Discours de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur la situation au Proche Orient et l'initiative de Genève, Sénat le 27 mai 2004.

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Circonstance : Réception de Messieurs Abed Rabbo et Beilin auteurs de l'inititative de Genève pour la Paix au Proche-Orient par des parlementaires représentant tous les partis politiques au Sénat le 26 mai 2004

Texte intégral

Mesdames, Messieurs, vous exprimez par votre présence ce que nous éprouvons tous à cette tribune c'est-à-dire la conscience que nous sommes à côté de deux hommes qui ont pris une initiative qui n'était pas simplement courageuse, qui n'était pas simplement audacieuse mais qui était indispensable pour rétablir la confiance dans la paix.
Messieurs Beylin et Rabbo, vous venez ici en France dans un moment particulièrement grave puisque la situation paraît bloquée au Proche-Orient : négociations enlisées, impasse sur le plan de retrait israélien à Gaza, poursuite de la construction d'une barrière de sécurité.
Vous venez à un moment où la violence est aujourd'hui à un point qui a été rarement atteint dans le passé avec des populations civiles qui en sont les principales victimes
Face à ce drame humain qui se renouvelle chaque jour et qui entache un peu plus la conscience universelle, nous, parlementaires socialistes, considérons qu'il y a maintenant urgence parce que les seuls vainqueurs dans cette situation sont les ennemis de la paix parce que les seules victimes -comme toujours- sont les populations civiles.
Alors, nous devons, les uns et les autres, prendre nos responsabilités. Vous, vous les avez prises. Nous, français, nous, européens, nous devons dire clairement ce que nous pensons et ce que nous voulons. D'abord manifester notre refus de l'annexion comme politique et de la violence comme instrument. Redire notre rejet absolu des attentats suicides quels qu'en soient les auteurs et les justifications proclamées, comme les assassinats ciblés quelles qu'en soient les cibles.
Nous devons rappeler les principes même s'ils paraissent aujourd'hui connus de tous : oui Israël a le droit à la sécurité, oui Israël a le droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sures et reconnues. Oui, les palestiniens ont droit à un état indépendant, viable, démocratique et pacifique et c'est sur ces bases-là qu'il faut construire, reconstruire un processus de paix.
Oui, nous français, nous européens, nous devons réaffirmer la primauté du droit sur la force, appeler à une reprise du dialogue, reprendre le processus de paix là où il a été abandonné..
Il faut rappeler inlassablement, et votre présence ici en est encore l'occasion, ces vérités premières : elles sont simples et incontournables parce c'est autour d'elles et d'elles seules que la paix pourra s'installer durablement.
Je veux aussi vous dire que dans ce drame, dans ces tragédies, il y a des lueurs d'espoir. La première, c'est de voir le réveil et notamment en Israël des démocrates, des hommes et des femmes de paix qui se battent pour que le dialogue et la paix soient les seules valeurs partagées. En Israël, il y a eu une manifestation ces jours derniers avec des dizaines de milliers de participants et je pense que cette manifestation a été un précieux réconfort pour votre initiative.
Il y a aussi au sein même du gouvernement israélien des débats et des interventions qui se manifestent pour récuser la logique de la violence. Il y a au Conseil de sécurité, pour la première fois depuis longtemps, les Américains qui manifestent l'intension d'arrêter Ariel Sharon. On veut croire dans cette volonté de séparer unilatéralement ces deux peuples.
Il y a sur le plan international quelques initiatives, je pense à ce qui s'est produit à Tunis récemment. Il y a aussi le Quartet qui semble retrouver -il l'avait perdu- la feuille de route. Et puis il y a votre initiative, l'espoir que vous avez su lever partout et qui donne avec ce document à nous, parlementaires, au-delà de nos sensibilités une manière d'agir au plus juste.
Oui nous considérons que vous avez prouvé que des solutions concrètes existaient pour résoudre les problèmes les plus difficiles, c'est-à-dire le statut de Jérusalem ou la question des réfugiés. Tout ce qui paraissait impossible, vous avez montré que, par le dialogue et par la recherche de l'exactitude de ce que doit être une position de paix et d'équilibre, il était possible de les traiter.
Vous avez dessiné le contour d'un Proche-Orient pacifié dans lequel Israël et Palestine, voisins et partenaires, pourraient jouer un rôle positif dans l'amélioration du sort de leurs populations mais aussi de la paix dans le monde car nous considérons que ce qui se passe au Proche-Orient n'est pas simplement un problème régional c'est aussi un problème plantaire.
Alors nous sommes là pour vous assurer de nouveau notre soutien, nous sommes là pour rappeler l'exigence du droit, nous sommes là aussi pour dire que nous-même avons aussi des initiatives à prendre. Les Européens notamment doivent contribuer par leurs moyens propres à des solutions de paix, à plaider pour la présence d'une force d'interposition, le moment venu, qui doit apporter son soutien aux populations civiles et qui doit aussi condamner tout ce qui est recours à la violence.
Nous avons aussi, au-delà de nos paroles, de nos incantations, à prendre en France des initiatives et notamment au Conseil de sécurité. Et puis nous avons, comme parlementaires, à donner la force qui s'attache au suffrage universel, au mandat que nous avons reçu et que nous vous apportons.
Oui, ce que nous représentons ici va dans le sens de votre initiative et je me félicite de ce que la totalité des parlementaires socialistes se soit reconnue dans cette démarche, dans votre démarche.
Vous nous avez montré le chemin, nous voulons vous accompagner le plus loin que possible parce que votre chemin, c'est la voie vers la paix.

(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 1er juin 2004)