Extraits d'un entretien de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, au "Journal du Dimanche" du 26 septembre 2004, sur le budget de la défense 2005 et sur la situation en Irak.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Journal du Dimanche

Texte intégral

Le Journal du Dimanche :
Le budget de la défense pour 2005 (32,9 milliards d'euros) est finalement en légère hausse (32,4 milliards d'euros) par rapport à celui de 2004. Est-ce vraiment une victoire ?
Michèle Alliot-Marie :
Ce budget va nous permettre de poursuivre l'effort de redressement de la Défense française, mise à mal par le précédent gouvernement. Il nous donne les moyens d'assurer la sécurité des Français au regard de la menace terroriste croissante et nous autorise enfin à assumer pleinement nos engagements à l'égard de la communauté européenne et internationale. Il nous permet également de contribuer à l'activité économique du pays : la Défense est le premier investisseur public. Chaque année plus de 15 milliards d'euros sont injectés dans les entreprises dont une grande partie de PME-PMI. La Défense offre par ailleurs 35 000 emplois par an en direction des jeunes.
Q. Les tensions avec Nicolas Sarkozy lors de la phase d'arbitrage ont-elles laissé des traces ?
R. Bercy a fait valoir ses arguments, j'ai fait valoir les miens. Ces discussions préparatoires n'étaient pas différentes de celles des budgets précédents. Chaque année, nous suivons la même procédure et avons les mêmes échanges. Il n'y a pas eu plus de tensions avec Nicolas Sarkozy, qu'il n'y en a eu l'année précédente avec Francis Mer. Le ministre des Finances a toujours tendance à vouloir utiliser le budget de la défense comme marge de manoeuvre. Il nous faut donc défendre nos intérêts.
Q. L'arbitrage du Président de la République n'a-t-il pas été nécessaire cette année ?
R. Mais c'est le cas chaque année. Les choses ont été plus médiatisées cet été en raison de la personnalité de Nicolas Sarkozy...
Q. Qui, fin novembre, quitte Bercy pour la présidence de l'UMP...
R. C'est un choix personnel. Ce n'est pas celui que j'ai fait. J'ai été sollicitée à plusieurs reprises depuis un an pour me présenter à la Présidence de l'UMP. Je préfère continuer mon action au ministère de la Défense.
Q. On parle de vous pour Bercy...
R. Laissons parler. Je ne suis pas demandeuse. J'ai en cours des dossiers passionnants au ministère de la défense.
Q. Que pensez-vous de la situation en Irak ?
R. Elle est extrêmement préoccupante. Tout donne à penser que le chaos s'installe. La solution devra être politique. Les Irakiens doivent retrouver leur totale souveraineté. Les choses vont-elles s'améliorer ? je veux le croire. Je note que la position française est de mieux en mieux comprise par un nombre croissant de pays.
Q. Et du côté des États-Unis ?
R. Les choses ne sont pas aussi tranchées qu'elles en ont l'air. Malgré les apparences, notre analyse est partagée par une partie de l'opinion américaine et même de la classe politique.
Q. A propos des deux otages français, les contacts sont-ils toujours " indirects " ?
R. Vous comprendrez que je ne m'exprime pas sur ce sujet.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 septembre 2004)