Texte intégral
Après 5 mois de fonction, dont un bilan d'étape vous a été communiqué il y a quelques semaines, vous avez devant vous un ministre qui a eu la satisfaction de constater l'amélioration des résultats aux baccalauréats technologiques et professionnels. Les taux de réussite à ces baccalauréats lors de la session de juin dernier ont été en progression par rapport à l'an dernier et atteignent les taux excellents de 79,3 % et 79% d'admis. Cette évolution significative est encourageante. Elle témoigne de la qualité du travail dans ces voies d'enseignement.
Le ministre se réjouit aussi des effets positifs de la Nouvelle Donne économique que confirme l'amélioration de tous les indicateurs qu'il s'agisse de l'investissement et de la production industrielle, de la progression de l'emploi salarié, de la croissance de la consommation des ménages. Il faut maintenant relever concrètement les défis qu'elle impose à tous les acteurs et notamment à l'éducation nationale, en ce qui concerne :
å la gestion des flux d'élèves entre les voies de formation,
å la cohérence des parcours proposés,
å ou la qualité des formations des jeunes.
Mais la rentrée, c'est essentiellement celle des élèves et de tous ceux qui vont contribuer à créer les conditions de leur réussite.
Je pense aux élèves qui vont découvrir demain la voie des métiers. Je constate que la baisse des effectifs en première année est estimée à 19000 élèves, ce que n'explique pas - seule - la baisse démographique. Il ne s'agit pas là d'un mince paradoxe face aux défis imposés par la reprise de la croissance et de l'emploi,
Je regrette aussi que soient peu nombreux également les élèves qui, forts d'une réussite à un premier diplôme professionnel, commenceront demain un deuxième cycle de qualification professionnelle, même si leur nombre, en légère progression frise les 50%,
Il en va de même pour les élèves, titulaires du baccalauréat professionnel, qui vont accéder à une formation de niveau supérieur. Aujourd'hui, 17% des bacheliers professionnels entreprennent des études supérieures, contre 79,4 % tous baccalauréats confondus. Nous aurons l'occasion d'en reparler lors de la rentrée dans l'enseignement supérieur.
Il y a aussi de trop nombreux élèves, qui cette année encore sont sortis du système éducatif sans aucun diplôme qualifiant.
Cette situation pourrait se trouver aggravée par un effet pervers de la reprise économique qui pourrait pousser certains à abandonner leur cycle de formation parce qu'une offre d'emploi leur aurait été faite. Je leur demande de ne pas sacrifier, aujourd'hui, la formation professionnelle dans laquelle ils sont engagés car elle est déterminante pour asseoir leur capacité promotionnelle dans l'emploi, demain.
Le service public, notamment l'enseignement professionnel, doit s'engager, de manière urgente, à conduire tous les jeunes - selon les modalités appropriées - à l'obtention d'une qualification.
J'ai demandé aux recteurs de prendre les dispositions adaptées à chaque académie pour qu'un appui individualisé soit apporté aux jeunes concernés. Les personnels de la mission d'insertion et ceux de l'orientation seront donc mobilisés pour limiter les abandons de toute nature.
Vous le voyez, l'ouvrage ne manque pas ; j'y reviendrai.
Je remercie tous ceux qui ont uvré pour préparer la rentrée et vont continuer à le faire tout au long de l'année scolaire : les recteurs bien sûr, les corps d'inspection, les délégués académiques à l'enseignement technique, les personnels d'encadrement, d'enseignement et de service.
J'ai une pensée également en direction des personnels de toutes catégories qui vont uvrer avec dévouement pour la réussite des élèves tout au long de l'année. Ce qu'il nous faut réussir, au-delà du moment symbolique et particulier que constitue la rentrée, c'est l'année scolaire 2000-2001.
Des moyens considérables ont été dégagés pour cela :
- 150 MF pour des équipements informatiques permettant la mise en place des innovations pédagogiques (PPCP, ECJS).
- 45.000 heures années pour réaliser le passage à 18 heures d'enseignement hebdomadaire des PLP du domaine professionnel.
- Le financement d'une heure de soutien en mathématiques et en français aux élèves de BEP et de CAP (soit 10.200 heures hebdomadaires).
- La création à la rentrée 2000 de 300 emplois de professeurs coordonnateurs tertiaires dont le coût annuel est de 80,7 MF.
Au-delà des moyens matériels attribués aux académies, ce sont les réponses positives apportées aux questions statutaires et de conditions de vie - tant des élèves que des enseignants - qui vont permettre d'organiser, dans de bonnes conditions, les changements de fond dans la voie professionnelle. La création du statut unique des PLP comme l'extension des droits des élus lycéens constituent des avancées déterminantes.
Ce que le mouvement social du printemps a mis en lumière, au-delà des revendications catégorielles, qui ont reçu des réponses précises, c'est un enjeu de fond :
Comment réussir la professionnalisation de tous les jeunes, dans tous les domaines et à tous les niveaux de qualification (du second degré et du supérieur) pour qu'eux-mêmes comme le pays puissent tirer tout le profit que leur offre notre service public d'éducation?
La réponse passe par la mise en place progressive d'une véritable voie des métiers, attractive et performante, afin de dénouer une situation où l'on constate en même temps l'hémorragie des effectifs, l'hypertrophie des sections d'enseignement général, et les pénuries criantes de main d'uvre dans de nombreux secteurs professionnels (tous niveaux confondus).
Cet enjeu requiert la participation active et volontaire des principaux acteurs du service public, du monde éducatif et des collectivités territoriales. Il s'agit de mettre en uvre une coproduction des changements avec les représentants des enseignants des élèves, des parents et des différentes branches professionnelles, associant également les conseils régionaux.
Cette démarche vaudra aussi bien pour les réglages à opérer que pour des transformations plus essentielles. C'est dans cet esprit de coproduction que s'ouvriront dès septembre les chantiers qui conduiront à la tenue de cinq tables rondes. Elles seront consacrées à :
- l'évaluation des rythmes pédagogiques résultant des nouvelles grilles horaires de BEP et de baccalauréat professionnel ;
- la rénovation du CAP ;
- l'orientation et les flux en lycée professionnel ;
- la résorption de la précarité dans l'enseignement professionnel ;
- les perspectives pour les SEGPA-EREA.
Je souhaite donc continuer, au quotidien, à être " l'ajusteur-régleur " de l'enseignement professionnel, mais également l'architecte d'une voie des métiers, le tout à partir des grandes lignes d'action permanente définies autour de 5 axes majeurs :
- lisibilité,
- fluidité,
- crédibilité,
- conditions statutaires des enseignants,
- statut social et citoyen de l'élève.
LA LISIBILITÉ
w Un des obstacles au choix de la voie professionnelle par les jeunes est l'opacité des parcours qu'elle propose et le caractère souvent abscons des dénominations attribuées aux qualifications. Cette opacité fonctionne à la fois comme un véritable repoussoir mais surtout comme un facteur de discrimination.
w Un autre obstacle consiste en l'absence de liens perceptibles entre le métier souhaité et les diplômes qui permettent de l'exercer.
Il faut redonner lisibilité à tout cela. C'est une exigence technique, c'est aussi une exigence politique car l'illisibilité est un facteur de discrimination sociale. Je retiens en ce domaine deux objectifs majeurs :
- Une exigence d'harmonisation et de cohérence : la nomenclature des diplômes doit être organisée en correspondance avec celle des métiers, pour le secondaire et le supérieur.
- Une meilleure information : il est pour cela nécessaire de parvenir à dresser des cartes d'offre de formation lisibles aux différents échelons de la réalité territoriale, consultables par tous dans les établissements. L'accès à l'information concernant la chaîne : métiers - diplômes - établissements - doit donc être facilité.
- D'ores et déjà, j'ai fait réorganisé, en profitant des mois d'été les renseignements disponibles sur le site Internet du ministère de l'éducation nationale afin d'offrir un espace enseignement professionnel, qui sera progressivement enrichie par l'ensemble des informations relatives à cette voie de formation.
Ce site a vocation à devenir un centre interactif pour tous les publics (établissements, régions, branches, familles, élèves).
- J'ai demandé à ce que l'on entreprenne la refonte de la dénomination des diplômes de manière à ce que leur rattachement à la nomenclature des métiers devienne évident.
Enfin, j'ai souhaité que les établissements se positionnent de manière plus explicite par rapport aux métiers auxquels ils préparent les jeunes, ce qui garantit une meilleure attractivité.
LA FLUIDITÉ
Un jeune ne choisira pas une voie d'enseignement s'il a le sentiment qu'elle ne lui permettra pas bien qu'il en ait le goût ou le talent d'atteindre les plus hauts niveaux de qualification. L'enseignement professionnel est souvent considéré, bien souvent à tort, comme une voie recelant des impasses ou des culs de sac empêchant les poursuites d'études.
Je me suis fixé deux objectifs pour introduire la fluidité nécessaire dans cette voie d'enseignement :
- Garantir à chacun la possibilité de poursuivre ses études vers les plus hauts niveaux de qualification, aussi loin qu'il le souhaite et que le lui permettent ses mérites, par la création de passerelles entre les différentes voies d'enseignement et de contremarches entre les différents paliers de formation.
- Garantir à chacun la possibilité d'une insertion professionnelle à tous les niveaux de qualification avec possibilité de retour en formation, notamment, par l'utilisation de la Validation des Acquis Professionnels (VAP), dans le cadre de l'éducation permanente.
Première mesure prise, un arrêté de juillet 2000 permet désormais à tout élève titulaire d'un baccalauréat de conserver le bénéfice des notes acquises en enseignement général s'il veut passer un autre baccalauréat. Par ce moyen, les détenteurs du baccalauréat professionnel pourront préparer en un an un baccalauréat technologique en utilisant cette année comme passerelle vers l'enseignement supérieur. Il est applicable dès la fin de la présente année scolaire.
D'autres réflexions doivent maintenant déboucher sur :
- La création de baccalauréats professionnels dans les domaines où n'existe pas actuellement une véritable poursuite d'études après le BEP.
- La création de dispositifs ou de classes passerelles (développement des 1ères d'adaptation, préparation des diplômes en un an, modules d'orientation et de professionnalisation)
- Le développement de véritables unités de formation techniques et professionnelles pouvant, regrouper autour d'un métier, dans un même établissement, par exemple, la voie technologique, la voie professionnelle, la formation initiale et la formation continue. Ces lycées, ces centres de métiers accueilleront des publics aux statuts divers (dont les salariés en formation) ; Pour leur(s) domaine(s) d'excellence ils seront également constitués en véritables pôles de compétence comportant des plates-formes technologiques, chaque fois que cela sera possible.
Une meilleure lisibilité et une plus grande fluidité permettront une harmonisation de la voie des métiers ce qui en améliorera l'attractivité.
Une nouvelle nomenclature des diplômes correspondant à celle des métiers, des cartes de l'offre de formation lisibles aux différents échelons territoriaux, une plus grande synergie entre les voies de formation, ce sont là autant d'outils pour mettre en uvre l'entretien de plan de carrière auquel j'estime que tout jeune scolarisé doit avoir droit un an avant l'âge de fin d'obligation scolaire, quels que soient la classe fréquentée et le type d'enseignement suivi.
Je vais m'atteler à l'étude des modalités réglementaires de mise en place de l'entretien de plan de carrière et envisager des expérimentations dans plusieurs académies
LA CRÉDIBILITÉ
En raison du niveau de développement de notre pays, la voie des métiers a pour vocation d'être une voie d'excellence. Elle doit toute sa fiabilité à la valeur qualifiante des diplômes qu'elle délivre.
Pour garantir l'excellence des qualifications, trois objectifs s'imposent :
- Le maintien d'un cadre national pour tous les diplômes, indispensable pour les faire valoir dans la dimension européenne.
- La rénovation permanente des diplômes, garantit de l'adaptation des formations aux évolutions technologiques, aux évolutions des métiers et aux emplois émergents.
- La cohérence des parcours proposés, articulant de manière coordonnée le secondaire, le supérieur, la validation des acquis professionnels (VAP).
L'année 2000-2001 sera celle de l'entrée en vigueur d'innovations pédagogiques majeures,
- Le lancement des projets pluridisciplinaires à caractère professionnel (PPCP).
- L'introduction de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS), dans un souci de renforcement de dimension citoyenne de la culture générale. Cet enseignement sur projet sera dispensé selon des modalités originales.
- Un suivi efficace des périodes de formation en entreprise (PFE). Dès à présent (B.O. du 29 juin 2000), une circulaire concertée avec les syndicats est publiée : elle fixe les règles applicables dans le cadre du nouveau droit de l'élève à deux heures hebdomadaires de suivi de ces PFE dans l'enseignement secondaire professionnel.
- Il faut encore parvenir à mettre en place des règles claires qui garantissent des PFE qualifiantes, non discriminatoires, en clarifiant les relations entre les entreprises d'accueil, les établissements scolaires et les élèves. Un Protocole National d'accord cadre sur les PFE, va être négocié avec les représentants des acteurs concernés : enseignants, jeunes et organisations professionnelles.
- La mise en place d'un dispositif permettant d'anticiper les besoins de mieux percevoir les métiers émergents. Cette prospective doit être reconduite en mettant en synergie les dispositifs existants et en développant des partenariats par l'installation du Haut Comité Éducation Économie Emploi. Les propositions formulées permettront d'alimenter les travaux des commissions spécialisées travaillant sur l'évolution des diplômes.
Les changements appelés à être réalisés dans la voie professionnelle ne peuvent se faire sans que soit intégré, au départ de la démarche, le traitement des questions liées aux conditions de vie des acteurs de cette voie d'enseignement : les conditions statutaires et sociales des enseignants, le statut social et citoyen des jeunes en formation.
LES CONDITIONS STATUTAIRES ET SOCIALES DES ENSEIGNANTS
Rappelons que c'est à partir des constats et revendications dressés par les enseignants que l'action du changement s'est déployée.
En matière statutaire et sociale, les objectifs sont de 2 ordres :
- Mettre en place le statut unique des PLP.
- Résorber la grande précarité qui frappe les personnels de l'enseignement professionnel.
- La réduction du temps de travail des professeurs de lycée professionnel de 23h00 à 18h00 va entrer en vigueur dès maintenant pour les PLP de lycées professionnels, à la rentrée 2001 pour les enseignants des SEGPA.
- Il en va de même pour la fusion en un corps unique de l'ensemble des grades de la profession par l'intégration de tous les PLP1 au grade des PLP, et la prise en compte du travail " invisible " (suivi des PFE) : désormais quantifié à 2h semaine par élève,, à concurrence de 3 semaines de séquence de stage.
- Les concours internes de recrutement CAPLP2 et CAPET ont été adaptés aux enseignants non titulaires auxquels ils sont essentiellement destinés : Le nombre d'épreuves a été ramené à deux pour toutes les spécialités professionnelles (contre 4 ou 5 auparavant) dans les 64 spécialités professionnelles où les titres n'existent pas au-delà du niveau 4 et remplacées par des exigences en matière d'expérience professionnelle.
LE STATUT SOCIAL ET CITOYEN DE L'ÉLÈVE EN FORMATION
La modernisation de la voie professionnelle passe par la formation de jeunes compétents et qualifiés dans leur métier, mais également autonomes et citoyens. Cela est d'autant plus indispensable que les élèves de lycée professionnel sont plus âgés que ceux des autres voies de formation, assez souvent majeurs, parfois jeunes pères et mères de famille. En 1ère professionnelle par exemple, 47 % ont plus de 19 ans.
Deux objectifs majeurs sont à poursuivre :
- L'amélioration du statut social de l'élève.
- La mise en place d'un véritable statut citoyen.
w La lutte contre les discriminations raciales comporte plusieurs volets :
- Une circulaire sur les PFE, applicable à la rentrée 2000, affirme que ce sont les lycées qui doivent trouver le stage, en veillant à protéger les élèves d'éventuelles pratiques discriminatoires.
- La pénalisation de la discrimination à l'entrée des stages sera inscrite dans le projet de loi de modernisation sociale qui sera examiné par le parlement en janvier 2001.
- Dans tous les établissements des affiches informeront sur l'existence du numéro de téléphone gratuit, le " 114 " ; les jeunes s'estimant victimes de discriminations y seront écoutées, puis prises en charge, notamment dans leurs démarches judiciaires.
w La mise en uvre des conditions d'exercice de la démocratie lycéenne. La représentation lycéenne, dans ses instances et dans son mode de désignation évolue vers plus de démocratie grâce à :
+ la naissance des conseils de la vie lycéenne (CVL) dont les délégués sont pour la première fois élus au suffrage universel direct ;
+ l'organisation d'une journée citoyenne unique sur tout le territoire pour élire les délégués des CVL.
w L'évolution du régime disciplinaire applicable aux élèves : le conseil de discipline devient plus transparent et plus équilibré dans sa composition ; les sanctions sont diversifiées dans une approche plus éducative.
Des mesures sociales visant à créer les bases d'une plus grande indépendance financière sont à l'étude. Différentes pistes sont actuellement envisagées, comme la rétribution des stages et des P.F.E. ou la possibilité de contrats de pré-embauche pendant la dernière année de formation avant le diplôme professionnel.
Elles sont d'autant plus nécessaires, que les jeunes concernés appartiennent aux catégories sociales les plus défavorisées. On note, en effet, 38 % de boursiers dans l'enseignement professionnel, 27 % dans l'enseignement technologique et 17 % en enseignement général.
Ces principes, comme la démarche de travail retenue sont de nature à répondre de manière efficace aux défis économiques comme aux attentes des différents acteurs qui uvrent dans ce domaine de l'Éducation.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 05 septembre 2000).
Le ministre se réjouit aussi des effets positifs de la Nouvelle Donne économique que confirme l'amélioration de tous les indicateurs qu'il s'agisse de l'investissement et de la production industrielle, de la progression de l'emploi salarié, de la croissance de la consommation des ménages. Il faut maintenant relever concrètement les défis qu'elle impose à tous les acteurs et notamment à l'éducation nationale, en ce qui concerne :
å la gestion des flux d'élèves entre les voies de formation,
å la cohérence des parcours proposés,
å ou la qualité des formations des jeunes.
Mais la rentrée, c'est essentiellement celle des élèves et de tous ceux qui vont contribuer à créer les conditions de leur réussite.
Je pense aux élèves qui vont découvrir demain la voie des métiers. Je constate que la baisse des effectifs en première année est estimée à 19000 élèves, ce que n'explique pas - seule - la baisse démographique. Il ne s'agit pas là d'un mince paradoxe face aux défis imposés par la reprise de la croissance et de l'emploi,
Je regrette aussi que soient peu nombreux également les élèves qui, forts d'une réussite à un premier diplôme professionnel, commenceront demain un deuxième cycle de qualification professionnelle, même si leur nombre, en légère progression frise les 50%,
Il en va de même pour les élèves, titulaires du baccalauréat professionnel, qui vont accéder à une formation de niveau supérieur. Aujourd'hui, 17% des bacheliers professionnels entreprennent des études supérieures, contre 79,4 % tous baccalauréats confondus. Nous aurons l'occasion d'en reparler lors de la rentrée dans l'enseignement supérieur.
Il y a aussi de trop nombreux élèves, qui cette année encore sont sortis du système éducatif sans aucun diplôme qualifiant.
Cette situation pourrait se trouver aggravée par un effet pervers de la reprise économique qui pourrait pousser certains à abandonner leur cycle de formation parce qu'une offre d'emploi leur aurait été faite. Je leur demande de ne pas sacrifier, aujourd'hui, la formation professionnelle dans laquelle ils sont engagés car elle est déterminante pour asseoir leur capacité promotionnelle dans l'emploi, demain.
Le service public, notamment l'enseignement professionnel, doit s'engager, de manière urgente, à conduire tous les jeunes - selon les modalités appropriées - à l'obtention d'une qualification.
J'ai demandé aux recteurs de prendre les dispositions adaptées à chaque académie pour qu'un appui individualisé soit apporté aux jeunes concernés. Les personnels de la mission d'insertion et ceux de l'orientation seront donc mobilisés pour limiter les abandons de toute nature.
Vous le voyez, l'ouvrage ne manque pas ; j'y reviendrai.
Je remercie tous ceux qui ont uvré pour préparer la rentrée et vont continuer à le faire tout au long de l'année scolaire : les recteurs bien sûr, les corps d'inspection, les délégués académiques à l'enseignement technique, les personnels d'encadrement, d'enseignement et de service.
J'ai une pensée également en direction des personnels de toutes catégories qui vont uvrer avec dévouement pour la réussite des élèves tout au long de l'année. Ce qu'il nous faut réussir, au-delà du moment symbolique et particulier que constitue la rentrée, c'est l'année scolaire 2000-2001.
Des moyens considérables ont été dégagés pour cela :
- 150 MF pour des équipements informatiques permettant la mise en place des innovations pédagogiques (PPCP, ECJS).
- 45.000 heures années pour réaliser le passage à 18 heures d'enseignement hebdomadaire des PLP du domaine professionnel.
- Le financement d'une heure de soutien en mathématiques et en français aux élèves de BEP et de CAP (soit 10.200 heures hebdomadaires).
- La création à la rentrée 2000 de 300 emplois de professeurs coordonnateurs tertiaires dont le coût annuel est de 80,7 MF.
Au-delà des moyens matériels attribués aux académies, ce sont les réponses positives apportées aux questions statutaires et de conditions de vie - tant des élèves que des enseignants - qui vont permettre d'organiser, dans de bonnes conditions, les changements de fond dans la voie professionnelle. La création du statut unique des PLP comme l'extension des droits des élus lycéens constituent des avancées déterminantes.
Ce que le mouvement social du printemps a mis en lumière, au-delà des revendications catégorielles, qui ont reçu des réponses précises, c'est un enjeu de fond :
Comment réussir la professionnalisation de tous les jeunes, dans tous les domaines et à tous les niveaux de qualification (du second degré et du supérieur) pour qu'eux-mêmes comme le pays puissent tirer tout le profit que leur offre notre service public d'éducation?
La réponse passe par la mise en place progressive d'une véritable voie des métiers, attractive et performante, afin de dénouer une situation où l'on constate en même temps l'hémorragie des effectifs, l'hypertrophie des sections d'enseignement général, et les pénuries criantes de main d'uvre dans de nombreux secteurs professionnels (tous niveaux confondus).
Cet enjeu requiert la participation active et volontaire des principaux acteurs du service public, du monde éducatif et des collectivités territoriales. Il s'agit de mettre en uvre une coproduction des changements avec les représentants des enseignants des élèves, des parents et des différentes branches professionnelles, associant également les conseils régionaux.
Cette démarche vaudra aussi bien pour les réglages à opérer que pour des transformations plus essentielles. C'est dans cet esprit de coproduction que s'ouvriront dès septembre les chantiers qui conduiront à la tenue de cinq tables rondes. Elles seront consacrées à :
- l'évaluation des rythmes pédagogiques résultant des nouvelles grilles horaires de BEP et de baccalauréat professionnel ;
- la rénovation du CAP ;
- l'orientation et les flux en lycée professionnel ;
- la résorption de la précarité dans l'enseignement professionnel ;
- les perspectives pour les SEGPA-EREA.
Je souhaite donc continuer, au quotidien, à être " l'ajusteur-régleur " de l'enseignement professionnel, mais également l'architecte d'une voie des métiers, le tout à partir des grandes lignes d'action permanente définies autour de 5 axes majeurs :
- lisibilité,
- fluidité,
- crédibilité,
- conditions statutaires des enseignants,
- statut social et citoyen de l'élève.
LA LISIBILITÉ
w Un des obstacles au choix de la voie professionnelle par les jeunes est l'opacité des parcours qu'elle propose et le caractère souvent abscons des dénominations attribuées aux qualifications. Cette opacité fonctionne à la fois comme un véritable repoussoir mais surtout comme un facteur de discrimination.
w Un autre obstacle consiste en l'absence de liens perceptibles entre le métier souhaité et les diplômes qui permettent de l'exercer.
Il faut redonner lisibilité à tout cela. C'est une exigence technique, c'est aussi une exigence politique car l'illisibilité est un facteur de discrimination sociale. Je retiens en ce domaine deux objectifs majeurs :
- Une exigence d'harmonisation et de cohérence : la nomenclature des diplômes doit être organisée en correspondance avec celle des métiers, pour le secondaire et le supérieur.
- Une meilleure information : il est pour cela nécessaire de parvenir à dresser des cartes d'offre de formation lisibles aux différents échelons de la réalité territoriale, consultables par tous dans les établissements. L'accès à l'information concernant la chaîne : métiers - diplômes - établissements - doit donc être facilité.
- D'ores et déjà, j'ai fait réorganisé, en profitant des mois d'été les renseignements disponibles sur le site Internet du ministère de l'éducation nationale afin d'offrir un espace enseignement professionnel, qui sera progressivement enrichie par l'ensemble des informations relatives à cette voie de formation.
Ce site a vocation à devenir un centre interactif pour tous les publics (établissements, régions, branches, familles, élèves).
- J'ai demandé à ce que l'on entreprenne la refonte de la dénomination des diplômes de manière à ce que leur rattachement à la nomenclature des métiers devienne évident.
Enfin, j'ai souhaité que les établissements se positionnent de manière plus explicite par rapport aux métiers auxquels ils préparent les jeunes, ce qui garantit une meilleure attractivité.
LA FLUIDITÉ
Un jeune ne choisira pas une voie d'enseignement s'il a le sentiment qu'elle ne lui permettra pas bien qu'il en ait le goût ou le talent d'atteindre les plus hauts niveaux de qualification. L'enseignement professionnel est souvent considéré, bien souvent à tort, comme une voie recelant des impasses ou des culs de sac empêchant les poursuites d'études.
Je me suis fixé deux objectifs pour introduire la fluidité nécessaire dans cette voie d'enseignement :
- Garantir à chacun la possibilité de poursuivre ses études vers les plus hauts niveaux de qualification, aussi loin qu'il le souhaite et que le lui permettent ses mérites, par la création de passerelles entre les différentes voies d'enseignement et de contremarches entre les différents paliers de formation.
- Garantir à chacun la possibilité d'une insertion professionnelle à tous les niveaux de qualification avec possibilité de retour en formation, notamment, par l'utilisation de la Validation des Acquis Professionnels (VAP), dans le cadre de l'éducation permanente.
Première mesure prise, un arrêté de juillet 2000 permet désormais à tout élève titulaire d'un baccalauréat de conserver le bénéfice des notes acquises en enseignement général s'il veut passer un autre baccalauréat. Par ce moyen, les détenteurs du baccalauréat professionnel pourront préparer en un an un baccalauréat technologique en utilisant cette année comme passerelle vers l'enseignement supérieur. Il est applicable dès la fin de la présente année scolaire.
D'autres réflexions doivent maintenant déboucher sur :
- La création de baccalauréats professionnels dans les domaines où n'existe pas actuellement une véritable poursuite d'études après le BEP.
- La création de dispositifs ou de classes passerelles (développement des 1ères d'adaptation, préparation des diplômes en un an, modules d'orientation et de professionnalisation)
- Le développement de véritables unités de formation techniques et professionnelles pouvant, regrouper autour d'un métier, dans un même établissement, par exemple, la voie technologique, la voie professionnelle, la formation initiale et la formation continue. Ces lycées, ces centres de métiers accueilleront des publics aux statuts divers (dont les salariés en formation) ; Pour leur(s) domaine(s) d'excellence ils seront également constitués en véritables pôles de compétence comportant des plates-formes technologiques, chaque fois que cela sera possible.
Une meilleure lisibilité et une plus grande fluidité permettront une harmonisation de la voie des métiers ce qui en améliorera l'attractivité.
Une nouvelle nomenclature des diplômes correspondant à celle des métiers, des cartes de l'offre de formation lisibles aux différents échelons territoriaux, une plus grande synergie entre les voies de formation, ce sont là autant d'outils pour mettre en uvre l'entretien de plan de carrière auquel j'estime que tout jeune scolarisé doit avoir droit un an avant l'âge de fin d'obligation scolaire, quels que soient la classe fréquentée et le type d'enseignement suivi.
Je vais m'atteler à l'étude des modalités réglementaires de mise en place de l'entretien de plan de carrière et envisager des expérimentations dans plusieurs académies
LA CRÉDIBILITÉ
En raison du niveau de développement de notre pays, la voie des métiers a pour vocation d'être une voie d'excellence. Elle doit toute sa fiabilité à la valeur qualifiante des diplômes qu'elle délivre.
Pour garantir l'excellence des qualifications, trois objectifs s'imposent :
- Le maintien d'un cadre national pour tous les diplômes, indispensable pour les faire valoir dans la dimension européenne.
- La rénovation permanente des diplômes, garantit de l'adaptation des formations aux évolutions technologiques, aux évolutions des métiers et aux emplois émergents.
- La cohérence des parcours proposés, articulant de manière coordonnée le secondaire, le supérieur, la validation des acquis professionnels (VAP).
L'année 2000-2001 sera celle de l'entrée en vigueur d'innovations pédagogiques majeures,
- Le lancement des projets pluridisciplinaires à caractère professionnel (PPCP).
- L'introduction de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS), dans un souci de renforcement de dimension citoyenne de la culture générale. Cet enseignement sur projet sera dispensé selon des modalités originales.
- Un suivi efficace des périodes de formation en entreprise (PFE). Dès à présent (B.O. du 29 juin 2000), une circulaire concertée avec les syndicats est publiée : elle fixe les règles applicables dans le cadre du nouveau droit de l'élève à deux heures hebdomadaires de suivi de ces PFE dans l'enseignement secondaire professionnel.
- Il faut encore parvenir à mettre en place des règles claires qui garantissent des PFE qualifiantes, non discriminatoires, en clarifiant les relations entre les entreprises d'accueil, les établissements scolaires et les élèves. Un Protocole National d'accord cadre sur les PFE, va être négocié avec les représentants des acteurs concernés : enseignants, jeunes et organisations professionnelles.
- La mise en place d'un dispositif permettant d'anticiper les besoins de mieux percevoir les métiers émergents. Cette prospective doit être reconduite en mettant en synergie les dispositifs existants et en développant des partenariats par l'installation du Haut Comité Éducation Économie Emploi. Les propositions formulées permettront d'alimenter les travaux des commissions spécialisées travaillant sur l'évolution des diplômes.
Les changements appelés à être réalisés dans la voie professionnelle ne peuvent se faire sans que soit intégré, au départ de la démarche, le traitement des questions liées aux conditions de vie des acteurs de cette voie d'enseignement : les conditions statutaires et sociales des enseignants, le statut social et citoyen des jeunes en formation.
LES CONDITIONS STATUTAIRES ET SOCIALES DES ENSEIGNANTS
Rappelons que c'est à partir des constats et revendications dressés par les enseignants que l'action du changement s'est déployée.
En matière statutaire et sociale, les objectifs sont de 2 ordres :
- Mettre en place le statut unique des PLP.
- Résorber la grande précarité qui frappe les personnels de l'enseignement professionnel.
- La réduction du temps de travail des professeurs de lycée professionnel de 23h00 à 18h00 va entrer en vigueur dès maintenant pour les PLP de lycées professionnels, à la rentrée 2001 pour les enseignants des SEGPA.
- Il en va de même pour la fusion en un corps unique de l'ensemble des grades de la profession par l'intégration de tous les PLP1 au grade des PLP, et la prise en compte du travail " invisible " (suivi des PFE) : désormais quantifié à 2h semaine par élève,, à concurrence de 3 semaines de séquence de stage.
- Les concours internes de recrutement CAPLP2 et CAPET ont été adaptés aux enseignants non titulaires auxquels ils sont essentiellement destinés : Le nombre d'épreuves a été ramené à deux pour toutes les spécialités professionnelles (contre 4 ou 5 auparavant) dans les 64 spécialités professionnelles où les titres n'existent pas au-delà du niveau 4 et remplacées par des exigences en matière d'expérience professionnelle.
LE STATUT SOCIAL ET CITOYEN DE L'ÉLÈVE EN FORMATION
La modernisation de la voie professionnelle passe par la formation de jeunes compétents et qualifiés dans leur métier, mais également autonomes et citoyens. Cela est d'autant plus indispensable que les élèves de lycée professionnel sont plus âgés que ceux des autres voies de formation, assez souvent majeurs, parfois jeunes pères et mères de famille. En 1ère professionnelle par exemple, 47 % ont plus de 19 ans.
Deux objectifs majeurs sont à poursuivre :
- L'amélioration du statut social de l'élève.
- La mise en place d'un véritable statut citoyen.
w La lutte contre les discriminations raciales comporte plusieurs volets :
- Une circulaire sur les PFE, applicable à la rentrée 2000, affirme que ce sont les lycées qui doivent trouver le stage, en veillant à protéger les élèves d'éventuelles pratiques discriminatoires.
- La pénalisation de la discrimination à l'entrée des stages sera inscrite dans le projet de loi de modernisation sociale qui sera examiné par le parlement en janvier 2001.
- Dans tous les établissements des affiches informeront sur l'existence du numéro de téléphone gratuit, le " 114 " ; les jeunes s'estimant victimes de discriminations y seront écoutées, puis prises en charge, notamment dans leurs démarches judiciaires.
w La mise en uvre des conditions d'exercice de la démocratie lycéenne. La représentation lycéenne, dans ses instances et dans son mode de désignation évolue vers plus de démocratie grâce à :
+ la naissance des conseils de la vie lycéenne (CVL) dont les délégués sont pour la première fois élus au suffrage universel direct ;
+ l'organisation d'une journée citoyenne unique sur tout le territoire pour élire les délégués des CVL.
w L'évolution du régime disciplinaire applicable aux élèves : le conseil de discipline devient plus transparent et plus équilibré dans sa composition ; les sanctions sont diversifiées dans une approche plus éducative.
Des mesures sociales visant à créer les bases d'une plus grande indépendance financière sont à l'étude. Différentes pistes sont actuellement envisagées, comme la rétribution des stages et des P.F.E. ou la possibilité de contrats de pré-embauche pendant la dernière année de formation avant le diplôme professionnel.
Elles sont d'autant plus nécessaires, que les jeunes concernés appartiennent aux catégories sociales les plus défavorisées. On note, en effet, 38 % de boursiers dans l'enseignement professionnel, 27 % dans l'enseignement technologique et 17 % en enseignement général.
Ces principes, comme la démarche de travail retenue sont de nature à répondre de manière efficace aux défis économiques comme aux attentes des différents acteurs qui uvrent dans ce domaine de l'Éducation.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 05 septembre 2000).