Texte intégral
Bonjour François Bayrou. Vous avez entendu la fin de la chronique d'Alain Duhamel : "en Aquitaine, où François Bayrou se présentera". Le futur était catégorique. Est-ce que vous démentez, ou est-ce que vous confirmez ce que vient de dire Alain Duhamel ?
Eh bien, futur pour futur, la réponse: demain, puisque c'est demain que l'UDF donnera ses chefs de file.
La réponse demain, ça veut dire que vous avez pris votre décision François Bayrou.
Oui j'ai pris ma décision.
Et vous ne voulez pas la communiquer ce matin.
Demain.
Ca ressemble un peu à un secret de polichinelle...
Respectons les calendriers.
Alors on va le respecter. L'UMP vous a proposé un code de bonne conduite. Vous soutenez à l'UDF les treize UMP sortants. Ils soutiennent Anne-Marie Comparini en Rhône/Alpes, et vous pouvez vous présenter en Aquitaine.
13 contre 1. C'est ça l'équilibre dont ils rêvent. Mais vous voyez que tout ça est un peu secondaire, et j'allais presque dire, dérisoire.
Pourquoi ?
Quelle est la véritable question ? C'est : est-ce qu'aujourd'hui en France il y a un sentiment de bonne gouvernance ? Est-ce qu'on va dans le bon sens ? Est-ce que les décisions prises sont claires pour les Français ? Est-ce que le système de gouvernement de décision est équilibré ?
Et à ces bonnes questions, vous répondez ?
Et est-ce que les Français s'y retrouvent ? Aujourd'hui, à ces questions, je réponds : il y a une très grande inquiétude. Et moi-même...
Attendez. A ces question, vous répondez oui, ou vous répondez non ?
Je réponds non. Je réponds non. Je réponds que, aujourd'hui en France, les choses ne vont pas dans le bon sens. Je veux dire que, aujourd'hui en France, la manière dont le pouvoir ou le gouvernement sont exercés ne permet pas aux Français de s'y retrouver et d'adhérer.
Ca tient aux hommes ?
Non, ça tient au système.
C'est un peu...
Attendez, je vais vous répondre. Je pense que les hommes sont de bonne volonté, qu'ils sont aujourd'hui dans une situation très difficilement gérable, avec des équipes qui sont très compliquées. On a le sentiment que chacun au gouvernement part un peu dans sa propre direction. Mais ça tient principalement à une conception française nouvelle, dans laquelle on aurait toutes les rênes du pouvoir entre les mêmes mains, un parti unique qui n'aurait de comptes à rendre à personne, et qui pourrait mener la France où il le veut. Or je crois, pour moi, que ça ne peut pas marcher. On va prendre deux exemples.
Ca va être un peu long peut-être.
Un alors si vous voulez
Un alors.
Cette nuit, on a appris, c'était le premier titre du journal, qu'à Bruxelles il y avait un problème sur le déficit français, et que le ministre des finances s'engageait à le réduire d'ici trois semaines...
Et à présenter avant le 25 novembre de nouvelles mesures d'économie budgétaire.
Voilà. On discute du budget depuis deux mois. Je suis moi-même monté à la tribune pour dire : vous allez avoir un problème avec le déficit. Vous ne pouvez pas éluder ce problème. On m'a répondu : pas du tout. On a refusé de prendre le moindre amendement sur ce sujet. Et vous voyez qu'aujourd'hui, rattrapés par les réalités, on va devoir rebâtir à la va-vite quelque chose qui ressemblera à des rustines, à un bricolage pour que Bruxelles laisse passer les choses. On ne gouverne pas comme ça.
C'est une mauvaise méthode du gouvernement.
Et je le dis parce que je suis dans la majorité.
On va en reparler de ça...
Ce que voudraient les Français aujourd'hui, c'est y voir clair, adhérer, avoir des décisions sérieuses...
Cet exemple budgétaire, que vous venez de nous donner, vous renforce dans votre volonté de vous abstenir le 18 novembre lors du vote du budget?
Si rien ne change, évidemment notre position ne changera pas. Mais vous voyez bien que, au-delà des signes que nous donnons, il y a une vraie question fondamentale que les Français manifestent sondage après sondage chaque semaine, et qui est de dire : s'il vous plait, donnez-nous de la clarté, et s'il vous plait, bâtissez un équilibre où nous nous retrouvions.
Est-ce que vous rejoignez la majorité de Français? Ils étaient 57 % dans le sondage BVA qu'a publié La Dépêche du Midi, hier, 57 % de Français qui souhaitent le départ de Jean-Pierre Raffarin.
Vous voyez comme vous traduisez en termes de personnes.
Mais que voulez-vous qu'on fasse d'autre ?
En termes de personnes, quelque chose qui est pour moi une analyse beaucoup plus fondamentale que cela.
Ca passe par les personnes la politique ! On a invité François Bayrou ce matin
Pour moi, ça n'est pas la question fondamentale ! Quelles que soient les personnes. Et celles-là sont d'aussi bonne volonté que les autres !
Donc il s'agit qu'elles changent de méthodes de gouvernement...
Oh il faudrait changer en profondeur les méthodes de gouvernement. Mais je ne crois pas - et ça nous ramène à la question qui a été évoquée par Alain Duhamel - je ne crois pas que ça puisse changer sans que les Français s'en mêlent ! Et voilà pourquoi l'UDF est en train de définir la liste de ses candidats, de ses chefs de file aux Régionales, et va ensuite ouvrir un autre débat qui est : de quelle manière permettre aux Français d'intervenir dans ce jeu politique pour dire : écoutez, les choses ne vont pas. S'il vous plait, changez...
En fait, lors des élections régionales, l'UDF que vous dirigez a surtout envie de parler de politique nationale. C'est ça qui va motiver votre campagne.
Oh sûrement pas. C'est la formation probablement, vous le savez, la plus régionaliste du champ politique français. Mais, Alain Duhamel a très bien expliqué que, comme ça allait être le seul scrutin d'ici à 2007, il y aura inéluctablement dans cette élection deux dimensions, et elle sera analysée par vous de cette manière. Un : quelles équipes auront été choisies pour les régions ? Et je pense que les équipes que l'UDF présentera sont assez renouvelées, et assez régionalistes, pour entraîner l'adhésion. Et puis, deuxièmement : quel message national...
Là vous venez nous dire qu'il y aurait des listes UDF hein au passage...
Quel message national transmis ? Et pour moi cette question est très importante si l'on ne veut pas laisser continuer à dériver. Si l'on veut que se redressent les choses, il faut bien que les Français aient le moyen de l'exprimer, autrement que par les extrêmes, parce que les extrêmes ça ne fait pas avancer les choses, ça les bloque !
Est-ce que vous et les députés UDF tout à l'heure à l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire cet après-midi, voterez le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale ?
Oui, je vais plutôt recommander qu'on le vote, pour montrer qu'on n'est pas contre tout. Il y a eu des petites progressions, sur la prévention en particulier. Il y a quelque chose qui ne va pas sur la famille. On va essayer de bâtir un équilibre pour montrer que notre position n'est nullement d'opposition systématique.
C'est votre façon de ne pas aller trop loin dans le débat politique. C'est ça ?
J'irai aussi loin qu'il faudra aller si c'est pour faire entendre ce que les Français disent entre eux tous les jours, et que l'organisation du pouvoir ne permet pas de faire entendre. Vous avez un groupe majoritaire. Il comporte 365 députés, autant que de jours dans l'année.
364. J'ai vérifié.
Voilà. Très bien... Alors autant que de jours dans l'année, moins un... Ils n'ont même pas le droit de déposer un amendement ! alors comment fait-on entendre la voix des Français ? Cette question politique, démocratique majeure, l'UDF la pose, et la porte.
C'était François Bayrou sur RTL. Un centriste au long cours. Bonne journée.
(Source http://www.udf.org, le 5 novembre 2003)
Eh bien, futur pour futur, la réponse: demain, puisque c'est demain que l'UDF donnera ses chefs de file.
La réponse demain, ça veut dire que vous avez pris votre décision François Bayrou.
Oui j'ai pris ma décision.
Et vous ne voulez pas la communiquer ce matin.
Demain.
Ca ressemble un peu à un secret de polichinelle...
Respectons les calendriers.
Alors on va le respecter. L'UMP vous a proposé un code de bonne conduite. Vous soutenez à l'UDF les treize UMP sortants. Ils soutiennent Anne-Marie Comparini en Rhône/Alpes, et vous pouvez vous présenter en Aquitaine.
13 contre 1. C'est ça l'équilibre dont ils rêvent. Mais vous voyez que tout ça est un peu secondaire, et j'allais presque dire, dérisoire.
Pourquoi ?
Quelle est la véritable question ? C'est : est-ce qu'aujourd'hui en France il y a un sentiment de bonne gouvernance ? Est-ce qu'on va dans le bon sens ? Est-ce que les décisions prises sont claires pour les Français ? Est-ce que le système de gouvernement de décision est équilibré ?
Et à ces bonnes questions, vous répondez ?
Et est-ce que les Français s'y retrouvent ? Aujourd'hui, à ces questions, je réponds : il y a une très grande inquiétude. Et moi-même...
Attendez. A ces question, vous répondez oui, ou vous répondez non ?
Je réponds non. Je réponds non. Je réponds que, aujourd'hui en France, les choses ne vont pas dans le bon sens. Je veux dire que, aujourd'hui en France, la manière dont le pouvoir ou le gouvernement sont exercés ne permet pas aux Français de s'y retrouver et d'adhérer.
Ca tient aux hommes ?
Non, ça tient au système.
C'est un peu...
Attendez, je vais vous répondre. Je pense que les hommes sont de bonne volonté, qu'ils sont aujourd'hui dans une situation très difficilement gérable, avec des équipes qui sont très compliquées. On a le sentiment que chacun au gouvernement part un peu dans sa propre direction. Mais ça tient principalement à une conception française nouvelle, dans laquelle on aurait toutes les rênes du pouvoir entre les mêmes mains, un parti unique qui n'aurait de comptes à rendre à personne, et qui pourrait mener la France où il le veut. Or je crois, pour moi, que ça ne peut pas marcher. On va prendre deux exemples.
Ca va être un peu long peut-être.
Un alors si vous voulez
Un alors.
Cette nuit, on a appris, c'était le premier titre du journal, qu'à Bruxelles il y avait un problème sur le déficit français, et que le ministre des finances s'engageait à le réduire d'ici trois semaines...
Et à présenter avant le 25 novembre de nouvelles mesures d'économie budgétaire.
Voilà. On discute du budget depuis deux mois. Je suis moi-même monté à la tribune pour dire : vous allez avoir un problème avec le déficit. Vous ne pouvez pas éluder ce problème. On m'a répondu : pas du tout. On a refusé de prendre le moindre amendement sur ce sujet. Et vous voyez qu'aujourd'hui, rattrapés par les réalités, on va devoir rebâtir à la va-vite quelque chose qui ressemblera à des rustines, à un bricolage pour que Bruxelles laisse passer les choses. On ne gouverne pas comme ça.
C'est une mauvaise méthode du gouvernement.
Et je le dis parce que je suis dans la majorité.
On va en reparler de ça...
Ce que voudraient les Français aujourd'hui, c'est y voir clair, adhérer, avoir des décisions sérieuses...
Cet exemple budgétaire, que vous venez de nous donner, vous renforce dans votre volonté de vous abstenir le 18 novembre lors du vote du budget?
Si rien ne change, évidemment notre position ne changera pas. Mais vous voyez bien que, au-delà des signes que nous donnons, il y a une vraie question fondamentale que les Français manifestent sondage après sondage chaque semaine, et qui est de dire : s'il vous plait, donnez-nous de la clarté, et s'il vous plait, bâtissez un équilibre où nous nous retrouvions.
Est-ce que vous rejoignez la majorité de Français? Ils étaient 57 % dans le sondage BVA qu'a publié La Dépêche du Midi, hier, 57 % de Français qui souhaitent le départ de Jean-Pierre Raffarin.
Vous voyez comme vous traduisez en termes de personnes.
Mais que voulez-vous qu'on fasse d'autre ?
En termes de personnes, quelque chose qui est pour moi une analyse beaucoup plus fondamentale que cela.
Ca passe par les personnes la politique ! On a invité François Bayrou ce matin
Pour moi, ça n'est pas la question fondamentale ! Quelles que soient les personnes. Et celles-là sont d'aussi bonne volonté que les autres !
Donc il s'agit qu'elles changent de méthodes de gouvernement...
Oh il faudrait changer en profondeur les méthodes de gouvernement. Mais je ne crois pas - et ça nous ramène à la question qui a été évoquée par Alain Duhamel - je ne crois pas que ça puisse changer sans que les Français s'en mêlent ! Et voilà pourquoi l'UDF est en train de définir la liste de ses candidats, de ses chefs de file aux Régionales, et va ensuite ouvrir un autre débat qui est : de quelle manière permettre aux Français d'intervenir dans ce jeu politique pour dire : écoutez, les choses ne vont pas. S'il vous plait, changez...
En fait, lors des élections régionales, l'UDF que vous dirigez a surtout envie de parler de politique nationale. C'est ça qui va motiver votre campagne.
Oh sûrement pas. C'est la formation probablement, vous le savez, la plus régionaliste du champ politique français. Mais, Alain Duhamel a très bien expliqué que, comme ça allait être le seul scrutin d'ici à 2007, il y aura inéluctablement dans cette élection deux dimensions, et elle sera analysée par vous de cette manière. Un : quelles équipes auront été choisies pour les régions ? Et je pense que les équipes que l'UDF présentera sont assez renouvelées, et assez régionalistes, pour entraîner l'adhésion. Et puis, deuxièmement : quel message national...
Là vous venez nous dire qu'il y aurait des listes UDF hein au passage...
Quel message national transmis ? Et pour moi cette question est très importante si l'on ne veut pas laisser continuer à dériver. Si l'on veut que se redressent les choses, il faut bien que les Français aient le moyen de l'exprimer, autrement que par les extrêmes, parce que les extrêmes ça ne fait pas avancer les choses, ça les bloque !
Est-ce que vous et les députés UDF tout à l'heure à l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire cet après-midi, voterez le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale ?
Oui, je vais plutôt recommander qu'on le vote, pour montrer qu'on n'est pas contre tout. Il y a eu des petites progressions, sur la prévention en particulier. Il y a quelque chose qui ne va pas sur la famille. On va essayer de bâtir un équilibre pour montrer que notre position n'est nullement d'opposition systématique.
C'est votre façon de ne pas aller trop loin dans le débat politique. C'est ça ?
J'irai aussi loin qu'il faudra aller si c'est pour faire entendre ce que les Français disent entre eux tous les jours, et que l'organisation du pouvoir ne permet pas de faire entendre. Vous avez un groupe majoritaire. Il comporte 365 députés, autant que de jours dans l'année.
364. J'ai vérifié.
Voilà. Très bien... Alors autant que de jours dans l'année, moins un... Ils n'ont même pas le droit de déposer un amendement ! alors comment fait-on entendre la voix des Français ? Cette question politique, démocratique majeure, l'UDF la pose, et la porte.
C'était François Bayrou sur RTL. Un centriste au long cours. Bonne journée.
(Source http://www.udf.org, le 5 novembre 2003)