Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle de la France en faveur de la stabilité et de la paix dans le monde et la politique de défense, à Paris le 12 janvier 2004.

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Circonstance : Cérémonie des voeux aux diplomates, à Paris le 12 janvier 2004

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les attachés de défense,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Pour la deuxième année consécutive, j'ai le plaisir de vous présenter mes voeux.
Je vous souhaite une très bonne année 2004, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel.
Je vous prie de transmettre ces voeux à tous vos collaborateurs et aux gouvernements des très nombreux pays que vous représentez aujourd'hui.
Cette cérémonie est l'occasion d'un bilan mais aussi et surtout celle d'une réflexion sur les outils permettant de relever les défis de 2004.
1. La France a contribué en 2003 à la stabilité internationale dans un contexte difficile
1.1 Une année difficile
Cette année a bien sûr été celle de la crise irakienne. Elle a d'abord ébranlé les liens qui unissent la communauté internationale.
Ensuite, et surtout, elle a engendré une guerre qui exige aujourd'hui un effort de reconstruction considérable.
Même si elles sont passées au deuxième plan de l'actualité, de nombreuses crises régionales persistent, à commencer par celle du Proche-Orient .
Des actes terroristes ont, cette année encore, frappé à l'aveugle les populations.
La menace des armes de destruction massive est restée présente, même si le dialogue a permis d'avancer dans la voie du désarmement.
Les organisations internationales ont été quelque peu bousculées par ces crises.
1.2 La France a contribué à la stabilité internationale
Depuis 16 mois, les forces françaises, dans le cadre de l'opération Licorne, sont présentes en Côte d'Ivoire.
L'opération connaît aujourd'hui un succès indéniable : la situation sur le terrain s'améliore, même si elle reste fragile.
Le dispositif Licorne, aux côtés de la force africaine de la MICECI, et je l'espère aux côtés des forces de l'ONU, restera en place jusqu'aux prochaines échéances électorales afin d'accompagner le processus de stabilisation du pays.
En Ituri à l'été 2003, la France a montré ses capacités à remplir le rôle de nation-cadre, dans ce qui a été la première opération autonome de l'Union européenne en-dehors de son continent.
Au-delà de ces grandes opérations visibles, nous avons aussi contribué à sauver des vies humaines au Liberia et en République Centrafricaine.
Depuis janvier 2002, nous prenons part à la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité en Afghanistan.
Un détachement d'instruction opérationnel français assure également la formation des futurs officiers de l'Armée Nationale Afghane.
Plus près de nous, dans les Balkans, nos forces vives sont engagées au service de la sécurité.
En Macédoine, l'an dernier, l'Union européenne a pris la relève de l'OTAN avec succès.
Je suis sûre qu'il en sera de même lorsqu'elle reprendra en 2004 les responsabilités de l'organisation en Bosnie.
Nous sommes toujours engagés au Kosovo : 3100 Français prennent part à la stabilisation du pays.
Le 1er septembre 2004, nous serons amenés à prendre le commandement de la KFOR.
Nos armées ont également été sollicitées pour venir en aide aux populations sinistrées, comme cela a été le cas en Algérie ou plus récemment en Iran, après le tremblement de terre à Bam.
Si la France mène ces opérations, c'est qu'elle est consciente de sa responsabilité de faire valoir le droit international et de préserver la paix et la liberté.
Cette responsabilité nécessite des moyens matériels importants.
2. Les efforts de défense devront être poursuivis pour répondre aux nouvelles menaces
2.1 De nouvelles crises risquent de menacer la stabilité internationale
La situation demeure fragile dans de nombreux endroits du continent africain.
On ne peut exclure le risque que les tensions dégénèrent en crises ouvertes, ce qui pourrait nécessiter pour la communauté internationale une obligation de s'interposer.
En Asie, il existe de nombreux conflits latents, résultant de la confrontation de nationalismes, de conflits non réglés ou de grands problèmes de trafics.
Le risque terroriste est loin d'avoir été éradiqué, et nous devons également rester vigilants sur la prolifération des armes de destruction massive.
2.2 Face à ces menaces, nous avons besoin de forces armées solides et disponibles
des forces solides :
La remise à niveau et la modernisation de l'outil militaire français sont déjà bien avancées.
Grâce au vote du budget 2004, nous progressons pour la deuxième année consécutive dans l'application de la loi de programmation militaire.
J'entends que nous mettions sur pied des forces performantes et adaptées aux nouvelles menaces, à la hauteur de ce que la communauté internationale est en droit d'attendre de la France.
des forces disponibles :
Afin d'améliorer encore la disponibilité de nos forces opérationnelles, le Ministère de la défense développe sa politique de maintien en condition opérationnelle des matériels.
Nos forces prépositionnées dans certains de vos pays sont aussi un outil précieux : elles répondent à la fois à l'impératif de prévention et à celui de réactivité.
3. Notre ambition doit se poursuivre pour nous donner les moyens matériels, juridiques et diplomatiques de renforcer la stabilité et la paix.
3.1 Les ambitions de la France en matière de défense s'inscrivent dans une double dimension, transatlantique et européenne
L'année 2004 est une année charnière pour la coopération : nous procèderons à l'élargissement de l'OTAN et à l'élargissement de l'Union européenne.
La France entend jouer son rôle sur ces deux fronts complémentaires.
J'attache une grande importance à ce que notre pays prenne pleinement part à la réforme de l'OTAN.
Force est de constater que la défense est le domaine de coopération qui connaît la plus forte progression au sein de l'Union européenne.
Elle progresse sur le plan opérationnel : j'ai parlé des missions en Macédoine et en République démocratique du Congo, qui ont prouvé aux plus sceptiques que l'Europe de la Défense était une réalité.
Elle progresse sur le plan de l'équipement :
en matière d'armement, comme dans le domaine spatial, des programmes industriels ambitieux prennent forme avec nos partenaires européens.
Elle progresse aussi sur le plan institutionnel, avec la création de l'Agence européenne de développement des capacités de défense, et la décision de créer un état-major de planification et de conduite d'opérations de l'UE.
3.2 Notre politique de défense s'attache aussi à renforcer les moyens juridiques et diplomatiques de préserver la paix
Le premier de ces moyens, c'est la légitimité internationale.
Les engagements militaires français sont soutenus par la communauté internationale, et font souvent l'objet d'un mandat des Nations Unies.
Aux yeux de la France, l'ONU demeure le pilier de la sécurité internationale.
Il convient de réfléchir aux moyens de l'adapter aux nouvelles exigences des relations internationales.
Le monde est à la recherche de stabilité : nos principes doivent être ceux de la solidarité et de l'action collective.
Ce monde doit être multipolaire, il ne sert à rien de le nier.
A cette fin, le rôle de l'ONU est irremplaçable.
La coopération bilatérale est un autre aspect de notre politique de défense permettant de préserver la stabilité internationale.
La France est partie prenante de 78 accords de défense et de coopération militaire bilatéraux (19 sont en négociation).
Les exercices conjoints, que nous menons dans des cadres bi- ou multilatéral, permettent d'échanger les expertises et de développer les compétences.
La relation de défense est un élément de la relation de confiance entre les Etats.
C'est pourquoi j'insiste sur l'importance des liens tissés à travers le monde par le biais conjoint des diplomates et des militaires.
Conclusion
L'amélioration de nos capacités opérationnelles est un choix de la France.
Un choix qui, cette année encore, nous a donné l'occasion d'honorer nos engagements à l'égard de nos partenaires et de tenir notre rang au niveau international.
Je souhaite tout comme vous que les situations de crise puissent être dans la mesure du possible évitées par la diplomatie.
L'une des fonctions premières de la stratégie de défense française est la prévention!
Grâce au réseau que vous incarnez, la France s'engage jour après jour un peu plus sur la voie de la coopération en matière de sécurité et de défense.
Ces solidarités, européennes et internationales, ce sont autant de chances de prévenir les conflits et de préserver la paix.
C'est mon voeu, c'est notre voeu à tous pour 2004.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 janvier 2004)