Texte intégral
Déclaration :
Mes chers collègues,
Mon cher Javier,
Laissez moi vous dire une fois encore mon plaisir de vous recevoir ici, pour cette rencontre qui est très importante, car nous avons décidé ensemble d'en faire un jalon sur la voie de l'échéance capitale pour nous tous de la conférence d'engagement de capacités du 20 novembre.
Le déjeuner a été l'occasion d'échanges très fructueux sur les aspects institutionnels. J'ai pris bonne note de vos remarques et de vos analyses sur les nombreuses questions que le Conseil de Feira a demandé à la présidence française de traiter. Ces positions seront intégrées dans le débat qui est lancé dans les instances compétentes sur la base de contributions de la présidence ou du secrétariat général. Nous avons deux mois pour aboutir à des textes sur des questions aussi importantes que les structures définitives (COPS, Comité militaire, Etat-major européen), ou la définition de relations permanentes avec l'OTAN ou avec les Européens non membres de l'UE.
L'état actuel des débats montre qu'il y a encore beaucoup de travail, mais que nous avons de bonnes chances d'aboutir.
Je vous remercie d'avoir accepté la suggestion que je vous faisais dans la lettre que je vous ai adressée le 11 septembre de consacrer nos débats de cet après-midi au point fort pour nous, Ministres de la défense du mandat de Feira, celui qui concerne nos capacités.
La présidence française a été invitée à adresser au Conseil de Nice un rapport sur, je cite : " l'élaboration de l'objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités arrêtés à Helsinki, y compris en ce qui concerne les résultats de la conférence d'offres d'engagement en matière de capacités, qui doit être organisée avant le Conseil de Nice "
fin de citation.
Il est inutile de vous rappeler, chers collègues, l'importance de l'enjeu pour nous. Il y va de la crédibilité de la démarche décidée par nos chefs d'Etat et de Gouvernement.
1/ Travaux de l'OMi sur le catalogue
Il nous appartient dans un premier temps de prendre acte des travaux qui ont été menés depuis le 4 juillet par l'organisation militaire intérimaire, et plus précisément dans le cadre des groupes d'experts HTF et HTF plus. La mission des experts est très délicate puisqu'il s'agit de traduire en termes concrets, techniques, militaires, les objectifs de capacités fixés au niveau politique à Helsinki. Pour la première fois, des représentants militaires de nos quinze nations effectuent ensemble un travail de planification militaire. Cela signifie qu'ils ont non seulement une mission d'un très haut niveau, mais qu'ils doivent dans le même temps établir et tester entre eux de nouvelles procédures de travail.
Ce travail se déroule dans de très bonnes conditions et je veux en féliciter ici l'Organe Militaire Intérimaire et ses quinze membres.
L'envoi aux Etats membres le 28 juillet 2000 d'une première version du catalogue a témoigné de notre volonté et de notre capacité communes à entrer dans la phase concrète des travaux. Les échanges avec l'OTAN ont été fructueux et se sont déroulés conformément aux principes que nous avions adoptés. Ce sont bel et bien les Européens qui ont fait le travail avec l'aide, là ou cela était utile, d'experts de l'Alliance dont l'apport a été d'une grande qualité. Je suis heureux de relever que les relations entre l'UE et l'OTAN sont entrées dans une nouvelle phase comme l'a montré la très bonne réunion conjointe UE/OTAN au niveau des ambassadeurs cette semaine.
La réunion hier de l'OMi au niveau des chefs d'Etat-major a donc permis de prendre acte de l'état d'avancement des travaux.
Il reste encore à accomplir un travail de définition plus précise de certaines capacités, notamment de capacités stratégiques. Les chefs d'Etat-major ont donné hier instruction à leurs représentants de poursuivre ce travail pour se mettre en mesure de transmettre au prochain Conseil affaires générales qui se tient les 9 et 10 octobre une version de référence. Nous pouvons bien entendu d'ici là commencer les travaux sur la définition des contributions des Etats membres.
2/ Conférences d'engagement de capacités.
Je voudrais également vérifier votre approbation sur l'organisation de la conférence d'engagement de capacités elle-même, conformément au schéma qui a déjà fait l'objet d'une décision du COPSI.
Ainsi, le lundi 20 novembre, je vous propose de tenir à Bruxelles, dans la matinée une nouvelle réunion informelle au cours de laquelle chaque Etat membre indiquera par votre voix ses contributions permettant à l'UE d'atteindre l'objectif global et les objectifs collectifs de capacités.
Dans l'après-midi du même jour et au même endroit, nous tiendrons avec nos collègues des affaires étrangères une séance élargie au CAG qui se prononcera sur le résultat des travaux en vue du Conseil européen de Nice.
Le lendemain, toujours au même endroit, nous pourrons tenir une réunion des ministres de la défense dans un format UE plus quinze puis UE plus six pour prendre note des engagements additionnels de nos voisins européens non membre de l'UE.
Il s'agit là une fois encore d'une mise en oeuvre rigoureuse et sans surprise des schémas tels qu'ils avaient été définis à Feira.
3/ Structure du document issu de la conférence d'engagement des capacités.
Nous devons naturellement définir au plus vite la structure du document que nous transmettrons au CAG puis au Conseil. Là encore, une lecture attentive du document de Feira a guidé notre réflexion commune.
La première partie devra mettre en regard le catalogue et les " cases remplies ", en faisant peut-être une distinction entre ce qui pourra être fait dès 2001 et ce que nous pourrons faire en 2003, conformément à l'échéance fixée à Helsinki.
Une deuxième partie devra être consacrée aux besoins apparus. Les objectifs collectifs de capacités devront être mis en regard des besoins. Nous devrons être clairs sur le fait qu'il ne s'agit pas de capacités collectives, mais d'objectifs collectifs destinés à couvrir des capacités clés.
Ces besoins apparaîtront sans doute dans les trois domaines clés que nous avons déterminé à Helsinki : commandement, communication et contrôle, transport stratégique, renseignement. Ils pourront également apparaître dans d'autres domaines.
Il nous faudra donc produire une sorte de catalogue là aussi, un catalogue des initiatives, projets et engagements nationaux ou issus de programmes européens conjoints. Ils devront être assortis d'échéanciers.
Notre catalogue d'initiatives et d'engagements devra être nourri et, si possible, couvrir tous les besoins qui seront recensés. Il sera l'illustration du sérieux de notre travail. J'espère que nous pourrons tous y contribuer, dans la mesure bien entendu, de nos moyens et en prenant naturellement en compte la spécificité des situations vis à vis du traité d'Amsterdam.
Nous avons deux mois devant nous, c'est ce qui était prévu, mais c'est aussi très court et il nous appartient de maintenir le rythme.
La troisième partie du document d'engagement devra comporter, comme nous le demande Feira " un mécanisme d'évaluation permettant de mesurer les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs ". C'est un point important pour la crédibilité de notre démarche. Nous vous proposerons dans les tout prochains jours de travailler sur un système de mise à jour, d'évaluation, de contrôle et d'entraînement de nos futures capacités.
Voilà mes chers collègues ce que je vous propose, il s'agit de la mise en oeuvre sans surprise de notre mandat, tout notre mandat, mais seulement notre mandat.
Je tiens pour conclure à porter à votre connaissance que j'ai accepté l'invitation de M. Elmar Brok, Président de la commission des affaires étrangères, des droits de l'Homme de la sécurité commune et de la politique de défense du Parlement Européen à une réunion de la commission à Strasbourg le 24 octobre prochain. J'y informerai les parlementaires de l'avancement de nos travaux.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 25 septembre 2000)
Conférence de presse :
Q - Quelle sera la contribution française à la force de réaction rapide ?
R - Le volume et l'éventail de cette contribution seront assez proportionnels à la population et au PIB de chacun des pays de l'Union. Ce sera donc, pour la France, une contribution importante, comparable à celle de l'Allemagne ou de la Grande Bretagne. La contribution française sera d'une grande variété dans toute la gamme des capacités. Nous allons prendre position dans les prochains jours de manière à ce que, début octobre, nous ayons une indication des contributions des Quinze. Il y aura une marge de choix. La France doit garder une flexibilité pour pouvoir évoluer et en fonction des besoins identifiés, d'autres propositions seront faites.
Q - Sera-t-il possible de mettre en oeuvre la force de réaction rapide avant 2003 ?
(...)
Q - Que se passerait-il si les moyens, notamment en matière de transport stratégique et de renseignement, se révélaient insuffisants en 2003 ?
R - Il existe une règle absolue selon laquelle on ne s'engage pas dans une opération si on n'a pas la certitude de l'emporter. Cependant, je ne pense pas qu'il manquera en 2003 de capacités dans ces deux domaines. La volonté des Européens d'acquérir un potentiel propre est forte et s'est traduite par des décisions conjointes. En outre, en vertu des accords passés avec l'Otan, des capacités de l'Alliance peuvent être mises à la disposition de l'Union. On ne part pas de zéro en matière de coopération atlantique.
Q - Vous avez parlé d'une force de 80 000 hommes au lieu des 60 000. Ce nouvel objectif change-t-il le volume des réserves ?
R - Pour obtenir la permanence de la force définie à Helsinki, les experts évaluent le besoin à 80 000 hommes, qui représente le besoin nécessaire pour "jouer" l'ensemble des quatre scénarios des missions de Petersberg. Le besoin du "réservoir nécessaire" s'élèverait donc à un total de 220 à 230 000 hommes.
Q - Pourquoi pensez-vous que cela avance si vite dans le domaine de la Défense ?
R - Cela n'a pas marché pendant 50 ans, mais on a eu le temps de réfléchir ! Cela ne fait que quelques années que nous pouvons agir. Nous avons par ailleurs des impératifs politiques et éthiques auxquels les opinions publiques européennes nous demandent de répondre. De plus, dans la période actuelle de croissance, l'approbation des opinions publiques européennes et les objectifs politiques clairs qui ont été définis nous imposent l'obligation d'être efficaces.
Q - Avez-vous une idée du montant du budget nécessaire ; quelle serait la clé de répartition entre les pays ?
R - La question ne se pose pas tout à fait en ces termes. En effet, les Etats qui ont déjà pris les décisions pour améliorer les équipements de leurs forces s'engagent à en faire bénéficier l'Union européenne. Concernant la France, des décisions ont déjà été prises dans le cadre de la loi de programmation militaire, comme par exemple les capacités de frappes de précision à distance dont nous entendons faire profiter l'Union européenne. De même, nous allons passer commande de deux nouveaux transports de chalands de débarquement avant la fin de l'année, qui vont augmenter les capacités européennes de transport stratégique. Il sera ensuite nécessaire de mettre en cohérence progressivement les politiques budgétaires. On ne peut donc pas dire aujourd'hui quelles seront les dépenses supplémentaires.
Q - Par quel mécanisme l'autonomie décisionnelle de l'Europe par rapport à l'Otan sera-t-elle sauvegardée ?
R - Ce point s'est beaucoup précisé. Actuellement, il y a un accord qui prévoit que s'il y a un accord entre l'Otan et l'UE pour que l'UE agisse seule, l'Otan donnera ses capacités. Dans le cas de l'engagement au Kosovo, il n'y avait pas de choix : seule l'Otan pouvait agir. S'il y avait une autre crise, il y aurait maintenant le choix entre deux outils : ce choix serait alors exercé d'un commun accord. Il faut un accord.
Dans l'Otan comme dans l'UE, nous sommes capables de faire passer des décisions, même quand certains Etats émettent des nuances. Il n'y a pas de mécanisme d'unanimité rigide. L'abstention constructive fonctionne bien.
(...)
Q - Le Danemark participera-t-il à la conférence du mois de novembre ?
R - Comme on le sait, selon la clause 5 du Traité d'Amsterdam, le Danemark ne pourra pas contribuer à la force. Cela n'empêche pas les Danois d'être présents pleinement. L'histoire est longue
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2000)
Interview dans "Le Monde" :
Comment avez-vous travaillé à Quinze ?
L'Europe de la Défense est un défi. Nous l'avons relevé. Sans forfanterie mais avec ténacité. Notre travail collectif est vraiment productif, il nous permet de franchir les obstacles un à un. L'engagement politique des quinze gouvernements nous a fait dépasser la lenteur traditionnelle des évolutions de défense et a ouvert des pistes de coopération nouvelles. La présidence française a peut-être quelques mérites dans la fixation des méthodes, mais je dois dire que l'impulsion donnée par les deux conseils européens de 1999 -à Cologne et à Helsinki- est un grand atout. Les responsables militaires des quinze ont bien travaillé sur cette base. Nous avons un consensus sur les situations auxquelles les Européens veulent pouvoir faire face, qu'il s'agisse de crises en Europe ou de contribution à des opérations majeures de maintien de la paix. Cela fonde la définition de moyens militaires que nous allons réunir. Ce sera une rupture par rapport à la traditionnelle faiblesse collective des Européens. Le programme de travail des prochains mois découle de cette réalité politique; voilà pourquoi il se déroule, somme toute, facilement.
Tous les pays sont-ils d'accord quand il s'agit de fixer les objectifs de capacités stratégiques vis-à-vis de l'OTAN ?
Quel sera le rôle de l'Alliance ? Nous avons des principes, arrêtés par le conseil européen de Feira en juin dernier, qui définissent le cadre des relations entre l'UE et l'OTAN. Un climat de confiance se développe entre ces deux institutions. Nous soutenions, de longue date, qu'un renforcement des capacités propres des Européens moderniserait et équilibrerait l'Alliance. Ce raisonnement est aujourd'hui très largement partagé, notamment par les Etats-Unis. Le cheminement du projet européen est un facteur de dynamisme et d'ouverture de discussion dans l'Alliance.
L'interpellation existe : avons-nous entre Européens les moyens d'atteindre les capacités stratégiques nécessaires en matière de renseignement, de transport à longue distance, de systèmes de commandement ? Ce qui déclenche un flou sur cette question, c'est que l'on dit souvent que l'Alliance dispose de moyens stratégiques de niveau supérieur qu'il ne faudrait pas dupliquer. Mais il s'agit en réalité de moyens nationaux américains. Ce que nous avons lancé depuis deux ans consiste à nous doter d'un niveau de capacités propres, qui graduellement, conduira les Européens à être moins dépendants de contributions extérieures. Les quinze sont en accord sur cette démarche.
Cet objectif global de capacité suscitera un débat sur la cohérence budgétaire en Europe. Je crois sage que cette question budgétaire soit posée à travers la recherche de résultats concrets de capacités plutôt qu'à travers la définition de chiffres-cibles de dépenses militaires par nation, qui serait problématique
Pourtant, longtemps, l'Europe de la défense a donné l'impression d'aller cahin-caha.
Le cheminement de l'Europe de la défense, depuis deux ans et demi, montre qu'il y a des idées et des éléments de volonté politique à prendre chez tout le monde. Nous avons su analyser nos insuffisances et nos hésitations passées et en tirer les leçons. Nos diplomates ont appris à travailler étroitement ensemble, et nous savons définir des positions communes sur énormément de problèmes. Et nous avons la chance que tout cela se fasse à un moment où beaucoup d'Européens ont décidé de réorganiser leur système de défense, dans un contexte économique favorable et devant des opinions publiques qui acceptent et souvent soutiennent l'Europe de la Défense.
Personnellement, cette convergence de facteurs favorables inspire un sentiment de responsabilité particulière au militant européen que je suis. Avec ces cartes en mains, que n'avaient pas mes anciens, nous n'avons pas le droit d'hésiter ni de nous tromper.
Mais, en la matière, la France donne-t-elle le bon exemple ?
Nous sommes en train de transformer en profondeur notre outil de défense sur un schéma qui a été fixé en 1996 sur la base du Livre Blanc de 1994. Nous pouvons avoir la satisfaction d'être un des pays qui ont repensé leur système de défense le plus tôt. L'évaluation de la situation d'aujourd'hui montre que ce choix était judicieux et que nous devons le poursuivre dans la cohérence. L'un des enjeux de la prochaine loi de programmation, qui pourra être présentée dans les prochains mois, est d'assurer cette cohérence, en particulier par la continuité dans la modernisation de nos équipements .
Nous avons donc l'impératif de ne pas nous contredire et de poursuivre efficacement ce que nous avons entrepris. De ce point de vue, je peux constater que nos budgets annuels appliquent réellement la loi de programmation, ce qu'on n'avait pas vu depuis longtemps. Lorsqu'on recense les besoins européens d'avenir, on note que beaucoup trouvent des réponses dans les programmes que la France a engagés. L'exemple type est le missile de croisière franco-britannique, première réalisation des Européens dans ce domaine. Donc je crois que poursuivre nos grandes orientations dans la prochaine loi de programmation, c'est déjà servir l'Europe de la défense.
Il reste que nous devons aller plus loin dans l'utilisation en commun des capacités et dans la recherche de synergies. Dans l'idéal, il peut y avoir une véritable coordination des lois de programmation, voire un premier schéma de programmation européenne. En nous engageant en décembre prochain à combler conjointement les moyens encore insuffisant pour la Force de réaction rapide, nos quinze gouvernements vont faire le premier pas dans cette voie.
Dès lors, quelles pistes de réflexion pour une Europe de l'armement ?
Il y a trois pistes. D'abord, les alliances industrielles. Beaucoup de choses sont réalisées dans les secteurs aéronautiques et spatiales, électroniques et les systèmes. Ne sous-estimons pas le travail qui reste à faire dans les industries navales et l'armement terrestre. Il faut s'attendre à ce que les années 2001-2002 voient de premières constitutions d'ensembles européens dans les industries de défense "traditionnelles". Ensuite, il y a les armements commandés en commun : les hélicoptères Tigre et NH 90, l'avion de transport européen, les frégates Horizon, les missiles air-air, la complémentarité entre satellites Français et Allemands de nouvelle génération, tout cela a débouché positivement et cela change réellement le paysage.
La concertation sur nos programmations respectives doit développer encore, pour nos successeurs, les opportunités de lancement de nouveaux grands armements communs : il ne faut pas que nous ayons eu une flambée de décisions d'équipement cohérentes en 1999, 2000, 2001 et que cela retombe après. La troisième piste c'est l'OCCAR (Organisme conjoint de coopération en matière d'armement) et l'harmonisation des règles entre nous. Nous avons des outils harmonisés de contrôle des industries des défense et de pilotage des acquisitions communes qu'il faut poursuivre en trouvant un support commun à une politique de recherche. Il est frappant que l'Europe civile a des outils de recherche communs puissants, que nous construisons l'Europe de la défense, mais que nous coopérons encore peu au point de rencontre de ces deux ambitions. Développons donc d'urgence des projets de recherche conjoints en matière de défense.
L'eurocorps présage-t-il le corps de réaction rapide ?
Un petit progrès, vérifié sur le terrain, ne peut pas faire de mal pour entretenir une volonté politique commune. Et ce progrès a été fait : si l'Etat-Major de l'Eurocorps avait commis des erreurs au Kosovo depuis le mois d'avril, la presse en aurait parlé à la une. Après les dernières semaines -délicates- qu'il va passer là-bas, l'Eurocorps aura fait ses preuves. A l'instar du Groupe aérien européen et de la capacité navale commune, d'autres projets de groupements volontaires de nations européennes vont devoir se développer. Notre expérience du corps européen a donc, je crois, servi à ouvrir la voie
Source http://www.defense.gouv.fr, le 22 septembre 2000)
Mes chers collègues,
Mon cher Javier,
Laissez moi vous dire une fois encore mon plaisir de vous recevoir ici, pour cette rencontre qui est très importante, car nous avons décidé ensemble d'en faire un jalon sur la voie de l'échéance capitale pour nous tous de la conférence d'engagement de capacités du 20 novembre.
Le déjeuner a été l'occasion d'échanges très fructueux sur les aspects institutionnels. J'ai pris bonne note de vos remarques et de vos analyses sur les nombreuses questions que le Conseil de Feira a demandé à la présidence française de traiter. Ces positions seront intégrées dans le débat qui est lancé dans les instances compétentes sur la base de contributions de la présidence ou du secrétariat général. Nous avons deux mois pour aboutir à des textes sur des questions aussi importantes que les structures définitives (COPS, Comité militaire, Etat-major européen), ou la définition de relations permanentes avec l'OTAN ou avec les Européens non membres de l'UE.
L'état actuel des débats montre qu'il y a encore beaucoup de travail, mais que nous avons de bonnes chances d'aboutir.
Je vous remercie d'avoir accepté la suggestion que je vous faisais dans la lettre que je vous ai adressée le 11 septembre de consacrer nos débats de cet après-midi au point fort pour nous, Ministres de la défense du mandat de Feira, celui qui concerne nos capacités.
La présidence française a été invitée à adresser au Conseil de Nice un rapport sur, je cite : " l'élaboration de l'objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités arrêtés à Helsinki, y compris en ce qui concerne les résultats de la conférence d'offres d'engagement en matière de capacités, qui doit être organisée avant le Conseil de Nice "
fin de citation.
Il est inutile de vous rappeler, chers collègues, l'importance de l'enjeu pour nous. Il y va de la crédibilité de la démarche décidée par nos chefs d'Etat et de Gouvernement.
1/ Travaux de l'OMi sur le catalogue
Il nous appartient dans un premier temps de prendre acte des travaux qui ont été menés depuis le 4 juillet par l'organisation militaire intérimaire, et plus précisément dans le cadre des groupes d'experts HTF et HTF plus. La mission des experts est très délicate puisqu'il s'agit de traduire en termes concrets, techniques, militaires, les objectifs de capacités fixés au niveau politique à Helsinki. Pour la première fois, des représentants militaires de nos quinze nations effectuent ensemble un travail de planification militaire. Cela signifie qu'ils ont non seulement une mission d'un très haut niveau, mais qu'ils doivent dans le même temps établir et tester entre eux de nouvelles procédures de travail.
Ce travail se déroule dans de très bonnes conditions et je veux en féliciter ici l'Organe Militaire Intérimaire et ses quinze membres.
L'envoi aux Etats membres le 28 juillet 2000 d'une première version du catalogue a témoigné de notre volonté et de notre capacité communes à entrer dans la phase concrète des travaux. Les échanges avec l'OTAN ont été fructueux et se sont déroulés conformément aux principes que nous avions adoptés. Ce sont bel et bien les Européens qui ont fait le travail avec l'aide, là ou cela était utile, d'experts de l'Alliance dont l'apport a été d'une grande qualité. Je suis heureux de relever que les relations entre l'UE et l'OTAN sont entrées dans une nouvelle phase comme l'a montré la très bonne réunion conjointe UE/OTAN au niveau des ambassadeurs cette semaine.
La réunion hier de l'OMi au niveau des chefs d'Etat-major a donc permis de prendre acte de l'état d'avancement des travaux.
Il reste encore à accomplir un travail de définition plus précise de certaines capacités, notamment de capacités stratégiques. Les chefs d'Etat-major ont donné hier instruction à leurs représentants de poursuivre ce travail pour se mettre en mesure de transmettre au prochain Conseil affaires générales qui se tient les 9 et 10 octobre une version de référence. Nous pouvons bien entendu d'ici là commencer les travaux sur la définition des contributions des Etats membres.
2/ Conférences d'engagement de capacités.
Je voudrais également vérifier votre approbation sur l'organisation de la conférence d'engagement de capacités elle-même, conformément au schéma qui a déjà fait l'objet d'une décision du COPSI.
Ainsi, le lundi 20 novembre, je vous propose de tenir à Bruxelles, dans la matinée une nouvelle réunion informelle au cours de laquelle chaque Etat membre indiquera par votre voix ses contributions permettant à l'UE d'atteindre l'objectif global et les objectifs collectifs de capacités.
Dans l'après-midi du même jour et au même endroit, nous tiendrons avec nos collègues des affaires étrangères une séance élargie au CAG qui se prononcera sur le résultat des travaux en vue du Conseil européen de Nice.
Le lendemain, toujours au même endroit, nous pourrons tenir une réunion des ministres de la défense dans un format UE plus quinze puis UE plus six pour prendre note des engagements additionnels de nos voisins européens non membre de l'UE.
Il s'agit là une fois encore d'une mise en oeuvre rigoureuse et sans surprise des schémas tels qu'ils avaient été définis à Feira.
3/ Structure du document issu de la conférence d'engagement des capacités.
Nous devons naturellement définir au plus vite la structure du document que nous transmettrons au CAG puis au Conseil. Là encore, une lecture attentive du document de Feira a guidé notre réflexion commune.
La première partie devra mettre en regard le catalogue et les " cases remplies ", en faisant peut-être une distinction entre ce qui pourra être fait dès 2001 et ce que nous pourrons faire en 2003, conformément à l'échéance fixée à Helsinki.
Une deuxième partie devra être consacrée aux besoins apparus. Les objectifs collectifs de capacités devront être mis en regard des besoins. Nous devrons être clairs sur le fait qu'il ne s'agit pas de capacités collectives, mais d'objectifs collectifs destinés à couvrir des capacités clés.
Ces besoins apparaîtront sans doute dans les trois domaines clés que nous avons déterminé à Helsinki : commandement, communication et contrôle, transport stratégique, renseignement. Ils pourront également apparaître dans d'autres domaines.
Il nous faudra donc produire une sorte de catalogue là aussi, un catalogue des initiatives, projets et engagements nationaux ou issus de programmes européens conjoints. Ils devront être assortis d'échéanciers.
Notre catalogue d'initiatives et d'engagements devra être nourri et, si possible, couvrir tous les besoins qui seront recensés. Il sera l'illustration du sérieux de notre travail. J'espère que nous pourrons tous y contribuer, dans la mesure bien entendu, de nos moyens et en prenant naturellement en compte la spécificité des situations vis à vis du traité d'Amsterdam.
Nous avons deux mois devant nous, c'est ce qui était prévu, mais c'est aussi très court et il nous appartient de maintenir le rythme.
La troisième partie du document d'engagement devra comporter, comme nous le demande Feira " un mécanisme d'évaluation permettant de mesurer les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs ". C'est un point important pour la crédibilité de notre démarche. Nous vous proposerons dans les tout prochains jours de travailler sur un système de mise à jour, d'évaluation, de contrôle et d'entraînement de nos futures capacités.
Voilà mes chers collègues ce que je vous propose, il s'agit de la mise en oeuvre sans surprise de notre mandat, tout notre mandat, mais seulement notre mandat.
Je tiens pour conclure à porter à votre connaissance que j'ai accepté l'invitation de M. Elmar Brok, Président de la commission des affaires étrangères, des droits de l'Homme de la sécurité commune et de la politique de défense du Parlement Européen à une réunion de la commission à Strasbourg le 24 octobre prochain. J'y informerai les parlementaires de l'avancement de nos travaux.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 25 septembre 2000)
Conférence de presse :
Q - Quelle sera la contribution française à la force de réaction rapide ?
R - Le volume et l'éventail de cette contribution seront assez proportionnels à la population et au PIB de chacun des pays de l'Union. Ce sera donc, pour la France, une contribution importante, comparable à celle de l'Allemagne ou de la Grande Bretagne. La contribution française sera d'une grande variété dans toute la gamme des capacités. Nous allons prendre position dans les prochains jours de manière à ce que, début octobre, nous ayons une indication des contributions des Quinze. Il y aura une marge de choix. La France doit garder une flexibilité pour pouvoir évoluer et en fonction des besoins identifiés, d'autres propositions seront faites.
Q - Sera-t-il possible de mettre en oeuvre la force de réaction rapide avant 2003 ?
(...)
Q - Que se passerait-il si les moyens, notamment en matière de transport stratégique et de renseignement, se révélaient insuffisants en 2003 ?
R - Il existe une règle absolue selon laquelle on ne s'engage pas dans une opération si on n'a pas la certitude de l'emporter. Cependant, je ne pense pas qu'il manquera en 2003 de capacités dans ces deux domaines. La volonté des Européens d'acquérir un potentiel propre est forte et s'est traduite par des décisions conjointes. En outre, en vertu des accords passés avec l'Otan, des capacités de l'Alliance peuvent être mises à la disposition de l'Union. On ne part pas de zéro en matière de coopération atlantique.
Q - Vous avez parlé d'une force de 80 000 hommes au lieu des 60 000. Ce nouvel objectif change-t-il le volume des réserves ?
R - Pour obtenir la permanence de la force définie à Helsinki, les experts évaluent le besoin à 80 000 hommes, qui représente le besoin nécessaire pour "jouer" l'ensemble des quatre scénarios des missions de Petersberg. Le besoin du "réservoir nécessaire" s'élèverait donc à un total de 220 à 230 000 hommes.
Q - Pourquoi pensez-vous que cela avance si vite dans le domaine de la Défense ?
R - Cela n'a pas marché pendant 50 ans, mais on a eu le temps de réfléchir ! Cela ne fait que quelques années que nous pouvons agir. Nous avons par ailleurs des impératifs politiques et éthiques auxquels les opinions publiques européennes nous demandent de répondre. De plus, dans la période actuelle de croissance, l'approbation des opinions publiques européennes et les objectifs politiques clairs qui ont été définis nous imposent l'obligation d'être efficaces.
Q - Avez-vous une idée du montant du budget nécessaire ; quelle serait la clé de répartition entre les pays ?
R - La question ne se pose pas tout à fait en ces termes. En effet, les Etats qui ont déjà pris les décisions pour améliorer les équipements de leurs forces s'engagent à en faire bénéficier l'Union européenne. Concernant la France, des décisions ont déjà été prises dans le cadre de la loi de programmation militaire, comme par exemple les capacités de frappes de précision à distance dont nous entendons faire profiter l'Union européenne. De même, nous allons passer commande de deux nouveaux transports de chalands de débarquement avant la fin de l'année, qui vont augmenter les capacités européennes de transport stratégique. Il sera ensuite nécessaire de mettre en cohérence progressivement les politiques budgétaires. On ne peut donc pas dire aujourd'hui quelles seront les dépenses supplémentaires.
Q - Par quel mécanisme l'autonomie décisionnelle de l'Europe par rapport à l'Otan sera-t-elle sauvegardée ?
R - Ce point s'est beaucoup précisé. Actuellement, il y a un accord qui prévoit que s'il y a un accord entre l'Otan et l'UE pour que l'UE agisse seule, l'Otan donnera ses capacités. Dans le cas de l'engagement au Kosovo, il n'y avait pas de choix : seule l'Otan pouvait agir. S'il y avait une autre crise, il y aurait maintenant le choix entre deux outils : ce choix serait alors exercé d'un commun accord. Il faut un accord.
Dans l'Otan comme dans l'UE, nous sommes capables de faire passer des décisions, même quand certains Etats émettent des nuances. Il n'y a pas de mécanisme d'unanimité rigide. L'abstention constructive fonctionne bien.
(...)
Q - Le Danemark participera-t-il à la conférence du mois de novembre ?
R - Comme on le sait, selon la clause 5 du Traité d'Amsterdam, le Danemark ne pourra pas contribuer à la force. Cela n'empêche pas les Danois d'être présents pleinement. L'histoire est longue
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2000)
Interview dans "Le Monde" :
Comment avez-vous travaillé à Quinze ?
L'Europe de la Défense est un défi. Nous l'avons relevé. Sans forfanterie mais avec ténacité. Notre travail collectif est vraiment productif, il nous permet de franchir les obstacles un à un. L'engagement politique des quinze gouvernements nous a fait dépasser la lenteur traditionnelle des évolutions de défense et a ouvert des pistes de coopération nouvelles. La présidence française a peut-être quelques mérites dans la fixation des méthodes, mais je dois dire que l'impulsion donnée par les deux conseils européens de 1999 -à Cologne et à Helsinki- est un grand atout. Les responsables militaires des quinze ont bien travaillé sur cette base. Nous avons un consensus sur les situations auxquelles les Européens veulent pouvoir faire face, qu'il s'agisse de crises en Europe ou de contribution à des opérations majeures de maintien de la paix. Cela fonde la définition de moyens militaires que nous allons réunir. Ce sera une rupture par rapport à la traditionnelle faiblesse collective des Européens. Le programme de travail des prochains mois découle de cette réalité politique; voilà pourquoi il se déroule, somme toute, facilement.
Tous les pays sont-ils d'accord quand il s'agit de fixer les objectifs de capacités stratégiques vis-à-vis de l'OTAN ?
Quel sera le rôle de l'Alliance ? Nous avons des principes, arrêtés par le conseil européen de Feira en juin dernier, qui définissent le cadre des relations entre l'UE et l'OTAN. Un climat de confiance se développe entre ces deux institutions. Nous soutenions, de longue date, qu'un renforcement des capacités propres des Européens moderniserait et équilibrerait l'Alliance. Ce raisonnement est aujourd'hui très largement partagé, notamment par les Etats-Unis. Le cheminement du projet européen est un facteur de dynamisme et d'ouverture de discussion dans l'Alliance.
L'interpellation existe : avons-nous entre Européens les moyens d'atteindre les capacités stratégiques nécessaires en matière de renseignement, de transport à longue distance, de systèmes de commandement ? Ce qui déclenche un flou sur cette question, c'est que l'on dit souvent que l'Alliance dispose de moyens stratégiques de niveau supérieur qu'il ne faudrait pas dupliquer. Mais il s'agit en réalité de moyens nationaux américains. Ce que nous avons lancé depuis deux ans consiste à nous doter d'un niveau de capacités propres, qui graduellement, conduira les Européens à être moins dépendants de contributions extérieures. Les quinze sont en accord sur cette démarche.
Cet objectif global de capacité suscitera un débat sur la cohérence budgétaire en Europe. Je crois sage que cette question budgétaire soit posée à travers la recherche de résultats concrets de capacités plutôt qu'à travers la définition de chiffres-cibles de dépenses militaires par nation, qui serait problématique
Pourtant, longtemps, l'Europe de la défense a donné l'impression d'aller cahin-caha.
Le cheminement de l'Europe de la défense, depuis deux ans et demi, montre qu'il y a des idées et des éléments de volonté politique à prendre chez tout le monde. Nous avons su analyser nos insuffisances et nos hésitations passées et en tirer les leçons. Nos diplomates ont appris à travailler étroitement ensemble, et nous savons définir des positions communes sur énormément de problèmes. Et nous avons la chance que tout cela se fasse à un moment où beaucoup d'Européens ont décidé de réorganiser leur système de défense, dans un contexte économique favorable et devant des opinions publiques qui acceptent et souvent soutiennent l'Europe de la Défense.
Personnellement, cette convergence de facteurs favorables inspire un sentiment de responsabilité particulière au militant européen que je suis. Avec ces cartes en mains, que n'avaient pas mes anciens, nous n'avons pas le droit d'hésiter ni de nous tromper.
Mais, en la matière, la France donne-t-elle le bon exemple ?
Nous sommes en train de transformer en profondeur notre outil de défense sur un schéma qui a été fixé en 1996 sur la base du Livre Blanc de 1994. Nous pouvons avoir la satisfaction d'être un des pays qui ont repensé leur système de défense le plus tôt. L'évaluation de la situation d'aujourd'hui montre que ce choix était judicieux et que nous devons le poursuivre dans la cohérence. L'un des enjeux de la prochaine loi de programmation, qui pourra être présentée dans les prochains mois, est d'assurer cette cohérence, en particulier par la continuité dans la modernisation de nos équipements .
Nous avons donc l'impératif de ne pas nous contredire et de poursuivre efficacement ce que nous avons entrepris. De ce point de vue, je peux constater que nos budgets annuels appliquent réellement la loi de programmation, ce qu'on n'avait pas vu depuis longtemps. Lorsqu'on recense les besoins européens d'avenir, on note que beaucoup trouvent des réponses dans les programmes que la France a engagés. L'exemple type est le missile de croisière franco-britannique, première réalisation des Européens dans ce domaine. Donc je crois que poursuivre nos grandes orientations dans la prochaine loi de programmation, c'est déjà servir l'Europe de la défense.
Il reste que nous devons aller plus loin dans l'utilisation en commun des capacités et dans la recherche de synergies. Dans l'idéal, il peut y avoir une véritable coordination des lois de programmation, voire un premier schéma de programmation européenne. En nous engageant en décembre prochain à combler conjointement les moyens encore insuffisant pour la Force de réaction rapide, nos quinze gouvernements vont faire le premier pas dans cette voie.
Dès lors, quelles pistes de réflexion pour une Europe de l'armement ?
Il y a trois pistes. D'abord, les alliances industrielles. Beaucoup de choses sont réalisées dans les secteurs aéronautiques et spatiales, électroniques et les systèmes. Ne sous-estimons pas le travail qui reste à faire dans les industries navales et l'armement terrestre. Il faut s'attendre à ce que les années 2001-2002 voient de premières constitutions d'ensembles européens dans les industries de défense "traditionnelles". Ensuite, il y a les armements commandés en commun : les hélicoptères Tigre et NH 90, l'avion de transport européen, les frégates Horizon, les missiles air-air, la complémentarité entre satellites Français et Allemands de nouvelle génération, tout cela a débouché positivement et cela change réellement le paysage.
La concertation sur nos programmations respectives doit développer encore, pour nos successeurs, les opportunités de lancement de nouveaux grands armements communs : il ne faut pas que nous ayons eu une flambée de décisions d'équipement cohérentes en 1999, 2000, 2001 et que cela retombe après. La troisième piste c'est l'OCCAR (Organisme conjoint de coopération en matière d'armement) et l'harmonisation des règles entre nous. Nous avons des outils harmonisés de contrôle des industries des défense et de pilotage des acquisitions communes qu'il faut poursuivre en trouvant un support commun à une politique de recherche. Il est frappant que l'Europe civile a des outils de recherche communs puissants, que nous construisons l'Europe de la défense, mais que nous coopérons encore peu au point de rencontre de ces deux ambitions. Développons donc d'urgence des projets de recherche conjoints en matière de défense.
L'eurocorps présage-t-il le corps de réaction rapide ?
Un petit progrès, vérifié sur le terrain, ne peut pas faire de mal pour entretenir une volonté politique commune. Et ce progrès a été fait : si l'Etat-Major de l'Eurocorps avait commis des erreurs au Kosovo depuis le mois d'avril, la presse en aurait parlé à la une. Après les dernières semaines -délicates- qu'il va passer là-bas, l'Eurocorps aura fait ses preuves. A l'instar du Groupe aérien européen et de la capacité navale commune, d'autres projets de groupements volontaires de nations européennes vont devoir se développer. Notre expérience du corps européen a donc, je crois, servi à ouvrir la voie
Source http://www.defense.gouv.fr, le 22 septembre 2000)