du GMS. Lors de la dernière conférence ministérielle du GMS, organisée en septembre 2003 à Dali, dans la province chinoise du Yunnan, nous avons rappelé notre attachement au développement de la région et indiqué notre disposition à financer, aux cotés de la Banque asiatique de développement et d'autres pays donateurs, des études de faisabilité et de réalisation de projets ainsi que des actions de renforcement des capacités.
J'ai souhaité que les principaux acteurs de l'aide française soient mobilisés : le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et l'Agence française de développement, qui pourront ainsi chacun contribuer, pour un montant global d'environ 8 millions d'euros sur trois ans.
L'AFD et la Banque asiatique de développement entretiennent, d'ores et déjà, des relations très étroites. Pas moins de 30 projets sont ou seront cofinancés par les deux organismes : 25 dans le secteur public et 5 dans le secteur privé.
Au-delà de ces actions, on peut en outre s'attendre, avec l'extension des activités du groupe AFD en Chine et en Thaïlande, décidée l'année dernière, à ce que cette coopération se développe encore.
L'AFD a par ailleurs prévu de conclure avec la BAD une convention spécifique d'un million et demi d'euros, pour le financement d'études de faisabilité de projets susceptibles d'être cofinancés au titre du programme GMS.
Le ministère des Affaires étrangères a pour sa part indiqué qu'il étudierait la mise en place d'un projet pour cette deuxième phase de programmation de la BAD (2003-2012).
Parmi les onze thèmes déjà dégagés, le volet consacré au développement des ressources humaines présentait à nos yeux un intérêt particulier pour le développement de la région.
D'ailleurs, nombre des actions que nous y menons déjà, à titre bilatéral, concernent ce type de formation. Beaucoup d'entre elles s'appuient sur des organismes et des réseaux de la "sphère GMS", comme l'Institut asiatique de technologie, que j'ai déjà évoqué, ou le réseau académique de recherche du GMS. C'est donc vers le Phnom Penh Plan, qu'en accord avec la BAD, nous avons souhaité nous diriger.
Le Phnom Penh Plan pour la gestion du développement (PPP) est issu du constat, fait par les chefs d'État du GMS lors du Sommet de Phnom Penh en 2002, que le manque d'une masse critique de cadres moyens et supérieurs du secteur public qualifiés, en particulier dans le domaine de la gestion du développement durable, constituait un obstacle à l'accélération du développement de la région.
Son objectif est donc de renforcer les capacités de ces cadres pour la définition, le suivi, et l'évaluation des politiques et des programmes de développement. Son coût total est estimé à un peu plus de cinq millions de dollars.
L'intervention que nous proposons commencera en 2005 et mettra en oeuvre des mesures nouvelles, calées sur les besoins propres au GMS. Elle devrait s'articuler autour de quatre priorités : mobiliser l'expertise française, assurer des formations spécialisées, développer un programme de bourses d'excellence et enfin renforcer les institutions.
Telles sont les orientations que nous avons choisies, en étroite coopération, je le souligne à nouveau, avec la BAD. Vous le voyez, notre engagement dans la région s'inscrit désormais dans une démarche d'intégration régionale, qui nous semble une clé, comme le NEPAD en Afrique ou l'Union européenne ici, pour assurer un développement durable des pays d'Asie du Sud-Est et améliorer les conditions de vie de leurs 250 millions d'habitants. Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juillet 2004)