Interviews de M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, à l'AFP le 11 juin 2004 et dans "France soir" le 15 juin 2004, sur l'opposition de FO au projet gouvernemental de réforme de l'assurance maladie et les modalités d'action envisagées.

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Média : Agence de presse - France soir

Texte intégral

Interview à l'AFP le 11 juiin 2004
AFP : Quelles sont vos attentes sur l'évolution du projet de loi de réforme de l'assurance maladie ?
Jean-Claude MAILLY : " Dans sa lettre du 7 juin aux partenaires sociaux, le ministre affirme qu'il n'y aura pas de maîtrise comptable des dépenses de santé mais une maîtrise médicalisée. On attend que cela se traduise dans le projet de loi, pour le moment, ce n'est qu'une lettre d'intention. Or si on enferme, par définition, les dépenses d'assurance maladie dans une enveloppe quelle qu'elle soit, par définition ce sera insuffisant: donc, ça conduit à du rationnement et des déremboursements, ce qui signifie qu'on laisse un marché aux assurances et, ça, on ne l'accepte pas. A part les mesures financières, où nous avons des désaccords de fond, on sent une ou deux évolutions par rapport à ce qu'on pense nous mais ce n'est pas confirmé. Et puis il y a beaucoup de points ambigus, par exemple le dossier médical, qui peut être une bonne chose, comme la pire des choses, tout dépend de ce qu'on en fait: là, sur la confidentialité, on veut des garanties ".
Comment voyez-vous aujourd'hui votre action ?
" Voilà des semaines que j'explique qu'il n'est pas question pour nous de refaire du saute-mouton avec des manifestations à répétition car on a vu sur les retraites que ça n'avait pas été efficace. Si on veut peser sur le dossier Sécu, il faut une faire quelque chose de franc. Une action franche, pour nous, c'est une journée interprofessionnelle de grève public/privé. C'est en discussion. D'autres organisations ont choisi d'autres modalités, qui ne nous conviennent pas, maintenant il n'est pas exclu, qu'au niveau d'un département, si les syndicats arrivent à se mettre d'accord sur une action claire, il y ait le 15 (juin) des appels, dans certains départements, à une grève interprofessionnelle ".
La CFDT affiche clairement son intention de garder la présidence de la Cnam. Souhaitez-vous à FO y jouer un rôle plus important ?
" Ce n'est pas le problème pour nous aujourd'hui. Là où ailleurs, on a toujours su prendre nos responsabilités. Franchement, je l'ai dit publiquement et c'est vrai, on n'en a jamais discuté dans l'organisation, comme ça n'a jamais été un point de discussions lors des consultations qu'on a eues.
Aujourd'hui, on est en train de se bagarrer pour avoir une bonne réforme. C'est ça l'objectif aujourd'hui. Quelle Sécurité sociale ce sera demain ? Personne ne le sait. Avec quelles prérogatives pour le conseil, le directeur général ? Le problème aujourd'hui c'est de continuer la pression pour avoir une réforme de la Sécu qui soit une réforme et pas une contre-réforme, c'est ça l'objectif ".

(source http://www.force-ouvriere.org, le 16 juin 2004)
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Interview dans France Soir le 15 juin 2004
FRANCE SOIR - Pourquoi ne vous associez-vous pas aux manifestations d'aujourd'hui ?
Jean-Claude Mailly.- " Au départ, il s'agit d'une journée d'actions EDF-GDF à laquelle participe notre fédération. Mais sur la Sécurité sociale, si nous voulons peser, c'est une journée interprofessionnelle de grève qui est nécessaire. Je fais le parallèle avec l'an dernier: il y a eu des manifestations sur les retraites mais le gouvernement a maintenu son texte. Cela n'a donc pas suffi alors que nous, nous voulions une grève interprofessionnelle. Visiblement, notre proposition ne rencontre pas de succès chez les autres confédérations syndicales. A partir de là, nous ne nous associons pas à une journée amalgame et pas très claire ".
Vous ne vous inviterez pas non plus à la journée de mobilisation de la CFDT le 22 juin ?
" Bien sûr que non. La CFDT ne nous a même pas sollicités et dit, à juste titre, avoir des divergences avec nous ".
FO brigue-t-elle la présidence de la Caisse nationale d'assurance maladie, qu'elle a perdue en 1996 au profit de la CFDT ?
" Une organisation qui dit aujourd'hui vouloir être à la tête de la CNAM, cela veut dire implicitement qu'elle est d'accord avec le projet de toi dans son état actuel. Et cela n'est pas notre cas ".
Après l'ère Blondel, FO ne se recentre donc pas, pour ne plus coller à la CGT et profiter de la crise à la CFDT ?
" Mais non ! Ce type d'information, que je lis, me fait sourire. II n'y a pas d'opération de recentrage. Nous sommes sur un projet de loi avec lequel nous avons de gros désaccords. Car dans ce texte, il y a une logique de maîtrise comptable. Il prévoit toute une mécanique de mesures de redressement en cas de dérapage des dépenses. Cela veut dire qu'il y aura demain des déremboursements et du rationnement de soins ".
Comment comptez-vous maintenir la pression ?
" Même si le calendrier se restreint, notre proposition d'une journée franche de grève n'est, par exemple, pas tombée à l'eau ".


(source http://www.force-ouvriere.org, le 16 juin 2004)