Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la jonction des deux grandes unités militaires de la France Libre (Normandie et Provence) en septembre 1944, à Nod-sur-Seine le 12 septembre 2004.

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Circonstance : Commémoration du 60ème anniversaire de la Libération, à Nod-sur-Seine (Côte d'Or) le 12 septembre 2004

Texte intégral

Madame le Maire,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers généraux,
Monsieur le préfet,
Messieurs les présidents d'associations,
Mesdames et Messieurs,
Il y a soixante ans jour pour jour, en ces lieux, deux officiers français échangent une poignée de main vigoureuse.
Ils ne se sont jamais rencontrés : l'un a débarqué en Provence, l'autre sur une plage de Normandie.
L'un appartient au 1er régiment de Fusiliers Marins de la Première Division Française Libre, l'autre au 12ème régiment de Cuirassiers de la Deuxième Division Blindée.
Nous sommes le 12 septembre 1944.
C'est la victoire qui s'annonce.
Cette jonction, ce n'est pas seulement la rencontre de deux régiments avancés.
C'est la réunion de deux grandes unités légendaires de la France Libre.
Celle du Général de Lattre de Tassigny, qui prendra le nom de Première Armée française, s'est illustrée dans le désert libyen et la campagne d'Italie avant de débarquer en Provence.
Celle du Général Leclerc, la prestigieuse 2ème division blindée, après avoir débarqué en Normandie, est venue libérer Paris du joug de l'occupant.
Ces deux officiers d'exception ont déployé toute leur audace, leur volonté et leur conviction pour effacer l'humiliation de la défaite et reconstituer l'armée française.
Prenant l'ennemi en tenaille, avec le concours de nos Alliés, avec le soutien sans faille de la Résistance intérieure, leurs hommes ont défendu, parfois jusqu'au dernier souffle, l'honneur de leur drapeau.
Avec la jonction de ces deux forces, le village de Nod-sur-Seine est entré à tout jamais dans l'histoire de la Libération de la France.
Les témoignages pourront quelque peu varier sur le lieu, l'heure ou les circonstances exactes de l'événement.
On nous pardonnera de n'attacher qu'une faible importance à ces divergences.
L'essentiel, désormais, est bien de saluer le souvenir de tous ces hommes, venus du Nord comme du Sud rendre aux Français leur liberté, ces combattants dont le courage ne connaissait aucune limite.
L'essentiel, aujourd'hui, est bien de raviver la mémoire de cet instant où l'on a pu croire à nouveau, emplis d'espoir, à la dignité retrouvée de la Nation, à son peuple rassemblé.
A mesure que se succèdent les occasions de commémorations, chacun et chacune peut mesurer l'engouement des Françaises et des Français pour ces pages de leur histoire.
Ils se réunissent en nombre pour retracer ensemble ces épisodes glorieux autant que tragiques.
Leur gratitude n'a pas faibli et ne faiblira pas.
Ils estiment le courage et le dévouement de leurs aînés.
Ils connaissent les immenses sacrifices consentis par tous ceux et toutes celles qui ont combattu pour leur liberté et leur honneur.
Les Français le savent bien, nous le savons tous ici, il n'est pas d'avenir sans mémoire.
L'union des forces du nord et du sud pour la victoire, symbolisée ici à Nod-sur-Seine, porte un message au-delà du temps et des frontières.
Ces soldats de la 1ère Division Française Libre et de la 2ème Division Blindée, unis dans un même idéal malgré leurs différences, demeurent un modèle d'harmonie.
Vous, qui fûtes leurs compagnons d'armes, vous faites vivre leur mémoire.
La France d'aujourd'hui a besoin de l'exemple qu'ils nous ont légué, de votre exemple.
Celui du refus du déclin, celui de la volonté, celui de la détermination.
Il nous revient, ensemble, de transmettre ces valeurs en héritage aux jeunes générations qui regardent ensemble vers le futur.
Au nom du Président de la République et en mon nom personnel, je vous redis toute la reconnaissance de la Nation et de la France.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 septembre 2004)