Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations franco-arméniennes, Paris le 14 janvier 2004.

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Circonstance : Dîner offert en l'honneur de M. Arthur Bagdhassarian, président de l'Assemblée nationale de la République d'Arménie, au Sénat le 14 janvier 2004

Texte intégral

Monsieur le Président,
Messieurs les Présidents des groupes d'amitié,
Messieurs les Députés,
Madame et Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi d'abord de vous dire ma fierté et ma joie de vous accueillir dans ces salons de la Présidence du Sénat, chargés de mémoire et d'histoire.
Laissez-moi vous dire, Monsieur le Président, Cher Ami, combien je suis sensible au fait que vous ayez choisi la France pour votre premier voyage officiel à l'étranger en tant que Président de l'Assemblée nationale de la République d'Arménie.
Cela ne m'étonne pas de la part du francophone et du francophile que vous êtes.
Cela ne m'étonne pas car les liens qui unissent les peuples français et arméniens doivent beaucoup à l'histoire. Nos deux peuples ont en effet en commun une culture ancienne, nourrie par les mêmes antécédents judéo-chrétiens, inspirée par les mêmes valeurs humanistes puisque les uns comme les autres nous pensons qu'il n'est de richesse que d'homme, ainsi que le disait déjà Jean BODIN au XVIème siècle.
C'est d'ailleurs cette conception de l'homme qui a poussé la France à être l'un des rares pays au monde à reconnaître, par la loi du 18 janvier 2001, le génocide dont ont été victime les Arméniens en 1915. Vous savez, Monsieur le Président, la part personnelle que j'ai prise à la préparation et au vote de ce texte majeur et ô combien symbolique. J'en suis fier.
Je fais en effet partie de ceux qui pensent que l'un des premiers devoirs de l'homme est le devoir de mémoire. Inutile de penser à l'avenir si l'on n'est pas capable d'assumer le passé. Il n'y a là dedans aucune inclination systématique et masochiste à la repentance pas plus qu'il n'y a de propension à un retour stérile sur le passé. Il s'agit simplement de ne pas nier l'évidence pour envisager l'avenir avec sérénité.
Il y a l'histoire mais il y a aussi le présent. La communauté arménienne de France est la troisième au monde après les communautés de Russie et des Etats-Unis. Chacun sait ici à quel point cette communauté est parfaitement intégrée et combien elle participe, du plus modeste artisan au ministre influent - si vous voyez de qui je veux parler - au développement et à la prospérité de la France. Cette communauté est évidemment l'un des facteurs déterminants de nos bonnes relations.
Il y a le passé. Il y a le présent. Et puis il y a la langue.
Je me félicite de la vigueur du français et de la francophonie en Arménie. Je sais, Monsieur le Président, combien vous vous êtes personnellement investi en faveur de cette cause qui nous est si chère.
Je n'ignore pas que vous avez été, au début de ce siècle -oserais-je dire de ce millénaire - parmi les créateurs de l'Université française d'Arménie, ce projet auquel le Sénat est fier d'avoir apporté son concours dès le début. L'Université française d'Arménie est en effet devenue une référence, un exemple. Puisse-t-elle faire des émules dans d'autres pays.
Pour toutes ces raisons, je me réjouis de vous accueillir aujourd'hui, Monsieur le Président. Je me réjouis aussi que nous ayons signé un accord de coopération entre nos deux institutions, signe de la vitalité de nos relations et de notre commune volonté de les renforcer et de les dynamiser.
J'aimerais terminer mon propos en évoquant la coopération parlementaire dans le Caucase du sud, qui, vous le savez, me tient particulièrement à cur. Je crois savoir que c'est également l'une de vos priorités, grâce notamment à vos bonnes relations avec la Présidente du Parlement de Géorgie, elle aussi, jeune et dynamique.
Une fois passées les élections législatives en Géorgie, j'espère que mon projet de réunir à Versailles, pour une troisième fois, les Présidents des Parlements d'Arménie, d'Azerbaïdjan et de Géorgie, pourra rapidement se concrétiser. Je vous remercie du soutien immédiat que vous m'avez apporté à cet égard.
Mais je m'attarde, alors que je souhaiterais que notre dîner soit avant tout informel et amical.
Le moment est donc venu de lever mon verre à l'amitié entre l'Arménie et la France.
Vive l'Arménie !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-arménienne !

(source http://www.senat.fr, le 16 janvier 2004)