Texte intégral
S. Paoli-. Si l'enseignement supérieur et la recherche constituent aux yeux du président de la République un enjeu stratégique - il l'écrivait récemment dans un courrier adressé à la Conférence des présidents d'université -, alors quels en seront les moyens et, plus généralement, ceux de l'Education nationale ? Quatre fédérations de syndicats enseignants appellent à la grève nationale le 25 mai prochain pour protester contre ce qu'ils jugent être " l'insuffisance des moyens budgétaires et éducatifs " prévus pour la rentrée prochaine. Invité de Question Directe, F. Fillon, ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, bonjour !
- "Bonjour !"
Q- J.-L. Borloo, qui vous a succédé au ministère de l'Emploi et de la cohésion sociale affirme qu'il a obtenu les moyens financiers pour sa politique. Il a peut-être parlé un peu vite d'ailleurs, parce qu'apparemment dans les journaux ce matin, on voit qu'à Bercy on considère qu'il a une enveloppe et qu'il faut qu'il la gère et qu'il n'aura pas un centime de plus. Mais avez-vous, vous - puisque le président de la République y voit un enjeu stratégique - obtenu des moyens qui permettent de donner à cet enjeu les moyens d'exister ?
R - "S. Paoli, j'ai aujourd'hui la responsabilité d'un budget qui est le quart du budget de la Nation. 25 % du budget de l'Etat sont aujourd'hui consacrés à l'Education nationale, à l'Enseignement supérieur et à la Recherche. Ce budget a plus augmenté en 2004 que les autres budgets du pays. Et, naturellement, je vais veiller à ce que l'Education nationale, les Universités et la Recherche aient les moyens de leur mission. Et d'ailleurs vous avez pu constater que la Recherche a été protégée des gels de crédits et que nous avons pu, et dans l'université et dans les laboratoires, à la suite du conflit qui a secoué le monde de la Recherche, mettre en place les postes nécessaires pour répondre aux attentes. Mais en même temps, il faut bien que tout le monde comprenne, et en particulier la communauté éducative, qu'il ne servirait à rien de former nos enfants, si la seule chose que nous sommes capables de leur transmettre ce sont des dettes. Et donc, naturellement, nous avons aussi et j'ai aussi le souci des équilibres budgétaires."
Q- Mais d'où vient cette inquiétude, plus qu'une inquiétude d'ailleurs, cette mobilisation des syndicats pour le 25 mai ? Eux considèrent qu'en réalité la rentrée prochaine ne se fera pas dans des conditions normales avec encore une fois des réductions d'effectifs, de postes, importantes.
R - "Il y a - et c'est mon prédécesseur qui avait mis en oeuvre cette politique - une adaptation des postes aux effectifs dans les classes, parce qu'il y a aussi des mouvements démographiques et vous savez en particulier que dans le second degré, il y a une baisse assez sensible des effectifs. Donc on a prévu 1.500 postes supplémentaires dans le primaire, parce que les effectifs augmentent, et on a prévu une réduction de postes dans le secondaire, parce que les effectifs baissent. Dans l'absolu, naturellement, pour pouvoir toujours améliorer le service rendu aux élèves, ce serait formidable de pouvoir ne pas tenir compte des baisses d'effectifs et de maintenir le nombre de professeurs. Ce n'est pas possible dans le contexte économique que nous connaissons et il faut que les organisations syndicales acceptent cette idée, que, ce qui compte finalement, c'est le rapport entre le nombre d'enseignants et le nombre d'élèves. Quand le nombre d'élèves baisse, il faut accepter un effort de réduction de postes."
Q- Et vous arrivez à tenir un équilibre, puisqu'après tout, le président de la République a beaucoup insisté sur l'enseignement supérieur, mais enfin il y a aussi l'université, il n'y a pas que l'enseignement supérieur. Est-ce que les moyens vont être également répartis dans tout le champ de l'éducation ?
R - "Les moyens sont aujourd'hui assez équitablement répartis, mais il y a ces mouvements démographiques que j'évoquais et ces mouvements démographiques font qu'incontestablement l'université est, aujourd'hui, sans doute le secteur le moins bien traité par rapport à l'enseignement secondaire et à l'enseignement primaire et il y a un effort particulier à faire pour l'université française."
Q- Mais comment vous allez faire pour répondre à ce que vous appelez vous-même une sorte de " quadrature du cercle " pour l'université ? C'est-à-dire un accès ouvert au plus grand nombre et en même temps revendiquer l'excellence ?
R - "L'accès ouvert au plus grand nombre, j'ai envie de dire que c'est le passé, c'est-à-dire que l'université a fait le travail de démocratisation qui explique d'ailleurs beaucoup des difficultés qu'elle a connues depuis une vingtaine d'années. Maintenant, il y a une certaine stabilisation des effectifs et je pense qu'on peut s'attaquer au renforcement de l'excellence. Et on y est aidé par les réformes qui ont été mises en place, notamment dans le cadre européen avec ce qu'on appelle la réforme du LMD - Licence, Master, Doctorat - qui permet d'avoir des indicateurs d'excellence qui seront à la fois plus clairs et en même temps qui sont les mêmes pour l'ensemble des pays européens. Et je pense qu'avec cette réforme, nous allons pouvoir progresser sur la voie de l'excellence. Mais il ne faut pas non plus noircir le tableau. L'université française est une université de grande qualité, elle souffre d'une certaine absence de moyens, elle souffre des difficultés liées à l'augmentation très forte du nombre des étudiants. Il n'empêche que c'est une des grandes universités du monde."
Q- Sûrement. Mais cette question d'excellence - j'en reviens au fond à l'équilibre et d'une certaine façon à l'équité -, si l'excellence ne se situait que dans le champ du doctorat, pour reprendre les trois lettes : LMD, D pour doctorat, les masters c'est pourquoi faire ? C'est pour faire venir les étrangers chez nous et faire en sorte de redonner un petit peu plus d'énergie, de tonus et d'image aussi à l'université française ?
R - "C'est à la fois effectivement pour faire venir les étrangers chez nous, c'est aussi la progression. Quand on rentre à l'université on y rentre avec l'espoir de faire de la recherche ou d'aller enseigner - mais aussi d'aller vers des métiers et, au fond, l'étape du master est une étape intermédiaire entre la vocation professionnelle et puis la vocation à l'excellence, à la recherche, à l'enseignement."
Q- Et la licence ? Parce qu'on se souvient aussi de la fameuse formule " 80% d'une classe d'âge qui aura le baccalauréat ", très bien, on a fait monter le niveau, mais on a vu aussi les énormes difficultés que cela a pu créer. Alors la licence ouverte en grand, comment là aussi vous appréhendez ce champ là ?
R - "Ça ce n'est pas une modification, c'est le maintien d'une situation existante. Vous savez d'ailleurs ce slogan " 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat ", comme tous les slogans, a eu au fond beaucoup d'effets négatifs. Et d'ailleurs je me demande même comment on a pu l'imaginer, car ce n'est pas 80 % d'une classe d'âge qu'il faut mener au baccalauréat, c'est l'ensemble des jeunes auxquels il faut donner une formation. Et c'est bien aujourd'hui mon souci, c'est de faire en sorte que tous les jeunes qui sortent, et ils sont nombreux, de notre système scolaire sans formation puissent trouver un métier, puissent sortir en ayant confiance en eux-mêmes. Donc le système éducatif, il doit être adapté à chacun, il doit être adapté aux besoins de l'économie, il doit être adapté aux aspirations de l'opinion. Alors c'est vrai que c'est un peu la quadrature du cercle, mais au fond, ça a toujours été la mission du ministre de l'Education nationale et je l'aborde avec beaucoup de détermination."
Q- Et le dossier qui faisait mal, c'est-à-dire celui de l'autonomie des universités, c'est repoussé à quand, est-ce que c'est écarté définitivement ?
R - "Non ce n'est pas écarté définitivement, mais je crois que la question fondamentale, ce n'est pas tant celle de l'organisation. On présente trop souvent les choses dans notre pays au travers de l'organisation, des structures. L'autonomie c'est important, à condition que ce soit pour obtenir des résultats. Et donc ce que je souhaite aujourd'hui faire, puisque je constate que ce dossier n'est pas mûr, qu'il y a encore beaucoup d'acteurs de l'université qui le refusent, et on ne fera pas de réforme dans l'université, sans une adhésion forte, en particulier des enseignants, donc j'ai demandé du temps supplémentaire pour préparer cette réforme nécessaire. Et puis nous engageons une réforme de la recherche, sur des bases qui sont je crois des bases assez saines et qui sont au fond le résultat de la crise que l'on vient de connaître et de la prise de conscience, à la fois de la communauté nationale, mais surtout du monde de la recherche, des nécessités de réformes. Eh bien l'université étant très liée, étant partie prenante de notre organisation en matière de recherche, je souhaite que l'on mette à profit cette réforme de la recherche qui va avoir lieu cette année pour introduire des évolutions dans l'organisation de l'université."
Q- Vous êtes, j'allais dire le dernier - pardonnez-moi, ce n'est pas une hiérarchie, mais le dernier ministre - à s'exprimer avant le Premier ministre ce soir. Tout le monde a parlé et écoutant les uns après les autres, on mesure tout de même la difficulté du parcours et la question centrale, pardon j'y reviens, mais celle des moyens, celle de l'argent. Vous pensez que J.-P. Raffarin va pouvoir dire ce soir : on y va, on va réussir tout ce qu'on fait, vraiment ?
R - "D'abord tout ne peut pas se mesurer au niveau de la dépense publique, enfin, sinon..."
Q- Oui, mais enfin c'est le nerf de la guerre comme toujours.
R - "Oui, enfin c'est le nerf de la guerre, on peut aussi mieux utiliser les moyens. On peut aussi accepter de faire quelques efforts supplémentaires. J'ai toujours dit que l'on ne sortirait pas de la crise que l'on connaît sans travailler un peu plus. Je le disais hier, je le redis aujourd'hui. Et je pense que ce qu'il faut que J.-P. Raffarin puisse faire ce soir, c'est démontrer à nos concitoyens que certes, il y a des inflexions qui ont été apportées à la politique du Gouvernement parce que nous avons pris compte de la défaite électorale que nous avons subie aux élections régionales, mais ces inflexions ne doivent pas nous faire perdre de vue que les réformes sont indispensables, que le pays doit évoluer, que le pays doit être adapté, sinon il décrochera par rapport aux autres pays européens et alors les problèmes que nous rencontrerons seront bien plus graves que ceux que nous connaissons aujourd'hui."
Q- Vous dites, nous avons pris compte. Vous êtes probablement, vous êtes sûrement celui qui, au soir des régionales, a dit le plus clairement son point de vue sur le résultat. Apparemment certains vous l'ont reproché, le Premier ministre parle moins de vous qu'avant. Il y a un titre dans Le Figaro ce matin : " Raffarin se donne trente minutes pour conclure ". Cela peut se lire de différentes façons ça !
R- "Oui, ça les titres des journaux, il y a longtemps que j'ai compris que c'était rarement adapté à la réalité des choses."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 mai 2004)
- "Bonjour !"
Q- J.-L. Borloo, qui vous a succédé au ministère de l'Emploi et de la cohésion sociale affirme qu'il a obtenu les moyens financiers pour sa politique. Il a peut-être parlé un peu vite d'ailleurs, parce qu'apparemment dans les journaux ce matin, on voit qu'à Bercy on considère qu'il a une enveloppe et qu'il faut qu'il la gère et qu'il n'aura pas un centime de plus. Mais avez-vous, vous - puisque le président de la République y voit un enjeu stratégique - obtenu des moyens qui permettent de donner à cet enjeu les moyens d'exister ?
R - "S. Paoli, j'ai aujourd'hui la responsabilité d'un budget qui est le quart du budget de la Nation. 25 % du budget de l'Etat sont aujourd'hui consacrés à l'Education nationale, à l'Enseignement supérieur et à la Recherche. Ce budget a plus augmenté en 2004 que les autres budgets du pays. Et, naturellement, je vais veiller à ce que l'Education nationale, les Universités et la Recherche aient les moyens de leur mission. Et d'ailleurs vous avez pu constater que la Recherche a été protégée des gels de crédits et que nous avons pu, et dans l'université et dans les laboratoires, à la suite du conflit qui a secoué le monde de la Recherche, mettre en place les postes nécessaires pour répondre aux attentes. Mais en même temps, il faut bien que tout le monde comprenne, et en particulier la communauté éducative, qu'il ne servirait à rien de former nos enfants, si la seule chose que nous sommes capables de leur transmettre ce sont des dettes. Et donc, naturellement, nous avons aussi et j'ai aussi le souci des équilibres budgétaires."
Q- Mais d'où vient cette inquiétude, plus qu'une inquiétude d'ailleurs, cette mobilisation des syndicats pour le 25 mai ? Eux considèrent qu'en réalité la rentrée prochaine ne se fera pas dans des conditions normales avec encore une fois des réductions d'effectifs, de postes, importantes.
R - "Il y a - et c'est mon prédécesseur qui avait mis en oeuvre cette politique - une adaptation des postes aux effectifs dans les classes, parce qu'il y a aussi des mouvements démographiques et vous savez en particulier que dans le second degré, il y a une baisse assez sensible des effectifs. Donc on a prévu 1.500 postes supplémentaires dans le primaire, parce que les effectifs augmentent, et on a prévu une réduction de postes dans le secondaire, parce que les effectifs baissent. Dans l'absolu, naturellement, pour pouvoir toujours améliorer le service rendu aux élèves, ce serait formidable de pouvoir ne pas tenir compte des baisses d'effectifs et de maintenir le nombre de professeurs. Ce n'est pas possible dans le contexte économique que nous connaissons et il faut que les organisations syndicales acceptent cette idée, que, ce qui compte finalement, c'est le rapport entre le nombre d'enseignants et le nombre d'élèves. Quand le nombre d'élèves baisse, il faut accepter un effort de réduction de postes."
Q- Et vous arrivez à tenir un équilibre, puisqu'après tout, le président de la République a beaucoup insisté sur l'enseignement supérieur, mais enfin il y a aussi l'université, il n'y a pas que l'enseignement supérieur. Est-ce que les moyens vont être également répartis dans tout le champ de l'éducation ?
R - "Les moyens sont aujourd'hui assez équitablement répartis, mais il y a ces mouvements démographiques que j'évoquais et ces mouvements démographiques font qu'incontestablement l'université est, aujourd'hui, sans doute le secteur le moins bien traité par rapport à l'enseignement secondaire et à l'enseignement primaire et il y a un effort particulier à faire pour l'université française."
Q- Mais comment vous allez faire pour répondre à ce que vous appelez vous-même une sorte de " quadrature du cercle " pour l'université ? C'est-à-dire un accès ouvert au plus grand nombre et en même temps revendiquer l'excellence ?
R - "L'accès ouvert au plus grand nombre, j'ai envie de dire que c'est le passé, c'est-à-dire que l'université a fait le travail de démocratisation qui explique d'ailleurs beaucoup des difficultés qu'elle a connues depuis une vingtaine d'années. Maintenant, il y a une certaine stabilisation des effectifs et je pense qu'on peut s'attaquer au renforcement de l'excellence. Et on y est aidé par les réformes qui ont été mises en place, notamment dans le cadre européen avec ce qu'on appelle la réforme du LMD - Licence, Master, Doctorat - qui permet d'avoir des indicateurs d'excellence qui seront à la fois plus clairs et en même temps qui sont les mêmes pour l'ensemble des pays européens. Et je pense qu'avec cette réforme, nous allons pouvoir progresser sur la voie de l'excellence. Mais il ne faut pas non plus noircir le tableau. L'université française est une université de grande qualité, elle souffre d'une certaine absence de moyens, elle souffre des difficultés liées à l'augmentation très forte du nombre des étudiants. Il n'empêche que c'est une des grandes universités du monde."
Q- Sûrement. Mais cette question d'excellence - j'en reviens au fond à l'équilibre et d'une certaine façon à l'équité -, si l'excellence ne se situait que dans le champ du doctorat, pour reprendre les trois lettes : LMD, D pour doctorat, les masters c'est pourquoi faire ? C'est pour faire venir les étrangers chez nous et faire en sorte de redonner un petit peu plus d'énergie, de tonus et d'image aussi à l'université française ?
R - "C'est à la fois effectivement pour faire venir les étrangers chez nous, c'est aussi la progression. Quand on rentre à l'université on y rentre avec l'espoir de faire de la recherche ou d'aller enseigner - mais aussi d'aller vers des métiers et, au fond, l'étape du master est une étape intermédiaire entre la vocation professionnelle et puis la vocation à l'excellence, à la recherche, à l'enseignement."
Q- Et la licence ? Parce qu'on se souvient aussi de la fameuse formule " 80% d'une classe d'âge qui aura le baccalauréat ", très bien, on a fait monter le niveau, mais on a vu aussi les énormes difficultés que cela a pu créer. Alors la licence ouverte en grand, comment là aussi vous appréhendez ce champ là ?
R - "Ça ce n'est pas une modification, c'est le maintien d'une situation existante. Vous savez d'ailleurs ce slogan " 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat ", comme tous les slogans, a eu au fond beaucoup d'effets négatifs. Et d'ailleurs je me demande même comment on a pu l'imaginer, car ce n'est pas 80 % d'une classe d'âge qu'il faut mener au baccalauréat, c'est l'ensemble des jeunes auxquels il faut donner une formation. Et c'est bien aujourd'hui mon souci, c'est de faire en sorte que tous les jeunes qui sortent, et ils sont nombreux, de notre système scolaire sans formation puissent trouver un métier, puissent sortir en ayant confiance en eux-mêmes. Donc le système éducatif, il doit être adapté à chacun, il doit être adapté aux besoins de l'économie, il doit être adapté aux aspirations de l'opinion. Alors c'est vrai que c'est un peu la quadrature du cercle, mais au fond, ça a toujours été la mission du ministre de l'Education nationale et je l'aborde avec beaucoup de détermination."
Q- Et le dossier qui faisait mal, c'est-à-dire celui de l'autonomie des universités, c'est repoussé à quand, est-ce que c'est écarté définitivement ?
R - "Non ce n'est pas écarté définitivement, mais je crois que la question fondamentale, ce n'est pas tant celle de l'organisation. On présente trop souvent les choses dans notre pays au travers de l'organisation, des structures. L'autonomie c'est important, à condition que ce soit pour obtenir des résultats. Et donc ce que je souhaite aujourd'hui faire, puisque je constate que ce dossier n'est pas mûr, qu'il y a encore beaucoup d'acteurs de l'université qui le refusent, et on ne fera pas de réforme dans l'université, sans une adhésion forte, en particulier des enseignants, donc j'ai demandé du temps supplémentaire pour préparer cette réforme nécessaire. Et puis nous engageons une réforme de la recherche, sur des bases qui sont je crois des bases assez saines et qui sont au fond le résultat de la crise que l'on vient de connaître et de la prise de conscience, à la fois de la communauté nationale, mais surtout du monde de la recherche, des nécessités de réformes. Eh bien l'université étant très liée, étant partie prenante de notre organisation en matière de recherche, je souhaite que l'on mette à profit cette réforme de la recherche qui va avoir lieu cette année pour introduire des évolutions dans l'organisation de l'université."
Q- Vous êtes, j'allais dire le dernier - pardonnez-moi, ce n'est pas une hiérarchie, mais le dernier ministre - à s'exprimer avant le Premier ministre ce soir. Tout le monde a parlé et écoutant les uns après les autres, on mesure tout de même la difficulté du parcours et la question centrale, pardon j'y reviens, mais celle des moyens, celle de l'argent. Vous pensez que J.-P. Raffarin va pouvoir dire ce soir : on y va, on va réussir tout ce qu'on fait, vraiment ?
R - "D'abord tout ne peut pas se mesurer au niveau de la dépense publique, enfin, sinon..."
Q- Oui, mais enfin c'est le nerf de la guerre comme toujours.
R - "Oui, enfin c'est le nerf de la guerre, on peut aussi mieux utiliser les moyens. On peut aussi accepter de faire quelques efforts supplémentaires. J'ai toujours dit que l'on ne sortirait pas de la crise que l'on connaît sans travailler un peu plus. Je le disais hier, je le redis aujourd'hui. Et je pense que ce qu'il faut que J.-P. Raffarin puisse faire ce soir, c'est démontrer à nos concitoyens que certes, il y a des inflexions qui ont été apportées à la politique du Gouvernement parce que nous avons pris compte de la défaite électorale que nous avons subie aux élections régionales, mais ces inflexions ne doivent pas nous faire perdre de vue que les réformes sont indispensables, que le pays doit évoluer, que le pays doit être adapté, sinon il décrochera par rapport aux autres pays européens et alors les problèmes que nous rencontrerons seront bien plus graves que ceux que nous connaissons aujourd'hui."
Q- Vous dites, nous avons pris compte. Vous êtes probablement, vous êtes sûrement celui qui, au soir des régionales, a dit le plus clairement son point de vue sur le résultat. Apparemment certains vous l'ont reproché, le Premier ministre parle moins de vous qu'avant. Il y a un titre dans Le Figaro ce matin : " Raffarin se donne trente minutes pour conclure ". Cela peut se lire de différentes façons ça !
R- "Oui, ça les titres des journaux, il y a longtemps que j'ai compris que c'était rarement adapté à la réalité des choses."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 mai 2004)