Texte intégral
QUESTION (Paris-Match) : Enfin une victoire remportée par vous seul, après deux défaites électorales cuisantes aux régionales et aux européennes. Cela vous fait plaisir ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui. Cette bataille était personnelle. Cela me fait chaud au cur de recevoir ce message de confiance et de fidélité.
QUESTION : Cela signifie-t-il qu'un jour, de Matignon, vous irez au Sénat, autrement dit, d'un palais à un autre, au risque de choquer les Français qui, eux, lorsqu'ils perdent leur job, n'ont pas de tel parachute doré ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je ne siégerai pas au Sénat comme je l'ai dit dès le début. C'est mon suppléant qui ira. Si, dans quelque temps, je veux retrouver mon siège, il me faudra de nouveau faire campagne. Une élection n'est jamais acquise. Je ne recherche pas le confort, j'ai pris un risque et cela ne me déplaît pas.
QUESTION : Vous croyez donc avoir réussi à stopper l'ascension de Ségolène ROYAL dans votre fief ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : C'est un retournement de tendance sympathique. Je lui ai laissé un délai de cent jours. Maintenant, nous ne lui laisserons plus dire aucune contrevérité comme elle l'a trop fait ces derniers mois. Mais je n'ai pas à la combattre au quotidien, d'autres élus sont là pour le faire.
QUESTION : Vous êtes, depuis plusieurs mois, très impopulaire. Est-ce désagréable pour vous ? Vous citez souvent Raymond Barre, qui disait de Matignon qu'il faut "durer et endurer"...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ma mission ne peut être assurée qu'avec la volonté de tenir bon. Faire des réformes sans croissance économique, c'est difficile. Tous les gouvernements européens ont eu du mal. Voyez AZNAR qui a été battu, regardez les difficultés de Blair, et celles de Schröder. Les socialistes grecs ont été eux aussi battus. Moi, j'ai tenu bon dans cette période tumultueuse. Aujourd'hui, la croissance est revenue. Le travail du gouvernement en sera facilité.
QUESTION : Quel a été votre meilleur souvenir depuis que vous êtes Premier ministre ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Mon premier jour de vacances avec Anne-Marie, cet été à Combloux ; j'avais le sentiment du devoir accompli, comme à chaque fois qu'une grande réforme a été votée, comme l'assurance-maladie, les retraites ou la décentralisation. La réforme est une création. De ce point de vue, c'est une joie.
QUESTION : Et votre pire souvenir ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ce sont deux moments atroces que je n'oublierai jamais : le retour des blessés de l'attentat de Karachi, qui avait fait de nombreux morts, et l'incendie du centre équestre de Lescheraines. Cette douleur de tout un village, les personnes qui font face, les parents qui veulent comprendre. Non, cela, je ne pourrai pas l'oublier. Dans ces moments-là, on est bouleversé, mais il y a aussi les gestes admirables de certains.
QUESTION : Dans la vie politique, quel est votre meilleur soutien ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ma rencontre, chaque mercredi matin, avec le président. Je la vis comme un moment fort, où nous définissons le travail gouvernemental et où la confiance et l'affection s'expriment. Me retrouver devant le président, j'imaginais que ce serait pour moi un moment difficile, c'est devenu pour moi le meilleur.
QUESTION : Et à Matignon ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Quand je dîne avec Anne-Marie et parfois avec notre fille, Fleur. C'est un moment très fort d'apaisement quand Matignon se calme.
QUESTION : Que faites-vous, vous écoutez de la musique ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Pas assez. Et nous ne pouvons que rarement allumer la télévision. Je n'arrive même pas à regarder la collection des " James Bond " que Fleur m'a offerte pour mon anniversaire. Dès que je le peux, je prends un livre. En ce moment, je lis "Le goût de l'avenir", de Jean-Claude Guillebaud.
QUESTION : Vous arrive-t-il de trouver les Français ingouvernables, trop difficiles...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je sais tout cela. Je ne leur en veux pas. C'est ce qui les rend si attachants. Au contraire, rien ne me plaît plus que de faire partager un projet à des gens qui ont des idées différentes des miennes. C'est cela, ma conception de la politique !
QUESTION : Et la violence, l'agressivité gratuite, vous supportez ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je n'aime pas la colère, les insultes, les invectives, la brutalité. Je comprends la révolte, je suis parfois moi-même révolté, mais quand les gens perdent leur sang-froid, à mes yeux, c'est une marque de faiblesse.
QUESTION : Comment comptez-vous séduire les Français qui ne vous apprécient guère ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : En restant moi-même. Je suis comme je suis, avec mon authenticité et mes fidélités. Jamais vous ne me verrez jouer un rôle de composition.
QUESTION : On vous accuse de ne faire que de la communication et de faire peu de fond ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : On a bien tort de penser cela. La communication est le prolongement de l'action. J'ai toujours privilégié l'action, comme je l'ai fait pendant deux ans. Cette action s'inscrit dans une pensée sociale, libérale et européenne.
QUESTION : D'autres disent que vous êtes bien trop gentil, voire naïf et que vous n'avez pas le charisme, la force pour tenir serré le gouvernement.
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : La gentillesse est-elle un handicap ? Je ne le crois pas. Je ne suis pas un tueur, mais je sais rendre les coups. Ce n'est ni avec violence ni avec autoritarisme que l'on règle les problèmes. On conduit les hommes en étant parmi eux, avec estime et considération. Je ne crois pas au vieux modèle du chef distant et cassant dans le monde d'aujourd'hui. L'époque du "moi, je" est révolue.
QUESTION : Et justement, comment jugez-vous les ministres de votre gouvernement ? C'est comme une petite classe, il y a le plus doué, le bon élève, le plus chahuteur... Alors, comment les jugez-vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Chacun a sa personnalité. Mais tous ont de très grandes qualités, les plus expérimentés comme ceux de la jeune génération. Notre majorité compte beaucoup d'hommes et de femmes qui peuvent un jour faire partie d'une équipe gouvernementale.
QUESTION : Vous arrive-t-il d'avoir la grosse tête ? "Quos vult Jupiter perdere, prius dementat" [Jupiter aveugle d'abord ceux qu'il veut perdre]... Le pouvoir rend fou... Pas vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : J'espère bien que non. Je connais ce risque depuis longtemps. J'ai vu des hommes disjoncter et souffrir, des talents immenses se perdre dans les sables. La politique, c'est comme la mer : il ne faut jamais prétendre la dominer. La prétention, c'est la faute, le péché mortel.
QUESTION : Votre plus grand rêve au moment où je vous parle ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Des rêves de bonheur à trois, avec ma femme et ma fille. Connaître les grands espaces d'Afrique, les parcs animaliers. Faire de grandes randonnées.
QUESTION : La nuit, vous arrive-t-il de vous réveiller à cause d'un problème grave que vous ne réussissez pas à résoudre ? Je pense, par exemple, aux deux otages français en Irak ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je ne me réveille pas souvent la nuit. Quand cela m'arrive, je pense aux problèmes qui s'accumulent et le sommeil m'échappe.
QUESTION : Vous n'êtes jamais totalement désespéré face aux dangers de la mondialisation ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je suis fondamentalement optimiste. Je crois au progrès, à l'avenir de l'humanité. Je ne suis jamais désespéré depuis que j'ai eu à faire en quatrième ou troisième une dissertation sur une phrase de SAINT-EXUPÉRY : "On n'a pas le droit d'être responsable et désespéré..."
QUESTION : Pour vous, CHIRAC, c'est un grand-père, un père, un oncle, un frère...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Un grand-frère. Il est le président de la République. Mes relations avec lui sont personnelles et profondes.
QUESTION : Et Bernadette CHIRAC ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Une marraine affectueuse et exigeante.
QUESTION : "Patient", "accrocheur", "tenace", "entêté", "confiant", qu'est-ce qui vous qualifie le mieux ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Patient et accrocheur, mais sûrement pas entêté. J'ai le sens du temps. Je sais attendre.
QUESTION : Qu'est-ce qui vous fait le plus rire ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Tous les humoristes. Quand on me caricature, cela me fait souvent hurler de rire.
QUESTION : Anne-Marie, votre femme, est très importante dans votre vie ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui, cela fait vingt-quatre ans que nous sommes mariés. Avec elle, je me sens toujours bien. Je peux affronter des tempêtes, j'ai un port.
QUESTION : Et votre fille, Fleur, qui a 23 ans ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : C'est un charme, je l'adore !
QUESTION : Et votre mère ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Elle aussi. Je l'appelle très souvent pour avoir de ses nouvelles. Comme elle écoute toutes les radios entre 6 h 30 et 9 heures, je lui demande : "Alors, aujourd'hui, quelle est l'information du jour ?" Elle sait faire le tri du bon sens avec finesse.
QUESTION : Dieu, vous y croyez alors que le monde semble aller de plus en plus mal : il y a les affaires du Darfour, la guerre civile en Irak, des décapitations atroces, le drame de l'école de Beslan en Ossétie, l'extrême pauvreté de l'Afrique, des maladies comme le sida, les cancers...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui, je continue d'y croire. Je suis en contact avec les familles de nos otages : elles gardent un courage inouï lié à l'amour qu'elles leur portent. Je crois à la supériorité de l'amour.
QUESTION : Vous avez dit récemment : "Ma main ne tremble pas : en toutes circonstances, je garde mon esprit de mission." Pourquoi ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je n'ai pas peur de décider. Ma mission se poursuit dans cette seconde mi-temps de la législature, elle est d'améliorer la vie de chaque Française et de chaque Français. C'est l'objectif du contrat que je vais leur proposer pour 2005, ensemble nous réussirons la croissance durable et partagée.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 septembre 2004)
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui. Cette bataille était personnelle. Cela me fait chaud au cur de recevoir ce message de confiance et de fidélité.
QUESTION : Cela signifie-t-il qu'un jour, de Matignon, vous irez au Sénat, autrement dit, d'un palais à un autre, au risque de choquer les Français qui, eux, lorsqu'ils perdent leur job, n'ont pas de tel parachute doré ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je ne siégerai pas au Sénat comme je l'ai dit dès le début. C'est mon suppléant qui ira. Si, dans quelque temps, je veux retrouver mon siège, il me faudra de nouveau faire campagne. Une élection n'est jamais acquise. Je ne recherche pas le confort, j'ai pris un risque et cela ne me déplaît pas.
QUESTION : Vous croyez donc avoir réussi à stopper l'ascension de Ségolène ROYAL dans votre fief ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : C'est un retournement de tendance sympathique. Je lui ai laissé un délai de cent jours. Maintenant, nous ne lui laisserons plus dire aucune contrevérité comme elle l'a trop fait ces derniers mois. Mais je n'ai pas à la combattre au quotidien, d'autres élus sont là pour le faire.
QUESTION : Vous êtes, depuis plusieurs mois, très impopulaire. Est-ce désagréable pour vous ? Vous citez souvent Raymond Barre, qui disait de Matignon qu'il faut "durer et endurer"...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ma mission ne peut être assurée qu'avec la volonté de tenir bon. Faire des réformes sans croissance économique, c'est difficile. Tous les gouvernements européens ont eu du mal. Voyez AZNAR qui a été battu, regardez les difficultés de Blair, et celles de Schröder. Les socialistes grecs ont été eux aussi battus. Moi, j'ai tenu bon dans cette période tumultueuse. Aujourd'hui, la croissance est revenue. Le travail du gouvernement en sera facilité.
QUESTION : Quel a été votre meilleur souvenir depuis que vous êtes Premier ministre ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Mon premier jour de vacances avec Anne-Marie, cet été à Combloux ; j'avais le sentiment du devoir accompli, comme à chaque fois qu'une grande réforme a été votée, comme l'assurance-maladie, les retraites ou la décentralisation. La réforme est une création. De ce point de vue, c'est une joie.
QUESTION : Et votre pire souvenir ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ce sont deux moments atroces que je n'oublierai jamais : le retour des blessés de l'attentat de Karachi, qui avait fait de nombreux morts, et l'incendie du centre équestre de Lescheraines. Cette douleur de tout un village, les personnes qui font face, les parents qui veulent comprendre. Non, cela, je ne pourrai pas l'oublier. Dans ces moments-là, on est bouleversé, mais il y a aussi les gestes admirables de certains.
QUESTION : Dans la vie politique, quel est votre meilleur soutien ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Ma rencontre, chaque mercredi matin, avec le président. Je la vis comme un moment fort, où nous définissons le travail gouvernemental et où la confiance et l'affection s'expriment. Me retrouver devant le président, j'imaginais que ce serait pour moi un moment difficile, c'est devenu pour moi le meilleur.
QUESTION : Et à Matignon ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Quand je dîne avec Anne-Marie et parfois avec notre fille, Fleur. C'est un moment très fort d'apaisement quand Matignon se calme.
QUESTION : Que faites-vous, vous écoutez de la musique ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Pas assez. Et nous ne pouvons que rarement allumer la télévision. Je n'arrive même pas à regarder la collection des " James Bond " que Fleur m'a offerte pour mon anniversaire. Dès que je le peux, je prends un livre. En ce moment, je lis "Le goût de l'avenir", de Jean-Claude Guillebaud.
QUESTION : Vous arrive-t-il de trouver les Français ingouvernables, trop difficiles...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je sais tout cela. Je ne leur en veux pas. C'est ce qui les rend si attachants. Au contraire, rien ne me plaît plus que de faire partager un projet à des gens qui ont des idées différentes des miennes. C'est cela, ma conception de la politique !
QUESTION : Et la violence, l'agressivité gratuite, vous supportez ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je n'aime pas la colère, les insultes, les invectives, la brutalité. Je comprends la révolte, je suis parfois moi-même révolté, mais quand les gens perdent leur sang-froid, à mes yeux, c'est une marque de faiblesse.
QUESTION : Comment comptez-vous séduire les Français qui ne vous apprécient guère ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : En restant moi-même. Je suis comme je suis, avec mon authenticité et mes fidélités. Jamais vous ne me verrez jouer un rôle de composition.
QUESTION : On vous accuse de ne faire que de la communication et de faire peu de fond ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : On a bien tort de penser cela. La communication est le prolongement de l'action. J'ai toujours privilégié l'action, comme je l'ai fait pendant deux ans. Cette action s'inscrit dans une pensée sociale, libérale et européenne.
QUESTION : D'autres disent que vous êtes bien trop gentil, voire naïf et que vous n'avez pas le charisme, la force pour tenir serré le gouvernement.
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : La gentillesse est-elle un handicap ? Je ne le crois pas. Je ne suis pas un tueur, mais je sais rendre les coups. Ce n'est ni avec violence ni avec autoritarisme que l'on règle les problèmes. On conduit les hommes en étant parmi eux, avec estime et considération. Je ne crois pas au vieux modèle du chef distant et cassant dans le monde d'aujourd'hui. L'époque du "moi, je" est révolue.
QUESTION : Et justement, comment jugez-vous les ministres de votre gouvernement ? C'est comme une petite classe, il y a le plus doué, le bon élève, le plus chahuteur... Alors, comment les jugez-vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Chacun a sa personnalité. Mais tous ont de très grandes qualités, les plus expérimentés comme ceux de la jeune génération. Notre majorité compte beaucoup d'hommes et de femmes qui peuvent un jour faire partie d'une équipe gouvernementale.
QUESTION : Vous arrive-t-il d'avoir la grosse tête ? "Quos vult Jupiter perdere, prius dementat" [Jupiter aveugle d'abord ceux qu'il veut perdre]... Le pouvoir rend fou... Pas vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : J'espère bien que non. Je connais ce risque depuis longtemps. J'ai vu des hommes disjoncter et souffrir, des talents immenses se perdre dans les sables. La politique, c'est comme la mer : il ne faut jamais prétendre la dominer. La prétention, c'est la faute, le péché mortel.
QUESTION : Votre plus grand rêve au moment où je vous parle ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Des rêves de bonheur à trois, avec ma femme et ma fille. Connaître les grands espaces d'Afrique, les parcs animaliers. Faire de grandes randonnées.
QUESTION : La nuit, vous arrive-t-il de vous réveiller à cause d'un problème grave que vous ne réussissez pas à résoudre ? Je pense, par exemple, aux deux otages français en Irak ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je ne me réveille pas souvent la nuit. Quand cela m'arrive, je pense aux problèmes qui s'accumulent et le sommeil m'échappe.
QUESTION : Vous n'êtes jamais totalement désespéré face aux dangers de la mondialisation ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je suis fondamentalement optimiste. Je crois au progrès, à l'avenir de l'humanité. Je ne suis jamais désespéré depuis que j'ai eu à faire en quatrième ou troisième une dissertation sur une phrase de SAINT-EXUPÉRY : "On n'a pas le droit d'être responsable et désespéré..."
QUESTION : Pour vous, CHIRAC, c'est un grand-père, un père, un oncle, un frère...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Un grand-frère. Il est le président de la République. Mes relations avec lui sont personnelles et profondes.
QUESTION : Et Bernadette CHIRAC ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Une marraine affectueuse et exigeante.
QUESTION : "Patient", "accrocheur", "tenace", "entêté", "confiant", qu'est-ce qui vous qualifie le mieux ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Patient et accrocheur, mais sûrement pas entêté. J'ai le sens du temps. Je sais attendre.
QUESTION : Qu'est-ce qui vous fait le plus rire ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Tous les humoristes. Quand on me caricature, cela me fait souvent hurler de rire.
QUESTION : Anne-Marie, votre femme, est très importante dans votre vie ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui, cela fait vingt-quatre ans que nous sommes mariés. Avec elle, je me sens toujours bien. Je peux affronter des tempêtes, j'ai un port.
QUESTION : Et votre fille, Fleur, qui a 23 ans ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : C'est un charme, je l'adore !
QUESTION : Et votre mère ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Elle aussi. Je l'appelle très souvent pour avoir de ses nouvelles. Comme elle écoute toutes les radios entre 6 h 30 et 9 heures, je lui demande : "Alors, aujourd'hui, quelle est l'information du jour ?" Elle sait faire le tri du bon sens avec finesse.
QUESTION : Dieu, vous y croyez alors que le monde semble aller de plus en plus mal : il y a les affaires du Darfour, la guerre civile en Irak, des décapitations atroces, le drame de l'école de Beslan en Ossétie, l'extrême pauvreté de l'Afrique, des maladies comme le sida, les cancers...
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Oui, je continue d'y croire. Je suis en contact avec les familles de nos otages : elles gardent un courage inouï lié à l'amour qu'elles leur portent. Je crois à la supériorité de l'amour.
QUESTION : Vous avez dit récemment : "Ma main ne tremble pas : en toutes circonstances, je garde mon esprit de mission." Pourquoi ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je n'ai pas peur de décider. Ma mission se poursuit dans cette seconde mi-temps de la législature, elle est d'améliorer la vie de chaque Française et de chaque Français. C'est l'objectif du contrat que je vais leur proposer pour 2005, ensemble nous réussirons la croissance durable et partagée.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 septembre 2004)