Texte intégral
Vous avez signé l'accord complémentaire sur les retraites. Satisfait ?
C'est un bon accord qui complète la réforme des retraites. Le départ de 200 000 salariés, qui ont travaillé dès 14, 15 ou 16 ans, est financé pour 2004. Au total, 500 000 salariés bénéficieront de cette mesure d'ici à 2008. C'est la plus grande avancée sociale depuis la RTT ! Nous avons obtenu aussi le maintien du niveau des retraites pour les cinq ans à venir, aussi bien pour les retraites de base que pour les retraites complémentaires. On voit avec plaisir que la CFDT, qui pouvait sembler isolée sur les retraites, est aujourd'hui rejointe par presque toutes les organisations syndicales.
En revanche, le problème du secteur public risque d'être épineux. Que pensez-vous du salaire au mérite pour les fonctionnaires, proposé par Jean-Paul Delevoye ?
Deux remarques. D'abord, le gouvernement ne peut pas faire comme si les primes qui constituent une partie de la rémunération des fonctionnaires, n'existaient pas. Pour certaines, elles concernent le mérite. Ce système existe donc déjà. Et les politiques eux-mêmes l'ont dévoyé. On sait très bien qu'au ministère des finances, l'utilisation des primes sert à différencier ces agents des autres fonctionnaires.
Ensuite ?
La CFDT a toujours dit qu'elle était prête à rediscuter l'ensemble de l'architecture de la rémunération des fonctionnaires. Un schéma qui date de 1991 Mais, pour cela, il faut y mettre de l'argent. Dans le privé, les entreprises ont systématiquement injecté un " plus " financier. Le gouvernement, par ce débat sur le salaire au mérite, tente de cacher son choix : ne pas revaloriser les salaires des fonctionnaires. Il fait de grands discours sur le dialogue social. Mais, en tant qu'employeur, il prend des décisions unilatérales !
Le gouvernement Raffarin fait-il donc mal son travail ?
Je ne me permets jamais de juger globalement un gouvernement. Ce n'est pas mon rôle. Les partis d'opposition sont là pour ça ! En revanche, je déplore fortement le manque de politique active de Raffarin pour lutter contre le chômage. Il nous semble qu'il y a des actions précises à mener pour anticiper la reprise : l'investissement dans la recherche pour créer les emplois de demain, la formation, notamment pour les jeunes non qualifiés, ou le traitement social. Et ça, le gouvernement ne le fait pas.
La CFDT a connu un vrai tumulte après le départ d'une partie des cheminots. Vous sentez-vous affaibli ?
Ces cheminots sont partis sur un désaccord à propos du type de syndicalisme que nous souhaitons mettre en place. Nous sommes pour le dialogue et la concertation, et eux seulement pour la contestation. Nous sommes pour l'indépendance politique eux sont pour un syndicalisme lié à des partis, notamment l'extrême gauche. Enfin, nous voulons des résultats et eux pratiquent un syndicalisme qui revient souvent les mains vides. Après vingt-cinq ans de désaccord, ils ont décidé de partir. Cela clarifie la situation.
Votre défi personnel est d'arriver à 1,2 million d'adhérents d'ici à 2007. Pensez-vous encore pouvoir y parvenir ?
En 1988, 15 000 adhérents de la santé et des PTT sont partis pour la même raison. Depuis, nous avons doublé notre nombre d'adhérents. Donc je souhaite la même réussite pour les années qui arrivent à la CFDT !
Propos recueillis par Benjamin Locoge.
(source http://www.cfdt.fr, le 21 novembre 2003)