Texte intégral
Eric Delvaux : Alors, depuis ce matin, le ministre de la Santé et son secrétaire d'Etat, Xavier Bertrand, reçoivent donc les chefs de file syndicaux pour mettre sur pied le texte final qui sera soumis, la semaine prochaine, au Conseil d'Etat. A la CGC, vous avez été les deuxièmes ce matin, après Force Ouvrière, à rencontrer le ministre de la Santé et son secrétaire d'Etat. Vous sortez du ministère. Qu'est-ce que vous avez dit au ministre ?
Jean-Luc Cazettes : D'abord, quand on est arrivé chez le ministre, on a reçu un nouveau document. Alors, ce qui est toujours intéressant, c'est de discuter avec le ministre d'un document qu'on n'a pas eu le temps d'étudier auparavant et de le recevoir en entrée de séance, ce qui n'est pas très "sport" et ce qui ne permet pas d'aller très loin. Secundo, sur l'ensemble du dossier tel qu'il nous l'avait envoyé précédemment et tel qu'il l'a rappelé hier à la télévision, il y a des éléments qui vont tout à fait dans le bon sens, il y en a d'autres qui sont absolument critiquables mais il y a surtout une absence de précision qui fait que, pour l'instant, personne ne peut porter un jugement définitif sur ce plan. On en est au niveau des grandes idées générales sur un document qui va nécessiter une épaisseur considérable de décrets d'application.
Eric Delvaux : Enfin, il y a du concret tout de même. Je pense au 1 euro par consultation.
Jean-Luc Cazettes : Attendez, le 1 euro, c'est un gadget. Je ne suis pas persuadé que Douste-Blazy, lui-même, y croit. Ça va coûter vraisemblablement un peu plus cher que ça ne va rapporter. C'est, semble-t-il, un peu une lubie du Premier ministre.
Régis Lachaud : Ce forfait d'un euro est très critiqué. Vous êtes pour ou contre vous-même ?
Jean-Luc Cazettes : Non, on pense que ce forfait de 1 euro ne rapporte absolument rien, que, de toutes les façons, ça n'est pas comme ça qu'on arrive à régler le problème. Autant nous sommes d'accord sur le dossier médicalisé qui suivra chaque patient, et donc sur un meilleur contrôle, autant, effectivement, le 1 euro par consultation ne règle aucun problème. Il suffit, à la limite, de décider que ce n'est plus sur 20 euros la consultation, que c'est sur 19 et on arrive au même résultat.
Eric Delvaux : Vous parliez, à l'instant, du manque de temps que vous avez pour consulter ce texte. Est-ce que vous avez l'impression de participer à une vraie négociation...
Jean-Luc Cazettes : Non, pas du tout. D'abord, premièrement, on ne négocie pas avec les pouvoirs publics. Le législateur, il légifère et l'exécutif, il exécute... On est consulté, il y a une concertation mais il n'y a pas une négociation. On négocie avec nos partenaires patronaux. Deuxièmement, le délai n'est pas sérieux. Il faut que, le 28 mai, la Caisse nationale d'assurance maladie ait rendu son avis sur le projet de loi. Les premiers éléments, on les a eus vers le 15 mai. En treize jours, un dossier comme l'assurance maladie, ça ne nous paraît pas très réaliste. Alors, je sais bien que, ce matin, monsieur Douste-Blazy nous a dit qu'on allait travailler pendant le week-end et qu'on se reverrait sans doute lundi. Il n'empêche qu'on va trop vite et on va passer à côté de beaucoup de choses.
Eric Delvaux : Ça veut dire quoi, que vous êtes sur la même ligne que la plupart des autres syndicats, à savoir faire pression sur le gouvernement, y compris par des manifestations dans la rue ?
Jean-Luc Cazettes : De toutes les façons, on est toujours sur la même ligne qui est de faire pression sur le gouvernement pour améliorer les textes qui nous ont été remis. Ceci étant, le texte qui nous a été remis ce matin, on n'a encore pas eu le temps de l'examiner et de regarder exactement ce qu'il contient. Il semble y avoir eu un certain nombre d'avancées mais, sur des points très importants, à savoir qui fait quoi, est-ce que le conseil d'administration décide de quoi que ce soit ou est-ce que c'est le directeur nommé en Conseil des ministres qui décide et qui a réellement le pouvoir ? Tout ça, pour l'instant, ça n'est pas géré. On nous amuse beaucoup avec la gouvernance, avec le fait de savoir si le Medef revient, revient pas, si on étend... Le vrai problème, c'est de savoir si les conseils d'administration gèrent la Sécurité sociale ou si c'est le directeur et l'administration qui gère la Sécurité sociale et, là dessus, pour l'instant, nous n'avons strictement aucune réponse.
Régis Lachaud : Vous dites que vous n'êtes là que pour être consulté. Vous l'avez fait ce matin et vous n'avez pas de pouvoir de faire infléchir mais qu'est-ce que vous comptez faire pour faire infléchir le gouvernement si vous en avez le souhait ?
Jean-Luc Cazettes : Je pense que, dans le cadre des débats qu'on a, aussi bien avec Philippe Douste-Blazy qu'avec Xavier Bertrand, on peut faire évoluer un certain nombre de choses et on l'a fait sur le plan des contrôles et autres. Par ailleurs, il y aura toujours la possibilité d'intervenir, comme on le fait sur chaque texte important, directement auprès des parlementaires pour faire passer un certain nombre d'amendements puisque le gouvernement a, heureusement, renoncé à la procédure des ordonnances et passera ce texte directement devant les parlementaires.
Eric Delvaux : En un mot, l'union syndicale sur ce dossier de réforme du système de santé, vous y croyez ?
Jean-Luc Delvaux : Je n'y crois pas forcément parce que je suis persuadé qu'il y aura toujours des jusqu'au-boutistes d'un système qui est en train d'exploser, que, du côté du Medef, on aura des jusqu'au-boutistes de la privatisation et qu'il sera très difficile de maintenir un juste équilibre de façon à permettre au système de continuer à vivre.
(source http://www.cfecgc.org, le 25 mai 2004)
Jean-Luc Cazettes : D'abord, quand on est arrivé chez le ministre, on a reçu un nouveau document. Alors, ce qui est toujours intéressant, c'est de discuter avec le ministre d'un document qu'on n'a pas eu le temps d'étudier auparavant et de le recevoir en entrée de séance, ce qui n'est pas très "sport" et ce qui ne permet pas d'aller très loin. Secundo, sur l'ensemble du dossier tel qu'il nous l'avait envoyé précédemment et tel qu'il l'a rappelé hier à la télévision, il y a des éléments qui vont tout à fait dans le bon sens, il y en a d'autres qui sont absolument critiquables mais il y a surtout une absence de précision qui fait que, pour l'instant, personne ne peut porter un jugement définitif sur ce plan. On en est au niveau des grandes idées générales sur un document qui va nécessiter une épaisseur considérable de décrets d'application.
Eric Delvaux : Enfin, il y a du concret tout de même. Je pense au 1 euro par consultation.
Jean-Luc Cazettes : Attendez, le 1 euro, c'est un gadget. Je ne suis pas persuadé que Douste-Blazy, lui-même, y croit. Ça va coûter vraisemblablement un peu plus cher que ça ne va rapporter. C'est, semble-t-il, un peu une lubie du Premier ministre.
Régis Lachaud : Ce forfait d'un euro est très critiqué. Vous êtes pour ou contre vous-même ?
Jean-Luc Cazettes : Non, on pense que ce forfait de 1 euro ne rapporte absolument rien, que, de toutes les façons, ça n'est pas comme ça qu'on arrive à régler le problème. Autant nous sommes d'accord sur le dossier médicalisé qui suivra chaque patient, et donc sur un meilleur contrôle, autant, effectivement, le 1 euro par consultation ne règle aucun problème. Il suffit, à la limite, de décider que ce n'est plus sur 20 euros la consultation, que c'est sur 19 et on arrive au même résultat.
Eric Delvaux : Vous parliez, à l'instant, du manque de temps que vous avez pour consulter ce texte. Est-ce que vous avez l'impression de participer à une vraie négociation...
Jean-Luc Cazettes : Non, pas du tout. D'abord, premièrement, on ne négocie pas avec les pouvoirs publics. Le législateur, il légifère et l'exécutif, il exécute... On est consulté, il y a une concertation mais il n'y a pas une négociation. On négocie avec nos partenaires patronaux. Deuxièmement, le délai n'est pas sérieux. Il faut que, le 28 mai, la Caisse nationale d'assurance maladie ait rendu son avis sur le projet de loi. Les premiers éléments, on les a eus vers le 15 mai. En treize jours, un dossier comme l'assurance maladie, ça ne nous paraît pas très réaliste. Alors, je sais bien que, ce matin, monsieur Douste-Blazy nous a dit qu'on allait travailler pendant le week-end et qu'on se reverrait sans doute lundi. Il n'empêche qu'on va trop vite et on va passer à côté de beaucoup de choses.
Eric Delvaux : Ça veut dire quoi, que vous êtes sur la même ligne que la plupart des autres syndicats, à savoir faire pression sur le gouvernement, y compris par des manifestations dans la rue ?
Jean-Luc Cazettes : De toutes les façons, on est toujours sur la même ligne qui est de faire pression sur le gouvernement pour améliorer les textes qui nous ont été remis. Ceci étant, le texte qui nous a été remis ce matin, on n'a encore pas eu le temps de l'examiner et de regarder exactement ce qu'il contient. Il semble y avoir eu un certain nombre d'avancées mais, sur des points très importants, à savoir qui fait quoi, est-ce que le conseil d'administration décide de quoi que ce soit ou est-ce que c'est le directeur nommé en Conseil des ministres qui décide et qui a réellement le pouvoir ? Tout ça, pour l'instant, ça n'est pas géré. On nous amuse beaucoup avec la gouvernance, avec le fait de savoir si le Medef revient, revient pas, si on étend... Le vrai problème, c'est de savoir si les conseils d'administration gèrent la Sécurité sociale ou si c'est le directeur et l'administration qui gère la Sécurité sociale et, là dessus, pour l'instant, nous n'avons strictement aucune réponse.
Régis Lachaud : Vous dites que vous n'êtes là que pour être consulté. Vous l'avez fait ce matin et vous n'avez pas de pouvoir de faire infléchir mais qu'est-ce que vous comptez faire pour faire infléchir le gouvernement si vous en avez le souhait ?
Jean-Luc Cazettes : Je pense que, dans le cadre des débats qu'on a, aussi bien avec Philippe Douste-Blazy qu'avec Xavier Bertrand, on peut faire évoluer un certain nombre de choses et on l'a fait sur le plan des contrôles et autres. Par ailleurs, il y aura toujours la possibilité d'intervenir, comme on le fait sur chaque texte important, directement auprès des parlementaires pour faire passer un certain nombre d'amendements puisque le gouvernement a, heureusement, renoncé à la procédure des ordonnances et passera ce texte directement devant les parlementaires.
Eric Delvaux : En un mot, l'union syndicale sur ce dossier de réforme du système de santé, vous y croyez ?
Jean-Luc Delvaux : Je n'y crois pas forcément parce que je suis persuadé qu'il y aura toujours des jusqu'au-boutistes d'un système qui est en train d'exploser, que, du côté du Medef, on aura des jusqu'au-boutistes de la privatisation et qu'il sera très difficile de maintenir un juste équilibre de façon à permettre au système de continuer à vivre.
(source http://www.cfecgc.org, le 25 mai 2004)