Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la coopération militaire franco-britannique, Portsmouth le 9 juin 2004.

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Circonstance : Visite à bord du porte-avions Charles de Gaulle, Portsmouth le 9 juin 2004

Texte intégral

Monsieur le ministre, cher Geoff
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les députés,
Monsieur le maire,
Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les officiers généraux,
Messieurs les attachés de défense,
Commandant,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un réel plaisir de vous accueillir toutes et tous à bord du porte-avions Charles de Gaulle.
Il y a longtemps, on a pu lire dans le célèbre journal satirique Punch, sous la plume de Douglas Jerrold, un ancien marin devenu écrivain : " Ce qu'il y a de mieux entre l'Angleterre et la France, à mon avis, c'est la mer. "
La remarque était railleuse hier.
Elle est plutôt juste aujourd'hui si l'on considère l'endroit choisi pour célébrer le centenaire de l'Entente Cordiale...
La Grande-Bretagne et la France se mettent ce soir à l'unisson pour commémorer leur amitié.
Depuis la signature de ce traité en avril 1904, nos deux nations ont tissé entre elles des liens solides qui leur permettent aujourd'hui de faire face aux défis de l'avenir.
Hier, l'Entente Cordiale ouvrait la voie à une coopération durable et fructueuse entre la France et la Grande-Bretagne.
Cet accord concrétisait alors le passage à une période de rapprochements et d'alliances.
Parce que nos deux pays sont riches d'une histoire commune millénaire, ce qui nous unit a rapidement pris le pas sur ce qui nous divise.
Certes, nos deux pays n'ont pas toujours vu les choses de la même façon.
Les divergences rendent les conversations plus intéressantes !
Surtout, la France et la Grande-Bretagne sont deux grandes puissances militaires, qui partagent une vision du monde similaire.
Nous faisons une lecture commune des risques et des menaces.
Nous sommes soumis aux mêmes devoirs et aux mêmes responsabilités.
Nous partageons une tradition d'engagement partout dans le monde, au service de la paix.
Ce sont ces points communs qui nous permettent d'aborder l'avenir ensemble.
Aujourd'hui, le véritable partenariat stratégique entre la France et la Grande-Bretagne nous permet de relever ensemble les défis à venir.
Les exemples de notre coopération militaire, toutes armées confondues, sont nombreux, notamment dans le cadre actuel de la lutte anti-terroriste.
Ensemble nous sommes engagés contre le terrorisme, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, au sein de la Task Force 150 en Océan Indien.
Son commandement vient de passer d'un Commodore britannique à un contre-amiral français.
La frégate britannique HMS Gloucester y a d'ailleurs escorté le Charles de Gaulle.
Nous cherchons à aller de l'avant.
Le choix de la propulsion classique pour le second porte-avions, annoncé en février par le Président de la République, nous permettra une collaboration plus large.
L'enjeu de coopération majeur qui s'offre à nous, c'est évidemment celui de l'Europe de la défense.
Dans ce grand projet, la Grande-Bretagne et la France inscrivent un avenir partagé.
Complémentaire de l'Alliance atlantique, à laquelle nos deux nations vouent une fidélité inébranlable, la défense européenne donne à l'Union la dimension qui lui faisait défaut.
De toute évidence, la sécurité des Européens exige une étroite coopération entre Paris et Londres.
Nous avons accompli d'énormes progrès au cours de ce centenaire d'Entente cordiale.
A nous de renforcer notre coopération pour les cent prochaines années.
Célébrer l'Entente cordiale, ce n'est pas seulement se féliciter des réconciliations d'hier.
C'est aussi saisir les opportunités de coopération d'aujourd'hui et regarder ensemble vers l'avenir.
Pour faire face à un environnement stratégique en constante évolution, nous devons faire face ensemble.
Notre amitié nous a permis au fil des siècles d'éviter le pire.
Qu'elle nous serve désormais de base pour construire le meilleur !
(source http://www.defense.gouv.fr, le 11 juin 2004)