Texte intégral
Q - Quel est votre sentiment d'ensemble à la suite de cette récente visite dans l'Océan Indien ?
R - De cette visite, je retire un sentiment très positif, et beaucoup d'espoir.
Il s'agissait d'abord à Madagascar de ma première visite bilatérale en qualité de ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie. J'ai été chaleureusement accueilli et j'ai pu constater que le sentiment particulier que l'on nourrit en France pour Madagascar a sa réciproque. Nos deux pays ont une longue histoire commune, ils sont indiscutablement liés.
Q - Quelles sont les mesures concrètes que vous avez décidées avec le Premier ministre Jacques Sylla lors de votre récente visite officielle à Madagascar ?
R - Cette visite de travail était placée sous le double-signe de l'amitié franco-malgache et de la solidarité régionale.
Les discussions que nous avons eues à Tananarive ont porté en premier lieu sur nos relations bilatérales, notamment sur notre dispositif de coopération dans le cadre de l'initiative PPTE, et sur les questions commerciales. La relation de confiance développée par les autorités malgaches avec la communauté internationale a rendu possible la relance de l'économie et le lancement des grands chantiers d'aujourd'hui. Cette relation de confiance doit maintenant être relayée par le monde des affaires. UBIFRANCE (Agence française pour le développement international des entreprises) a organisé un séminaire à ce sujet le 11 mai dernier à Paris.
Les discussions ont ensuite porté sur les questions régionales, notamment sur les principaux points à l'ordre du jour de la COI : les orientations stratégiques de l'organisation, la nomination d'un nouveau Secrétaire général de l'organisation, la préparation du sommet des chefs d'Etat.
Q - Nous notons avec une vive satisfaction que la coopération entre la France et Madagascar semble connaître un nouvel élan. Un signe symbolique est l'élection du président Ravalomanana à l'Académie des Sciences d'Outre-Mer où il sera reçu solennellement le 17 juin prochain. Aussi la Francophonie n'apparaît-elle pas comme un facteur non négligeable dans les relations franco-malgaches ?
R - Depuis juillet 2002, nous avons en effet relancé notre coopération et accentué nos efforts pour accompagner le gouvernement dans sa politique de développement. Cette action témoigne de la priorité que nous accordons à Madagascar, et que nous entendons maintenir à l'avenir.
Nous nous réjouissons de ce nouvel élan des relations franco-malgaches dont la visite officielle en France du président Ravalomanana, en avril 2003 a été un moment particulièrement intense. M. Ravalomanana avait alors rendu visite à l'Académie des sciences d'Outre-mer, où une séance commune avec l'Académie malgache avait été organisée pour le centenaire de cette Académie.
La Francophonie, comme vous le soulignez, en est un facteur essentiel de la profondeur de la relation bilatérale. Mais la francophonie n'est pas qu'une langue en partage. Il s'agit aussi de valeurs partagées, d'une histoire partagée, d'une culture partagée.
Q - Tout récemment, on a appris avec stupeur la chute du franc malgache. Quel soutien peut-on envisager pour corriger les effets négatifs sur une telle dépréciation ?
R - Il s'agit, selon les experts, d'un ajustement déclenché par une conjoncture particulière du commerce extérieur en ce début d'année, qui ne doit pas inquiéter plus que de raison. Cette question est évidemment évoquée entre les autorités malgaches et le FMI.
Q - Quel rôle entend jouer la France dans le cadre de l'intégration régionale ? (Zone Océan indien)
R - La France est présente dans l'Océan indien. Près d'un million de nos compatriotes vivent à la Réunion, et à Mayotte. Et comme vous le savez, une communauté de plus de 25.000 ressortissants français vit à Madagascar. Aussi l'intégration régionale est-elle pour nous un enjeu majeur.
C'est l'affaire de tous. La France n'entend pas jouer un rôle à part mais participer, comme ses voisins de l'Océan indien, à ce mouvement d'intégration. Nous sommes convaincus que la Commission de l'Océan indien est un cadre privilégié pour cela.
C'est aussi l'affaire de l'Europe. L'Union européenne souhaite accompagner et renforcer les mouvements d'intégration régionale en Afrique. Ainsi, des accords de Partenariat économique régionaux devront faire suite aux accords préférentiels en 2008. La France plaidera auprès de la Commission pour que la situation des économies insulaires ne soit pas oubliée dans les négociations ouvertes en février dernier.
Q - Quels sont les leviers efficaces pour coordonner les actions de coopération - institutionnelle, décentralisée, ONG et associations - ?
R - Les actions de coopération relèvent de l'action extérieure de la France. Elles sont donc coordonnées par le ministère des Affaires étrangères qui dispose de toute une gamme d'instruments décisionnels et financiers.
Comme la coopération institutionnelle, la coopération non gouvernementale et la coopération décentralisée sont suivies par des directions particulières du Quai d'Orsay.
Q - Vous avez suivi avec attention les événements de la Côte d'Ivoire. Les intérêts français y sont menacés. Pourquoi ne pas favoriser leurs transferts en d'autres lieux où ils participeront à la réussite du développement lié à la coopération ?
R - La première priorité de la France reste bien entendu d'assurer la sécurité de la communauté française. Vous savez que 8000 de nos compatriotes résident aujourd'hui en Côte d'Ivoire, pour certains depuis plusieurs générations.
Notre objectif à tous, et c'est celui de la communauté internationale toute entière, est d'éviter la guerre civile et d'assurer la stabilisation du pays. Ceci n'est possible que par l'application des accords de Marcoussis, agréés par les parties ivoiriennes, et garantis par la communauté internationale, dans la perspective d'élections transparentes, libres et ouvertes à tous, d'ici fin 2005.
Q - S'agissant de la Francophonie, vous n'êtes pas sans savoir qu'un projet est en cours d'étude concernant la création à Antananarivo d'une bibliothèque-librairie d'expression francophone de l'Océan indien. C'est-à-dire qui regrouperait des écrivains des Comores, de Mayotte, de Maurice, des Seychelles, de La Réunion et de Madagascar. Une telle initiative peut-elle bénéficier de l'appui de votre ministère ?
R - L'idée de mieux faire connaître dans la zone les écrivains de langue française de l'Océan indien est excellente.
Le ministère des Affaires étrangères concourre à cet objectif à Madagascar, notamment avec le projet "appui au bilinguisme", en cours d'exécution, qui prévoit l'installation de deux cents centres de documentation à travers tout le pays, et avec le projet à venir "appui au livre et lecture publique à Madagascar".
Q - Pour conclure....
R - Madagascar et la France avancent ensemble, au moment où la Grande île prend un tournant historique. Je forme le voeu du plus bel avenir à ce partenariat.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2004)
R - De cette visite, je retire un sentiment très positif, et beaucoup d'espoir.
Il s'agissait d'abord à Madagascar de ma première visite bilatérale en qualité de ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie. J'ai été chaleureusement accueilli et j'ai pu constater que le sentiment particulier que l'on nourrit en France pour Madagascar a sa réciproque. Nos deux pays ont une longue histoire commune, ils sont indiscutablement liés.
Q - Quelles sont les mesures concrètes que vous avez décidées avec le Premier ministre Jacques Sylla lors de votre récente visite officielle à Madagascar ?
R - Cette visite de travail était placée sous le double-signe de l'amitié franco-malgache et de la solidarité régionale.
Les discussions que nous avons eues à Tananarive ont porté en premier lieu sur nos relations bilatérales, notamment sur notre dispositif de coopération dans le cadre de l'initiative PPTE, et sur les questions commerciales. La relation de confiance développée par les autorités malgaches avec la communauté internationale a rendu possible la relance de l'économie et le lancement des grands chantiers d'aujourd'hui. Cette relation de confiance doit maintenant être relayée par le monde des affaires. UBIFRANCE (Agence française pour le développement international des entreprises) a organisé un séminaire à ce sujet le 11 mai dernier à Paris.
Les discussions ont ensuite porté sur les questions régionales, notamment sur les principaux points à l'ordre du jour de la COI : les orientations stratégiques de l'organisation, la nomination d'un nouveau Secrétaire général de l'organisation, la préparation du sommet des chefs d'Etat.
Q - Nous notons avec une vive satisfaction que la coopération entre la France et Madagascar semble connaître un nouvel élan. Un signe symbolique est l'élection du président Ravalomanana à l'Académie des Sciences d'Outre-Mer où il sera reçu solennellement le 17 juin prochain. Aussi la Francophonie n'apparaît-elle pas comme un facteur non négligeable dans les relations franco-malgaches ?
R - Depuis juillet 2002, nous avons en effet relancé notre coopération et accentué nos efforts pour accompagner le gouvernement dans sa politique de développement. Cette action témoigne de la priorité que nous accordons à Madagascar, et que nous entendons maintenir à l'avenir.
Nous nous réjouissons de ce nouvel élan des relations franco-malgaches dont la visite officielle en France du président Ravalomanana, en avril 2003 a été un moment particulièrement intense. M. Ravalomanana avait alors rendu visite à l'Académie des sciences d'Outre-mer, où une séance commune avec l'Académie malgache avait été organisée pour le centenaire de cette Académie.
La Francophonie, comme vous le soulignez, en est un facteur essentiel de la profondeur de la relation bilatérale. Mais la francophonie n'est pas qu'une langue en partage. Il s'agit aussi de valeurs partagées, d'une histoire partagée, d'une culture partagée.
Q - Tout récemment, on a appris avec stupeur la chute du franc malgache. Quel soutien peut-on envisager pour corriger les effets négatifs sur une telle dépréciation ?
R - Il s'agit, selon les experts, d'un ajustement déclenché par une conjoncture particulière du commerce extérieur en ce début d'année, qui ne doit pas inquiéter plus que de raison. Cette question est évidemment évoquée entre les autorités malgaches et le FMI.
Q - Quel rôle entend jouer la France dans le cadre de l'intégration régionale ? (Zone Océan indien)
R - La France est présente dans l'Océan indien. Près d'un million de nos compatriotes vivent à la Réunion, et à Mayotte. Et comme vous le savez, une communauté de plus de 25.000 ressortissants français vit à Madagascar. Aussi l'intégration régionale est-elle pour nous un enjeu majeur.
C'est l'affaire de tous. La France n'entend pas jouer un rôle à part mais participer, comme ses voisins de l'Océan indien, à ce mouvement d'intégration. Nous sommes convaincus que la Commission de l'Océan indien est un cadre privilégié pour cela.
C'est aussi l'affaire de l'Europe. L'Union européenne souhaite accompagner et renforcer les mouvements d'intégration régionale en Afrique. Ainsi, des accords de Partenariat économique régionaux devront faire suite aux accords préférentiels en 2008. La France plaidera auprès de la Commission pour que la situation des économies insulaires ne soit pas oubliée dans les négociations ouvertes en février dernier.
Q - Quels sont les leviers efficaces pour coordonner les actions de coopération - institutionnelle, décentralisée, ONG et associations - ?
R - Les actions de coopération relèvent de l'action extérieure de la France. Elles sont donc coordonnées par le ministère des Affaires étrangères qui dispose de toute une gamme d'instruments décisionnels et financiers.
Comme la coopération institutionnelle, la coopération non gouvernementale et la coopération décentralisée sont suivies par des directions particulières du Quai d'Orsay.
Q - Vous avez suivi avec attention les événements de la Côte d'Ivoire. Les intérêts français y sont menacés. Pourquoi ne pas favoriser leurs transferts en d'autres lieux où ils participeront à la réussite du développement lié à la coopération ?
R - La première priorité de la France reste bien entendu d'assurer la sécurité de la communauté française. Vous savez que 8000 de nos compatriotes résident aujourd'hui en Côte d'Ivoire, pour certains depuis plusieurs générations.
Notre objectif à tous, et c'est celui de la communauté internationale toute entière, est d'éviter la guerre civile et d'assurer la stabilisation du pays. Ceci n'est possible que par l'application des accords de Marcoussis, agréés par les parties ivoiriennes, et garantis par la communauté internationale, dans la perspective d'élections transparentes, libres et ouvertes à tous, d'ici fin 2005.
Q - S'agissant de la Francophonie, vous n'êtes pas sans savoir qu'un projet est en cours d'étude concernant la création à Antananarivo d'une bibliothèque-librairie d'expression francophone de l'Océan indien. C'est-à-dire qui regrouperait des écrivains des Comores, de Mayotte, de Maurice, des Seychelles, de La Réunion et de Madagascar. Une telle initiative peut-elle bénéficier de l'appui de votre ministère ?
R - L'idée de mieux faire connaître dans la zone les écrivains de langue française de l'Océan indien est excellente.
Le ministère des Affaires étrangères concourre à cet objectif à Madagascar, notamment avec le projet "appui au bilinguisme", en cours d'exécution, qui prévoit l'installation de deux cents centres de documentation à travers tout le pays, et avec le projet à venir "appui au livre et lecture publique à Madagascar".
Q - Pour conclure....
R - Madagascar et la France avancent ensemble, au moment où la Grande île prend un tournant historique. Je forme le voeu du plus bel avenir à ce partenariat.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2004)