Texte intégral
Jean-Michel APHATIE : Bonjour Marine Le Pen. Lundi dernier à Lyon, lors d'une conférence de presse, Bruno Gollnisch, délégué général du Front National, a déclaré - je le cite - "je ne remets pas en cause l'existence des camps de concentration durant la deuxième guerre mondiale, mais sur le nombre effectif de morts les historiens pourraient discuter, et cette discussion devrait être libre". Que pensez-vous de ces propos Marine Le Pen ?
Marine LE PEN : Ecoutez, d'abord Monsieur Aphatie, mon sens de l'honneur m'interdit de participer à un lynchage ou à une chasse aux sorcières à l'égard d'un patriote convaincu. Ceci étant dit, je désapprouve sans ambiguïté et sincèrement ces propos. D'abord parce que le martyre du peuple juif par les nazis est un sujet qui est encore extrêmement douloureux, et que je ne vois pas l'intérêt de rouvrir de vieilles blessures. Mais surtout, et je crois que c'est le noeud du problème, c'est qu'en vérité, je le regrette, le Front National est depuis longtemps suspecté d'antisémitisme.
Q - Il y a de quoi hein ? Avec les propos de Monsieur Gollnisch... "suspecté", il n'est pas antisémite c'est ça ?
R - Non. Le Front National n'est pas antisémite.
Q - Mais vous comprenez qu'il soit suspecté avec de tels propos ?
R - Laissez-moi terminer...
Q - Vous comprenez qu'il soit suspecté avec de tels propos ?
R - Je dis donc que tout propos tendant évidemment à nourrir cette suspicion, ou à créer une quelconque ambiguïté sur ce sujet, me parait malvenu. Il me parait d'autant plus malvenu d'ailleurs que nos compatriotes juifs sont extrêmement inquiets en ce moment. Ils sont inquiets de la réelle montée d'un antisémitisme qui n'est pas dû au Front National, qui est dû à l'Islam radical, et au moment où le Front National devrait apparaître comme étant le seul mouvement politique capable de les défendre, puisque c'est le seul à avoir prévu le problème de l'immigration ; prévu le problème de l'islamisme radical et à encore aujourd'hui le combattre, alors que toutes les formations politiques manifestement s'en désintéressent, eh bien je leur dis qu'ils n'ont pas de crainte à avoir, voilà, qu'effectivement le Front National n'est pas antisémite.
Q - Donc, Bruno Gollnisch a fait une faute contre le Front National en tenant ces propos Marine Le Pen ?
R - Ecoutez, une faute... ce que je remarque c'est qu'effectivement - hélas - il a nourri cette ambiguïté, et que nous allons devoir passer un certain temps, les militants sur les marchés, les élus dans leurs assemblées, à expliquer que le Front National n'est ni antisémite, ni raciste, ni révisionniste, et que nous serons obligés de prendre ce temps sur celui que nous voulions consacrer à leur expliquer le non à la Constitution et le non à la Turquie.
Q - Pourquoi a t-il tenu de tels propos Marine Le Pen ?
R - Je ne sais pas Monsieur Aphatie. Il faut que vous lui demandiez. Je crois qu'il aura à de multiples occasions la possibilité de s'en expliquer.
Q - Mais nous sommes d'accord vous le voyez plus souvent que moi Bruno Gollnisch.
R - Oui je le vois probablement plus souvent que vous.
Q - Et vous n'en avez pas parlé. Ca fait une semaine qu'il a tenu ces propos. Vous n'en avez pas parlé avec lui ?
R - Si, je lui ai dit ce que j'en pensais. Je crois avoir une qualité qui est la franchise, et nous sommes libres au Front National contrairement à ce que certains disent. Ca n'est pas une secte et chacun a ses opinions, qu'il défend librement.
Q - Bruno Gollnisch peut-il rester délégué général du Front National ?
R - Oui, parce qu'il a d'autres qualités, parce qu'il mène un combat par ailleurs. Encore une fois il a, je l'ai dit, une sincérité, une persistance dans un combat politique, et puis je vais vous dire Monsieur Aphatie nous ne sommes pas assez nombreux, forts, nous sommes les seuls à défendre la nation, nous sommes les seuls à défendre le peuple français, nous sommes les seuls à vouloir que la vérité soit dite sur les chiffres du chômage, sur les chiffres du fiscalisme, sur les chiffres de l'immigration, voilà. Je pense qu'on ne peut pas se passer des bonnes volontés.
Q - Alors pourquoi certains de vos dirigeants parlent-ils d'autre chose que les problèmes que vous évoquez là ? Qu'est-ce qui fait qu'au Front National c'est récurant.
R - Je ne sais pas, j'ai 36 ans, moi je m'intéresse au présent, à l'avenir. J'ai des enfants, je m'intéresse énormément à ce qui va leur arriver, et puis à ce qui va arriver à mon peuple que j'aime au-dessus de tout. Et je ne me retourne pas vers le passé.
Q - Jean-Marie Le Pen, le 28 août 2004 - c'est pas vieux - c'était lors de l'université d'été du Front National - a déclaré, il parlait des cérémonies du 60ème anniversaire commémorant la libération en Normandie et à Paris. Il a dit : "le 23 novembre il y aura la libération de Strasbourg ; puis, à chacun sa semaine : celle des camps de prisonniers et de déportés : Buchenwald, Dachau, Mathausen, Auschwitz". Que voulait dire Jean-Marie Le Pen ?
R - Ecoutez Monsieur Aphatie, je ne vais pas passer mon existence politique à expliciter les propos des uns et des autres, voilà.
Q - C'est des propos gênants n'est-ce pas ?
R - Mais non, mais on revient au même problème que tout à l'heure...
Q - Mais c'est vous qui le posez le problème, du moins les membres du Front National, les dirigeants du Front National.
R - Non mais ce qui est ennuyeux c'est cette suspicion.
Q - Ben oui !
R - Cette suspicion d'antisémitisme qui pèse sur nous.
Q - Eh bien oui.
R - Ce qui veut dire que chaque propos est envisagé, est analysé au travers de ce prisme.
Q - Mais vous comprenez que ça se passe comme ça Marine Le Pen ?
R - Eh bien, non.
Q - C'est de votre faute tout de même.
R - Je ne comprends pas tout à fait. Et si d'autres personnes avaient tenu ces propos-là, probablement qu'elles n'auraient pas subi cette même suspicion ?
Q - Ah bon ? Vous croyez ? Vous croyez vraiment ?
R - Oui je pense, oui.
Q - Vous pensez que si quelqu'un d'autre, n'importe qui, disait : "sur le nombre effectif des morts dans les camps de concentration...
R - Non mais attendez, on parlait d'autre chose, donc ne mélangez pas tout. Je veux dire ne faites pas de politique politicienne dans ce domaine.
Q - Je crois que tout le monde qui tiendrait ces propos devrait en rendre compte, sans doute, je le crois. Alors évidemment ceci handicape profondément le Front National dans le débat européen qui s'ouvre. Vous le regrettez ?
R - Non, ce qui handicape le Front National c'est qu'il est assez peu invité, il faut bien le dire, au bénéfice notamment de Monsieur de Villiers, qui pourtant n'a que trois députés français au Parlement européen, alors que nous en avons plus du double. Et que surtout, nous avons été les premiers à défendre le "non" à la Constitution. Nous aurions dû ainsi prendre la tête du non, et il faut bien dire que par un petit coup de pouce politique, probablement, de l'UMP probablement aussi, eh bien il semble apparaître comme étant le seul qui, le seul que... bon... voilà. Donc c'est à nous maintenant eh bien de faire le forcing, d'aller sur le terrain, et à nouveau de prendre cette première place du non à la Constitution, qui à mon avis nous revient de droit politiquement.
Q - Il faut dire que vous mettez des bâtons dans les roues pour qu'on vous parle d'autre chose que de ce débat-là. A qui la faute ? Et aussi le "non" à la Turquie, c'est ça ?
R - Le "non" à la Constitution euro-turque puisqu'en réalité les deux sont liés, on le sait.
Q - Pour parler de Jean-Marie Le Pen, pour terminer. J'ai lu quelque chose qui m'a un peu étonné, c'est dans Libération du 2 octobre, au détour d'un papier, Alain Vizier, responsable du service de presse qui vous accompagnée d'ailleurs ce matin, dit à propos du cancer de la prostate de Jean-Marie Le Pen: ce n'est plus la peine d'en parler de ce cancer de la prostate, puisqu'il est guéri. Vous confirmez que Jean-Marie Le Pen a été soigné d'un cancer de la prostate ?
R - Je confirme qu'il est guéri.
Q - Donc il a été soigné ?
R - Oui, il l'a dit.
Q - Ah il ne l'a pas dit. Jamais.
R - Si si il l'a dit... au détour d'un article.
Q - Une interview très allusive au Point... très très allusive.
R - Il est totalement guéri, et croyez-moi que du plus profond du coeur je m'en réjouis !
Q - Et donc, puisqu'il est candidat à l'élection présidentielle de 2007, il l'a déjà dit, il sera en état physique. On doit une certaine transparence aux Français sans doute.
R - Il va très bien. Au désespoir de ses adversaires politiques. Il se porte comme un charme !
Q - Il n'a plus de traitement, c'est terminé. C'est une histoire terminée.
R - Non, c'est terminé.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2004)
Marine LE PEN : Ecoutez, d'abord Monsieur Aphatie, mon sens de l'honneur m'interdit de participer à un lynchage ou à une chasse aux sorcières à l'égard d'un patriote convaincu. Ceci étant dit, je désapprouve sans ambiguïté et sincèrement ces propos. D'abord parce que le martyre du peuple juif par les nazis est un sujet qui est encore extrêmement douloureux, et que je ne vois pas l'intérêt de rouvrir de vieilles blessures. Mais surtout, et je crois que c'est le noeud du problème, c'est qu'en vérité, je le regrette, le Front National est depuis longtemps suspecté d'antisémitisme.
Q - Il y a de quoi hein ? Avec les propos de Monsieur Gollnisch... "suspecté", il n'est pas antisémite c'est ça ?
R - Non. Le Front National n'est pas antisémite.
Q - Mais vous comprenez qu'il soit suspecté avec de tels propos ?
R - Laissez-moi terminer...
Q - Vous comprenez qu'il soit suspecté avec de tels propos ?
R - Je dis donc que tout propos tendant évidemment à nourrir cette suspicion, ou à créer une quelconque ambiguïté sur ce sujet, me parait malvenu. Il me parait d'autant plus malvenu d'ailleurs que nos compatriotes juifs sont extrêmement inquiets en ce moment. Ils sont inquiets de la réelle montée d'un antisémitisme qui n'est pas dû au Front National, qui est dû à l'Islam radical, et au moment où le Front National devrait apparaître comme étant le seul mouvement politique capable de les défendre, puisque c'est le seul à avoir prévu le problème de l'immigration ; prévu le problème de l'islamisme radical et à encore aujourd'hui le combattre, alors que toutes les formations politiques manifestement s'en désintéressent, eh bien je leur dis qu'ils n'ont pas de crainte à avoir, voilà, qu'effectivement le Front National n'est pas antisémite.
Q - Donc, Bruno Gollnisch a fait une faute contre le Front National en tenant ces propos Marine Le Pen ?
R - Ecoutez, une faute... ce que je remarque c'est qu'effectivement - hélas - il a nourri cette ambiguïté, et que nous allons devoir passer un certain temps, les militants sur les marchés, les élus dans leurs assemblées, à expliquer que le Front National n'est ni antisémite, ni raciste, ni révisionniste, et que nous serons obligés de prendre ce temps sur celui que nous voulions consacrer à leur expliquer le non à la Constitution et le non à la Turquie.
Q - Pourquoi a t-il tenu de tels propos Marine Le Pen ?
R - Je ne sais pas Monsieur Aphatie. Il faut que vous lui demandiez. Je crois qu'il aura à de multiples occasions la possibilité de s'en expliquer.
Q - Mais nous sommes d'accord vous le voyez plus souvent que moi Bruno Gollnisch.
R - Oui je le vois probablement plus souvent que vous.
Q - Et vous n'en avez pas parlé. Ca fait une semaine qu'il a tenu ces propos. Vous n'en avez pas parlé avec lui ?
R - Si, je lui ai dit ce que j'en pensais. Je crois avoir une qualité qui est la franchise, et nous sommes libres au Front National contrairement à ce que certains disent. Ca n'est pas une secte et chacun a ses opinions, qu'il défend librement.
Q - Bruno Gollnisch peut-il rester délégué général du Front National ?
R - Oui, parce qu'il a d'autres qualités, parce qu'il mène un combat par ailleurs. Encore une fois il a, je l'ai dit, une sincérité, une persistance dans un combat politique, et puis je vais vous dire Monsieur Aphatie nous ne sommes pas assez nombreux, forts, nous sommes les seuls à défendre la nation, nous sommes les seuls à défendre le peuple français, nous sommes les seuls à vouloir que la vérité soit dite sur les chiffres du chômage, sur les chiffres du fiscalisme, sur les chiffres de l'immigration, voilà. Je pense qu'on ne peut pas se passer des bonnes volontés.
Q - Alors pourquoi certains de vos dirigeants parlent-ils d'autre chose que les problèmes que vous évoquez là ? Qu'est-ce qui fait qu'au Front National c'est récurant.
R - Je ne sais pas, j'ai 36 ans, moi je m'intéresse au présent, à l'avenir. J'ai des enfants, je m'intéresse énormément à ce qui va leur arriver, et puis à ce qui va arriver à mon peuple que j'aime au-dessus de tout. Et je ne me retourne pas vers le passé.
Q - Jean-Marie Le Pen, le 28 août 2004 - c'est pas vieux - c'était lors de l'université d'été du Front National - a déclaré, il parlait des cérémonies du 60ème anniversaire commémorant la libération en Normandie et à Paris. Il a dit : "le 23 novembre il y aura la libération de Strasbourg ; puis, à chacun sa semaine : celle des camps de prisonniers et de déportés : Buchenwald, Dachau, Mathausen, Auschwitz". Que voulait dire Jean-Marie Le Pen ?
R - Ecoutez Monsieur Aphatie, je ne vais pas passer mon existence politique à expliciter les propos des uns et des autres, voilà.
Q - C'est des propos gênants n'est-ce pas ?
R - Mais non, mais on revient au même problème que tout à l'heure...
Q - Mais c'est vous qui le posez le problème, du moins les membres du Front National, les dirigeants du Front National.
R - Non mais ce qui est ennuyeux c'est cette suspicion.
Q - Ben oui !
R - Cette suspicion d'antisémitisme qui pèse sur nous.
Q - Eh bien oui.
R - Ce qui veut dire que chaque propos est envisagé, est analysé au travers de ce prisme.
Q - Mais vous comprenez que ça se passe comme ça Marine Le Pen ?
R - Eh bien, non.
Q - C'est de votre faute tout de même.
R - Je ne comprends pas tout à fait. Et si d'autres personnes avaient tenu ces propos-là, probablement qu'elles n'auraient pas subi cette même suspicion ?
Q - Ah bon ? Vous croyez ? Vous croyez vraiment ?
R - Oui je pense, oui.
Q - Vous pensez que si quelqu'un d'autre, n'importe qui, disait : "sur le nombre effectif des morts dans les camps de concentration...
R - Non mais attendez, on parlait d'autre chose, donc ne mélangez pas tout. Je veux dire ne faites pas de politique politicienne dans ce domaine.
Q - Je crois que tout le monde qui tiendrait ces propos devrait en rendre compte, sans doute, je le crois. Alors évidemment ceci handicape profondément le Front National dans le débat européen qui s'ouvre. Vous le regrettez ?
R - Non, ce qui handicape le Front National c'est qu'il est assez peu invité, il faut bien le dire, au bénéfice notamment de Monsieur de Villiers, qui pourtant n'a que trois députés français au Parlement européen, alors que nous en avons plus du double. Et que surtout, nous avons été les premiers à défendre le "non" à la Constitution. Nous aurions dû ainsi prendre la tête du non, et il faut bien dire que par un petit coup de pouce politique, probablement, de l'UMP probablement aussi, eh bien il semble apparaître comme étant le seul qui, le seul que... bon... voilà. Donc c'est à nous maintenant eh bien de faire le forcing, d'aller sur le terrain, et à nouveau de prendre cette première place du non à la Constitution, qui à mon avis nous revient de droit politiquement.
Q - Il faut dire que vous mettez des bâtons dans les roues pour qu'on vous parle d'autre chose que de ce débat-là. A qui la faute ? Et aussi le "non" à la Turquie, c'est ça ?
R - Le "non" à la Constitution euro-turque puisqu'en réalité les deux sont liés, on le sait.
Q - Pour parler de Jean-Marie Le Pen, pour terminer. J'ai lu quelque chose qui m'a un peu étonné, c'est dans Libération du 2 octobre, au détour d'un papier, Alain Vizier, responsable du service de presse qui vous accompagnée d'ailleurs ce matin, dit à propos du cancer de la prostate de Jean-Marie Le Pen: ce n'est plus la peine d'en parler de ce cancer de la prostate, puisqu'il est guéri. Vous confirmez que Jean-Marie Le Pen a été soigné d'un cancer de la prostate ?
R - Je confirme qu'il est guéri.
Q - Donc il a été soigné ?
R - Oui, il l'a dit.
Q - Ah il ne l'a pas dit. Jamais.
R - Si si il l'a dit... au détour d'un article.
Q - Une interview très allusive au Point... très très allusive.
R - Il est totalement guéri, et croyez-moi que du plus profond du coeur je m'en réjouis !
Q - Et donc, puisqu'il est candidat à l'élection présidentielle de 2007, il l'a déjà dit, il sera en état physique. On doit une certaine transparence aux Français sans doute.
R - Il va très bien. Au désespoir de ses adversaires politiques. Il se porte comme un charme !
Q - Il n'a plus de traitement, c'est terminé. C'est une histoire terminée.
R - Non, c'est terminé.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2004)