Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur A. Juppé,
Chacun a pu voir et en effet, ressentir, le 6 juin dernier, les cicatrices de notre Histoire européenne. Chacun a vu la douloureuse litanie des plages de la mort où de jeunes alliés, portés par un même idéal, se sont élancés par milliers sous la mitraille, sont tombés, ont payé le prix du sang pour libérer l'Europe, son continent. Chacun a vu aussi, le 6 juin dernier, les dernières cicatrices de l'histoire européenne se refermer. Chacun a vu, comme vous le disiez à l'instant, l'accolade ému du Président J. Chirac et du chancelier G. Schröder sceller, avec une force renouvelée, la réconciliation des ennemis d'hier, et en effet, ces images nous rappellent celle du Général de Gaulle et du chancelier Adenauer, celle du président Mitterrand et du chancelier Kohl, la main dans la main, celle du président Giscard d'Estaing et du chancelier Schmidt. Cette histoire renouvelée efface ces années de guerre, ces années d'horreurs. Chacun a vu enfin de nombreux chefs d'Etat mesurer et célébrer ensemble l'oeuvre immense accomplie depuis le Débarquement : une Europe unifiée, une Europe rassemblée, une Europe réconciliée. Mais notre mémoire doit rester vive.
Oradour, Le Vel d'Hiv, ce n'était pas seulement la guerre, c'était aussi la haine, c'était aussi le racisme, c'était aussi l'antisémitisme et la barbarie. Nous n'oublions ni le Vel d'Hiv, ni Oradour et ces moments d'horreur de l'histoire de la France, de l'histoire de l'Europe. Et l'antisémitisme est, en France comme en Europe, toujours présent, exigeant la plus grande des vigilances de chacun des citoyens européens.
L'Europe doit ainsi affirmer ses valeurs : celles de la tolérance, celles des droits de l'homme, et c'est sans doute notre première mission, de défendre les valeurs de l'Europe, ce socle qui fait aujourd'hui notre Union, ce socle qui scelle l'avenir de l'Europe, ce socle qui doit être inspirée par les valeurs de la France. C'est ce que nous faisons notamment avec ces valeurs qui résonnent dans la République française, et que nous avons fait exister dans notre démarche européenne institutionnelle, comme la laïcité.
Je vous en prie. Quand on n'est pas capable, sur des sujets de cette nature, de se rassembler, on ne donne pas une image de la représentation nationale qui doit être à l'image de l'émotion des Français, du devoir de mémoire, mais aussi, en ce qui vous concerne, du devoir d'avenir.
La réponse, monsieur le Premier ministre, tient en trois mots : d'abord, renforcer le lien transatlantique, en veillant, en ce qui nous concerne, au milieu de ce partenariat entre alliés, que la règle soit la règle du respect mutuel et que le lieu de la loi soit l'ONU, qui est le lieu de la source du droit ; renforcer la construction européenne, en réussissant à la fois la nouvelle géographie, par l'élargissement, en accueillant les dix pays avec enthousiasme, mais aussi en réussissant l'histoire, en adoptant, je l'espère, prochainement, le Traité constitutionnel. L'Europe a besoin du soutien de la France. L'Europe a besoin aussi du vote des Français. Je vous le dis avec émotion, mesdames et messieurs les députés, quand j'entends ces bruissements, je comprends que quand les Français sont émus, ils pensent à une Europe de vérité, mais quand ils sentent les polémiques, ils pensent, là, une distance vis-à-vis de l'Europe à laquelle ils aspirent. Chacun doit maîtriser et ses propos et sa responsabilité. En ce qui me concerne, je place l'Europe à un niveau qui mérite l'union nationale.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 juin 2004)
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur A. Juppé,
Chacun a pu voir et en effet, ressentir, le 6 juin dernier, les cicatrices de notre Histoire européenne. Chacun a vu la douloureuse litanie des plages de la mort où de jeunes alliés, portés par un même idéal, se sont élancés par milliers sous la mitraille, sont tombés, ont payé le prix du sang pour libérer l'Europe, son continent. Chacun a vu aussi, le 6 juin dernier, les dernières cicatrices de l'histoire européenne se refermer. Chacun a vu, comme vous le disiez à l'instant, l'accolade ému du Président J. Chirac et du chancelier G. Schröder sceller, avec une force renouvelée, la réconciliation des ennemis d'hier, et en effet, ces images nous rappellent celle du Général de Gaulle et du chancelier Adenauer, celle du président Mitterrand et du chancelier Kohl, la main dans la main, celle du président Giscard d'Estaing et du chancelier Schmidt. Cette histoire renouvelée efface ces années de guerre, ces années d'horreurs. Chacun a vu enfin de nombreux chefs d'Etat mesurer et célébrer ensemble l'oeuvre immense accomplie depuis le Débarquement : une Europe unifiée, une Europe rassemblée, une Europe réconciliée. Mais notre mémoire doit rester vive.
Oradour, Le Vel d'Hiv, ce n'était pas seulement la guerre, c'était aussi la haine, c'était aussi le racisme, c'était aussi l'antisémitisme et la barbarie. Nous n'oublions ni le Vel d'Hiv, ni Oradour et ces moments d'horreur de l'histoire de la France, de l'histoire de l'Europe. Et l'antisémitisme est, en France comme en Europe, toujours présent, exigeant la plus grande des vigilances de chacun des citoyens européens.
L'Europe doit ainsi affirmer ses valeurs : celles de la tolérance, celles des droits de l'homme, et c'est sans doute notre première mission, de défendre les valeurs de l'Europe, ce socle qui fait aujourd'hui notre Union, ce socle qui scelle l'avenir de l'Europe, ce socle qui doit être inspirée par les valeurs de la France. C'est ce que nous faisons notamment avec ces valeurs qui résonnent dans la République française, et que nous avons fait exister dans notre démarche européenne institutionnelle, comme la laïcité.
Je vous en prie. Quand on n'est pas capable, sur des sujets de cette nature, de se rassembler, on ne donne pas une image de la représentation nationale qui doit être à l'image de l'émotion des Français, du devoir de mémoire, mais aussi, en ce qui vous concerne, du devoir d'avenir.
La réponse, monsieur le Premier ministre, tient en trois mots : d'abord, renforcer le lien transatlantique, en veillant, en ce qui nous concerne, au milieu de ce partenariat entre alliés, que la règle soit la règle du respect mutuel et que le lieu de la loi soit l'ONU, qui est le lieu de la source du droit ; renforcer la construction européenne, en réussissant à la fois la nouvelle géographie, par l'élargissement, en accueillant les dix pays avec enthousiasme, mais aussi en réussissant l'histoire, en adoptant, je l'espère, prochainement, le Traité constitutionnel. L'Europe a besoin du soutien de la France. L'Europe a besoin aussi du vote des Français. Je vous le dis avec émotion, mesdames et messieurs les députés, quand j'entends ces bruissements, je comprends que quand les Français sont émus, ils pensent à une Europe de vérité, mais quand ils sentent les polémiques, ils pensent, là, une distance vis-à-vis de l'Europe à laquelle ils aspirent. Chacun doit maîtriser et ses propos et sa responsabilité. En ce qui me concerne, je place l'Europe à un niveau qui mérite l'union nationale.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 juin 2004)