Texte intégral
Nous allons évidemment évoquer l'actualité politique de la semaine qui s'ouvre, mais aussi celle du week-end, avec le "non" antillais au référendum qui était proposé. Est ce que ce "non" antillais au delà de la question que certains ne trouvaient pas très claire "faut il changer de statut", etc. n'est ce pas une forme de désaveu pour le Gouvernement ?
"Le gouvernement lui même avait dit : "cela fait 20 ans que vous vous posez la question, vous Guadeloupéens, vous Martiniquais, alors maintenant vous allez répondre : est ce que vous voulez, ou pas, qu'il y ait une seule collectivité ?" C'est quand même assez simple pour ceux qui nous écoutent. Il y a là bas, et en Martinique et en Guadeloupe, à la fois un conseil général et un conseil régional qui ont exactement la même étendue. Fallait il garder les deux entités ou fallait il n'en faire qu'une ? Ils ont répondu "non", voilà."
Avec la Corse, c'est la deuxième fois que le gouvernement, ou en tout cas qu'un référendum est refusé. Est ce que cela veut dire que l'arme du référendum est toujours délicate à manier ?
"Non. Je crois que vous voyez cela avec votre propre mémoire. Vous avez remarqué que lors des changements constitutionnels, récemment, nous avons justement souhaité demander plus souvent l'avis des Français. Et donc, si on demande souvent l'avis des Français, il est évidemment qu'il y aura de moins en moins d'émotion dans la question ou dans la réponse. On leur demande s'ils veulent ; ils ne veulent pas, eh bien on restera comme cela. Très franchement, à titre personnel, j'aurais voté plutôt "oui", parce qu'un conseil général et un conseil régional qui ont la même fonction, pourquoi ne pas simplifier ?"
En même temps, ce n'est pas la fin de monde que les Antilles disent "non"...
"Voilà. D'ailleurs, la ministre elle même, madame Girardin avait dit : "on ne vous dit pas oui ou non, on vous propose cela. Cela fait 20 ans que l'on en parle. Je vous signale que Saint Barthélemy et Saint Martin, eux, ont voté "oui"."
François Bayrou était allé sur place pour préconiser le "non"...
"Vous voulez dire que si François Bayrou dit "non", cela veut dire que le Gouvernement disait "oui", c'est cela ?
Peut être...
"Alors ça, je ne sais pas, il faut lui demander."
Une question sur laquelle les Français ont été interrogés, c'est celle du voile : dans un sondage effectué hier par CSA pour le JDD, 57 % des Français se déclarent contre tout signe religieux à l'école. Cela veut il dire, maintenant que l'on va connaître les conclusions de la commission Stasi dans quelque temps, qu'il faut effectivement, une fois pour toutes, légiférer ? Parce que ce débat occupe un peu tout le terrain maintenant.
"La laïcité n'est pas un simple enjeu, un simple débat. C'est beaucoup plus que cela : c'est une pierre centrale de notre République. Donc, à titre personnel, je l'ai toujours dit, je crois que dans l'école publique, on ne peut pas accepter l'idée que des enfants arrivent, de manière ostentatoire, "en disant, je suis juif, je suis musulman, je suis catholique, protestant... ". Parce qu'au delà des signes religieux, il y a souvent un signe politique, et donc, on ne peut pas accepter cela. La République est une et indivisible. L'école de la République n'est pas un lieu public comme un autre, c'est un lieu qui doit être protégé de tout prosélytisme, de toute polémique."
Que les signes soient politiques, religieux que les T-shirts vantant Che Guevara ; tout cela pourrait être proscrit ?
"Je pense qu'il est excessivement important que l'école de la République soit protégée de tout signe politique ou religieux. Dans l'école publique, il est excessivement important de dire s'il faut une loi. S'il faut une loi, faisons la loi ! En tout cas, j'ai décidé cela et d'ailleurs Alain Juppé l'avait dit aussi depuis trois mois."
Vous aviez dit, à un moment donné, qu'il ne fallait pas que les enseignants connaissent la religion de tel ou tel élève. Mais quand on lit l'appel, on peut quand même se faire une petite idée en fonction du nom, quand on est instit, on sait à peu près que l'on à affaire à un petit garçon, ou une petite fille qui est de tradition ou de famille plutôt chrétienne, ou judéo-chrétienne ou musulmane ?
"Se battre pour la laïcité, c'est se battre pour la reconnaissance des religions de chacun. La liberté religieuse, c'est justement quelque chose qui est fondamentale dans le cadre d'une laïcité. Mais ce sont deux choses différentes que d'avoir devant soi quelqu'un qui est juif, catholique, protestant, mais qui n'en fait pas une philosophie politique de vie. Quand vous faites un cours d'histoire sur la Deuxième guerre mondiale, pensez vous qu'il est facile de parler de qu'un, si on voit qu'il y a là, derrière, une volonté politique de changer l'Histoire. Ce n'est pas possible."
Nicolas Sarkozy avait proposé, à la place du voile, un moyen terme qui serait un foulard à la mode, style Bandana ou autre. Pensez vous que c'est une solution satisfaisante ou est ce que vous comprenez, certains mouvements comme "Ni putes ni soumises", qui disent que c'est un peu hypocrite ?
"De quoi s'agit il ? Il s'agit du droit de la femme, il s'agit de la dignité des femmes et de l'égalité des sexes ; ce sont des principes de la République. Une enfant qui est en Seconde, qui arrive au lycée et qui dit à son proviseur "j'ai mon voile mais le Conseil d'Etat, en 1990, me permet de le porter", ce n'est pas possible qu'une enfant qui est en seconde dise cela comme ça."
On lit, en effet, assez rarement en seconde le Journal Officiel.
"Donc, cela veut dire qu'elle est, quelque part, manipulée. Parents peut être, ou malheureusement, d'autres associations. Il n'est pas possible d'accepter cela. La dignité de la femme, l'égalité des sexes, c'est le principe de la République. Non, ce que dit Nicolas Sarkozy et qui me paraît aujourd'hui être un vrai débat, c'est le problème de la discrimination positive, le problème de l'intégration. Là, il faut bien savoir qu'aucune religion ne doit être combattue en France, et que toutes les religions doivent être librement pratiquées. La religion musulmane, en particulier, comme les autres."
L'idée était de dire qu'il fallait nommer un certain nombre de préfet musulman...
"Voilà. On ne peut pas dire que l'on va nommer un préfet parce qu'il est musulman, ça, évidemment, ce n'est pas possible. A l'inverse, il faut aussi éviter, par un manque de mixité sociale, qu'il y ait des ghettos, avec des lycées, des collèges ou des écoles qui seraient moins bons. Ca, par contre, c'est important. Donc, je prêche plutôt pour l'équité positive : il faut qu'il y ait une égalité, une équité positive. Il y a certains endroits, qui malheureusement, par manque de mixité sociale, peuvent entraîner des difficultés scolaires. Eh bien là, il faut peut être ouvrir la carte scolaire."
François Fillon a dit hier qu'il était, lui aussi, contre la discrimination positive et qu'il valait mieux favoriser l'intégration. Supprimer la carte scolaire, cela peut être un de ses moyens ?
"Supprimer la carte scolaire, je ne sais pas si c'est supprimer la carte scolaire, mais en tout cas, il est évident que demain, par exemple à Toulouse, chaque fois que nous créons un nouveau quartier, il y a 30 % de logements sociaux dans ce quartier, pour qu'il y ait une mixité. Ainsi, au lycée, au collège, à l'école primaire, dans un quartier demain, il y aura la France telle qu'on la représente, telle qu'on l'a connaît, dans la proportion que l'on connaît. Et on n'aura pas d'un côté des écoles où il y a 90 % de Maghrébins et des écoles où il y aurait 90 % de gens issus de Toulouse depuis deux générations. Ca, ce n'est pas possible."
Une toute dernière question, pour revenir à ce que disait François. Fillon hier : il s'est déclaré choqué par l'idée qu'on lance déjà le débat sur les présidentielles. On peut imaginer que c'est un petit coup de pied ou un coup de patte aux déclarations de Nicolas Sarkozy. Vous trouvez effectivement que l'on est déjà dans un débat pré présidentiel et cela vous choque ?
"Je ne vais pas vous dire que ce débat est rasoir, je vais vous dire tout simplement qu'on est à plus de 3 ans et demi d'une élection présidentielle. Nous devons réformer ce pays ; nous avons réformé les retraites et nous devons réformer le système d'assurance maladie, en tout cas, l'améliorer..."
Le service minimum...
"... Le service minimum ! Tous les Français ne peuvent plus accepter les grèves dans les transports en commun ou ailleurs. Donc, aujourd'hui, il faut réformer l'Etat, faire la décentralisation, donner plus de pouvoir peut être aux maires ou aux grandes agglos. Franchement, ce n'est pas le moment d'ouvrir l'élection présidentielle. D'ailleurs, les Français ne le comprendraient pas : on sort de la précédente."
(source http://www.u-m-p.org, le 9 décembre 2003)
"Le gouvernement lui même avait dit : "cela fait 20 ans que vous vous posez la question, vous Guadeloupéens, vous Martiniquais, alors maintenant vous allez répondre : est ce que vous voulez, ou pas, qu'il y ait une seule collectivité ?" C'est quand même assez simple pour ceux qui nous écoutent. Il y a là bas, et en Martinique et en Guadeloupe, à la fois un conseil général et un conseil régional qui ont exactement la même étendue. Fallait il garder les deux entités ou fallait il n'en faire qu'une ? Ils ont répondu "non", voilà."
Avec la Corse, c'est la deuxième fois que le gouvernement, ou en tout cas qu'un référendum est refusé. Est ce que cela veut dire que l'arme du référendum est toujours délicate à manier ?
"Non. Je crois que vous voyez cela avec votre propre mémoire. Vous avez remarqué que lors des changements constitutionnels, récemment, nous avons justement souhaité demander plus souvent l'avis des Français. Et donc, si on demande souvent l'avis des Français, il est évidemment qu'il y aura de moins en moins d'émotion dans la question ou dans la réponse. On leur demande s'ils veulent ; ils ne veulent pas, eh bien on restera comme cela. Très franchement, à titre personnel, j'aurais voté plutôt "oui", parce qu'un conseil général et un conseil régional qui ont la même fonction, pourquoi ne pas simplifier ?"
En même temps, ce n'est pas la fin de monde que les Antilles disent "non"...
"Voilà. D'ailleurs, la ministre elle même, madame Girardin avait dit : "on ne vous dit pas oui ou non, on vous propose cela. Cela fait 20 ans que l'on en parle. Je vous signale que Saint Barthélemy et Saint Martin, eux, ont voté "oui"."
François Bayrou était allé sur place pour préconiser le "non"...
"Vous voulez dire que si François Bayrou dit "non", cela veut dire que le Gouvernement disait "oui", c'est cela ?
Peut être...
"Alors ça, je ne sais pas, il faut lui demander."
Une question sur laquelle les Français ont été interrogés, c'est celle du voile : dans un sondage effectué hier par CSA pour le JDD, 57 % des Français se déclarent contre tout signe religieux à l'école. Cela veut il dire, maintenant que l'on va connaître les conclusions de la commission Stasi dans quelque temps, qu'il faut effectivement, une fois pour toutes, légiférer ? Parce que ce débat occupe un peu tout le terrain maintenant.
"La laïcité n'est pas un simple enjeu, un simple débat. C'est beaucoup plus que cela : c'est une pierre centrale de notre République. Donc, à titre personnel, je l'ai toujours dit, je crois que dans l'école publique, on ne peut pas accepter l'idée que des enfants arrivent, de manière ostentatoire, "en disant, je suis juif, je suis musulman, je suis catholique, protestant... ". Parce qu'au delà des signes religieux, il y a souvent un signe politique, et donc, on ne peut pas accepter cela. La République est une et indivisible. L'école de la République n'est pas un lieu public comme un autre, c'est un lieu qui doit être protégé de tout prosélytisme, de toute polémique."
Que les signes soient politiques, religieux que les T-shirts vantant Che Guevara ; tout cela pourrait être proscrit ?
"Je pense qu'il est excessivement important que l'école de la République soit protégée de tout signe politique ou religieux. Dans l'école publique, il est excessivement important de dire s'il faut une loi. S'il faut une loi, faisons la loi ! En tout cas, j'ai décidé cela et d'ailleurs Alain Juppé l'avait dit aussi depuis trois mois."
Vous aviez dit, à un moment donné, qu'il ne fallait pas que les enseignants connaissent la religion de tel ou tel élève. Mais quand on lit l'appel, on peut quand même se faire une petite idée en fonction du nom, quand on est instit, on sait à peu près que l'on à affaire à un petit garçon, ou une petite fille qui est de tradition ou de famille plutôt chrétienne, ou judéo-chrétienne ou musulmane ?
"Se battre pour la laïcité, c'est se battre pour la reconnaissance des religions de chacun. La liberté religieuse, c'est justement quelque chose qui est fondamentale dans le cadre d'une laïcité. Mais ce sont deux choses différentes que d'avoir devant soi quelqu'un qui est juif, catholique, protestant, mais qui n'en fait pas une philosophie politique de vie. Quand vous faites un cours d'histoire sur la Deuxième guerre mondiale, pensez vous qu'il est facile de parler de qu'un, si on voit qu'il y a là, derrière, une volonté politique de changer l'Histoire. Ce n'est pas possible."
Nicolas Sarkozy avait proposé, à la place du voile, un moyen terme qui serait un foulard à la mode, style Bandana ou autre. Pensez vous que c'est une solution satisfaisante ou est ce que vous comprenez, certains mouvements comme "Ni putes ni soumises", qui disent que c'est un peu hypocrite ?
"De quoi s'agit il ? Il s'agit du droit de la femme, il s'agit de la dignité des femmes et de l'égalité des sexes ; ce sont des principes de la République. Une enfant qui est en Seconde, qui arrive au lycée et qui dit à son proviseur "j'ai mon voile mais le Conseil d'Etat, en 1990, me permet de le porter", ce n'est pas possible qu'une enfant qui est en seconde dise cela comme ça."
On lit, en effet, assez rarement en seconde le Journal Officiel.
"Donc, cela veut dire qu'elle est, quelque part, manipulée. Parents peut être, ou malheureusement, d'autres associations. Il n'est pas possible d'accepter cela. La dignité de la femme, l'égalité des sexes, c'est le principe de la République. Non, ce que dit Nicolas Sarkozy et qui me paraît aujourd'hui être un vrai débat, c'est le problème de la discrimination positive, le problème de l'intégration. Là, il faut bien savoir qu'aucune religion ne doit être combattue en France, et que toutes les religions doivent être librement pratiquées. La religion musulmane, en particulier, comme les autres."
L'idée était de dire qu'il fallait nommer un certain nombre de préfet musulman...
"Voilà. On ne peut pas dire que l'on va nommer un préfet parce qu'il est musulman, ça, évidemment, ce n'est pas possible. A l'inverse, il faut aussi éviter, par un manque de mixité sociale, qu'il y ait des ghettos, avec des lycées, des collèges ou des écoles qui seraient moins bons. Ca, par contre, c'est important. Donc, je prêche plutôt pour l'équité positive : il faut qu'il y ait une égalité, une équité positive. Il y a certains endroits, qui malheureusement, par manque de mixité sociale, peuvent entraîner des difficultés scolaires. Eh bien là, il faut peut être ouvrir la carte scolaire."
François Fillon a dit hier qu'il était, lui aussi, contre la discrimination positive et qu'il valait mieux favoriser l'intégration. Supprimer la carte scolaire, cela peut être un de ses moyens ?
"Supprimer la carte scolaire, je ne sais pas si c'est supprimer la carte scolaire, mais en tout cas, il est évident que demain, par exemple à Toulouse, chaque fois que nous créons un nouveau quartier, il y a 30 % de logements sociaux dans ce quartier, pour qu'il y ait une mixité. Ainsi, au lycée, au collège, à l'école primaire, dans un quartier demain, il y aura la France telle qu'on la représente, telle qu'on l'a connaît, dans la proportion que l'on connaît. Et on n'aura pas d'un côté des écoles où il y a 90 % de Maghrébins et des écoles où il y aurait 90 % de gens issus de Toulouse depuis deux générations. Ca, ce n'est pas possible."
Une toute dernière question, pour revenir à ce que disait François. Fillon hier : il s'est déclaré choqué par l'idée qu'on lance déjà le débat sur les présidentielles. On peut imaginer que c'est un petit coup de pied ou un coup de patte aux déclarations de Nicolas Sarkozy. Vous trouvez effectivement que l'on est déjà dans un débat pré présidentiel et cela vous choque ?
"Je ne vais pas vous dire que ce débat est rasoir, je vais vous dire tout simplement qu'on est à plus de 3 ans et demi d'une élection présidentielle. Nous devons réformer ce pays ; nous avons réformé les retraites et nous devons réformer le système d'assurance maladie, en tout cas, l'améliorer..."
Le service minimum...
"... Le service minimum ! Tous les Français ne peuvent plus accepter les grèves dans les transports en commun ou ailleurs. Donc, aujourd'hui, il faut réformer l'Etat, faire la décentralisation, donner plus de pouvoir peut être aux maires ou aux grandes agglos. Franchement, ce n'est pas le moment d'ouvrir l'élection présidentielle. D'ailleurs, les Français ne le comprendraient pas : on sort de la précédente."
(source http://www.u-m-p.org, le 9 décembre 2003)