Déclaration de M. Luc Ferry, ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, sur l'intégration scolaire des enfants handicapés, l'accueil et l'orientation et le droit à la scolarité, Marseille le 13 octobre 2003.

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Circonstance : Colloque sur l'enfance et l'intégartion scolaire à Marseille le 13 octobre 2003

Texte intégral


Concernant l'intégration scolaire des enfants handicapés, nous nous sommes fixé deux objectifs prioritaires. Le premier est de faire en sorte que le droit à l'éducation pour tous ne reste pas lettre morte. A l'heure actuelle, 10 à 15 000 enfants handicapés scolarisables ne sont pas véritablement scolarisés, ce qui représente un problème de fond.
Notre second objectif est d'améliorer la continuité des parcours scolaires de ces enfants. En effet, les ruptures entre l'école primaire, l'enseignement secondaire et l'université sont néfastes à l'intégration des enfants handicapés et angoissantes pour eux et pour leurs familles.
Pour réaliser ces objectifs, nous devons travailler tous ensemble, en partenariat avec les collectivités territoriales et les associations. L'insertion des personnes handicapées est l'une des trois priorités du quinquennat du Président Chirac. Il nous soutient donc dans ce projet, y compris au niveau du financement de l'intégration scolaire des enfants handicapés.
Le plan que nous sommes en train de mettre en place comporte quatre axes majeurs.
1. Le droit à la scolarité pour tous et la continuité des parcours scolaires
Dans ce domaine, nous avons réalisé un effort important pour mettre en place, dès cette année, 300 Unités Pédagogiques d'Intégration (UPI) supplémentaires dans le second degré. En effet, il n'existait que 300 UPI alors que l'école primaire comportait 3 000 CLIS, d'où une rupture quasiment systématique du parcours scolaire des enfants concernés. Nous avons souhaité qu'une partie des UPI soient implantées au sein des lycées professionnels, afin d'améliorer l'accès des enfants handicapés aux formations professionnelles.
Par ailleurs, nous allons mettre en place des moyens supplémentaires pour optimiser le fonctionnement des SAPAD et permettre à ce dispositif de répondre à l'ensemble des demandes.
D'une manière générale, nous allons nous attacher à améliorer les Projets d'Accueil Individualisé (PAI) pour les enfants handicapés en milieu scolaire.
Enfin, nous souhaitons simplifier l'accueil des 7 500 étudiants handicapés au sein des universités, par la mise en place d'un guichet unique dans chaque établissement. Ce dispositif sera mis en uvre dès cette année dans certaines universités. Parallèlement, nous soutenons de nombreuses associations qui apportent une aide aux étudiants handicapés.
2. La formation professionnelle des agents
Tous les enseignants seront vraisemblablement confrontés, au cours de leur carrière, à un ou plusieurs enfants handicapés. Ainsi, dès 2004, des modules de sensibilisation et de formation à l'accueil des enfants handicapés seront mis en place dans les IUFM. Nous souhaitons également développer la formation à l'accueil des élèves handicapés dans le second degré. Par conséquent, nous mettrons en place une formation au handicap pour les enseignants du second degré, dans le cadre de la rénovation des CAPSAIS.
Par ailleurs, les personnels d'encadrement de l'Education nationale recevront obligatoirement une formation sur ce sujet. Les assistants d'éducation que nous avons recrutés pour prendre en charge les enfants handicapés bénéficieront également d'une formation spécifique. De plus, nous intègrerons des modules de sensibilisation à la question du handicap dans les programmes des écoles d'architecture, particulièrement dans les filières concernant l'architecture scolaire.
Enfin, nous avons inscrit un module de sensibilisation et de formation au handicap au programme des BAFA et des BAFD, c'est-à-dire le brevet d'animateur et le brevet de directeur de centres de loisirs ou de centres de vacances.
Nous espérons que cet effort de formation, ainsi que l'intégration des enfants handicapés dans des classes ordinaires, permettra de transformer le regard de la société sur ces enfants, qui sont certes différents des autres, mais qui sont avant tout des enfants, avec le même besoin d'amour, d'affection, de soutien et d'instruction que les autres enfants.
3. L'amélioration des conditions de scolarisation des élèves handicapés
Dans ce domaine, l'Etat doit travailler en partenariat avec les collectivités territoriales et les associations. Nous mettons actuellement en place un dispositif qui permettra de planifier la répartition des moyens dans les départements ; il sera évalué en toute transparence.
Notre effort doit concerner aussi bien les effectifs d'AVS que l'achat de matériel pédagogique. Ainsi, en 2004, nous consacrerons 8 millions d'euros à l'achat de matériel spécialisé. En effet, il existe de réelles innovations technologiques ; nous souhaitons acheter les outils les plus performants, mais également encourager la recherche dans ce domaine.
4. L'amélioration de l'accueil, de l'écoute, de l'information et de l'orientation des familles d'enfants handicapés
Les familles considèrent que trop souvent, la scolarisation d'un enfant handicapé est, encore aujourd'hui, un véritable parcours du combattant. Elles regrettent que les enseignants refusent fréquemment d'accueillir des enfants handicapés ; quant aux enseignants, ils estiment généralement qu'ils ne sont pas compétents pour une telle prise en charge. Cette difficulté pourra être surmontée grâce à la formation et à l'aide apportée par les assistants d'éducation et les associations.
Par ailleurs, les familles déplorent la fragilité de l'intégration scolaire des enfants handicapés ; à chaque étape de leur scolarité, les familles sont confrontées à des partenaires différents et doivent mettre en place des solutions nouvelles. Nous nous employons à améliorer la continuité des parcours, notamment par la création d'UPI.
Enfin, les familles souhaiteraient être mieux accueillies dans les Commissions d'Education Spécialisée. Nous travaillons pour améliorer le fonctionnement de ces commissions et créer dans tous les départements un guichet unique.
En conclusion, je tiens à souligner que la question du handicap ne sera pas oubliée dans le grand débat qui s'ouvre cette année sur l'avenir et sur les missions de l'école. Cette problématique sera au cur de nos interrogations.
Par ailleurs, lors de la mise en place d'un projet de cette envergure, des difficultés imprévues sont susceptibles de survenir sur le terrain. Ainsi, je vous invite à transmettre au Ministère toutes vos critiques constructives, vos suggestions et à nous faire part d'éventuelles difficultés rencontrées sur le terrain. Nous serons à l'écoute de toutes vos remarques : nous avons une réelle volonté de progresser dans l'intégration scolaire des enfants handicapés.
(source http://www.handicap.gouv.fr, le 15 décembre 2003)