Texte intégral
J.-M. Aphatie-. Bonjour P. Devedjian. Vous êtes ministre, mais vous êtes aussi avocat de formation et de profession. Vous êtes l'ami de N. Sarkozy.
P. DEVEDJIAN.- "Personne n'est parfait."
J.-M. Aphatie-. N. Sarkozy qui rentre de Chine. N. Sarkozy qui va faire une grande conférence de presse mercredi. N. Sarkozy qui pense à la présidentielle de 2007 "et pas seulement quand je me rase", a-t-il dit. N. Sarkozy n'en fait-il pas trop, Maître Devedjian ?
P. DEVEDJIAN.-- "D'abord, je ne crois pas être là comme avocat. "
J.-M. Aphatie-. Un petit peu.
P. DEVEDJIAN.-- "Non, parce qu'il n'est pas accusé. Je sais bien que la société médiatique française a besoin de spectacle, mais enfin tout ceci est quand même un petit peu exagéré. D'abord, pour la première fois je suis un peu en désaccord avec A. Duhamel, que je n'ai pas trouvé aussi nuancé que d'habitude, parce que parler de cohabitation au sein du Gouvernement, c'est quand même tout à fait excessif. "
J.-M. Aphatie-. On va y revenir P. Devedjian. N. Sarkozy en fait beaucoup tout de même. Il fait parler de lui. Il va en Chine.
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, il en fait beaucoup et il obtient des résultats formidables sur la délinquance. Vous trouvez que c'est trop ? Les Français trouvent que ce n'est pas assez ! "
J.-M. Aphatie-. Il rencontre le numéro un chinois jeudi dernier....
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, bien sûr. "
J.-M. Aphatie-. ... - juste une question - et quand il sort de cet entretien, il dit : " Je lui ai demandé si, lui qui avait été longtemps numéro deux, qu'est-ce que ça lui avait fait de devenir numéro un ". Et on imagine la tête de J. Chirac qui se dit : quel culot tout de même ce type !
P. DEVEDJIAN.-- "Mais parce que vous reportez ça aussi par rapport à lui mais par rapport à la Chine, c'est très intéressant de voir comment est dévolu dans ce pays. Quant à N. Sarkozy, il n'est pas numéro deux d'abord du Gouvernement. "
J.-M. Aphatie-. Ah si, ah si, justement.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais enfin, dans l'Etat, il n'est pas numéro deux. Le numéro un c'est J. Chirac, le numéro deux c'est J.-P. Raffarin. Donc c'est une question évidemment qui est amusante. Je comprends bien qu'elle peut faire rire mais ça n'est pas l'essentiel, tout ça, ça amuse. "
J.-M. Aphatie-. Parlons des rapports entre J. Chirac et N. Sarkozy.
P. DEVEDJIAN.-- "Ils sont bons."
J.-M. Aphatie-. A. Duhamel, que vous citiez à l'instant, parlait d'une "nouvelle forme de cohabitation". Est-ce que ce n'est tout de même pas ce à quoi l'on assiste ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non. Ce n'est pas du tout ce à quoi on assiste. Vous savez, c'est plutôt une chance pour la majorité d'avoir, à la fois un président de la République comme J. Chirac, qui est quand même un grand homme politique, qui a su gagner deux fois l'élection présidentielle et qui a su faire face à une situation difficile en 2002 et puis d'avoir dans la nouvelle génération un homme qui a le talent de N. Sarkozy, qui est une ressource pour nous, qui est là en réserve et qui sera utile dans les combats à venir. La gauche là-dessus daube. Mais je regarde Monsieur Fabius qui a entamé sa campagne présidentielle d'ores et déjà à l'allure d'une mobylette en essayant de nous faire croire que c'est un bolide. Nous, on a Sarkozy, c'est quand même un peu mieux ! "
J.-M. Aphatie-. J. Chirac et N. Sarkozy sont-ils en compétition P. Devedjian ?
P. DEVEDJIAN.-- "Je ne le crois pas, au contraire ils sont tout à fait complémentaires. D'abord vous avez relevé - et là A. Duhamel a raison - la différence de génération et c'est bien justement d'avoir des talents dans toutes les générations. On en n'a pas assez d'ailleurs en général. "
J.-M. Aphatie-. "J. Chirac ne me hait pas, c'est pire, il me craint". C'est Le Monde qui citait cette phrase de N. Sarkozy.
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, mais ça je crois que ce sont des ragots. D'abord, J. Chirac connaît N. Sarkozy depuis très longtemps. Depuis très, très longtemps. Depuis que Nicolas avait dix-huit ans, maintenant il a bientôt cinquante ans. Donc voyez, il y a longtemps qu'il le connaît et c'est lui qui a choisi de le nommer comme ministre de l'Intérieur, en sachant très bien ce qu'il pourrait faire du poste. Alors imaginer que J. Chirac lui veut du mal et veut l'empêcher de s'exprimer politiquement, c'est ne pas tenir compte des faits. "
J.-M. Aphatie-. "Sarkozy - là c'est J. Chirac qui parle, et c'est Le Canard Enchaîné" qui le citait - Sarkozy c'est un Balladur en short et en sandalettes".
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, écoutez, je ne sais pas si toutes choses sont vraies. "
J.-M. Aphatie-. La presse invente tout ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non, mais c'est à partir d'un climat. Enfin vous savez, tout ça est quand même extrêmement microcosmique, comme aurait dit R. Barre. Ce sont des propos qui sont prêtés aux uns et aux autres. Moi je préfère les propos qui viennent directement des intéressés, plutôt que ceux qui leur sont prêtés par différents commentateurs. "
J.-M. Aphatie-. Est-ce que vous ne niez pas l'évidence ce matin, P. Devedjian, d'une concurrence entre N. Sarkozy et J. Chirac ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non, je ne crois pas qu'il y ait concurrence. Encore une fois je crois qu'il y a complémentarité, mais c'est vrai que tous les deux sont de grands talents politiques et que la confrontation de leur talent amène facilement à imaginer des rivalités. Je crois qu'ils sont très largement complémentaires. D'ailleurs on ne sait pas du tout ce qui se passera en 2007. On a trois ans devant nous, et d'ici là, il peut se passer beaucoup de choses. "
J.-M. Aphatie-. Mercredi, en conseil des ministres, un préfet symbole de l'intégration sera nommé. Quelle formulation préférez-vous P. Devedjian ? Diriez-vous de ce préfet qu'il est issu de l'immigration ? Ou bien qu'il s'agisse d'un préfet musulman ?
P. DEVEDJIAN.-- "Il est issu de l'immigration d'origine musulmane. "
J.-M. Aphatie-. Ah vous êtes un homme de synthèse ce matin.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais c'est simplement la vérité. C'est ça. D'ailleurs, ça ne me choque pas du tout. Ce qui me choque, c'est qu'il n'y en a pas parce que je me souviens de l'ordonnance - que j'ai amené parce que finalement on fait tellement de commentaires - qu'avait prise le général de Gaulle le 29 octobre 1958, et qui prévoyait que pour les postes de catégorie A, donc les préfets mais tous les hauts postes de l'administration - pendant cinq ans, 10 % des postes seraient réservés aux Français musulmans - dit l'ordonnance - aux Français musulmans d'Algérie. Il s'agit non pas d'une obligation d'une pratique religieuse, mais d'une origine culturelle. "
J.-M. Aphatie-. Et s'agit-il d'une discrimination positive ?
P. DEVEDJIAN.-- "Certainement. Relative, mais nous en avons beaucoup dans la société française. D'abord la loi sur la parité, c'est une discrimination positive. La loi sur les 6 % de personnes handicapées qui doivent être employées par les entreprises et les administrations, c'est une discrimination positive, et nous en avons encore quelques autres comme ça. Je pense que la discrimination positive ne doit pas être un système - parce que c'est inégalitaire d'une certaine manière. "
J.-M. Aphatie-. C'est fait pour ça oui.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais dans une situation d'inégalités persistantes, comme ça a été le cas pour les femmes, comme c'est le cas pour les handicapés, comme c'est le cas aussi pour l'intégration de certains Français d'origines étrangères, eh bien, ça peut être un moyen temporaire - cinq ans disait l'ordonnance - et exceptionnel de retrouver l'égalité. "
J.-M. Aphatie-. Donc vous nous le dites ce matin P. Devedjian : la vie entre J. Chirac et N. Sarkozy est sereine, [c'est] un ciel bleu sans nuages.
P. DEVEDJIAN.-- "Moi j'assiste au Conseil des ministres chaque mercredi, et je peux vous dire que ne retrouve jamais dans les journaux le climat que j'y trouve. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 janvier 2004)
P. DEVEDJIAN.- "Personne n'est parfait."
J.-M. Aphatie-. N. Sarkozy qui rentre de Chine. N. Sarkozy qui va faire une grande conférence de presse mercredi. N. Sarkozy qui pense à la présidentielle de 2007 "et pas seulement quand je me rase", a-t-il dit. N. Sarkozy n'en fait-il pas trop, Maître Devedjian ?
P. DEVEDJIAN.-- "D'abord, je ne crois pas être là comme avocat. "
J.-M. Aphatie-. Un petit peu.
P. DEVEDJIAN.-- "Non, parce qu'il n'est pas accusé. Je sais bien que la société médiatique française a besoin de spectacle, mais enfin tout ceci est quand même un petit peu exagéré. D'abord, pour la première fois je suis un peu en désaccord avec A. Duhamel, que je n'ai pas trouvé aussi nuancé que d'habitude, parce que parler de cohabitation au sein du Gouvernement, c'est quand même tout à fait excessif. "
J.-M. Aphatie-. On va y revenir P. Devedjian. N. Sarkozy en fait beaucoup tout de même. Il fait parler de lui. Il va en Chine.
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, il en fait beaucoup et il obtient des résultats formidables sur la délinquance. Vous trouvez que c'est trop ? Les Français trouvent que ce n'est pas assez ! "
J.-M. Aphatie-. Il rencontre le numéro un chinois jeudi dernier....
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, bien sûr. "
J.-M. Aphatie-. ... - juste une question - et quand il sort de cet entretien, il dit : " Je lui ai demandé si, lui qui avait été longtemps numéro deux, qu'est-ce que ça lui avait fait de devenir numéro un ". Et on imagine la tête de J. Chirac qui se dit : quel culot tout de même ce type !
P. DEVEDJIAN.-- "Mais parce que vous reportez ça aussi par rapport à lui mais par rapport à la Chine, c'est très intéressant de voir comment est dévolu dans ce pays. Quant à N. Sarkozy, il n'est pas numéro deux d'abord du Gouvernement. "
J.-M. Aphatie-. Ah si, ah si, justement.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais enfin, dans l'Etat, il n'est pas numéro deux. Le numéro un c'est J. Chirac, le numéro deux c'est J.-P. Raffarin. Donc c'est une question évidemment qui est amusante. Je comprends bien qu'elle peut faire rire mais ça n'est pas l'essentiel, tout ça, ça amuse. "
J.-M. Aphatie-. Parlons des rapports entre J. Chirac et N. Sarkozy.
P. DEVEDJIAN.-- "Ils sont bons."
J.-M. Aphatie-. A. Duhamel, que vous citiez à l'instant, parlait d'une "nouvelle forme de cohabitation". Est-ce que ce n'est tout de même pas ce à quoi l'on assiste ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non. Ce n'est pas du tout ce à quoi on assiste. Vous savez, c'est plutôt une chance pour la majorité d'avoir, à la fois un président de la République comme J. Chirac, qui est quand même un grand homme politique, qui a su gagner deux fois l'élection présidentielle et qui a su faire face à une situation difficile en 2002 et puis d'avoir dans la nouvelle génération un homme qui a le talent de N. Sarkozy, qui est une ressource pour nous, qui est là en réserve et qui sera utile dans les combats à venir. La gauche là-dessus daube. Mais je regarde Monsieur Fabius qui a entamé sa campagne présidentielle d'ores et déjà à l'allure d'une mobylette en essayant de nous faire croire que c'est un bolide. Nous, on a Sarkozy, c'est quand même un peu mieux ! "
J.-M. Aphatie-. J. Chirac et N. Sarkozy sont-ils en compétition P. Devedjian ?
P. DEVEDJIAN.-- "Je ne le crois pas, au contraire ils sont tout à fait complémentaires. D'abord vous avez relevé - et là A. Duhamel a raison - la différence de génération et c'est bien justement d'avoir des talents dans toutes les générations. On en n'a pas assez d'ailleurs en général. "
J.-M. Aphatie-. "J. Chirac ne me hait pas, c'est pire, il me craint". C'est Le Monde qui citait cette phrase de N. Sarkozy.
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, mais ça je crois que ce sont des ragots. D'abord, J. Chirac connaît N. Sarkozy depuis très longtemps. Depuis très, très longtemps. Depuis que Nicolas avait dix-huit ans, maintenant il a bientôt cinquante ans. Donc voyez, il y a longtemps qu'il le connaît et c'est lui qui a choisi de le nommer comme ministre de l'Intérieur, en sachant très bien ce qu'il pourrait faire du poste. Alors imaginer que J. Chirac lui veut du mal et veut l'empêcher de s'exprimer politiquement, c'est ne pas tenir compte des faits. "
J.-M. Aphatie-. "Sarkozy - là c'est J. Chirac qui parle, et c'est Le Canard Enchaîné" qui le citait - Sarkozy c'est un Balladur en short et en sandalettes".
P. DEVEDJIAN.-- "Oui, écoutez, je ne sais pas si toutes choses sont vraies. "
J.-M. Aphatie-. La presse invente tout ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non, mais c'est à partir d'un climat. Enfin vous savez, tout ça est quand même extrêmement microcosmique, comme aurait dit R. Barre. Ce sont des propos qui sont prêtés aux uns et aux autres. Moi je préfère les propos qui viennent directement des intéressés, plutôt que ceux qui leur sont prêtés par différents commentateurs. "
J.-M. Aphatie-. Est-ce que vous ne niez pas l'évidence ce matin, P. Devedjian, d'une concurrence entre N. Sarkozy et J. Chirac ?
P. DEVEDJIAN.-- "Non, je ne crois pas qu'il y ait concurrence. Encore une fois je crois qu'il y a complémentarité, mais c'est vrai que tous les deux sont de grands talents politiques et que la confrontation de leur talent amène facilement à imaginer des rivalités. Je crois qu'ils sont très largement complémentaires. D'ailleurs on ne sait pas du tout ce qui se passera en 2007. On a trois ans devant nous, et d'ici là, il peut se passer beaucoup de choses. "
J.-M. Aphatie-. Mercredi, en conseil des ministres, un préfet symbole de l'intégration sera nommé. Quelle formulation préférez-vous P. Devedjian ? Diriez-vous de ce préfet qu'il est issu de l'immigration ? Ou bien qu'il s'agisse d'un préfet musulman ?
P. DEVEDJIAN.-- "Il est issu de l'immigration d'origine musulmane. "
J.-M. Aphatie-. Ah vous êtes un homme de synthèse ce matin.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais c'est simplement la vérité. C'est ça. D'ailleurs, ça ne me choque pas du tout. Ce qui me choque, c'est qu'il n'y en a pas parce que je me souviens de l'ordonnance - que j'ai amené parce que finalement on fait tellement de commentaires - qu'avait prise le général de Gaulle le 29 octobre 1958, et qui prévoyait que pour les postes de catégorie A, donc les préfets mais tous les hauts postes de l'administration - pendant cinq ans, 10 % des postes seraient réservés aux Français musulmans - dit l'ordonnance - aux Français musulmans d'Algérie. Il s'agit non pas d'une obligation d'une pratique religieuse, mais d'une origine culturelle. "
J.-M. Aphatie-. Et s'agit-il d'une discrimination positive ?
P. DEVEDJIAN.-- "Certainement. Relative, mais nous en avons beaucoup dans la société française. D'abord la loi sur la parité, c'est une discrimination positive. La loi sur les 6 % de personnes handicapées qui doivent être employées par les entreprises et les administrations, c'est une discrimination positive, et nous en avons encore quelques autres comme ça. Je pense que la discrimination positive ne doit pas être un système - parce que c'est inégalitaire d'une certaine manière. "
J.-M. Aphatie-. C'est fait pour ça oui.
P. DEVEDJIAN.-- "Mais dans une situation d'inégalités persistantes, comme ça a été le cas pour les femmes, comme c'est le cas pour les handicapés, comme c'est le cas aussi pour l'intégration de certains Français d'origines étrangères, eh bien, ça peut être un moyen temporaire - cinq ans disait l'ordonnance - et exceptionnel de retrouver l'égalité. "
J.-M. Aphatie-. Donc vous nous le dites ce matin P. Devedjian : la vie entre J. Chirac et N. Sarkozy est sereine, [c'est] un ciel bleu sans nuages.
P. DEVEDJIAN.-- "Moi j'assiste au Conseil des ministres chaque mercredi, et je peux vous dire que ne retrouve jamais dans les journaux le climat que j'y trouve. "
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 janvier 2004)