Texte intégral
Q- Nous allons parler "rentrée", puisque c'est la rentrée parlementaire aujourd'hui, et que la majorité, comme l'opposition et comme les sénateurs, comme les députés, vont se retrouver au Parlement. Question au président de l'Assemblée nationale que vous êtes : comment va la majorité parlementaire ?
R- D'abord, je suis très heureux de vous retrouver et de rentrer, parce que c'est important de reprendre notre travail législatif. Comme les Français, la majorité est diverse, mais elle est rassemblée sur un certain nombre d'objectifs. Et pour essayer le plus simplement possible mais c'est difficile, de réformer, de moderniser notre pays, parce que nous vivons dans un monde de concurrence - concurrence internationale difficile -, et que pour affronter cette concurrence, pour essayer d'améliorer la situation des Français, de l'emploi, il faut que notre pays se modernise. Nous avons eu une année difficile, avec des réformes en profondeur, importantes, comme l'assurance maladie, avant nous avions fait les retraites, il faut continuer parce qu'un pays qui ne se modernise pas est un pays qui est en panne.
Q-Vous avez quelques gros dossiers, là, tout de suite, avec d'abord le budget, ensuite l'emploi, la Sécurité sociale. Commençons par le dossier de l'emploi : on voit qu'il y a le plan Borloo qui a été présenté ; J. Chirac hier est allé un peu mobiliser les troupes qui doivent l'appliquer et en même temps, les chiffres du chômage ne sont pas bons. Evidemment, ce n'est pas le plan Borloo qui peut régler les chiffres du chômage aujourd'hui, mais est-ce à la mesure des difficultés que rencontre la France en matière d'emploi ?
R-D'abord, l'emploi, le plein emploi ça ne se décrète pas, ça se mérite, ça se construit. Depuis deux ans, nous essayons de faire les réformes nécessaires pour permettre justement à ce que la croissance économique reparte, parce qu'on ne crée de l'emploi que s'il y a une croissance. Il y a deux façons de créer des emplois : ou alors on fait de tous les Français que des fonctionnaires, et on embauche, on embauche dans la fonction publique, ça ne va pas très loin. Ou alors, on essaye de faire en sorte qu'il y ait une croissance, que les entreprises se développent, et se développant, elles vont embaucher. Il y a des conditions pour permettre...
Q-On a un peu de croissance quand même et en même temps on n'a pas d'emploi...
R-On commence à avoir un peu de croissance, il faut continuer encore un petit peu sur cette lancée, et je suis persuadé que les résultats seront là. Mais la croissance ça se construit en favorisant le travail, en aidant ceux qui veulent produire, créer. Et puis aussi avec un certain nombre de plans d'accompagnement social.
R-C'est ainsi que...Le plan Borloo, qui a plus une finalité cohésion sociale, va quand même avoir dans le domaine de l'emploi des conséquences, ne serait-ce que parce qu'il va injecter dans l'économie 13 milliards d'euros sur cinq ans, ne serait-ce que parce qu'il va y avoir des constructions de logements sociaux. Les constructions de logements ça fait marcher le bâtiment. Bref, oui, il y a des mesures pour assouplir l'économie, pour permettre aux entreprises, aux commerçants, aux artisans de produire, et puis il y a aussi un certain nombre de plans, notamment le plan Borloo, pour essayer d'accompagner cette croissance.
Q-Mais tout cela est-il suffisant ? Dit différemment, le gouvernement Raffarin a-t-il suffisamment d'allant pour porter et stimuler encore les choses ?
R-Nous avons le président de la République, nous avons un Gouvernement, nous avons une majorité. Et par conséquent, ne cherchons pas à faire de la politique politicienne, de dire : " il n'est pas bon", "il est bon". Nous avons une feuille de route, cette feuille de route c'est l'emploi, c'est la cohésion sociale, c'est la fraternité entre les Français. Il faut que tous nous nous mobilisions pour cela.
Q-Sans aucun doute, mais on sait en même temps que N. Sarkozy va quitter le Gouvernement parce qu'il va sans doute être appelé à d'autres fonctions à l'UMP, peut-être H. Falco, qui vient d'être élu sénateur - encore qu'il n'est pas tout à fait décidé - pourrait quitter le Gouvernement, il y a donc forcément un remaniement qui va arriver. Alors déjà on dit que Raffarin pourrait avoir envie de faire un remaniement un peu plus large que celui-là. Votre avis ?
R-Je ne sais pas. Ce qui m'importe ce ne sont pas les hommes, ils sont interchangeables. Ce qui m'importe, c'est que l'on ne perde pas de temps à des querelles politiciennes, à se diviser, et que l'on se concentre sur les vrais problèmes, sur les problèmes de développement et d'emploi, de cohésion sociale.
Q-Je pose la question différemment : il y aura parmi les grands enjeux, dans l'année qui vient, un référendum. J.-P. Raffarin est-il effectivement l'homme qui peut mener la campagne en faveur du "oui" ?
R-Permettez-moi de vous dire que ce n'est pas comme cela qu'il faut prendre le problème. On a un gros dossier qui est l'emploi, on a un second gros dossier qui est l'Europe. Et la question qu'il faut se poser : est-ce que le Traité qu'on nous demande de ratifier est bon pour la France, ou n'est-il pas bon ?
Q-Vous, vous répondez : il est bon pour la France ?
R-Il est bon pour la France, parce qu'il est une pierre...il n'est pas parfait naturellement, mais c'est une pierre sur la construction de l'Europe politique que nous voulons, où l'Europe, avec ses difficultés, avec ses problèmes, permet aussi un développement, et il n'y aura pas de croissance si la France se replie sur elle-même. Il faut s'ouvrir. Et par conséquent, il faut répondre "oui" à ce référendum. Naturellement, vous allez me poser la question, et je vais éviter que vous me la posiez : il y a le problème de la Turquie, c'est cela que vous vouliez me poser comme question ?...
Q-Oui, parce que tout cela vient un peut se cumuler et se bousculer et il semble que sur l'entrée de la Turquie, là aussi on a envie d'un référendum.
R-Non, rien ne se "cumule", il y a des gens qui ont envie de faire des amalgames. Alors, il y a d'une part, la ratification du Traité pour donner à la construction européenne un cadre institutionnel ; et puis il y a un Etat, la Turquie, qui voudrait rentrer dans l'Union européenne, et cela pose des problèmes. Ce sont deux problèmes différents. Pour l'entrée de la Turquie, dont je comprends les problèmes que cela pose, je souhaite qu'il y ait un référendum et je souhaite que ce référendum précise bien les choses. De toute façon, ce que je souhaite, c'est que l'on ne confonde pas tout.
Q-Mais si on doit effectivement avoir un référendum pour la Turquie, et peut-être chaque fois qu'il y a un pays candidat, cela dire que ça doit être inscrit dans la nouvelle Constitution par définition ?
R-Pourquoi n'y aurait-il pas - ce n'est pas moi qui suis en responsabilité de modifier la Constitution - mais pourquoi n'y aurait-il pas justement une disposition qui dise : lorsqu'on doit permettre ou statuer sur l'adhésion d'un nouvel Etat à l'Europe, pourquoi ne pourrait-on pas interroger les Français ? Oui, c'est une question.
Q-J. Chirac va annoncer cela aujourd'hui ?
R-Demandez-lui de venir vous voir.
Q-Non, mais il va à Strasbourg et on dit que ça ferait partie des mesures. Vous y êtes favorable en tout cas ?
R-Je pense qu'il faut bien montrer aux Français deux choses : on va statuer sur une Constitution, sur une organisation, et puis, oui, il y a un problème qui se pose pour les nouveaux Etats qui veulent venir nous retrouver. Pour ces nouveaux Etats, il faut que les Français se prononcent.
Q-Une dernière question : vous avez des députés un peu turbulents dans votre majorité, je pense notamment au député UMP, M. Julia, qui est parti pour Bagdad, pour s'occuper des otages. Que pensez-vous de cette initiative ?
R- Parfois, je préfère ne pas penser. Deuxièmement, il n'engage que lui, et certainement pas, ni l'Assemblée nationale, ni la France.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 octobre 2004)
R- D'abord, je suis très heureux de vous retrouver et de rentrer, parce que c'est important de reprendre notre travail législatif. Comme les Français, la majorité est diverse, mais elle est rassemblée sur un certain nombre d'objectifs. Et pour essayer le plus simplement possible mais c'est difficile, de réformer, de moderniser notre pays, parce que nous vivons dans un monde de concurrence - concurrence internationale difficile -, et que pour affronter cette concurrence, pour essayer d'améliorer la situation des Français, de l'emploi, il faut que notre pays se modernise. Nous avons eu une année difficile, avec des réformes en profondeur, importantes, comme l'assurance maladie, avant nous avions fait les retraites, il faut continuer parce qu'un pays qui ne se modernise pas est un pays qui est en panne.
Q-Vous avez quelques gros dossiers, là, tout de suite, avec d'abord le budget, ensuite l'emploi, la Sécurité sociale. Commençons par le dossier de l'emploi : on voit qu'il y a le plan Borloo qui a été présenté ; J. Chirac hier est allé un peu mobiliser les troupes qui doivent l'appliquer et en même temps, les chiffres du chômage ne sont pas bons. Evidemment, ce n'est pas le plan Borloo qui peut régler les chiffres du chômage aujourd'hui, mais est-ce à la mesure des difficultés que rencontre la France en matière d'emploi ?
R-D'abord, l'emploi, le plein emploi ça ne se décrète pas, ça se mérite, ça se construit. Depuis deux ans, nous essayons de faire les réformes nécessaires pour permettre justement à ce que la croissance économique reparte, parce qu'on ne crée de l'emploi que s'il y a une croissance. Il y a deux façons de créer des emplois : ou alors on fait de tous les Français que des fonctionnaires, et on embauche, on embauche dans la fonction publique, ça ne va pas très loin. Ou alors, on essaye de faire en sorte qu'il y ait une croissance, que les entreprises se développent, et se développant, elles vont embaucher. Il y a des conditions pour permettre...
Q-On a un peu de croissance quand même et en même temps on n'a pas d'emploi...
R-On commence à avoir un peu de croissance, il faut continuer encore un petit peu sur cette lancée, et je suis persuadé que les résultats seront là. Mais la croissance ça se construit en favorisant le travail, en aidant ceux qui veulent produire, créer. Et puis aussi avec un certain nombre de plans d'accompagnement social.
R-C'est ainsi que...Le plan Borloo, qui a plus une finalité cohésion sociale, va quand même avoir dans le domaine de l'emploi des conséquences, ne serait-ce que parce qu'il va injecter dans l'économie 13 milliards d'euros sur cinq ans, ne serait-ce que parce qu'il va y avoir des constructions de logements sociaux. Les constructions de logements ça fait marcher le bâtiment. Bref, oui, il y a des mesures pour assouplir l'économie, pour permettre aux entreprises, aux commerçants, aux artisans de produire, et puis il y a aussi un certain nombre de plans, notamment le plan Borloo, pour essayer d'accompagner cette croissance.
Q-Mais tout cela est-il suffisant ? Dit différemment, le gouvernement Raffarin a-t-il suffisamment d'allant pour porter et stimuler encore les choses ?
R-Nous avons le président de la République, nous avons un Gouvernement, nous avons une majorité. Et par conséquent, ne cherchons pas à faire de la politique politicienne, de dire : " il n'est pas bon", "il est bon". Nous avons une feuille de route, cette feuille de route c'est l'emploi, c'est la cohésion sociale, c'est la fraternité entre les Français. Il faut que tous nous nous mobilisions pour cela.
Q-Sans aucun doute, mais on sait en même temps que N. Sarkozy va quitter le Gouvernement parce qu'il va sans doute être appelé à d'autres fonctions à l'UMP, peut-être H. Falco, qui vient d'être élu sénateur - encore qu'il n'est pas tout à fait décidé - pourrait quitter le Gouvernement, il y a donc forcément un remaniement qui va arriver. Alors déjà on dit que Raffarin pourrait avoir envie de faire un remaniement un peu plus large que celui-là. Votre avis ?
R-Je ne sais pas. Ce qui m'importe ce ne sont pas les hommes, ils sont interchangeables. Ce qui m'importe, c'est que l'on ne perde pas de temps à des querelles politiciennes, à se diviser, et que l'on se concentre sur les vrais problèmes, sur les problèmes de développement et d'emploi, de cohésion sociale.
Q-Je pose la question différemment : il y aura parmi les grands enjeux, dans l'année qui vient, un référendum. J.-P. Raffarin est-il effectivement l'homme qui peut mener la campagne en faveur du "oui" ?
R-Permettez-moi de vous dire que ce n'est pas comme cela qu'il faut prendre le problème. On a un gros dossier qui est l'emploi, on a un second gros dossier qui est l'Europe. Et la question qu'il faut se poser : est-ce que le Traité qu'on nous demande de ratifier est bon pour la France, ou n'est-il pas bon ?
Q-Vous, vous répondez : il est bon pour la France ?
R-Il est bon pour la France, parce qu'il est une pierre...il n'est pas parfait naturellement, mais c'est une pierre sur la construction de l'Europe politique que nous voulons, où l'Europe, avec ses difficultés, avec ses problèmes, permet aussi un développement, et il n'y aura pas de croissance si la France se replie sur elle-même. Il faut s'ouvrir. Et par conséquent, il faut répondre "oui" à ce référendum. Naturellement, vous allez me poser la question, et je vais éviter que vous me la posiez : il y a le problème de la Turquie, c'est cela que vous vouliez me poser comme question ?...
Q-Oui, parce que tout cela vient un peut se cumuler et se bousculer et il semble que sur l'entrée de la Turquie, là aussi on a envie d'un référendum.
R-Non, rien ne se "cumule", il y a des gens qui ont envie de faire des amalgames. Alors, il y a d'une part, la ratification du Traité pour donner à la construction européenne un cadre institutionnel ; et puis il y a un Etat, la Turquie, qui voudrait rentrer dans l'Union européenne, et cela pose des problèmes. Ce sont deux problèmes différents. Pour l'entrée de la Turquie, dont je comprends les problèmes que cela pose, je souhaite qu'il y ait un référendum et je souhaite que ce référendum précise bien les choses. De toute façon, ce que je souhaite, c'est que l'on ne confonde pas tout.
Q-Mais si on doit effectivement avoir un référendum pour la Turquie, et peut-être chaque fois qu'il y a un pays candidat, cela dire que ça doit être inscrit dans la nouvelle Constitution par définition ?
R-Pourquoi n'y aurait-il pas - ce n'est pas moi qui suis en responsabilité de modifier la Constitution - mais pourquoi n'y aurait-il pas justement une disposition qui dise : lorsqu'on doit permettre ou statuer sur l'adhésion d'un nouvel Etat à l'Europe, pourquoi ne pourrait-on pas interroger les Français ? Oui, c'est une question.
Q-J. Chirac va annoncer cela aujourd'hui ?
R-Demandez-lui de venir vous voir.
Q-Non, mais il va à Strasbourg et on dit que ça ferait partie des mesures. Vous y êtes favorable en tout cas ?
R-Je pense qu'il faut bien montrer aux Français deux choses : on va statuer sur une Constitution, sur une organisation, et puis, oui, il y a un problème qui se pose pour les nouveaux Etats qui veulent venir nous retrouver. Pour ces nouveaux Etats, il faut que les Français se prononcent.
Q-Une dernière question : vous avez des députés un peu turbulents dans votre majorité, je pense notamment au député UMP, M. Julia, qui est parti pour Bagdad, pour s'occuper des otages. Que pensez-vous de cette initiative ?
R- Parfois, je préfère ne pas penser. Deuxièmement, il n'engage que lui, et certainement pas, ni l'Assemblée nationale, ni la France.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 octobre 2004)