Texte intégral
C'est ma première visite comme ministre français des Affaires étrangères ici à Pristina et au Kosovo.
J'attache beaucoup d'importance à cette visite, malgré le contexte difficile dans lequel je me trouvais et me trouve encore ces jours derniers en raison de l'enlèvement de deux de vos confrères à Bagdad. Comme vous le savez, tout au long de cette journée, qui n'est pas terminée, j'ai eu un certain nombre d'entretiens avec tous ceux qui contribuent et vont contribuer à la stabilité et au progrès du Kosovo. Cela a été le cas, naturellement, d'abord du général de Kermabon qui vient de prendre ses fonctions à la tête de la KFOR. C'est le cas du nouveau représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo, M. Soeren Jessen-Petersen dont nous appuyons totalement les efforts et l'action. C'est le cas, naturellement, du président Ibrahim Rugova que j'ai été heureux de retrouver puisque nous nous étions déjà rencontrés il y a une dizaine d'années, puis, comme vous le savez, du Premier ministre, M. Rexhepi. Je viens d'avoir deux entretiens qui m'ont beaucoup intéressé également avec les représentants des partis politiques albanais et serbes ici qui participent au débat politique au Kosovo, au sein des partis politiques albanais avec M. Thaçi et M. Haradinaj, puis avec quatre représentants de la coalition Povratak.
Le Kosovo a vécu des moments très difficiles dans les mois et les années passés. Ce qui m'intéresse comme ministre quand je viens dans une région, dans un pays, c'est de comprendre les difficultés, les souffrances, les espoirs, les demandes de la population. Les gens qui lisent vos journaux, qui regardent vos télévisions ou écoutent la radio kosovare, les jeunes, que pensent-ils, qu'espèrent-ils ? Qu'est-ce que je peux faire, moi, comme ministre d'un pays de l'Union européenne, qui connaît bien cette région, comme dirigeant de cette Union européenne, comme ancien commissaire, qu'est-ce que je peux faire pour améliorer la situation ? Hormis les grandes difficultés, les souffrances, il y a naturellement ce qui s'est passé au mois de mars, qui a été à la fois très dramatique et très grave. Je crois franchement qu'il faut en tirer toutes les leçons. Et d'abord, parmi ces leçons, l'exigence légitime de sécurité pour la communauté serbe du Kosovo. C'est en tout cas l'état d'esprit que j'ai rencontré aujourd'hui. J'ai le sentiment que le Kosovo est au début d'une nouvelle étape, d'un nouveau départ. Comme d'ailleurs je sens un nouvel état d'esprit, aussi, dans cette région des Balkans, enfin ! C'est le sentiment que j'ai eu l'autre jour à Zagreb, où le choix européen est maintenant clair et unanime. Et j'ai eu la même impression à Belgrade au cours de ma visite au mois de juillet, même si les choses sont moins avancées sur la route européenne, encore. Ce que je ressens, c'est qu'il faut s'inscrire dans cette nouvelle dynamique, dans ce nouvel état d'esprit, et que tout le monde s'y inscrive. C'est l'état d'esprit de ceux que j'ai cités et d'abord du représentant Jessen-Petersen et naturellement, avec lui, de Kofi Annan ; du général de Kermabon et de tous ceux qui sont chargés des forces de stabilité et de sécurité ; des nouveaux représentants de l'Union européenne, et notamment du secrétaire général du Conseil de l'Union européenne, Haut représentant pour la PESC, Javier Solana. Il faut que les Kosovars et que les élus ou les représentants qui représentent les Kosovars s'inscrivent dans cette nouvelle dynamique. Il faut s'appuyer sur cette dynamique pour réussir les réformes et les priorités à venir. La première priorité est clairement la sécurité pour tous, pour toutes les communautés, pour toutes les minorités, et la liberté de circulation. La deuxième priorité est de poursuivre, d'engager des réformes économiques en utilisant le mieux possible l'aide internationale. La troisième priorité est de lutter, parce que c'est une exigence européenne, contre toutes les formes de criminalité et de corruption. Et c'est dans ce nouvel état d'esprit que je ressens, et j'aurai besoin de le confirmer, qu'il est possible de créer une confiance nouvelle et mutuelle entre tous ceux qui composent la société du Kosovo. Mais la confiance ne se décrète pas d'en haut, elle ne s'impose pas par une loi des Nations unies ou de l'Europe, elle se construit à la base, avec les gens. Il faut que ces gestes soient faits ici, les uns envers les autres. C'est d'abord, par exemple, les gestes nécessaires des Kosovars albanais à l'égard de la communauté serbe dans le cadre de ce projet important, vital, de la décentralisation. Et puis il y a aussi des gestes dans l'autre sens qui doivent être faits par la communauté serbe, de confiance dans le Kosovo, en participant au processus politique. Voilà ce que je ressens très franchement et ce que je voulais vous dire à l'issue de cette première visite et avant de revenir plus tard. Il y a une chose dont je suis sûr, en pensant au Kosovo et aux jeunes qui habitent ici et qui ont besoin de sécurité et d'un futur, d'un avenir, c'est que la seule perspective qui garantira la paix, la stabilité, la sécurité, c'est la perspective européenne. Ce que je dis là, ce n'est pas un discours, c'est ce qui s'est fait, ce dont nous avons la preuve dans le reste de l'Europe, depuis cinquante ans. Le projet européen n'efface pas les différences, il n'efface pas les identités. Chacun d'entre nous a gardé son identité, ses racines, sa langue, sa différence. Mais nous avons ensemble quelque chose de plus, et de plus fort, qui est ce projet et cette appartenance au projet européen. Et depuis cinquante ans, sans qu'il y ait un seul exemple contraire, le projet européen est un projet de paix et de progrès partagés. Ce projet est sur la route du Kosovo, si vous le voulez. Voilà dans quel état d'esprit je vais repartir ce soir en m'attachant aussi à ce que la solidarité européenne, notamment l'argent de cette solidarité, soit le mieux utilisé possible pour améliorer la vie quotidienne des Kosovars par la construction de maisons, de routes, d'aéroports ou bien pour l'éducation.
Q - Selon vous, le plan de décentralisation peut-il nécessiter des sacrifices ?
R - Non, il n'y a pas de sacrifice. Il y a un geste de confiance et d'écoute. Le plan de décentralisation est très important, j'ai même dit qu'il était vital. Ce plan est sur la table. Il est celui des autorités du Kosovo qui ont travaillé avec le Conseil de l'Europe et avec le groupe de contact. Ce plan n'est pas à prendre ou à laisser, il doit être discuté, c'est cela le geste. Il doit être amélioré. Pour être mis en oeuvre, il faut qu'il le soit par tout le monde. Il faut donc que les représentants de la communauté serbe puissent améliorer et apporter des idées ou des propositions qui soient prises en compte. Je peux même imaginer que des experts de Belgrade, des experts compétents, puissent utilement assister à un certain nombre de réunions. C'est ce geste de confiance auquel j'appelle les Kosovars albanais et qui justifiera, qui conduira à d'autres gestes de confiance dans l'autre sens, pour que tout le monde participe au processus politique.
Q - (à propos des otages français en Irak)
R - Je suis d'heure en heure la situation, et c'est parce que je peux la suivre d'heure en heure par tous les moyens modernes, que j'ai maintenu ma visite aujourd'hui à Pristina. Je suis naturellement en contact avec toutes les équipes qui déploient nos efforts sur le terrain, et en particulier à Bagdad, autour de notre ambassade, qui a été renforcée, et de l'équipe de coordination que j'ai mise en place et que j'ai moi-même dirigée pendant plusieurs jours à Amman. Au moment où je vous parle, nous continuons à croire qu'une issue positive est possible. Comme je l'ai dit hier avec le président de la République et le Premier ministre à Paris, nous devons travailler, nous continuons à travailler avec beaucoup de précaution, beaucoup de prudence, parce que cette précaution, cette prudence, cette discrétion, sont une des conditions de la sécurité de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot.
Q - (à propos d'une demande de rançon concernant les otages français en Irak)
R - Tous les bruits, toutes les informations, toutes les rumeurs courent, et je ne suis pas surpris par tout ce qui se dit depuis des jours et des jours. Je n'ai aucun commentaire à faire. Je vous dis simplement que nous travaillons, discrètement, avec le souci de la précaution, pour préserver la sécurité de nos deux compatriotes, parce que c'est ça l'exigence aujourd'hui pour aboutir à leur libération.
Q - (Sur une prochaine visite au Moyen-Orient)
R - Je suis prêt à me rendre à tout moment, non pas en Irak, mais dans la région, notamment à Amman où se trouve toujours au travail l'équipe de coordination que j'ai mise en place.
Q - (à propos de l'engagement de la France dans l'OTAN)
R - Ne soyez pas surpris que nous tenions notre part, l'une des plus importantes, dans l'OTAN, s'agissant des Balkans ou de l'Afghanistan, dans le cadre d'opérations de maintien de la paix ou d'imposition de la paix qui ont été depuis le début engagées dans le cadre du droit international des Nations unies. Certains contextes sont différents : s'agissant de l'Irak, je dis et je confirme qu'il n'y aura pas de soldats français en Irak. Mais comme nous l'avons démontré en rétablissant des relations diplomatiques, nous sommes prêts, sous certaines conditions, à participer au processus de reconstruction politique et économique. Dans cette région, comme partout dans le monde, nous continuerons à défendre, à être attaché à la liberté, à la souveraineté, à la dignité des peuples.
Q - (sur le statut final du Kosovo)
R - Comme ministre français, mon ministère participe au groupe de contact, nous souhaitons, pour beaucoup de raisons, renforcer et voir se renforcer le dialogue entre Pristina et Belgrade. Je l'ai dit à Belgrade il y a quelques semaines, je le dis aujourd'hui à Pristina : la base de la stabilité et de la reconstruction politique et économique du Kosovo est fondée sur ce que l'on appelle "les standards avant le statut". Je pense qu'il faut respecter cet ordre, être pragmatique, respecter le point de vue de tous ceux qui s'expriment et que j'ai entendus aujourd'hui. Je pense que cette méthode des standards, c'est-à-dire les réformes avant le statut, on doit l'entreprendre de manière dynamique. Peut-être en choisissant des priorités plus claires encore. Rien n'interdit de fixer des perspectives, comme celles que j'ai moi-même indiquées sur l'Europe, qui est sur la route du Kosovo. Et le moment viendra de discuter du statut. Je recommande qu'on mette les choses dans l'ordre, pour que ce débat sur le statut s'engage dans la plus grande sérénité possible. Ce que je veux simplement dire aujourd'hui, ici, c'est que quel que soit le statut, il devra prendre en compte un certain nombre de réalités et d'exigences. Il devra contribuer à la stabilité de cette région et de l'Europe. Il devra permettre que les lois, les règlements respectent le cahier des charges européen. Il devra garantir la protection des minorités.
Q - (sur l'engagement de la France au sein de l'OTAN)
R - Il se trouve qu'il y a simultanéité entre cet engagement à la tête de l'OTAN au Kosovo et en Afghanistan, c'est d'ailleurs un engagement important, comme l'a souligné ma collègue et amie Michèle Alliot-Marie en venant simultanément ici à Pristina et en Afghanistan il y a quelques jours, mais c'est un engagement normal d'un pays qui participe, parmi les tous premiers, à l'effort de l'OTAN sur les théâtres extérieurs pour le maintien de la paix ou l'imposition de la paix. C'est un engagement normal d'un pays qui est membre de l'OTAN.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2004
J'attache beaucoup d'importance à cette visite, malgré le contexte difficile dans lequel je me trouvais et me trouve encore ces jours derniers en raison de l'enlèvement de deux de vos confrères à Bagdad. Comme vous le savez, tout au long de cette journée, qui n'est pas terminée, j'ai eu un certain nombre d'entretiens avec tous ceux qui contribuent et vont contribuer à la stabilité et au progrès du Kosovo. Cela a été le cas, naturellement, d'abord du général de Kermabon qui vient de prendre ses fonctions à la tête de la KFOR. C'est le cas du nouveau représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo, M. Soeren Jessen-Petersen dont nous appuyons totalement les efforts et l'action. C'est le cas, naturellement, du président Ibrahim Rugova que j'ai été heureux de retrouver puisque nous nous étions déjà rencontrés il y a une dizaine d'années, puis, comme vous le savez, du Premier ministre, M. Rexhepi. Je viens d'avoir deux entretiens qui m'ont beaucoup intéressé également avec les représentants des partis politiques albanais et serbes ici qui participent au débat politique au Kosovo, au sein des partis politiques albanais avec M. Thaçi et M. Haradinaj, puis avec quatre représentants de la coalition Povratak.
Le Kosovo a vécu des moments très difficiles dans les mois et les années passés. Ce qui m'intéresse comme ministre quand je viens dans une région, dans un pays, c'est de comprendre les difficultés, les souffrances, les espoirs, les demandes de la population. Les gens qui lisent vos journaux, qui regardent vos télévisions ou écoutent la radio kosovare, les jeunes, que pensent-ils, qu'espèrent-ils ? Qu'est-ce que je peux faire, moi, comme ministre d'un pays de l'Union européenne, qui connaît bien cette région, comme dirigeant de cette Union européenne, comme ancien commissaire, qu'est-ce que je peux faire pour améliorer la situation ? Hormis les grandes difficultés, les souffrances, il y a naturellement ce qui s'est passé au mois de mars, qui a été à la fois très dramatique et très grave. Je crois franchement qu'il faut en tirer toutes les leçons. Et d'abord, parmi ces leçons, l'exigence légitime de sécurité pour la communauté serbe du Kosovo. C'est en tout cas l'état d'esprit que j'ai rencontré aujourd'hui. J'ai le sentiment que le Kosovo est au début d'une nouvelle étape, d'un nouveau départ. Comme d'ailleurs je sens un nouvel état d'esprit, aussi, dans cette région des Balkans, enfin ! C'est le sentiment que j'ai eu l'autre jour à Zagreb, où le choix européen est maintenant clair et unanime. Et j'ai eu la même impression à Belgrade au cours de ma visite au mois de juillet, même si les choses sont moins avancées sur la route européenne, encore. Ce que je ressens, c'est qu'il faut s'inscrire dans cette nouvelle dynamique, dans ce nouvel état d'esprit, et que tout le monde s'y inscrive. C'est l'état d'esprit de ceux que j'ai cités et d'abord du représentant Jessen-Petersen et naturellement, avec lui, de Kofi Annan ; du général de Kermabon et de tous ceux qui sont chargés des forces de stabilité et de sécurité ; des nouveaux représentants de l'Union européenne, et notamment du secrétaire général du Conseil de l'Union européenne, Haut représentant pour la PESC, Javier Solana. Il faut que les Kosovars et que les élus ou les représentants qui représentent les Kosovars s'inscrivent dans cette nouvelle dynamique. Il faut s'appuyer sur cette dynamique pour réussir les réformes et les priorités à venir. La première priorité est clairement la sécurité pour tous, pour toutes les communautés, pour toutes les minorités, et la liberté de circulation. La deuxième priorité est de poursuivre, d'engager des réformes économiques en utilisant le mieux possible l'aide internationale. La troisième priorité est de lutter, parce que c'est une exigence européenne, contre toutes les formes de criminalité et de corruption. Et c'est dans ce nouvel état d'esprit que je ressens, et j'aurai besoin de le confirmer, qu'il est possible de créer une confiance nouvelle et mutuelle entre tous ceux qui composent la société du Kosovo. Mais la confiance ne se décrète pas d'en haut, elle ne s'impose pas par une loi des Nations unies ou de l'Europe, elle se construit à la base, avec les gens. Il faut que ces gestes soient faits ici, les uns envers les autres. C'est d'abord, par exemple, les gestes nécessaires des Kosovars albanais à l'égard de la communauté serbe dans le cadre de ce projet important, vital, de la décentralisation. Et puis il y a aussi des gestes dans l'autre sens qui doivent être faits par la communauté serbe, de confiance dans le Kosovo, en participant au processus politique. Voilà ce que je ressens très franchement et ce que je voulais vous dire à l'issue de cette première visite et avant de revenir plus tard. Il y a une chose dont je suis sûr, en pensant au Kosovo et aux jeunes qui habitent ici et qui ont besoin de sécurité et d'un futur, d'un avenir, c'est que la seule perspective qui garantira la paix, la stabilité, la sécurité, c'est la perspective européenne. Ce que je dis là, ce n'est pas un discours, c'est ce qui s'est fait, ce dont nous avons la preuve dans le reste de l'Europe, depuis cinquante ans. Le projet européen n'efface pas les différences, il n'efface pas les identités. Chacun d'entre nous a gardé son identité, ses racines, sa langue, sa différence. Mais nous avons ensemble quelque chose de plus, et de plus fort, qui est ce projet et cette appartenance au projet européen. Et depuis cinquante ans, sans qu'il y ait un seul exemple contraire, le projet européen est un projet de paix et de progrès partagés. Ce projet est sur la route du Kosovo, si vous le voulez. Voilà dans quel état d'esprit je vais repartir ce soir en m'attachant aussi à ce que la solidarité européenne, notamment l'argent de cette solidarité, soit le mieux utilisé possible pour améliorer la vie quotidienne des Kosovars par la construction de maisons, de routes, d'aéroports ou bien pour l'éducation.
Q - Selon vous, le plan de décentralisation peut-il nécessiter des sacrifices ?
R - Non, il n'y a pas de sacrifice. Il y a un geste de confiance et d'écoute. Le plan de décentralisation est très important, j'ai même dit qu'il était vital. Ce plan est sur la table. Il est celui des autorités du Kosovo qui ont travaillé avec le Conseil de l'Europe et avec le groupe de contact. Ce plan n'est pas à prendre ou à laisser, il doit être discuté, c'est cela le geste. Il doit être amélioré. Pour être mis en oeuvre, il faut qu'il le soit par tout le monde. Il faut donc que les représentants de la communauté serbe puissent améliorer et apporter des idées ou des propositions qui soient prises en compte. Je peux même imaginer que des experts de Belgrade, des experts compétents, puissent utilement assister à un certain nombre de réunions. C'est ce geste de confiance auquel j'appelle les Kosovars albanais et qui justifiera, qui conduira à d'autres gestes de confiance dans l'autre sens, pour que tout le monde participe au processus politique.
Q - (à propos des otages français en Irak)
R - Je suis d'heure en heure la situation, et c'est parce que je peux la suivre d'heure en heure par tous les moyens modernes, que j'ai maintenu ma visite aujourd'hui à Pristina. Je suis naturellement en contact avec toutes les équipes qui déploient nos efforts sur le terrain, et en particulier à Bagdad, autour de notre ambassade, qui a été renforcée, et de l'équipe de coordination que j'ai mise en place et que j'ai moi-même dirigée pendant plusieurs jours à Amman. Au moment où je vous parle, nous continuons à croire qu'une issue positive est possible. Comme je l'ai dit hier avec le président de la République et le Premier ministre à Paris, nous devons travailler, nous continuons à travailler avec beaucoup de précaution, beaucoup de prudence, parce que cette précaution, cette prudence, cette discrétion, sont une des conditions de la sécurité de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot.
Q - (à propos d'une demande de rançon concernant les otages français en Irak)
R - Tous les bruits, toutes les informations, toutes les rumeurs courent, et je ne suis pas surpris par tout ce qui se dit depuis des jours et des jours. Je n'ai aucun commentaire à faire. Je vous dis simplement que nous travaillons, discrètement, avec le souci de la précaution, pour préserver la sécurité de nos deux compatriotes, parce que c'est ça l'exigence aujourd'hui pour aboutir à leur libération.
Q - (Sur une prochaine visite au Moyen-Orient)
R - Je suis prêt à me rendre à tout moment, non pas en Irak, mais dans la région, notamment à Amman où se trouve toujours au travail l'équipe de coordination que j'ai mise en place.
Q - (à propos de l'engagement de la France dans l'OTAN)
R - Ne soyez pas surpris que nous tenions notre part, l'une des plus importantes, dans l'OTAN, s'agissant des Balkans ou de l'Afghanistan, dans le cadre d'opérations de maintien de la paix ou d'imposition de la paix qui ont été depuis le début engagées dans le cadre du droit international des Nations unies. Certains contextes sont différents : s'agissant de l'Irak, je dis et je confirme qu'il n'y aura pas de soldats français en Irak. Mais comme nous l'avons démontré en rétablissant des relations diplomatiques, nous sommes prêts, sous certaines conditions, à participer au processus de reconstruction politique et économique. Dans cette région, comme partout dans le monde, nous continuerons à défendre, à être attaché à la liberté, à la souveraineté, à la dignité des peuples.
Q - (sur le statut final du Kosovo)
R - Comme ministre français, mon ministère participe au groupe de contact, nous souhaitons, pour beaucoup de raisons, renforcer et voir se renforcer le dialogue entre Pristina et Belgrade. Je l'ai dit à Belgrade il y a quelques semaines, je le dis aujourd'hui à Pristina : la base de la stabilité et de la reconstruction politique et économique du Kosovo est fondée sur ce que l'on appelle "les standards avant le statut". Je pense qu'il faut respecter cet ordre, être pragmatique, respecter le point de vue de tous ceux qui s'expriment et que j'ai entendus aujourd'hui. Je pense que cette méthode des standards, c'est-à-dire les réformes avant le statut, on doit l'entreprendre de manière dynamique. Peut-être en choisissant des priorités plus claires encore. Rien n'interdit de fixer des perspectives, comme celles que j'ai moi-même indiquées sur l'Europe, qui est sur la route du Kosovo. Et le moment viendra de discuter du statut. Je recommande qu'on mette les choses dans l'ordre, pour que ce débat sur le statut s'engage dans la plus grande sérénité possible. Ce que je veux simplement dire aujourd'hui, ici, c'est que quel que soit le statut, il devra prendre en compte un certain nombre de réalités et d'exigences. Il devra contribuer à la stabilité de cette région et de l'Europe. Il devra permettre que les lois, les règlements respectent le cahier des charges européen. Il devra garantir la protection des minorités.
Q - (sur l'engagement de la France au sein de l'OTAN)
R - Il se trouve qu'il y a simultanéité entre cet engagement à la tête de l'OTAN au Kosovo et en Afghanistan, c'est d'ailleurs un engagement important, comme l'a souligné ma collègue et amie Michèle Alliot-Marie en venant simultanément ici à Pristina et en Afghanistan il y a quelques jours, mais c'est un engagement normal d'un pays qui participe, parmi les tous premiers, à l'effort de l'OTAN sur les théâtres extérieurs pour le maintien de la paix ou l'imposition de la paix. C'est un engagement normal d'un pays qui est membre de l'OTAN.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2004