Texte intégral
Mesdames et messieurs les inspecteurs d'académie, inspecteurs pédagogiques régionaux,
Si j'ai voulu m'adresser à vous, aujourd'hui, c'est parce qu'à la veille de lancer, avec la loi d'orientation pour l'école, un chantier de grande ampleur, je sais pouvoir trouver en vous les maîtres d'uvre d'une politique éducative cohérente et innovante.
Plus que tout autre corps, vous exercez, par votre rôle d'impulsion et d'évaluation, une action par laquelle les ambitions d'un projet éducatif peuvent être transmises, mais aussi suivies, guidées, et évaluées. Il m'a donc paru naturel de partager ces ambitions avec vous, et de vous appeler à les faire vôtres.
La politique éducative que nous allons devoir mettre en uvre à travers cette loi d'orientation comporte à mes yeux plusieurs priorités.
La première concerne la définition d'un socle commun de connaissances que chaque élève doit acquérir au cours de la scolarité obligatoire. Actuellement, 15 % des élèves entrent au collège sans maîtriser les éléments de français et de mathématiques qui sont la base pour une poursuite fructueuse de leur scolarité.
Cette situation n'est pas tenable. La nécessité de ce socle doit être réaffirmée et sa maîtrise doit être évaluée.
Contrairement à ce que j'ai pu entendre ici ou là, cette idée de socle ne traduit pas un objectif réducteur, minimal. Notre volonté est de voir le niveau éducatif de notre jeunesse progresser. Ce socle n'est donc pas un " plafond ", mais une assise pour faire mieux, pour aller plus loin. Il est le préalable à un parcours scolaire, personnel ou professionnel réussi.
Au sein de ce socle, la maîtrise du français doit occuper une place centrale. Discipline transversale, qui sert d'outil à tout l'enseignement, elle un instrument indispensable d'intégration et de socialisation. Son apprentissage est plus que jamais nécessaire, quitte à revenir à des exercices éprouvés dont la prétendue ancienneté ne diminue pas les mérites : dictée, rédaction, récitation. Nous le devons aux élèves, dont une maîtrise réelle de la langue sera le premier atout.
Une deuxième priorité concerne l'ouverture que notre système éducatif offre sur la vie active. L'École n'est pas un univers clos, imperméable aux exigences de notre société. Hier en vogue, l'idée d'une École resserrée sur elle-même a conduit à hiérarchiser la richesse des parcours éducatifs, contrariant par là même les potentialités d'épanouissement de certains élèves.
Comme vous le savez, plus de 150 000 élèves sortent chaque année du système sans avoir acquis une véritable qualification. Le phénomène demeure minoritaire, ce qui, en creux, signifie que la communauté éducative atteint globalement ses objectifs pour la majorité des adolescents Mais pour autant, ce chiffre souligne une situation que nous ne pouvons accepter. Pour nous, le service public de l'Éducation Nationale est soumis à un défi difficile mais qui relève de sa mission même : celui de ne laisser personne sur le bord du chemin.
Nous devons faire en sorte qu'à l'issue de son parcours scolaire, chaque élève possède la maîtrise d'une compétence reconnue, professionnellement valorisée, en accord avec ses dispositions et ses projets personnels.
Tous les élèves doivent sortir du système éducatif en possédant une qualification et en ayant acquis confiance en eux et en leur avenir.
A cet effet, la classe de 3e connaîtra bientôt une réforme, introduisant notamment un enseignement d'ouverture à l'entreprise et à ses métiers. Cette option de découverte professionnelle, mise en uvre à la rentrée 2005 dans un certain nombre de collèges, sera progressivement généralisée. Naturellement, elle ne constituera pas une étape d'orientation - qui serait prématurée ; il s'agira de sensibiliser l'adolescent au monde du travail, à ses pratiques, et d'éclairer au mieux ses choix futurs.
On peut donc fonder sur cette nouvelle 3e l'espoir d'orientations plus judicieuses, car mieux réfléchies et mieux préparées. Je fais le pari qu'elle permettra entre autres de réaliser un objectif important : l'accès des jeunes filles à toutes les filières de formation, y compris dans le domaine industriel, ou, de façon générale, dans le domaine de la production. Cet accès reste, nous le savons, insuffisant, pour ne pas dire inégalitaire. L'Éducation nationale a la vocation et le devoir de l'élargir.
Je ne serais pas complet sur ce point, si je ne rappelais pas l'importance d'intégrer à cet objectif de formation les élèves handicapés. La qualité de leur qualification est d'autant plus importante que leur insertion professionnelle est souvent difficile. Ils ne réclament pourtant, bien souvent, que les simples conditions pratiques d'un travail régulier, adaptées à leur degré d'autonomie. Ayons à cur de les leur offrir, pour qu'ils ne soient pas les oubliés du système.
L'informatique et les réseaux numériques constituent une piste importante pour cette démarche. Permettant un travail de recherche et de pédagogie à distance ; autorisant des rythmes plus souples et des approches plus personnalisées ; offrant un abord différent des connaissances, ils mettent l'éducation et les sources de la culture à la portée de tous.
Je ne prétends pas que l'usage des technologies de l'information et de la communication soit une fin en soi. Elles ne sont qu'un outil mais cet outil est incontournable.
Les réseaux de l'information irriguent notre environnement immédiat. Ils formeront demain l'univers personnel et professionnel de toutes les générations. L'Éducation nationale doit donc poursuivre l'intégration de cet outil dans les pratiques pédagogiques et je vois en cela une troisième priorité.
Mais, mesdames et messieurs, aucun de ces objectifs ne serait atteint, sans une dernière priorité, qui est la restauration de l'autorité : autorité professorale du maître, autorité des personnels d'encadrement au sens large, autorité de la justice lorsque la sérénité du monde éducatif l'exige.
On aurait mauvaise grâce à voir ici un rigorisme étroit et mal placé : il s'agit de rappeler ce qui devrait aller de soi. Le professeur dans sa classe, le proviseur ou le principal dans son établissement doivent être investis d'une autorité indispensable à l'exercice de leur mission. Cette autorité préserve les conditions de la transmission du savoir ; elle sanctionne les manquements à un règlement de vie commune ; a fortiori, elle prévient avec fermeté toute manifestation de violence scolaire, dont j'ai rappelé, avec le chef de l'État, le caractère intolérable.
Les victimes du désordre et des rapports de force sont toujours les enfants les plus faibles ou les moins favorisés socialement. Pour moi, les choses sont donc claires : l'autorité est l'alliée du savoir, du civisme et de la promotion sociale.
Le rétablissement de l'autorité correspond à une demande sociale très large, qui va des enseignants aux élèves eux-mêmes en passant par leurs parents.
Une circulaire nouvelle y contribuera bientôt.
Relative à l'organisation des procédures disciplinaires, elle rappellera que les gestes d'indiscipline doivent recevoir une réponse immédiate. Elle prévoira à cette fin de rééquilibrer la représentation des acteurs de l'école, au sein des conseils de discipline. Les professeurs étant en première ligne des situations de crise et de conflit, leur nombre passera de deux à quatre. Pour la même raison, l'adjoint au chef d'établissement, fréquemment appelé à connaître des cas de rupture ou d'affrontement, siègera désormais dans ces instances. Le chef d'établissement, pour sa part, pourra désormais déférer devant le recteur toute décision du conseil de discipline de ne pas sanctionner une faute grave alors que jusqu'à maintenant, seule la décision de sanctionner pouvait faire l'objet d'un tel appel. Le texte confirmera enfin - toujours dans le cadre du droit et des principes édictés par la circulaire de juillet 2000 - l'autonomie de l'enseignant dans les punitions qu'il peut être amené à imposer.
Mesdames, messieurs,
Au moment où le gouvernement prépare la loi d'orientation, vos missions sont plus que jamais essentielles pour accompagner l'ambition réaffirmée de la Nation pour son École.
La première de ces missions, c'est bien entendu l'inspection et l'évaluation des enseignants, auprès desquels vous assurez aussi un rôle important d'animation, de formation, et de conseil. Je pense bien entendu au travail que vous accomplissez pour la mise en place des nouveaux programmes.
Je pense également au rôle que vous jouez dans l'accueil et l'adaptation au premier emploi des jeunes enseignants. A ce sujet je souhaite que les corps d'inspection soient davantage associés à la formation initiale et continue des enseignants.
Ces missions réclament de votre part une véritable expertise, un grand sens des responsabilités, un engagement et un professionnalisme sans faille. Elles exigent également une pratique du terrain dont je rappelle une nouvelle fois la valeur : c'est dans les établissements et dans les classes que votre métier trouve avant tout sa raison d'être. C'est par votre aide, par vos conseils, par votre présence dans ces lieux, que vous apportez aux enseignants les moyens d'un meilleur exercice de leur métier. Vous contribuez ainsi à créer les conditions qui leur permettent d'assumer leur tâche avec compétence et donc plus de confiance et de liberté.
C'est cette liberté pédagogique qu'il vous convient d'encourager mais aussi de guider, de contrôler, pour que l'enseignement de chaque discipline conserve sa cohérence et y gagne en efficacité.
C'est aussi par votre présence dans les classes et dans les établissements que vous pouvez assumer pleinement votre mission de conseiller auprès des recteurs.
Il ne saurait y avoir de pilotage académique sans un regard appuyé sur les effets et les conséquences d'une politique éducative au plus près des acteurs du terrain.
Vous avez un rôle significatif à jouer dans la mise en uvre et l'évaluation, au niveau académique, de la politique nationale à travers de l'expertise de chaque discipline ou spécialité.
A ce sujet, j'estime que les rapports que vous produisez chaque année à l'occasion de vos inspections méritent d'être davantage exploités. Il me semble que l'Éducation nationale se prive trop souvent d'une mine de renseignements ; une mine en mesure de livrer un état des lieux plus précis de l'enseignement dans les différentes disciplines et d'apprécier la qualité du pilotage pédagogique. Ce travail de collecte et d'analyse qui est déjà entrepris dans certaines académies gagnerait, je le crois, à être généralisé.
Parce que votre travail vous place dans une position stratégique, entre le terrain et l'académie, parce qu'il vous offre, simultanément, une vision disciplinaire et une vision globale, il prend de ce fait une importance particulière dans le cadre de la nouvelle loi d'orientation de la loi de finance - la LOLF - qui réclamera une évaluation plus exigeante de notre politique éducative et des moyens mis en uvre.
Votre travail s'inscrit également dans le contexte de la décentralisation. Décentralisation ne suffit pas désorganisation ! Nous sommes ensemble les garants de la continuité et de la cohérence de l'action publique ; nous sommes, vous et moi, les garants de l'égalité des chances entre tous les élèves.
C'est dans ce souci de cohérence et d'efficacité que je souhaite que vous conserviez avec l'inspection générale une relation intellectuelle et fonctionnelle authentique et forte. En effet il ne saurait y avoir de vision nationale du système éducatif sans un éclairage qui vienne du terrain et des académies. Inversement votre expertise et votre légitimité disciplinaire ne sauraient s'affirmer pleinement sans un travail régulier avec l'inspection générale.
Dans ce survol un peu rapide des missions qui sont les vôtres, j'aurais pu y ajouter la nécessité qui vous est faite d'entretenir avec les personnels de direction, avec les autres corps d'inspection, des relations fonctionnelles plus suivies afin de garantir les conditions d'un pilotage encore plus efficace et lisible. J'aurais pu également mentionner votre travail en matière d'examens, de procédures de recrutement et votre implication dans la gestion des ressources humaines des académies
Je crois savoir que les procédures d'évaluation concernant les corps d'inspection qui sont étudiées par la Direction de l'encadrement prendront en considération l'ensemble de ces missions auxquelles j'attache de l'importance.
Mesdames et messieurs,
L'affirmation de nos priorités exige des moyens. En dépit d'un contexte budgétaire délicat, elle se traduit, pour l'année 2005, par une augmentation du budget de l'Éducation nationale,
Pour les I.A.- I .P.R., j'ai tenu à annoncer la création de 15 postes nouveaux, et une revalorisation de vos indemnités correspondant à 2 millions d'euros supplémentaires pour les inspecteurs territoriaux.
Ce sont des décisions qui témoignent de la légitime reconnaissance de l'institution à votre égard.
L'École est confrontée aux défis du XXIe siècle. Vous êtes, avec toute la communauté éducative, en première ligne.
J'ai confiance en vous et en votre action. Vous pouvez compter sur notre détermination, et sur mon attention personnelle.
(Source http://www.loi.ecole.gouv.fr, le 20 octobre 2004)
Si j'ai voulu m'adresser à vous, aujourd'hui, c'est parce qu'à la veille de lancer, avec la loi d'orientation pour l'école, un chantier de grande ampleur, je sais pouvoir trouver en vous les maîtres d'uvre d'une politique éducative cohérente et innovante.
Plus que tout autre corps, vous exercez, par votre rôle d'impulsion et d'évaluation, une action par laquelle les ambitions d'un projet éducatif peuvent être transmises, mais aussi suivies, guidées, et évaluées. Il m'a donc paru naturel de partager ces ambitions avec vous, et de vous appeler à les faire vôtres.
La politique éducative que nous allons devoir mettre en uvre à travers cette loi d'orientation comporte à mes yeux plusieurs priorités.
La première concerne la définition d'un socle commun de connaissances que chaque élève doit acquérir au cours de la scolarité obligatoire. Actuellement, 15 % des élèves entrent au collège sans maîtriser les éléments de français et de mathématiques qui sont la base pour une poursuite fructueuse de leur scolarité.
Cette situation n'est pas tenable. La nécessité de ce socle doit être réaffirmée et sa maîtrise doit être évaluée.
Contrairement à ce que j'ai pu entendre ici ou là, cette idée de socle ne traduit pas un objectif réducteur, minimal. Notre volonté est de voir le niveau éducatif de notre jeunesse progresser. Ce socle n'est donc pas un " plafond ", mais une assise pour faire mieux, pour aller plus loin. Il est le préalable à un parcours scolaire, personnel ou professionnel réussi.
Au sein de ce socle, la maîtrise du français doit occuper une place centrale. Discipline transversale, qui sert d'outil à tout l'enseignement, elle un instrument indispensable d'intégration et de socialisation. Son apprentissage est plus que jamais nécessaire, quitte à revenir à des exercices éprouvés dont la prétendue ancienneté ne diminue pas les mérites : dictée, rédaction, récitation. Nous le devons aux élèves, dont une maîtrise réelle de la langue sera le premier atout.
Une deuxième priorité concerne l'ouverture que notre système éducatif offre sur la vie active. L'École n'est pas un univers clos, imperméable aux exigences de notre société. Hier en vogue, l'idée d'une École resserrée sur elle-même a conduit à hiérarchiser la richesse des parcours éducatifs, contrariant par là même les potentialités d'épanouissement de certains élèves.
Comme vous le savez, plus de 150 000 élèves sortent chaque année du système sans avoir acquis une véritable qualification. Le phénomène demeure minoritaire, ce qui, en creux, signifie que la communauté éducative atteint globalement ses objectifs pour la majorité des adolescents Mais pour autant, ce chiffre souligne une situation que nous ne pouvons accepter. Pour nous, le service public de l'Éducation Nationale est soumis à un défi difficile mais qui relève de sa mission même : celui de ne laisser personne sur le bord du chemin.
Nous devons faire en sorte qu'à l'issue de son parcours scolaire, chaque élève possède la maîtrise d'une compétence reconnue, professionnellement valorisée, en accord avec ses dispositions et ses projets personnels.
Tous les élèves doivent sortir du système éducatif en possédant une qualification et en ayant acquis confiance en eux et en leur avenir.
A cet effet, la classe de 3e connaîtra bientôt une réforme, introduisant notamment un enseignement d'ouverture à l'entreprise et à ses métiers. Cette option de découverte professionnelle, mise en uvre à la rentrée 2005 dans un certain nombre de collèges, sera progressivement généralisée. Naturellement, elle ne constituera pas une étape d'orientation - qui serait prématurée ; il s'agira de sensibiliser l'adolescent au monde du travail, à ses pratiques, et d'éclairer au mieux ses choix futurs.
On peut donc fonder sur cette nouvelle 3e l'espoir d'orientations plus judicieuses, car mieux réfléchies et mieux préparées. Je fais le pari qu'elle permettra entre autres de réaliser un objectif important : l'accès des jeunes filles à toutes les filières de formation, y compris dans le domaine industriel, ou, de façon générale, dans le domaine de la production. Cet accès reste, nous le savons, insuffisant, pour ne pas dire inégalitaire. L'Éducation nationale a la vocation et le devoir de l'élargir.
Je ne serais pas complet sur ce point, si je ne rappelais pas l'importance d'intégrer à cet objectif de formation les élèves handicapés. La qualité de leur qualification est d'autant plus importante que leur insertion professionnelle est souvent difficile. Ils ne réclament pourtant, bien souvent, que les simples conditions pratiques d'un travail régulier, adaptées à leur degré d'autonomie. Ayons à cur de les leur offrir, pour qu'ils ne soient pas les oubliés du système.
L'informatique et les réseaux numériques constituent une piste importante pour cette démarche. Permettant un travail de recherche et de pédagogie à distance ; autorisant des rythmes plus souples et des approches plus personnalisées ; offrant un abord différent des connaissances, ils mettent l'éducation et les sources de la culture à la portée de tous.
Je ne prétends pas que l'usage des technologies de l'information et de la communication soit une fin en soi. Elles ne sont qu'un outil mais cet outil est incontournable.
Les réseaux de l'information irriguent notre environnement immédiat. Ils formeront demain l'univers personnel et professionnel de toutes les générations. L'Éducation nationale doit donc poursuivre l'intégration de cet outil dans les pratiques pédagogiques et je vois en cela une troisième priorité.
Mais, mesdames et messieurs, aucun de ces objectifs ne serait atteint, sans une dernière priorité, qui est la restauration de l'autorité : autorité professorale du maître, autorité des personnels d'encadrement au sens large, autorité de la justice lorsque la sérénité du monde éducatif l'exige.
On aurait mauvaise grâce à voir ici un rigorisme étroit et mal placé : il s'agit de rappeler ce qui devrait aller de soi. Le professeur dans sa classe, le proviseur ou le principal dans son établissement doivent être investis d'une autorité indispensable à l'exercice de leur mission. Cette autorité préserve les conditions de la transmission du savoir ; elle sanctionne les manquements à un règlement de vie commune ; a fortiori, elle prévient avec fermeté toute manifestation de violence scolaire, dont j'ai rappelé, avec le chef de l'État, le caractère intolérable.
Les victimes du désordre et des rapports de force sont toujours les enfants les plus faibles ou les moins favorisés socialement. Pour moi, les choses sont donc claires : l'autorité est l'alliée du savoir, du civisme et de la promotion sociale.
Le rétablissement de l'autorité correspond à une demande sociale très large, qui va des enseignants aux élèves eux-mêmes en passant par leurs parents.
Une circulaire nouvelle y contribuera bientôt.
Relative à l'organisation des procédures disciplinaires, elle rappellera que les gestes d'indiscipline doivent recevoir une réponse immédiate. Elle prévoira à cette fin de rééquilibrer la représentation des acteurs de l'école, au sein des conseils de discipline. Les professeurs étant en première ligne des situations de crise et de conflit, leur nombre passera de deux à quatre. Pour la même raison, l'adjoint au chef d'établissement, fréquemment appelé à connaître des cas de rupture ou d'affrontement, siègera désormais dans ces instances. Le chef d'établissement, pour sa part, pourra désormais déférer devant le recteur toute décision du conseil de discipline de ne pas sanctionner une faute grave alors que jusqu'à maintenant, seule la décision de sanctionner pouvait faire l'objet d'un tel appel. Le texte confirmera enfin - toujours dans le cadre du droit et des principes édictés par la circulaire de juillet 2000 - l'autonomie de l'enseignant dans les punitions qu'il peut être amené à imposer.
Mesdames, messieurs,
Au moment où le gouvernement prépare la loi d'orientation, vos missions sont plus que jamais essentielles pour accompagner l'ambition réaffirmée de la Nation pour son École.
La première de ces missions, c'est bien entendu l'inspection et l'évaluation des enseignants, auprès desquels vous assurez aussi un rôle important d'animation, de formation, et de conseil. Je pense bien entendu au travail que vous accomplissez pour la mise en place des nouveaux programmes.
Je pense également au rôle que vous jouez dans l'accueil et l'adaptation au premier emploi des jeunes enseignants. A ce sujet je souhaite que les corps d'inspection soient davantage associés à la formation initiale et continue des enseignants.
Ces missions réclament de votre part une véritable expertise, un grand sens des responsabilités, un engagement et un professionnalisme sans faille. Elles exigent également une pratique du terrain dont je rappelle une nouvelle fois la valeur : c'est dans les établissements et dans les classes que votre métier trouve avant tout sa raison d'être. C'est par votre aide, par vos conseils, par votre présence dans ces lieux, que vous apportez aux enseignants les moyens d'un meilleur exercice de leur métier. Vous contribuez ainsi à créer les conditions qui leur permettent d'assumer leur tâche avec compétence et donc plus de confiance et de liberté.
C'est cette liberté pédagogique qu'il vous convient d'encourager mais aussi de guider, de contrôler, pour que l'enseignement de chaque discipline conserve sa cohérence et y gagne en efficacité.
C'est aussi par votre présence dans les classes et dans les établissements que vous pouvez assumer pleinement votre mission de conseiller auprès des recteurs.
Il ne saurait y avoir de pilotage académique sans un regard appuyé sur les effets et les conséquences d'une politique éducative au plus près des acteurs du terrain.
Vous avez un rôle significatif à jouer dans la mise en uvre et l'évaluation, au niveau académique, de la politique nationale à travers de l'expertise de chaque discipline ou spécialité.
A ce sujet, j'estime que les rapports que vous produisez chaque année à l'occasion de vos inspections méritent d'être davantage exploités. Il me semble que l'Éducation nationale se prive trop souvent d'une mine de renseignements ; une mine en mesure de livrer un état des lieux plus précis de l'enseignement dans les différentes disciplines et d'apprécier la qualité du pilotage pédagogique. Ce travail de collecte et d'analyse qui est déjà entrepris dans certaines académies gagnerait, je le crois, à être généralisé.
Parce que votre travail vous place dans une position stratégique, entre le terrain et l'académie, parce qu'il vous offre, simultanément, une vision disciplinaire et une vision globale, il prend de ce fait une importance particulière dans le cadre de la nouvelle loi d'orientation de la loi de finance - la LOLF - qui réclamera une évaluation plus exigeante de notre politique éducative et des moyens mis en uvre.
Votre travail s'inscrit également dans le contexte de la décentralisation. Décentralisation ne suffit pas désorganisation ! Nous sommes ensemble les garants de la continuité et de la cohérence de l'action publique ; nous sommes, vous et moi, les garants de l'égalité des chances entre tous les élèves.
C'est dans ce souci de cohérence et d'efficacité que je souhaite que vous conserviez avec l'inspection générale une relation intellectuelle et fonctionnelle authentique et forte. En effet il ne saurait y avoir de vision nationale du système éducatif sans un éclairage qui vienne du terrain et des académies. Inversement votre expertise et votre légitimité disciplinaire ne sauraient s'affirmer pleinement sans un travail régulier avec l'inspection générale.
Dans ce survol un peu rapide des missions qui sont les vôtres, j'aurais pu y ajouter la nécessité qui vous est faite d'entretenir avec les personnels de direction, avec les autres corps d'inspection, des relations fonctionnelles plus suivies afin de garantir les conditions d'un pilotage encore plus efficace et lisible. J'aurais pu également mentionner votre travail en matière d'examens, de procédures de recrutement et votre implication dans la gestion des ressources humaines des académies
Je crois savoir que les procédures d'évaluation concernant les corps d'inspection qui sont étudiées par la Direction de l'encadrement prendront en considération l'ensemble de ces missions auxquelles j'attache de l'importance.
Mesdames et messieurs,
L'affirmation de nos priorités exige des moyens. En dépit d'un contexte budgétaire délicat, elle se traduit, pour l'année 2005, par une augmentation du budget de l'Éducation nationale,
Pour les I.A.- I .P.R., j'ai tenu à annoncer la création de 15 postes nouveaux, et une revalorisation de vos indemnités correspondant à 2 millions d'euros supplémentaires pour les inspecteurs territoriaux.
Ce sont des décisions qui témoignent de la légitime reconnaissance de l'institution à votre égard.
L'École est confrontée aux défis du XXIe siècle. Vous êtes, avec toute la communauté éducative, en première ligne.
J'ai confiance en vous et en votre action. Vous pouvez compter sur notre détermination, et sur mon attention personnelle.
(Source http://www.loi.ecole.gouv.fr, le 20 octobre 2004)