Déclaration de Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, sur l'intégration scolaire des enfants handicapés, leur scolarité, l'accueil et l'accompagnement scolaire, Marseille le 13 octobre 2003.

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Après Rennes, Toulouse, Strasbourg et Lyon, nous voilà arrivés à Marseille au terme de ce 5ème forum national organisé à l'occasion de l'année européenne des personnes handicapées.
1) L'accueil de l'enfant handicapé, de l'enfant différent, de l'enfant exceptionnel, Monsieur Mattei l'a évoqué ce matin, commence dès le début de la vie, parfois avant la naissance. Les premiers mots prononcés par le médecin, les premiers regards de l'entourage pèsent souvent sur le devenir de cet enfant, mais aussi de sa famille.
Car on sait combien l'annonce du handicap peut mettre en cause des équilibres familiaux parfois fragiles, faire naître des sentiments de culpabilité. Le handicap remue en profondeur et remet en question chacun des membres de la famille.
Il est donc souhaitable de prévoir un accompagnement le plus précoce possible, un accompagnement de l'enfant certes, mais aussi des parents, de la fratrie, voire des grands parents.
Le rôle des équipes hospitalières et des médecins libéraux est de ce point de vue tout à fait fondamental. J'en profite pour souligner le travail remarquable réalisé par l'union régionale des médecins libéraux. Dans la région PACA, l'URML a élaboré un document à l'usage des médecins traitants. Ce document leur permet de renseigner efficacement les patients confrontés au handicap, dans toutes leurs démarches y compris sociales. Cette excellente initiative mérite d'être reprise dans d'autres régions.
Je sais bien sûr combien les centres d'action médico-sociale précoces permettent un accompagnement de qualité des tout petits et de leur parents. Le professeur Brigitte Chabrol en a témoigné ce matin. Ces centres assurent également l'interface entre l'enfant et sa famille d'une part, la crèche, la halte garderie et l'école d'autre part. Ils confortent l'équipe d'accueil. Lors de mes déplacements dans les CAMSP de Quimper, Nancy, Angoulême ou encore Paris et au cours de mes rencontres avec les représentants de l'ANECAMSP, j'ai pu apprécier la qualité du travail des CAMSP.
Votre région a été également à l'initiative de la création d'une association " Inter - Camsp " qui réunit maintenant une dizaine de SESSAD et 70 CAMSP. Cette association contribue au développement de la recherche et à l'élaboration d'outils communs, notamment pour l'analyse de vos pratiques.
Ce matin a également été évoqué le rôle essentiel des services de protection maternelle et infantile, particulièrement dans la prévention et le dépistage.
Vous le voyez, de nombreux partenaires sont mobilisés pour faciliter le développement des jeunes handicapés.
Je veux saluer ici le travail, le dévouement des professionnels médico sociaux qui accompagnent ces enfants mais aussi les représentants des collectivités territoriales, particulièrement les conseils généraux et les municipalités. Convaincues de l'utilité d'une prise en charge précoce, ces collectivités oeuvrent utilement à sa mise en place.
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2) Et puis vient le temps de l'école
L'éducation nationale a le devoir d'accueillir tous les enfants et de leur proposer les réponses les mieux adaptées à leurs potentialités.
a) Cette scolarité appelle des réponses diverses et souples.
L'école c'est souvent un lieu révélateur de la différence ; c'est aussi un formidable enjeu d'intégration sociale. L'école c'est le lieu par excellence des apprentissages si précieux pour la construction de leur personnalité et la préparation de l'avenir de tous les enfants, handicapés comme valides.
Le député Yvan Lachaud vient d'évoquer la mission (consulter le rapport Lachaud) que Luc Ferry, Xavier Darcos et moi-même lui avons confiée. Nous serons très attentifs à son analyse et à ses propositions pour améliorer la scolarisation des enfants handicapés.
Plus et mieux qu'aujourd'hui, ces enfants doivent être intégrés en milieu scolaire ordinaire, soit à titre individuel, soit collectivement dans des classes adaptées (clis ou upi), sur lesquelles le ministre de l'Education nationale reviendra tout à l'heure.
Cette politique permettra de libérer des places dans les établissements médico éducatifs qui disposent de 108 000 places, dont 40 % en internat pour les enfants atteints de handicaps plus lourds. Leur rôle est essentiel.
Au fur et à mesure que se développe la scolarisation en milieu ordinaire, ces établissements accueillent davantage d'enfants polyhandicapés (+ 11 % en 5 ans). Leur projet institutionnel a largement évolué autour de la notion de suivi pédagogique, thérapeutique et éducatif, et individuel, élaboré en partenariat avec la famille. Cette notion, confortée dans la loi du 2 janvier 2002, se retrouvera au cur du projet de loi que je présente avant la fin de l'année au Conseil des ministres.
Mon souhait est qu'à terme, l'éducation nationale soit plus présente dans ces établissements et que les échanges avec les écoles ordinaires s'intensifient dans l'intérêt de tous, enfants handicapés et valides.
Ce mouvement a été initié il y a plusieurs années. Nous devons l'intensifier sans dogmatisme , mais avec détermination.
Certains types de handicaps exigent des réponses très spécifiques. Je pense notamment aux enfants porteurs de déficiences sensorielles. Les enfants sourds ont, entre autre, besoin d'interprètes en langue des signes et de codeurs en langage parlé complété. Or pour accéder à ce type d'aide, il existe encore à ce jour, des difficultés que je souhaite résoudre dans le cadre de la compensation du handicap.
Autre exemple : pour les enfants déficients visuels, la mise en place d'un dispositif permettant le développement de l'édition adaptée et facilitant l'accès aux manuels scolaires est à l'étude aux ministères de l'éducation nationale, de la culture et à mon secrétariat d'état.
Je pense aussi à la situation difficile des enfants autistes pour lesquels, suite aux conclusions du rapport Chossy transmises en début de mois, nous allons proposer un plan pour 2004.
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b) Scolarité diversifiée donc et accompagnement par les auxiliaires de vie scolaire et par les services médico sociaux.
Les associations, les collectivités territoriales (particulièrement dans les Bouches du Rhône : J. C. Gaudin y a fait allusion ce matin) et l'éducation nationale développent depuis plusieurs années un dispositif d'auxiliaires de vie scolaire.
A cette rentrée, le ministre de l'éducation nationale a crée 6000 postes d'assistants d'éducation. Il sont pratiquement tous en place et nous pouvons en être fiers. Ils constituent un progrès considérable.
Mais quelle qu'en soit la qualité, l'accompagnement scolaire devra être complété, prolongé par l'action d'une équipe médico sociale, si nous voulons que l'enfant ait toutes les chances de réussir sa scolarité. C'est la mission des services d'éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) qui se sont développés ces dernières années :
18 000 places en 1997
23 000 places en 2002
Ce développement doit être poursuivi.
Je voudrais rendre hommage à ces éducateurs, ces médecins, psychologues, orthophonistes, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, AMP (assistantes médico pédagogiques), assistantes sociales.dont l'action efficace, parce que coordonnée permet de dépasser le handicap et de développer des capacités de compréhension et d'adaptation insoupçonnées.
c) Réponses diversifiées, accompagnées et cohérentes mais continuité des réponses.
Pour les enfants handicapés et leurs familles, c'est encore trop souvent un véritable parcours du combattant. Leur intégration est fragile : chaque changement de classe risque de remettre en cause la solution obtenue à grand peine.
Il nous faut trouver des moyens personnalisés dès la petite enfance, sans ruptures, sans effet de filières, sans céder à des stratégies figées. C'est dans cette optique que le ministre développe les UPI dont le nombre a doublé à cette rentrée pour permettre à davantage d'enfants venant de CLIS de poursuivre leur scolarité.
D'autres réponses sont à construire, notamment pour faciliter les passerelles lors des apprentissages pré professionnels et professionnels. Dans la nouvelle loi et ses décrets d'application, des dispositions seront prises pour faciliter les études supérieures en France, voire à l'étranger. L'objectif est que beaucoup plus de jeunes handicapés qu'aujourd'hui puissent demain, au niveau qui est le leur, intégrer le monde du travail.

Mesdames, Messieurs, apprendre ensemble, dès la petite enfance Donner toutes leurs chances à tous.
Ici, à Marseille, vous avez en mars 1999, érigé l'arbre de l'espérance, à l'occasion du 26ème centenaire de votre ville, autour des valeurs fortes de tolérance et de solidarité.
Qu'est ce que la solidarité ? C'est aller chercher cette parcelle d'humain dont parlait Jean-François Mattei ce matin, qui existe en toute personne et l'aider à s'épanouir. C'est un immense défi que nous ne pourrons relever que tous ensemble.
" L'avenir du monde est suspendu au souffle des enfants qui vont à l'école " dit le Talmud ; grâce à vous, à votre action déterminée et opiniâtre , j'ose dire de tous les enfants.


Contacts Presse :
Catherine Denavarre : 01 40 56 65 28
(Source http://www.handicap.gouv.fr, le 17 octobre 2003)