Texte intégral
Qu'il me soit permis de vous dire l'émotion que je ressens au moment où je vous parle, d'abord pour remercier tous les Jeunes populaires et en particulier Marie Guévenoux et son équipe pour avoir su, depuis deux ans, créer le mouvement, accompagner le Bureau politique, le Conseil national, la Commission exécutive et pour avoir su faire des Jeunes populaires ce qu'ils sont, c'est-à-dire des jeunes engagés en politique au service de la France. C'est cela les Jeunes populaires.
Au moment où, nous l'espérons tous, se dénoue un drame, je voudrais saluer, dans cette dramatique affaire des otages, l'exemple montré par les Français au monde. Ils ont montré que les valeurs universelles de la France placent l'humanité au centre de toute ambition, de tout projet de société, de tout mode d'organisation collective. Depuis plusieurs jours, les Français, tous les Français, ont montré que l'homme ne sera jamais pour nous l'instrument d'une idéologie.
Ce qui différencie les démocraties des autres régimes, c'est le prix. Le prix de la démocratie, c'est le prix de la liberté. La liberté d'une femme, d'un homme, la liberté d'expression et le respect de la personne humaine n'ont pas de prix. Nos libertés, nos valeurs ne sont pas négociables. C'est ce qu'ont montré tous les Français confondus, depuis plusieurs jours.
Dans cette douloureuse épreuve, la voix de la France, fidèle à nos valeurs, a été une et indivisible. La diplomatie française a su fédérer les plus hautes consciences de l'Islam pour isoler les terroristes. Je voudrais saluer les efforts de tous, derrière le président de la République, derrière Michel Barnier. Je voudrais également saluer les autres partis politiques, qui ont su parler d'une seule voix avec le gouvernement de la France et le président de la République. Je veux parler aussi du Conseil français du culte musulman, des autres religions, de cette jeune femme voilée expliquant à la télévision que s'il le fallait, elle irait remplacer les journalistes si cela était possible.
Je voudrais vous dire combien le moment que nous passons actuellement est un moment intense pour la démocratie et pour l'exemplarité que voulons montrer ici, peuple de France. Merci, Jeunes populaires, de prendre le moment pour parler des libertés dans le monde avec toute la dignité et la sérénité qui sont les vôtres.
Deux ans après la fondation de l'UMP, je suis très heureux d'être aux côtés de François, ici, pour partager un moment important de notre histoire politique, de l'histoire de ce mouvement. Je suis heureux d'être dans ce département et je voudrais saluer le maire et le député de cette circonscription, mes amis, je voudrais saluer bien sûr Bernard Accoyer, le président du groupe, c'est son département, saluer également Eric Woerth, Valérie Pécresse et tous les parlementaires présents.
Je crois que deux ans après la fondation de l'UMP, la période actuelle doit nous permettre de faire le bilan de nos succès mais aussi de nos échecs.
L'UMP, ne l'oubliez pas, sa création, son existence même, a été un moment décisif de la vie politique du centre et de la droite en France. Des gaullistes, des libéraux, des radicaux, des démocrates-chrétiens qui décident un jour de se rassembler sans vouloir raboter leurs convictions, en gardant leurs spécificités et leurs ambitions.
L'UMP est la fille du cataclysme du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, fille également de la réélection triomphale de Jacques Chirac. L'UMP est surtout pour moi la fille d'une nécessité. La nécessité absolue dans la Ve République que l'action du Chef de l'Etat soit soutenue par une majorité et par un parti majoritaire pour respecter le contrat social passé avec les Français.
L'UMP, deux ans après, nous pouvons en être fiers. Fiers du chemin parcouru et d'ailleurs personne en cet instant en France ne remet en cause l'idée même de l'UMP. Fiers des grandes réformes effectuées, en particulier pour sauver la sécurité sociale, je pense aux retraites et à l'assurance maladie.
Force est de constater que l'UMP nous a permis de conforter notre présence en Europe, de lier des liens importants et précieux avec nos amis, vos amis aussi les jeunes, de la CDU allemande, du Parti populaire espagnol. Si François Bayrou n'avait pas pris la décision très regrettable de quitter le PPE, alors tous les députés européens français du centre et de droite se seraient retrouvés dans le même parti européen pour peser sur les histoires du monde et sur celles de l'Europe, fondamentales pour demain.
Deux ans après, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac défendant ensemble la nouvelle constitution est le plus extraordinaire symbole de la réussite de l'UMP. Tout ceci nous le devons à un homme, à Alain Juppé et il est juste de saluer son action et la dignité avec laquelle il a fait face à l'épreuve qu'il traverse.
Notre deuxième congrès qui aura lieu en novembre, où nous voterons pour les instances dirigeantes, doit être celui de la refondation. Se sont posé pour moi dans ce congrès, deux questions.
La première était de savoir ce que nous faisions et s'il y avait plusieurs candidatures. J'ai fait un choix, celui de servir la majorité en étant au gouvernement de mon pays, si le président de la République et le Premier ministre le souhaitent. Il est nécessaire de faire le choix de l'unité. Ma priorité, c'est la nécessaire unité de ce parti.
Depuis deux ans, j'ai travaillé sans relâche à la fondation de l'UMP, exclusivement au service des militants et de nos idées. À ceux qui m'ont adressé leur soutien et leur parrainage, j'y vois la reconnaissance du travail accompli et je voudrais leur dire ma profonde gratitude et mon indéfectible fidélité. Aujourd'hui, j'accomplis ma mission exclusivement au service des Français pour sauver notre sécurité sociale et permettre à la France de conserver et de moderniser l'héritage social pensé par le Général de Gaulle et par le MRP.
La nouvelle équipe dirigeante de l'UMP aura la lourde responsabilité de pérenniser l'UMP, de fédérer les Français autour d'un projet ambitieux pour la France. Cet objectif nécessite la mobilisation de toutes les énergies et talents de notre parti, à droite et au centre, en prenant en compte, je le dis très solennellement à cette tribune, la richesse de notre diversité. Je sais que Nicolas Sarkozy saura relever ce défi, dans un esprit de rassemblement et de fidélité à nos valeurs.
Pour ma part, je compte m'impliquer activement pour que nos propositions soient élaborées dans un souci de justice et d'équité, seule voie possible pour emporter l'adhésion des Français. Au temps révolu du passage en force, nous devons opposer la force du constat partagé, de la négociation concertée et de la pédagogie des mesures.
Je réponds donc à ma première question par l'unité, parce que s'il n'y a pas d'unité dans le parti, pas de cohésion entre le parti et le gouvernement et s'il n'y a pas une exigence et une évidence d'un soutien loyal du parti au président de la République, alors il n'y aura plus de parti. Je vous engage à cette exigence et à cette évidence.
La seconde question, la vraie question de ces universités d'été, du congrès et de l'UMP est de quel message sommes-nous aujourd'hui porteur ? Quels nouveaux chantiers devons-nous ouvrir ? Quelles valeurs doivent inspirer notre action et celle du gouvernement ? Comment faire pour que notre parti devienne cette grande force militante et respectueuse de la diversité que nous avons voulu créer ?
Nous sommes devant une nouvelle étape, une nouvelle page économique et sociale est en train de se tourner, de s'écrire devant nous. Vous les Jeunes populaires, voulez-vous continuer à vouloir gouverner la France, alors qu'Internet et les téléphones portables sont là, que la planète est devenue un village et laisser nos compatriotes en plein désarroi, comme en quête de sens ?
Les Français sont en quête de sens. Quel sens donner au nouvel ordre mondial ? Je vous engage à réfléchir à ce sujet. Est-ce que c'est le tout-fric ? le tout-Etat ? autre chose ? une nouvelle voie ? Qu'est-ce que l'UMP dans ce nouvel ordre mondial ?
Quelle est cette France qui a peur, alors que 2,5 milliards de personnes sont en train de s'ouvrir à la consommation ? Deux milliards et demi de nouveaux consommateurs en Inde, en Chine, dans les Pays de l'Est, en Europe, et nous continuons à avoir peur, à être en plein désarroi, à rester dans une double crise politique et morale.
La seule réponse est d'avoir une ambition, de ne pas parler des Français mais de la France. L'UMP doit parler de la France. Je suis venu vous parler de la France. Il n'y a pas de raisons pour que les partis politiques ne parlent pas de la France avec un grand F. Quand on sait que les émissions de France télévision au moment où il y avait ces escrimeurs, ces athlètes, ces sportifs venus de France, des millions de Français attendaient des médailles d'or, d'argent et de bronze, parce que les Français aiment que la France gagne.
Alors, nous, pendant ces trois jours, trouvons l'énergie nécessaire pour défendre un projet pour que la France gagne.
Concernant la méthode, nous à l'UMP, ne devons pas faire de la politique pour plaire mais pour guider. Voilà notre phrase clé en réalité. La vocation première du politique est de dessiner l'horizon d'un avenir commun. Or, il n'y a pas 36 façons de préserver nos acquis, de financer le progrès social et d'écrire de nouvelles pages pour la France : c'est le projet social libéral. Et arrêtons de vouloir opposer ceux qui seraient pour le social et ceux qui seraient pour le libéral, l'un sans l'autre n'existe pas, c'est un faux débat par excellence.
Nous connaissons les projections. En 2008, un quart des emplois dans l'informatique seront en Inde et en Chine. En 2015, 3,3 millions d'emplois américains seront en Inde et en Chine. Nous le savons, mais ce n'est parce que de tels chiffres existent que nous devons avoir peur de la mondialisation. Il y a deux tentations possibles et je vous invite à ne pas tomber dedans.
Concernant la première tentation, il suffit de lire aujourd'hui la presse ou d'écouter la télévision américaine, en pleine campagne électorale, pour s'apercevoir que le sujet entre Kerry et Bush porte actuellement sur les délocalisations. Comment faire pour les éviter, pour que les 3,3 millions d'emplois ne quittent les Etats-Unis ?
Ce n'est certainement pas en créant des forteresses, de fausses frontières, en taxant, en augmentant les impôts, en se protégeant, parce que tout cela ne marche plus dans le nouvel ordre mondial.
La deuxième recette possible, une tentation idiote, serait de ressortir les vieilles recettes ultra-libérales. Je vous engage à dire et ce parti vous engage à donner votre avis sur le projet social libéral.
Ce projet accepte l'économie de marché bien évidemment, il n'y a que les socialistes français pour ne pas comprendre qu'elle est l'économie du monde. En revanche, l'Etat doit venir quand même réguler un certain nombre de choses.
J'ai deux chiffres que je vous demande de bien étudier et de bien analyser.
Le premier est le chiffre du CERCS, celui du Conseil de l'Emploi, des Revenus et de la Cohésion Sociale : 1 million d'enfants en France sont au-dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire 640 euros pour un adulte et 190 euros pour un enfant. Jeunes de l'UMP, sachez que c'est un des plus grands sujets politiques devant nous, que nous avons à régler. Je sais que vous êtes prêts à réfléchir avec nous aux solutions.
Le second chiffre n'est pas un chiffre techno, il s'agit de la productivité par salarié, la production de chaque Français. Elle augmente de 2,5 % aux Etats-Unis contre 1 % par an en France. Face à vous, je vous demande pourquoi y a-t-il une baisse de la productivité en France ?
La première cause, et ce n'est pas être libéral que de le dire, c'est d'étudier les évolutions de la durée de travail d'une personne. En 2002, un Américain aura travaillé 1791 heures, un Français 1456 soit 23 % de moins, un Allemand 1360, 32 % de moins. Concernant les seniors, qui ont entre 55 et 64 ans, aux Etats-Unis, ils sont 60 % à travailler, 66 % au japon, 39 % en France et 20 % en Italie. Pourtant, sur tous les plateaux de télévision, dans toute la presse, si vous donnez ce chiffre on vous rétorquera que vous n'êtes pas honnête parce que si vous donnez le chiffre de la productivité horaire, alors vous allez avoir 5 % de productivité horaire de plus pour les Français.
C'est vrai, les Français sont les champions du monde de la productivité horaire. Mais lorsque l'on regarde sur une année, ils font 13 % de moins et sur une vie, c'est 36 % de moins, c'est-à-dire plus d'un tiers de productivité en moins pour un Français par rapport à un Américain ou un Japonais.
Cela, nous le payons en croissance, en emplois et nous le payons également en nombre d'enfants pauvres.
Je ne me laisserai pas aller à cette ringardise qui voudrait faire croire que la valeur du travail et du mérite est passée, c'est la seule solution pour gagner nos combats de demain et pour expliquer que la France a une ambition dans le monde, à une condition, que les recettes, les produits, les bénéfices de cette croissance retrouvée, due au travail des Français soient partagés pour qu'il y ait moins d'un million, moins de 500 000, moins de 100 000, zéro enfant pauvre.
C'est cela l'UMP, ce n'est pas de la démagogie, c'est la réalité.
Je pense que nous avons devant nous, Gérard Larcher a devant lui, un énorme dossier, celui des 35 heures. La question n'est pas de faire de l'idéologie, mais de donner, entreprise par entreprise, le choix aux Français, par le dialogue social retrouvé, de ce qu'ils veulent faire : travailler plus pour gagner plus ou non. Le sujet est donc la liberté. Ce n'est pas de l'ultralibéralisme, c'est une conduite normale et libre d'un Etat comme le nôtre.
Je me souviendrais toute ma vie des rmistes que j'ai reçus à Toulouse.J'avais convié tous les rmistes de ma ville à venir à la salle Mermoz à Toulouse pour parler et leur proposer de doubler l'allocation du RMI en faisant un travail d'intérêt général, en relation avec la Garonne. 1500 ont accepté et sont revenus huit mois après dans la salle Mermoz. Jamais je n'oublierais les yeux de ces femmes et de ces hommes, qui, non pas parce qu'ils gagnaient deux fois plus mais parce qu'ils avaient par ce travail d'intérêt général, retrouvé une dignité et une place dans la société. Ça, c'est du social.
La deuxième cause de différence de productivité tient à notre capacité, et je parle à la jeunesse de notre pays, à utiliser les nouvelles technologies.
En quinze ans, la France aura perdu 700 000 emplois dans la métallurgie, le textile et le bois. En 2003, Bengalor, la ville du sud de l'Inde a créé 100 000 emplois. Nous devons comprendre que le pilote de l'avion sera avec un GPS ou un Galiléo demain, tout comme les navigateurs en mer. Les architectes ne font plus de dessin, mais ont des logiciels et le ministre de la Santé et de la Protection sociale demande aux médecins d'avoir un dossier médical informatisé. Notre pays a pris du retard dans ce que l'on appelle les hautes technologies et nous devons, à tout prix, rattraper ce retard. Le PDG d'Intel disait récemment que les salaires des employés de Bengalor sont cinq fois inférieurs aux nôtres, nous devons donc être cinq fois supérieur en termes de productivité.
Lorsque l'on regarde la recherche et le développement dans notre pays, on s'aperçoit que l'Europe met 2 % de son PIB dans le développement et la recherche, les Américains 2,8 %. La différence entre les deux pourcentage est qu'en valeur absolue les Etats-Unis consacrent deux fois plus de dollars à la recherche qu'en Europe.
J'habite une ville, Toulouse, où au début des années 60, un homme a fait construire le Centre national d'Etudes Spatiales. Tout le monde avait raillé cet homme, des milliards de Francs dépensés pour des fonctionnaires qui ne trouvaient rien paraît-il. Puis un jour, il a fait construire le Concorde à Toulouse. Ce n'était pas un projet industriel, c'était un projet politique parce que la France avait une ambition dans le domaine spatial et dans celui de l'aéronautique.
Si cet homme, en l'occurrence le Général de Gaulle, n'avait pas voulu et n'avait pas décidé, alors que tout le monde lui disait que c'était impossible, que c'étaient aux Américains de faire la conquête de l'espace et le supersonique, s'il n'avait pas tenu, il n'y aurait pas aujourd'hui, à Toulouse, Airbus qui vend sept fois plus d'avions que Boeing.
C'est cela la France, c'est l'ambition que nous devons avoir.
Je voudrais également dire pourquoi il existe une déficience de productivité. Quand vous regardez aujourd'hui la croissance américaine, un quart de la richesse vient de PME qui n'existaient pas il y a vingt-cinq ans, les fameuses start-up. À nous d'aider ces innovations et ces transferts entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. À nous de vous aider, vous, les jeunes chefs d'entreprises, à transformer vos savoir-faire en réussites industrielles.
Nous n'arriverons pas à tirer la croissance uniquement avec une consommation et avec des investissements retrouvés, nous le ferons également grâce aux exportations. Pas uniquement avec de grands contrats, au japon, en Chine, des métros, des TGV, de l'énergie mais aussi avec de toutes petites PME qui vont simplement se nicher là où les pays émergents en termes de croissance sont aujourd'hui capables de demander. La demande existe, 2,5 milliards de personnes demandent des produits, à nous de les produire, de sélectionner ces PME. À vous de le dire fort également en France.
Enfin, il ne servira à rien d'avoir ce type de discours et de l'ambition pour la France si nous laissons les Américains dépenser 21 000 dollars par étudiants contre 8 000 pour nous. L'enseignement supérieur est probablement l'élément majeur de l'Europe.
Rééquilibrons avec ce que nous donnons à l'enseignement secondaire, ce qui est très bien et s'il faut avoir un face à face avec certains syndicats, je n'ai pas peur de l'avoir, il vaut mieux peut-être diminuer là où il le faut pour donner à la France qui en a besoin. La République c'est aussi de dire la vérité.
Il y a une injustice dans l'enseignement supérieur, lorsqu'en France vous appartenez à une famille très modeste, il y a la possibilité d'avoir une bourse. Elle est trop petite, mais vous pouvez y prétendre. Lorsque vous appartenez à une famille aisée et que le chef de famille paie l'impôt sur le revenu, si vous avez un enfant à l'université, vous baissez d'un cran dans le barème d'imposition, correspondant à peu près au même montant que la bourse. Mais si vous appartenez comme les trois quarts des étudiants, aux classes moyennes, vous n'avez aucune aide, c'est totalement anormal.
L'UMP doit être là, elle doit proposer concrètement et simplement à tous les étudiants français, dans la mesure où ils ne redoublent pas plus d'une fois, la possibilité d'avoir cette somme, une fois par an, qu'ils iront chercher d'ailleurs au Trésor Public pour comprendre déjà à quoi servent les impôts et la répartition, et qu'ils rembourseront à taux zéro quand ils auront un emploi.
Il faut que nous soyons capables de proposer cela à notre pays. Il n'y aura pas d'avenir pour la France s'il n'y a pas d'avenir pour notre recherche, pour nos chercheurs, pour le développement et pour nos universités et leurs étudiants.
Plus de liberté mais aussi plus de justice.
Le moteur de nos sociétés et de nos économies c'est la liberté. Il n'y a plus que les socialistes français donc pour ne pas être avec nous. On aurait tort pour autant d'ignorer la montée des forces qui remettent en cause le fonctionnement actuel du capitalisme mondial. Le mouvement altermondialiste est un puissant révélateur du mal-être qui existe aujourd'hui en France et, bien entendu, sur toute la planète.
Mes amis, si nous voulons être utiles à la société française, alors nous devons défendre une économie de marché mais également notre économie sociale de marché. Nous devons être des avocats inlassables d'un nouvel humanisme exigeant à la fois plus de liberté et de justice.
La liberté ne saurait être assimilée à la loi de la jungle ou la domination du fort sur le faible. La tradition républicaine a toujours associé la liberté et l'exigence de justice. Sans doute, avons-nous donné le sentiment aux Français que nos réformes pouvaient favoriser une partie de la société. Ce procès n'est pas fondé, mais les dernières élections nous ont dit un certain nombre de choses. C'est pourquoi notre combat n'est pas celui d'un capitalisme brutal et parfois inique, nous devons réagir contre l'accélération des inégalités et de la marginalisation, de ceux qui ne sont pas assez armés afin de faire face à la compétition.
En un mot, nous devons humaniser le capitalisme et avoir comme horizon l'économie sociale de marché. C'est ce à quoi je vous invite, avec l'UMP.
Au-delà de ces interrogations sur le fonctionnement même du capitalisme, il est de notre responsabilité de veiller à ce que les femmes et les hommes ne soient pas abandonnés au bord de la route. C'est tout l'enjeu du débat sur les licenciements. Autant il est absurde de prétendre les interdire, autant il est légitime de veiller à ce qu'ils s'accompagnent des moyens nécessaires afin de retrouver un emploi.
Je préfère une société qui donne à chacun la possibilité de travailler même si ces emplois ne sont pas sûrs, plutôt qu'une société assistée avec des chefs d'entreprises qui préfèrent ne pas embaucher et ne pas donner leur chance à des jeunes, c'est cela la vérité.
Si nous voulons faire tout cela, il nous faudra de l'argent et si nous voulons de l'argent, il faudra que nous modernisions l'Etat, et réformer l'Etat, ce n'est pas rien. Pendant longtemps la croissance a été tirée par les dépenses publiques alors que les Français épargnaient. Il nous faut une croissance tirée par la consommation en diminuant les dépenses publiques. Comment les diminuer ? C'est tout le travail que nous devons faire dans les semaines qui viennent, en étant excessivement économes des deniers publics.
Lorsque nous avons eu, avec Xavier Bertrand, la responsabilité de réformer l'assurance maladie, quelle a été notre obsession ? Ne pas dépenser un seul euro pour rien.
Arrêtons, à l'UMP, de faire croire qu'il y aurait la France du privé contre la France du public, avec des fonctionnaires qui ne feraient rien et des salariés du privé. Ce n'est pas cela la France. La France n'est pas l'une contre l'autre. La France c'est une fonction publique d'élite, remarquable, là où il le faut, et pas là où il ne faut pas. C'est un Etat recentré sur ce qu'il faut.
C'est cette révolution qualité qu'il nous faut mener dans tous les services publics. L'usager doit désormais être traité comme un client et nous devons tendre vers le zéro défaut.
Voilà mes amis le message que je voulais vous transmettre en ce début d'université d'été.
Robert Schumann a écrit le 9 mai 1950 : " Il n'est plus question de vaines paroles mais d'un acte hardi, constructif. La France a agi et les conséquences de son action peuvent être immenses ".
Cette phrase-là, j'aimerais que le président de la République puisse la dire au lendemain du referendum. C'est une constitution pour tous les citoyens, c'est un texte politique pour tout le continent, c'est une immense affaire, un immense projet. C'est votre histoire politique et ce jour de 2005 sera peut-être le plus beau jour ou un des plus grands jours politiques de votre vie politique, de notre vie politique.
Il y a quelques jours nous étions au ministère de la Santé avec un collègue de Bernard Accoyer et Jean Léonetti, premier vice-président du groupe. Grâce à Bernard Accoyer, mais aussi grâce aux autres groupes parlementaires, des communistes, des socialistes, des UDF et des UMP se sont mis autour d'une table, je l'ai fait moi aussi, pour définir ce qu'était une société dans laquelle nous gagnons 3 mois d'espérance de vie tous les 6 ans.
Une telle société, qui ne parlerait que de croissance, que d'industrie, que d'entreprises, serait une société malade. La finalité de notre engagement politique c'est l'homme. Quelle place faisons-nous à l'homme dans la société ?
J'ai dit oui à cette loi, et je remercie le Premier ministre de m'avoir permis de le faire, qui grâce à Jean-Louis Debré sera très vite étudiée à l'Assemblée nationale, pour que lorsque quelqu'un en a fini avec sa vie, que tous les médecins savent que c'est terminé, que le collège médical dit qu'il n'y a plus d'espoir, que cette personne consciente puisse choisir l'acharnement thérapeutique d'un côté ou de l'autre la pompe à morphine.
Pour notre parti politique, c'est un énorme encouragement à continuer quand on sait que des hommes et des femmes politiques sont capables de se regrouper pour parler de l'essentiel.
Je suis heureux que ce soit ce gouvernement qui puisse dire oui à cette loi, parce que cette loi porte ce qui nous réunit, ce qui j'espère sera l'Europe de demain. C'est l'exemplarité du modèle social européen, qui n'est pas un modèle économique, qui n'est pas uniquement du fric, de l'argent, du capitalisme ou de l'Etat, mais qui est avant tout le modèle social de l'homme que nous voulons défendre.
Merci de le faire avec nous.
(Source http://www.u-m-p.org, le 10 septembre 2004)
Au moment où, nous l'espérons tous, se dénoue un drame, je voudrais saluer, dans cette dramatique affaire des otages, l'exemple montré par les Français au monde. Ils ont montré que les valeurs universelles de la France placent l'humanité au centre de toute ambition, de tout projet de société, de tout mode d'organisation collective. Depuis plusieurs jours, les Français, tous les Français, ont montré que l'homme ne sera jamais pour nous l'instrument d'une idéologie.
Ce qui différencie les démocraties des autres régimes, c'est le prix. Le prix de la démocratie, c'est le prix de la liberté. La liberté d'une femme, d'un homme, la liberté d'expression et le respect de la personne humaine n'ont pas de prix. Nos libertés, nos valeurs ne sont pas négociables. C'est ce qu'ont montré tous les Français confondus, depuis plusieurs jours.
Dans cette douloureuse épreuve, la voix de la France, fidèle à nos valeurs, a été une et indivisible. La diplomatie française a su fédérer les plus hautes consciences de l'Islam pour isoler les terroristes. Je voudrais saluer les efforts de tous, derrière le président de la République, derrière Michel Barnier. Je voudrais également saluer les autres partis politiques, qui ont su parler d'une seule voix avec le gouvernement de la France et le président de la République. Je veux parler aussi du Conseil français du culte musulman, des autres religions, de cette jeune femme voilée expliquant à la télévision que s'il le fallait, elle irait remplacer les journalistes si cela était possible.
Je voudrais vous dire combien le moment que nous passons actuellement est un moment intense pour la démocratie et pour l'exemplarité que voulons montrer ici, peuple de France. Merci, Jeunes populaires, de prendre le moment pour parler des libertés dans le monde avec toute la dignité et la sérénité qui sont les vôtres.
Deux ans après la fondation de l'UMP, je suis très heureux d'être aux côtés de François, ici, pour partager un moment important de notre histoire politique, de l'histoire de ce mouvement. Je suis heureux d'être dans ce département et je voudrais saluer le maire et le député de cette circonscription, mes amis, je voudrais saluer bien sûr Bernard Accoyer, le président du groupe, c'est son département, saluer également Eric Woerth, Valérie Pécresse et tous les parlementaires présents.
Je crois que deux ans après la fondation de l'UMP, la période actuelle doit nous permettre de faire le bilan de nos succès mais aussi de nos échecs.
L'UMP, ne l'oubliez pas, sa création, son existence même, a été un moment décisif de la vie politique du centre et de la droite en France. Des gaullistes, des libéraux, des radicaux, des démocrates-chrétiens qui décident un jour de se rassembler sans vouloir raboter leurs convictions, en gardant leurs spécificités et leurs ambitions.
L'UMP est la fille du cataclysme du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, fille également de la réélection triomphale de Jacques Chirac. L'UMP est surtout pour moi la fille d'une nécessité. La nécessité absolue dans la Ve République que l'action du Chef de l'Etat soit soutenue par une majorité et par un parti majoritaire pour respecter le contrat social passé avec les Français.
L'UMP, deux ans après, nous pouvons en être fiers. Fiers du chemin parcouru et d'ailleurs personne en cet instant en France ne remet en cause l'idée même de l'UMP. Fiers des grandes réformes effectuées, en particulier pour sauver la sécurité sociale, je pense aux retraites et à l'assurance maladie.
Force est de constater que l'UMP nous a permis de conforter notre présence en Europe, de lier des liens importants et précieux avec nos amis, vos amis aussi les jeunes, de la CDU allemande, du Parti populaire espagnol. Si François Bayrou n'avait pas pris la décision très regrettable de quitter le PPE, alors tous les députés européens français du centre et de droite se seraient retrouvés dans le même parti européen pour peser sur les histoires du monde et sur celles de l'Europe, fondamentales pour demain.
Deux ans après, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac défendant ensemble la nouvelle constitution est le plus extraordinaire symbole de la réussite de l'UMP. Tout ceci nous le devons à un homme, à Alain Juppé et il est juste de saluer son action et la dignité avec laquelle il a fait face à l'épreuve qu'il traverse.
Notre deuxième congrès qui aura lieu en novembre, où nous voterons pour les instances dirigeantes, doit être celui de la refondation. Se sont posé pour moi dans ce congrès, deux questions.
La première était de savoir ce que nous faisions et s'il y avait plusieurs candidatures. J'ai fait un choix, celui de servir la majorité en étant au gouvernement de mon pays, si le président de la République et le Premier ministre le souhaitent. Il est nécessaire de faire le choix de l'unité. Ma priorité, c'est la nécessaire unité de ce parti.
Depuis deux ans, j'ai travaillé sans relâche à la fondation de l'UMP, exclusivement au service des militants et de nos idées. À ceux qui m'ont adressé leur soutien et leur parrainage, j'y vois la reconnaissance du travail accompli et je voudrais leur dire ma profonde gratitude et mon indéfectible fidélité. Aujourd'hui, j'accomplis ma mission exclusivement au service des Français pour sauver notre sécurité sociale et permettre à la France de conserver et de moderniser l'héritage social pensé par le Général de Gaulle et par le MRP.
La nouvelle équipe dirigeante de l'UMP aura la lourde responsabilité de pérenniser l'UMP, de fédérer les Français autour d'un projet ambitieux pour la France. Cet objectif nécessite la mobilisation de toutes les énergies et talents de notre parti, à droite et au centre, en prenant en compte, je le dis très solennellement à cette tribune, la richesse de notre diversité. Je sais que Nicolas Sarkozy saura relever ce défi, dans un esprit de rassemblement et de fidélité à nos valeurs.
Pour ma part, je compte m'impliquer activement pour que nos propositions soient élaborées dans un souci de justice et d'équité, seule voie possible pour emporter l'adhésion des Français. Au temps révolu du passage en force, nous devons opposer la force du constat partagé, de la négociation concertée et de la pédagogie des mesures.
Je réponds donc à ma première question par l'unité, parce que s'il n'y a pas d'unité dans le parti, pas de cohésion entre le parti et le gouvernement et s'il n'y a pas une exigence et une évidence d'un soutien loyal du parti au président de la République, alors il n'y aura plus de parti. Je vous engage à cette exigence et à cette évidence.
La seconde question, la vraie question de ces universités d'été, du congrès et de l'UMP est de quel message sommes-nous aujourd'hui porteur ? Quels nouveaux chantiers devons-nous ouvrir ? Quelles valeurs doivent inspirer notre action et celle du gouvernement ? Comment faire pour que notre parti devienne cette grande force militante et respectueuse de la diversité que nous avons voulu créer ?
Nous sommes devant une nouvelle étape, une nouvelle page économique et sociale est en train de se tourner, de s'écrire devant nous. Vous les Jeunes populaires, voulez-vous continuer à vouloir gouverner la France, alors qu'Internet et les téléphones portables sont là, que la planète est devenue un village et laisser nos compatriotes en plein désarroi, comme en quête de sens ?
Les Français sont en quête de sens. Quel sens donner au nouvel ordre mondial ? Je vous engage à réfléchir à ce sujet. Est-ce que c'est le tout-fric ? le tout-Etat ? autre chose ? une nouvelle voie ? Qu'est-ce que l'UMP dans ce nouvel ordre mondial ?
Quelle est cette France qui a peur, alors que 2,5 milliards de personnes sont en train de s'ouvrir à la consommation ? Deux milliards et demi de nouveaux consommateurs en Inde, en Chine, dans les Pays de l'Est, en Europe, et nous continuons à avoir peur, à être en plein désarroi, à rester dans une double crise politique et morale.
La seule réponse est d'avoir une ambition, de ne pas parler des Français mais de la France. L'UMP doit parler de la France. Je suis venu vous parler de la France. Il n'y a pas de raisons pour que les partis politiques ne parlent pas de la France avec un grand F. Quand on sait que les émissions de France télévision au moment où il y avait ces escrimeurs, ces athlètes, ces sportifs venus de France, des millions de Français attendaient des médailles d'or, d'argent et de bronze, parce que les Français aiment que la France gagne.
Alors, nous, pendant ces trois jours, trouvons l'énergie nécessaire pour défendre un projet pour que la France gagne.
Concernant la méthode, nous à l'UMP, ne devons pas faire de la politique pour plaire mais pour guider. Voilà notre phrase clé en réalité. La vocation première du politique est de dessiner l'horizon d'un avenir commun. Or, il n'y a pas 36 façons de préserver nos acquis, de financer le progrès social et d'écrire de nouvelles pages pour la France : c'est le projet social libéral. Et arrêtons de vouloir opposer ceux qui seraient pour le social et ceux qui seraient pour le libéral, l'un sans l'autre n'existe pas, c'est un faux débat par excellence.
Nous connaissons les projections. En 2008, un quart des emplois dans l'informatique seront en Inde et en Chine. En 2015, 3,3 millions d'emplois américains seront en Inde et en Chine. Nous le savons, mais ce n'est parce que de tels chiffres existent que nous devons avoir peur de la mondialisation. Il y a deux tentations possibles et je vous invite à ne pas tomber dedans.
Concernant la première tentation, il suffit de lire aujourd'hui la presse ou d'écouter la télévision américaine, en pleine campagne électorale, pour s'apercevoir que le sujet entre Kerry et Bush porte actuellement sur les délocalisations. Comment faire pour les éviter, pour que les 3,3 millions d'emplois ne quittent les Etats-Unis ?
Ce n'est certainement pas en créant des forteresses, de fausses frontières, en taxant, en augmentant les impôts, en se protégeant, parce que tout cela ne marche plus dans le nouvel ordre mondial.
La deuxième recette possible, une tentation idiote, serait de ressortir les vieilles recettes ultra-libérales. Je vous engage à dire et ce parti vous engage à donner votre avis sur le projet social libéral.
Ce projet accepte l'économie de marché bien évidemment, il n'y a que les socialistes français pour ne pas comprendre qu'elle est l'économie du monde. En revanche, l'Etat doit venir quand même réguler un certain nombre de choses.
J'ai deux chiffres que je vous demande de bien étudier et de bien analyser.
Le premier est le chiffre du CERCS, celui du Conseil de l'Emploi, des Revenus et de la Cohésion Sociale : 1 million d'enfants en France sont au-dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire 640 euros pour un adulte et 190 euros pour un enfant. Jeunes de l'UMP, sachez que c'est un des plus grands sujets politiques devant nous, que nous avons à régler. Je sais que vous êtes prêts à réfléchir avec nous aux solutions.
Le second chiffre n'est pas un chiffre techno, il s'agit de la productivité par salarié, la production de chaque Français. Elle augmente de 2,5 % aux Etats-Unis contre 1 % par an en France. Face à vous, je vous demande pourquoi y a-t-il une baisse de la productivité en France ?
La première cause, et ce n'est pas être libéral que de le dire, c'est d'étudier les évolutions de la durée de travail d'une personne. En 2002, un Américain aura travaillé 1791 heures, un Français 1456 soit 23 % de moins, un Allemand 1360, 32 % de moins. Concernant les seniors, qui ont entre 55 et 64 ans, aux Etats-Unis, ils sont 60 % à travailler, 66 % au japon, 39 % en France et 20 % en Italie. Pourtant, sur tous les plateaux de télévision, dans toute la presse, si vous donnez ce chiffre on vous rétorquera que vous n'êtes pas honnête parce que si vous donnez le chiffre de la productivité horaire, alors vous allez avoir 5 % de productivité horaire de plus pour les Français.
C'est vrai, les Français sont les champions du monde de la productivité horaire. Mais lorsque l'on regarde sur une année, ils font 13 % de moins et sur une vie, c'est 36 % de moins, c'est-à-dire plus d'un tiers de productivité en moins pour un Français par rapport à un Américain ou un Japonais.
Cela, nous le payons en croissance, en emplois et nous le payons également en nombre d'enfants pauvres.
Je ne me laisserai pas aller à cette ringardise qui voudrait faire croire que la valeur du travail et du mérite est passée, c'est la seule solution pour gagner nos combats de demain et pour expliquer que la France a une ambition dans le monde, à une condition, que les recettes, les produits, les bénéfices de cette croissance retrouvée, due au travail des Français soient partagés pour qu'il y ait moins d'un million, moins de 500 000, moins de 100 000, zéro enfant pauvre.
C'est cela l'UMP, ce n'est pas de la démagogie, c'est la réalité.
Je pense que nous avons devant nous, Gérard Larcher a devant lui, un énorme dossier, celui des 35 heures. La question n'est pas de faire de l'idéologie, mais de donner, entreprise par entreprise, le choix aux Français, par le dialogue social retrouvé, de ce qu'ils veulent faire : travailler plus pour gagner plus ou non. Le sujet est donc la liberté. Ce n'est pas de l'ultralibéralisme, c'est une conduite normale et libre d'un Etat comme le nôtre.
Je me souviendrais toute ma vie des rmistes que j'ai reçus à Toulouse.J'avais convié tous les rmistes de ma ville à venir à la salle Mermoz à Toulouse pour parler et leur proposer de doubler l'allocation du RMI en faisant un travail d'intérêt général, en relation avec la Garonne. 1500 ont accepté et sont revenus huit mois après dans la salle Mermoz. Jamais je n'oublierais les yeux de ces femmes et de ces hommes, qui, non pas parce qu'ils gagnaient deux fois plus mais parce qu'ils avaient par ce travail d'intérêt général, retrouvé une dignité et une place dans la société. Ça, c'est du social.
La deuxième cause de différence de productivité tient à notre capacité, et je parle à la jeunesse de notre pays, à utiliser les nouvelles technologies.
En quinze ans, la France aura perdu 700 000 emplois dans la métallurgie, le textile et le bois. En 2003, Bengalor, la ville du sud de l'Inde a créé 100 000 emplois. Nous devons comprendre que le pilote de l'avion sera avec un GPS ou un Galiléo demain, tout comme les navigateurs en mer. Les architectes ne font plus de dessin, mais ont des logiciels et le ministre de la Santé et de la Protection sociale demande aux médecins d'avoir un dossier médical informatisé. Notre pays a pris du retard dans ce que l'on appelle les hautes technologies et nous devons, à tout prix, rattraper ce retard. Le PDG d'Intel disait récemment que les salaires des employés de Bengalor sont cinq fois inférieurs aux nôtres, nous devons donc être cinq fois supérieur en termes de productivité.
Lorsque l'on regarde la recherche et le développement dans notre pays, on s'aperçoit que l'Europe met 2 % de son PIB dans le développement et la recherche, les Américains 2,8 %. La différence entre les deux pourcentage est qu'en valeur absolue les Etats-Unis consacrent deux fois plus de dollars à la recherche qu'en Europe.
J'habite une ville, Toulouse, où au début des années 60, un homme a fait construire le Centre national d'Etudes Spatiales. Tout le monde avait raillé cet homme, des milliards de Francs dépensés pour des fonctionnaires qui ne trouvaient rien paraît-il. Puis un jour, il a fait construire le Concorde à Toulouse. Ce n'était pas un projet industriel, c'était un projet politique parce que la France avait une ambition dans le domaine spatial et dans celui de l'aéronautique.
Si cet homme, en l'occurrence le Général de Gaulle, n'avait pas voulu et n'avait pas décidé, alors que tout le monde lui disait que c'était impossible, que c'étaient aux Américains de faire la conquête de l'espace et le supersonique, s'il n'avait pas tenu, il n'y aurait pas aujourd'hui, à Toulouse, Airbus qui vend sept fois plus d'avions que Boeing.
C'est cela la France, c'est l'ambition que nous devons avoir.
Je voudrais également dire pourquoi il existe une déficience de productivité. Quand vous regardez aujourd'hui la croissance américaine, un quart de la richesse vient de PME qui n'existaient pas il y a vingt-cinq ans, les fameuses start-up. À nous d'aider ces innovations et ces transferts entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. À nous de vous aider, vous, les jeunes chefs d'entreprises, à transformer vos savoir-faire en réussites industrielles.
Nous n'arriverons pas à tirer la croissance uniquement avec une consommation et avec des investissements retrouvés, nous le ferons également grâce aux exportations. Pas uniquement avec de grands contrats, au japon, en Chine, des métros, des TGV, de l'énergie mais aussi avec de toutes petites PME qui vont simplement se nicher là où les pays émergents en termes de croissance sont aujourd'hui capables de demander. La demande existe, 2,5 milliards de personnes demandent des produits, à nous de les produire, de sélectionner ces PME. À vous de le dire fort également en France.
Enfin, il ne servira à rien d'avoir ce type de discours et de l'ambition pour la France si nous laissons les Américains dépenser 21 000 dollars par étudiants contre 8 000 pour nous. L'enseignement supérieur est probablement l'élément majeur de l'Europe.
Rééquilibrons avec ce que nous donnons à l'enseignement secondaire, ce qui est très bien et s'il faut avoir un face à face avec certains syndicats, je n'ai pas peur de l'avoir, il vaut mieux peut-être diminuer là où il le faut pour donner à la France qui en a besoin. La République c'est aussi de dire la vérité.
Il y a une injustice dans l'enseignement supérieur, lorsqu'en France vous appartenez à une famille très modeste, il y a la possibilité d'avoir une bourse. Elle est trop petite, mais vous pouvez y prétendre. Lorsque vous appartenez à une famille aisée et que le chef de famille paie l'impôt sur le revenu, si vous avez un enfant à l'université, vous baissez d'un cran dans le barème d'imposition, correspondant à peu près au même montant que la bourse. Mais si vous appartenez comme les trois quarts des étudiants, aux classes moyennes, vous n'avez aucune aide, c'est totalement anormal.
L'UMP doit être là, elle doit proposer concrètement et simplement à tous les étudiants français, dans la mesure où ils ne redoublent pas plus d'une fois, la possibilité d'avoir cette somme, une fois par an, qu'ils iront chercher d'ailleurs au Trésor Public pour comprendre déjà à quoi servent les impôts et la répartition, et qu'ils rembourseront à taux zéro quand ils auront un emploi.
Il faut que nous soyons capables de proposer cela à notre pays. Il n'y aura pas d'avenir pour la France s'il n'y a pas d'avenir pour notre recherche, pour nos chercheurs, pour le développement et pour nos universités et leurs étudiants.
Plus de liberté mais aussi plus de justice.
Le moteur de nos sociétés et de nos économies c'est la liberté. Il n'y a plus que les socialistes français donc pour ne pas être avec nous. On aurait tort pour autant d'ignorer la montée des forces qui remettent en cause le fonctionnement actuel du capitalisme mondial. Le mouvement altermondialiste est un puissant révélateur du mal-être qui existe aujourd'hui en France et, bien entendu, sur toute la planète.
Mes amis, si nous voulons être utiles à la société française, alors nous devons défendre une économie de marché mais également notre économie sociale de marché. Nous devons être des avocats inlassables d'un nouvel humanisme exigeant à la fois plus de liberté et de justice.
La liberté ne saurait être assimilée à la loi de la jungle ou la domination du fort sur le faible. La tradition républicaine a toujours associé la liberté et l'exigence de justice. Sans doute, avons-nous donné le sentiment aux Français que nos réformes pouvaient favoriser une partie de la société. Ce procès n'est pas fondé, mais les dernières élections nous ont dit un certain nombre de choses. C'est pourquoi notre combat n'est pas celui d'un capitalisme brutal et parfois inique, nous devons réagir contre l'accélération des inégalités et de la marginalisation, de ceux qui ne sont pas assez armés afin de faire face à la compétition.
En un mot, nous devons humaniser le capitalisme et avoir comme horizon l'économie sociale de marché. C'est ce à quoi je vous invite, avec l'UMP.
Au-delà de ces interrogations sur le fonctionnement même du capitalisme, il est de notre responsabilité de veiller à ce que les femmes et les hommes ne soient pas abandonnés au bord de la route. C'est tout l'enjeu du débat sur les licenciements. Autant il est absurde de prétendre les interdire, autant il est légitime de veiller à ce qu'ils s'accompagnent des moyens nécessaires afin de retrouver un emploi.
Je préfère une société qui donne à chacun la possibilité de travailler même si ces emplois ne sont pas sûrs, plutôt qu'une société assistée avec des chefs d'entreprises qui préfèrent ne pas embaucher et ne pas donner leur chance à des jeunes, c'est cela la vérité.
Si nous voulons faire tout cela, il nous faudra de l'argent et si nous voulons de l'argent, il faudra que nous modernisions l'Etat, et réformer l'Etat, ce n'est pas rien. Pendant longtemps la croissance a été tirée par les dépenses publiques alors que les Français épargnaient. Il nous faut une croissance tirée par la consommation en diminuant les dépenses publiques. Comment les diminuer ? C'est tout le travail que nous devons faire dans les semaines qui viennent, en étant excessivement économes des deniers publics.
Lorsque nous avons eu, avec Xavier Bertrand, la responsabilité de réformer l'assurance maladie, quelle a été notre obsession ? Ne pas dépenser un seul euro pour rien.
Arrêtons, à l'UMP, de faire croire qu'il y aurait la France du privé contre la France du public, avec des fonctionnaires qui ne feraient rien et des salariés du privé. Ce n'est pas cela la France. La France n'est pas l'une contre l'autre. La France c'est une fonction publique d'élite, remarquable, là où il le faut, et pas là où il ne faut pas. C'est un Etat recentré sur ce qu'il faut.
C'est cette révolution qualité qu'il nous faut mener dans tous les services publics. L'usager doit désormais être traité comme un client et nous devons tendre vers le zéro défaut.
Voilà mes amis le message que je voulais vous transmettre en ce début d'université d'été.
Robert Schumann a écrit le 9 mai 1950 : " Il n'est plus question de vaines paroles mais d'un acte hardi, constructif. La France a agi et les conséquences de son action peuvent être immenses ".
Cette phrase-là, j'aimerais que le président de la République puisse la dire au lendemain du referendum. C'est une constitution pour tous les citoyens, c'est un texte politique pour tout le continent, c'est une immense affaire, un immense projet. C'est votre histoire politique et ce jour de 2005 sera peut-être le plus beau jour ou un des plus grands jours politiques de votre vie politique, de notre vie politique.
Il y a quelques jours nous étions au ministère de la Santé avec un collègue de Bernard Accoyer et Jean Léonetti, premier vice-président du groupe. Grâce à Bernard Accoyer, mais aussi grâce aux autres groupes parlementaires, des communistes, des socialistes, des UDF et des UMP se sont mis autour d'une table, je l'ai fait moi aussi, pour définir ce qu'était une société dans laquelle nous gagnons 3 mois d'espérance de vie tous les 6 ans.
Une telle société, qui ne parlerait que de croissance, que d'industrie, que d'entreprises, serait une société malade. La finalité de notre engagement politique c'est l'homme. Quelle place faisons-nous à l'homme dans la société ?
J'ai dit oui à cette loi, et je remercie le Premier ministre de m'avoir permis de le faire, qui grâce à Jean-Louis Debré sera très vite étudiée à l'Assemblée nationale, pour que lorsque quelqu'un en a fini avec sa vie, que tous les médecins savent que c'est terminé, que le collège médical dit qu'il n'y a plus d'espoir, que cette personne consciente puisse choisir l'acharnement thérapeutique d'un côté ou de l'autre la pompe à morphine.
Pour notre parti politique, c'est un énorme encouragement à continuer quand on sait que des hommes et des femmes politiques sont capables de se regrouper pour parler de l'essentiel.
Je suis heureux que ce soit ce gouvernement qui puisse dire oui à cette loi, parce que cette loi porte ce qui nous réunit, ce qui j'espère sera l'Europe de demain. C'est l'exemplarité du modèle social européen, qui n'est pas un modèle économique, qui n'est pas uniquement du fric, de l'argent, du capitalisme ou de l'Etat, mais qui est avant tout le modèle social de l'homme que nous voulons défendre.
Merci de le faire avec nous.
(Source http://www.u-m-p.org, le 10 septembre 2004)