Déclaration de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, sur la construction européenne, notamment par l'élargissement, les relations franco-allemandes, la relance de la croissance économique et l'information du citoyen, à Paris le 16 janvier 2004.

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Circonstance : Voeux à la presse diplomatique

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Ministre délégué,
Cher Joseph Limagne,
Mes chers amis,
Quelques mots simplement pour, à la suite de ce que vient d'indiquer Dominique de Villepin, souligner les priorités de l'année européenne 2004.
Nous avons quelques difficultés à arrêter des priorités car, en réalité, cette année est confrontée à, à peu près, toutes les échéances européennes : les élections au Parlement européen - 338 millions d'électeurs voteront le même jour, le 13 juin, pour ce Parlement européen élargi à 25 membres - il y a, bien entendu, l'échéance de l'élargissement, l'unification du continent, le 1er mai, et il y a, nous l'espérons, enfin, la finalisation de la Constitution européenne, ce document, cette loi fondamentale dont nos citoyens ont besoin et dont l'Europe surtout a besoin pour avancer plus vite, quel que soit le nombre étendu, augmenté de ses wagons.
Pour ma part, j'aimerais simplement et brièvement souligner parmi toutes ces priorités, trois qui mettent en relief l'action du ministère délégué sous l'autorité du ministre.
La première priorité, c'est, bien entendu, l'élargissement. Je sais que vous tous, vos organes de presse écrite, audiovisuelle, suivez de manière très attentive tous ces développements et tous les pays que nous devons accueillir. J'en appelle à vous pour que la connaissance de ces pays par nos concitoyens soit non seulement de plus en plus concrète mais aussi positive. Nous avons, nous, Français, une tradition d'accueil et nous devons, par ces médias, par l'écho qui est donné à ces nouveaux pays, marquer que nous leur adressons un message de bienvenue et c'est celui que la diplomatie. Lorsque moi-même ou mes collègues, bien entendu en premier lieu le ministre, le chef de l'Etat ou le Premier ministre, nous nous rendons dans ces pays, nous avons un message à leur apporter : ils sont les bienvenus en Europe.
La deuxième priorité, permettez-moi d'en dire un mot, c'est celle du franco-allemand. Dans la grande tradition, le moteur franco-allemand est essentiel. S'il ne fonctionne pas, l'Europe n'avance pas. C'est un moteur qui a connu une dynamique nouvelle dans les derniers mois. Comme vient de l'indiquer à l'instant le ministre, il s'ouvre à de nouveaux partenariats et le Triangle de Weimar en est un exemple éclatant. Bien entendu, il y a aussi cette coopération très étroite avec nos amis britanniques sur la Défense. Et c'est cela la nouvelle Europe. C'est une Europe qui fonctionne plus vite parce qu'elle a une dynamique qui repose beaucoup sur ces configurations entre Etats qui veulent jouer pleinement un rôle d'entraînement.
Enfin, il y a les grands dossiers d'actualité qui touchent de près nos citoyens et qui recoupent d'ailleurs très largement les priorités de la présidence irlandaise. J'entends par-là la relance de la croissance économique en Europe et aussi l'Europe pour l'emploi qui va faire l'objet du Sommet social de mars à Bruxelles. C'est fort important pour nous parce que l'Europe aujourd'hui a besoin d'une bonne gouvernance économique dont elle n'a pas encore tous les instruments. Elle a besoin aussi d'une croissance génératrice d'emplois. Elle a besoin aussi d'une dynamique qui repose sur les citoyens et, à cet égard, les médias sont aux avant-postes pour renouer ce dialogue citoyen. Depuis quelques mois, on observe un changement assez important dans vos médias, me semble-t-il, qui comporte deux points positifs.
Les deux éléments positifs, c'est d'abord que l'Europe est omniprésente dans la presse française. Il n'y a pas un jour où l'Europe ne soit pas mentionnée en première page de nos quotidiens. Il n'y a pas un jour où l'Europe ne soit pas mentionnée sous divers aspects dans les journaux télévisés ou radiophoniques.
Le second élément positif, d'après tous les sondages, c'est que ceci crée une frustration mais une frustration constructive. Les Français demandent plus d'informations sur l'Europe. Il n'y a pas de désaveu ni de rejet de l'Europe d'après ces sondages. Il y a une demande d'informations et de meilleures informations sur l'Europe, non pas tant l'Europe technique et juridique, que l'Europe concrète, l'Europe des problèmes quotidiens. Et à cet égard, la variété de vos organes de presse est précieuse parce qu'elle permet de refléter toutes ces aspirations. La liberté de la presse que vient d'évoquer Dominique de Villepin, comme dit la Déclaration des Droits de l'Homme qui a fait naître notre démocratie, c'est le bien le plus précieux de l'Homme. C'est aussi le bien le plus précieux du citoyen européen car si ce citoyen n'aime pas l'Europe, l'Europe ne se fera pas.
Tout ceci pour dire que nous comptons sur vous pour que l'Europe soit aimée au moins autant que cette nymphe magnifique que Zeus a voulu emporter vers la Grèce il y a pas mal de temps. Je voudrais, à la fois, vous remercier de votre concours, et formuler pour vous, vos familles, et aussi vos médias, tous les voeux de succès, une excellente année 2004, une excellente année européenne
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2004)