Texte intégral
Jean-Michel Aphatie .- Bonjour Jean-Claude Mailly. On croyait la réforme de la Sécurité sociale plutôt bien engagée, et puis hier matin, au sortir d'une nuit de discussions avec Philippe Douste-Blazy au ministère de la Santé, les représentants des différents syndicats ont paru très fâché. Alors que se passe t-il Jean-Claude Mailly. Y a t-il un problème ?
Jean-Claude Mailly .- " Oui, il y a un sérieux problème. Et j'accuse aujourd'hui le gouvernement de camoufler la réalité sur les objectifs de sa réforme ".
"J'accuse". Rien de moins !
" Oui, j'accuse. Effectivement. Puisqu'il y a ce dont on nous parle publiquement, à la fois les questions financières où là il y a des problèmes énormes d'iniquité, les entreprises sont très faiblement taxées sur cette réforme. 700 millions d'euros, c'est rien par rapport à l'ensemble. Ca c'est le premier problème. L'histoire d'un euro, qui est contestable également, bien entendu. Il y a un deuxième aspect, c'est l'organisation des soins, et on fait beaucoup de publicité actuellement sur le dossier médical partagé, que l'on accepte, à condition qu'il y ait des confidentialités très précises sur ce dossier. Et puis il y a ce dont on ne parle pas, considérant que les assurés sociaux ne peuvent pas comprendre ".
C'est quoi ?
" C'est ce que le gouvernement appelle "la gouvernance du système". Nous, c'est un terme qu'on n'aime pas. On préfère parler de "pilotage". Et là, quand on regarde les choses, le diable est dans les détails. Quand je dis le diable est dans les détails, d'une certaine manière, ce qui fonde l'objectif du gouvernement c'est : constituer une enveloppe fermée pour les dépenses d'assurance-maladie. C'est comme si vous chaussiez du 42 et qu'on vous imposait de mettre des chaussures du 40. Ca fait mal aux pieds. Eh bien c'est la même chose ! D'une certaine manière, le gouvernement veut que l'objectif qui sera fixé pour les dépenses d'assurance-maladie ne soit pas dépassé, et que toutes les mesures soient prises pour régulièrement, en cours d'année, fermer l'enveloppe afin de limiter les dépenses d'assurance maladie ".
Ce qu'on veut surtout, c'est éviter que les déficits très importants, par exemple de cette année, ne se reproduisent chaque année. Parce qu'un jour c'est le système tout entier qui va s'écrouler. C'est ça que le gouvernement cherche.
" Oui mais le gouvernement ne peut pas nous dire qu'il est contre la maîtrise comptable il a déjà essayé de faire ça en 95, ça ne marchait pas et dans le même temps la mettre réellement en application avec son projet. Ecoutez, entre les discours et les papiers qu'on nous donne, et ça le papier qu'on nous a remis la nuit dernière, il y a deux jours, qui a été discuté toute la nuit, ça ce sont les orientations écrites du gouvernement, c'est là-dessus qu'on doit se baser, on ne peut pas uniquement se baser sur ce qu'on entend ici ou là. Or quand on pose les questions toute la nuit au gouvernement, à chaque fois la réponse c'est de nous dire : attendez c'est pas arbitré. On ne sait pas encore, c'est pas arbitré. Sauf que ça doit être déposé dans trois jours ".
Au Conseil d'Etat.
" Au Conseil d'Etat. C'est-à-dire que dans trois jours le projet de loi doit être prêt. S'il n'est pas prêt aujourd'hui alors qu'on le dise, et qu'on arrête, et qu'on repousse ça à septembre ! mais s'il est prêt, il faut oser annoncer la couleur ! "
Philippe Douste-Blazy disait hier : mais on peut encore modifier. Négocier. On a le temps, discutons. Alors allez-y, discutez avec lui, parlez !
" Mais on n'arrête pas de discuter avec eux. On n'arrête pas de discuter avec eux depuis des semaines. On leur a expliqué ce qu'on souhaitait comme réforme, avec les conditions qu'on mettait pour que ce soit une réforme qui préserve la Sécurité sociale, qui préserve l'égalité d'accès aux soins. On discute, on a encore discuté toute la nuit. Sauf qu'on n'a pas de réponse ! La seule réponse qu'on nous fait c'est : ah mais c'est pas arbitré. Sauf que c'est écrit. Si ce projet passe tel quel, qu'il est présenté tel quel au Conseil d'Etat, c'est clair : le gouvernement sera responsable et coupable d'une remise en cause profonde de la Sécurité sociale ! Et en plus il n'ose pas. Il n'ose pas parce qu'il sait qu'à partir du moment où on reste dans une enveloppe, les décisions qui devront être prises devront être douloureuses. Alors il se dit : on va se camoufler. On va se camoufler derrière des propositions de l'assurance-maladie. Mais pour être sûr que ces propositions soient bien dans le cadre de l'enveloppe, on met un super directeur, un peu comme un directeur d'agence nationale en quelque sorte, qui lui fera en quelque sorte le sale boulot, qui sera amené à presser sur les taux de remboursements et l'accès aux soins. Et ça Ce n'est pas acceptable ! "
Ce matin Jean-Claude Mailly, c'est une crise de confiance entre vous, Force Ouvrière du moins, et le gouvernement ?
" Ah il y a un sérieux problème effectivement ! on commençait à anticiper, parce que c'est de fil en aiguille. D'abord on nous remet des documents, on nous pose des questions. Alors on dit : on peut discuter. Deuxième document, on commence à préciser un peu les orientations. On commence nous à dire : attention. Et d'autres. Attention, qu'est-ce que ça veut dire ça ? On va en discuter. Troisième document, c'est pas arrêté, mais là de plus en plus on précise. Ca moi je considère que c'est le projet de loi d'une certaine manière. Et c'est dans trois jours qu'il doit être déposé ".
Et que donc la négociation d'après vous est terminée.
" Ce n'est pas une vraie négociation. C'est le Parlement qui votera à la fin. Dans quelles conditions d'ailleurs, on n'en sait rien ! Non, c'est pour ça que d'ailleurs on a décidé, nous. Parce que vous remarquerez jusqu'à maintenant Force Ouvrière dit : on discute, on ne veut pas faire de procès d'intention, on attend d'avoir des textes écrits, ça y est les textes écrits on commence à les avoir. A partir de là, on est décidé à réagir ! Ce sera déjà le cas le 5 juin, et si nécessaire on est prêt à faire plus ! "
En même temps, c'est difficile de discuter avec vous, parce que : huit syndicats, plus des médecins, plus la mutualité. Vous n'êtes absolument pas d'accord les uns et les autres, donc ce n'est pas facile non plus de discuter avec vous hein.
" Tout le monde n'est pas d'accord bien entendu ".
Ben non !
" Alors il y en a un qui doit être content ce matin, c'est le Patronat ! Et il doit être content dans la limite ou, d'une part, financièrement, il est assez préservé sur la réforme comme je le disais tout à l'heure. Mais en plus, c'est un peu ce qu'il souhaitait : un type de conseil de surveillance avec un directoire, comme ça se fait par ailleurs. Alors que ça se fasse dans le domaine industriel, ça se discute. Là, on touche à la santé des gens ! C'est autre chose. Et si l'objectif, sans le dire, parce qu'ils le savent bien que c'est dangereux, mais de cette manière ils n'osent pas prendre leurs responsabilités, ils se camouflent derrière d'autres. Si l'objectif c'est effectivement de réduire les dépenses de santé, alors là c'est une remise en cause profonde du système ".
Vous pouvez continuer malgré tout à travailler avec Philippe Douste-Blazy ? Vous souhaitez que Jean-Pierre Raffarin intervienne davantage dans ce dossier ? Il vous écoute peut-être Jean-Pierre Raffarin. Qu'est-ce que vous lui dites ?
" Ecoutez, là-dessus je ne veux pas prendre de commentaires personnels sur un ministre ou un Premier ministre ".
Ca compte les hommes dans les négociations.
" Oui bien sûr ça compte ".
Vous ne voulez jamais en parler, mais ça pèse toujours.
" Vous savez, j'ai cru comprendre que sur ce dossier ils étaient plusieurs à s'y intéresser. Y compris le Premier ministre. Alors c'est le gouvernement en tant que tel. Que le gouvernement ose affronter le vrai débat, et ose dire effectivement quels sont les objectifs de sa réforme. Et ça ce n'est pas le cas aujourd'hui ! "
Et alors ? Le 5 juin, manifestation. C'est reparti comme en 1995. Vous allez jouer la rue contre le gouvernement, c'est ça ?
" Le 5 juin, c'est manifestation, oui, parce qu'on n'est pas d'accord sur le contenu de cette réforme. Ensuite, on va voir, effectivement dans trois jours si c'est ce texte-là qui est déposé. Alors, effectivement, si c'est ça, qu'il y ait une remise en cause profonde, je le dis : le gouvernement serait responsable et coupable d'une remise en cause profonde de la sécurité sociale. Il faudra, si c'est le cas, qu'entre organisations syndicales, on décide des suites à donner au 5 juin, sachant que ça ne peut pas être des manifestations à répétition hein. Parce que ça, on a vu l'efficacité l'année dernière. Mais si nécessaire, nous discuterons avec les autres du problème de la grève si c'est nécessaire ! "
Et puis vous n'êtes pas au bout de vos peines Jean-Claude Mailly. Par exemple hier, le ministre des Transports, Gilles de Robien, disait: et puis attention, on va maintenant la faire la loi sur le service minimum. Parce que ça fait un moment qu'on en parle, et on va passer à l'acte. Là encore, vous avez des motifs sans doute d'affrontements avec le gouvernement.
" Mais bien sûr. Le service minimum, que ça se discute en droit d'alerte ou autre dans les entreprises, ça s'est déjà fait, ça peut se faire. Mettre en place ce service minimum, c'est là encore vouloir remettre en cause le droit de grève. Et ça sur le principe ce n'est pas acceptable ! "
Et EDF, le changement de statut, vous êtes contre aussi Jean-Claude Mailly ?
" EDF, oui ! Parce qu'écoutez il suffit de regarder les pub d'EDF aujourd'hui dans les journaux. Quand on nous dit : ça ne sera pas privatisé immédiatement, on sait bien que l'objectif c'est de privatiser ! "
Vous avez un point commun avec votre prédécesseur Marc Blondel. Vous savez lequel ?
" Non ".
Vous dites toujours non.
" Ce n'est pas vrai Monsieur Aphatie ".
Ce matin c'est vrai.
" Nous étions pour une réforme. Mais tout le monde le gouvernement y compris sait quelles sont les conditions qu'on mettait pour une réforme. Et ça fait trois mois qu'on lui explique ce qu'on voudrait, et ce qu'on n'acceptera pas. Et là, on est dans le côté qu'on n'acceptera pas ! "
Jean-Claude Mailly, de Force Ouvrière, qui ne dit pas tout le temps non, mais qui ne dit pas souvent oui, était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(source http://www.force-ouvriere.org, le 28 mai 2004)
Jean-Claude Mailly .- " Oui, il y a un sérieux problème. Et j'accuse aujourd'hui le gouvernement de camoufler la réalité sur les objectifs de sa réforme ".
"J'accuse". Rien de moins !
" Oui, j'accuse. Effectivement. Puisqu'il y a ce dont on nous parle publiquement, à la fois les questions financières où là il y a des problèmes énormes d'iniquité, les entreprises sont très faiblement taxées sur cette réforme. 700 millions d'euros, c'est rien par rapport à l'ensemble. Ca c'est le premier problème. L'histoire d'un euro, qui est contestable également, bien entendu. Il y a un deuxième aspect, c'est l'organisation des soins, et on fait beaucoup de publicité actuellement sur le dossier médical partagé, que l'on accepte, à condition qu'il y ait des confidentialités très précises sur ce dossier. Et puis il y a ce dont on ne parle pas, considérant que les assurés sociaux ne peuvent pas comprendre ".
C'est quoi ?
" C'est ce que le gouvernement appelle "la gouvernance du système". Nous, c'est un terme qu'on n'aime pas. On préfère parler de "pilotage". Et là, quand on regarde les choses, le diable est dans les détails. Quand je dis le diable est dans les détails, d'une certaine manière, ce qui fonde l'objectif du gouvernement c'est : constituer une enveloppe fermée pour les dépenses d'assurance-maladie. C'est comme si vous chaussiez du 42 et qu'on vous imposait de mettre des chaussures du 40. Ca fait mal aux pieds. Eh bien c'est la même chose ! D'une certaine manière, le gouvernement veut que l'objectif qui sera fixé pour les dépenses d'assurance-maladie ne soit pas dépassé, et que toutes les mesures soient prises pour régulièrement, en cours d'année, fermer l'enveloppe afin de limiter les dépenses d'assurance maladie ".
Ce qu'on veut surtout, c'est éviter que les déficits très importants, par exemple de cette année, ne se reproduisent chaque année. Parce qu'un jour c'est le système tout entier qui va s'écrouler. C'est ça que le gouvernement cherche.
" Oui mais le gouvernement ne peut pas nous dire qu'il est contre la maîtrise comptable il a déjà essayé de faire ça en 95, ça ne marchait pas et dans le même temps la mettre réellement en application avec son projet. Ecoutez, entre les discours et les papiers qu'on nous donne, et ça le papier qu'on nous a remis la nuit dernière, il y a deux jours, qui a été discuté toute la nuit, ça ce sont les orientations écrites du gouvernement, c'est là-dessus qu'on doit se baser, on ne peut pas uniquement se baser sur ce qu'on entend ici ou là. Or quand on pose les questions toute la nuit au gouvernement, à chaque fois la réponse c'est de nous dire : attendez c'est pas arbitré. On ne sait pas encore, c'est pas arbitré. Sauf que ça doit être déposé dans trois jours ".
Au Conseil d'Etat.
" Au Conseil d'Etat. C'est-à-dire que dans trois jours le projet de loi doit être prêt. S'il n'est pas prêt aujourd'hui alors qu'on le dise, et qu'on arrête, et qu'on repousse ça à septembre ! mais s'il est prêt, il faut oser annoncer la couleur ! "
Philippe Douste-Blazy disait hier : mais on peut encore modifier. Négocier. On a le temps, discutons. Alors allez-y, discutez avec lui, parlez !
" Mais on n'arrête pas de discuter avec eux. On n'arrête pas de discuter avec eux depuis des semaines. On leur a expliqué ce qu'on souhaitait comme réforme, avec les conditions qu'on mettait pour que ce soit une réforme qui préserve la Sécurité sociale, qui préserve l'égalité d'accès aux soins. On discute, on a encore discuté toute la nuit. Sauf qu'on n'a pas de réponse ! La seule réponse qu'on nous fait c'est : ah mais c'est pas arbitré. Sauf que c'est écrit. Si ce projet passe tel quel, qu'il est présenté tel quel au Conseil d'Etat, c'est clair : le gouvernement sera responsable et coupable d'une remise en cause profonde de la Sécurité sociale ! Et en plus il n'ose pas. Il n'ose pas parce qu'il sait qu'à partir du moment où on reste dans une enveloppe, les décisions qui devront être prises devront être douloureuses. Alors il se dit : on va se camoufler. On va se camoufler derrière des propositions de l'assurance-maladie. Mais pour être sûr que ces propositions soient bien dans le cadre de l'enveloppe, on met un super directeur, un peu comme un directeur d'agence nationale en quelque sorte, qui lui fera en quelque sorte le sale boulot, qui sera amené à presser sur les taux de remboursements et l'accès aux soins. Et ça Ce n'est pas acceptable ! "
Ce matin Jean-Claude Mailly, c'est une crise de confiance entre vous, Force Ouvrière du moins, et le gouvernement ?
" Ah il y a un sérieux problème effectivement ! on commençait à anticiper, parce que c'est de fil en aiguille. D'abord on nous remet des documents, on nous pose des questions. Alors on dit : on peut discuter. Deuxième document, on commence à préciser un peu les orientations. On commence nous à dire : attention. Et d'autres. Attention, qu'est-ce que ça veut dire ça ? On va en discuter. Troisième document, c'est pas arrêté, mais là de plus en plus on précise. Ca moi je considère que c'est le projet de loi d'une certaine manière. Et c'est dans trois jours qu'il doit être déposé ".
Et que donc la négociation d'après vous est terminée.
" Ce n'est pas une vraie négociation. C'est le Parlement qui votera à la fin. Dans quelles conditions d'ailleurs, on n'en sait rien ! Non, c'est pour ça que d'ailleurs on a décidé, nous. Parce que vous remarquerez jusqu'à maintenant Force Ouvrière dit : on discute, on ne veut pas faire de procès d'intention, on attend d'avoir des textes écrits, ça y est les textes écrits on commence à les avoir. A partir de là, on est décidé à réagir ! Ce sera déjà le cas le 5 juin, et si nécessaire on est prêt à faire plus ! "
En même temps, c'est difficile de discuter avec vous, parce que : huit syndicats, plus des médecins, plus la mutualité. Vous n'êtes absolument pas d'accord les uns et les autres, donc ce n'est pas facile non plus de discuter avec vous hein.
" Tout le monde n'est pas d'accord bien entendu ".
Ben non !
" Alors il y en a un qui doit être content ce matin, c'est le Patronat ! Et il doit être content dans la limite ou, d'une part, financièrement, il est assez préservé sur la réforme comme je le disais tout à l'heure. Mais en plus, c'est un peu ce qu'il souhaitait : un type de conseil de surveillance avec un directoire, comme ça se fait par ailleurs. Alors que ça se fasse dans le domaine industriel, ça se discute. Là, on touche à la santé des gens ! C'est autre chose. Et si l'objectif, sans le dire, parce qu'ils le savent bien que c'est dangereux, mais de cette manière ils n'osent pas prendre leurs responsabilités, ils se camouflent derrière d'autres. Si l'objectif c'est effectivement de réduire les dépenses de santé, alors là c'est une remise en cause profonde du système ".
Vous pouvez continuer malgré tout à travailler avec Philippe Douste-Blazy ? Vous souhaitez que Jean-Pierre Raffarin intervienne davantage dans ce dossier ? Il vous écoute peut-être Jean-Pierre Raffarin. Qu'est-ce que vous lui dites ?
" Ecoutez, là-dessus je ne veux pas prendre de commentaires personnels sur un ministre ou un Premier ministre ".
Ca compte les hommes dans les négociations.
" Oui bien sûr ça compte ".
Vous ne voulez jamais en parler, mais ça pèse toujours.
" Vous savez, j'ai cru comprendre que sur ce dossier ils étaient plusieurs à s'y intéresser. Y compris le Premier ministre. Alors c'est le gouvernement en tant que tel. Que le gouvernement ose affronter le vrai débat, et ose dire effectivement quels sont les objectifs de sa réforme. Et ça ce n'est pas le cas aujourd'hui ! "
Et alors ? Le 5 juin, manifestation. C'est reparti comme en 1995. Vous allez jouer la rue contre le gouvernement, c'est ça ?
" Le 5 juin, c'est manifestation, oui, parce qu'on n'est pas d'accord sur le contenu de cette réforme. Ensuite, on va voir, effectivement dans trois jours si c'est ce texte-là qui est déposé. Alors, effectivement, si c'est ça, qu'il y ait une remise en cause profonde, je le dis : le gouvernement serait responsable et coupable d'une remise en cause profonde de la sécurité sociale. Il faudra, si c'est le cas, qu'entre organisations syndicales, on décide des suites à donner au 5 juin, sachant que ça ne peut pas être des manifestations à répétition hein. Parce que ça, on a vu l'efficacité l'année dernière. Mais si nécessaire, nous discuterons avec les autres du problème de la grève si c'est nécessaire ! "
Et puis vous n'êtes pas au bout de vos peines Jean-Claude Mailly. Par exemple hier, le ministre des Transports, Gilles de Robien, disait: et puis attention, on va maintenant la faire la loi sur le service minimum. Parce que ça fait un moment qu'on en parle, et on va passer à l'acte. Là encore, vous avez des motifs sans doute d'affrontements avec le gouvernement.
" Mais bien sûr. Le service minimum, que ça se discute en droit d'alerte ou autre dans les entreprises, ça s'est déjà fait, ça peut se faire. Mettre en place ce service minimum, c'est là encore vouloir remettre en cause le droit de grève. Et ça sur le principe ce n'est pas acceptable ! "
Et EDF, le changement de statut, vous êtes contre aussi Jean-Claude Mailly ?
" EDF, oui ! Parce qu'écoutez il suffit de regarder les pub d'EDF aujourd'hui dans les journaux. Quand on nous dit : ça ne sera pas privatisé immédiatement, on sait bien que l'objectif c'est de privatiser ! "
Vous avez un point commun avec votre prédécesseur Marc Blondel. Vous savez lequel ?
" Non ".
Vous dites toujours non.
" Ce n'est pas vrai Monsieur Aphatie ".
Ce matin c'est vrai.
" Nous étions pour une réforme. Mais tout le monde le gouvernement y compris sait quelles sont les conditions qu'on mettait pour une réforme. Et ça fait trois mois qu'on lui explique ce qu'on voudrait, et ce qu'on n'acceptera pas. Et là, on est dans le côté qu'on n'acceptera pas ! "
Jean-Claude Mailly, de Force Ouvrière, qui ne dit pas tout le temps non, mais qui ne dit pas souvent oui, était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(source http://www.force-ouvriere.org, le 28 mai 2004)