Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur, Cher Hôte,
Chère Madame,
Messieurs les Sénateurs, Chers Collègues et, néanmoins amis,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est avec beaucoup de joie que je reçois ce soir, à la Présidence du Sénat, l'ami plutôt que l'ambassadeur. L'ambassadeur nous quitte, mais pas l'ami, qui sait bien qu'il sera toujours chez lui ici.
Certains diront que six ans c'est trop... Je suis plutôt de ceux qui pensent que c'est trop court... C'est donc avec beaucoup de regrets que je vous vois partir, après six ans à Paris, pour rejoindre votre chère île et sa brillante capitale.
Après six ans, qui nous ont paru un instant, vous partez avec la satisfaction du devoir accompli, et bien accompli.
Certes, les relations entre nos deux pays se sont pour le moins rafraîchies depuis le 14 juillet 2003. Mais cette péripétie ne saurait faire oublier que nos liens se sont resserrés dans de nombreux domaines ces dernières années :
- la communauté d'affaires française à Cuba n'a jamais été aussi importante ;
- nos relations culturelles n'ont pas été affectées par le refroidissement politique ;
- quant au nombre de touristes français à Cuba, il continue d'augmenter. Autant dire que l'ambassadeur n'a pas à rougir de son bilan, à la hauteur de ses qualités personnelles tant intellectuelles qu'humaines.
C'est pour moi l'occasion, Monsieur l'ambassadeur, cher ami, de souligner vos nombreux mérites. Chacun ici a pu apprécié votre dynamisme, votre ouverture d'esprit, votre disponibilité, votre attention aux autres, votre sens de la convivialité... Autant de qualités humaines qui ont trouvé leur plus parfaite expression dans le Club des Amateurs de Havanes, que vous avez créé en 2000 et que j'ai eu le plaisir de recevoir au Sénat.
Avec 75 ambassadeurs et plus de 200 membres, ce club, aujourd'hui célèbre et envié, a créé en son sein des liens personnels, qui, plus encore que les liens professionnels ou officiels, contribuent à rapprocher les peuples.
Cette approche, qui place l'homme, -terme générique qui embrasse la femme-, avant tout, nous l'avons en commun, Monsieur l'ambassadeur.
J'ai salué l'homme, et il le mérite, mais je souhaiterais profiter de cette occasion pour rappeler l'attachement profond de la France à Cuba. Il faut dire que nous partageons une même culture.
Dois-je rappeler que votre héros national, José MARTI, était un fervent admirateur de notre grande gloire nationale -qui fut sénateur-, Victor HUGO, avec qui il entretint une correspondance régulière ?
Vous apprendrais-je que l'un des plus grands écrivains cubains, Alero CARPENTIER, a écrit une grande partie de son oeuvre en France ?
Saviez-vous enfin que le premier directeur de l'école des Beaux-Arts de Cuba, au début du XIXème siècle, était français ?
Il y a la culture, qui nous rapproche, qui nous unit. Il y a aussi une même vision du monde, que Cubains et Français souhaitent multipolaire et respectueux de la diversité. La France et Cuba partagent un même souci de leur indépendance, sur laquelle nous veillons jalousement.
Et puis, vous le savez, les Français apprécient vos paysages, votre architecture, votre art de vivre, cette douceur particulière propre aux îles. Et ils respectent votre peuple, fier, courageux, intelligent, instruit.
Avant de vous laisser la parole, Monsieur l'Ambassadeur, je souhaiterais rappeler l'attachement particulier que le Sénat a toujours manifesté envers Cuba.
En décembre 2000, notre haute assemblée a signé l'un de ses premiers accords de coopération avec l'Assemblée nationale du pouvoir populaire, permettant le développement de relations régulières entre députés cubains et sénateurs français, ainsi que la multiplication de stages de fonctionnaires parlementaires cubains au Palais du Luxembourg.
Comme vous le savez, le Sénat a par ailleurs substantiellement contribué à la réalisation de la Maison Victor HUGO, à La Havane.
Cette maison doit devenir une véritable maison de la France, sa vitrine, en quelque sorte. En cette période de refroidissement, la maison Victor HUGO doit constituer une passerelle entre nos peuples.
Ces peuples français et cubains qui s'apprécient et qui s'estiment mais qui souffrent du climat actuel de nos relations.
Monsieur l'Ambassadeur, ce n'est pas à vous que j'apprendrai que les Français, et je dirais même, au-delà, les Européens, ne sont pas les Américains.
Je ne vous cacherai pas notre déception d'être mis dans le même sac que nos grands alliés, dont nous ne partageons pas, en l'occurrence, l'approche.
Cuba est après tout plus européenne qu'américaine et n'a en tout cas pas vocation à devenir l'appendice ludique -et je le crains alors, impudique- de son grand voisin. Le peuple cubain n'a pas consenti tous ces sacrifices pour en arriver là.
Je sais que vous aurez à coeur d'y veiller, vous qui rejoignez la mère patrie. Je compte sur vous pour dissiper les malentendus qui trop souvent continuent d'altérer l'amitié entre nos peuples. Je compte sur vous pour être notre agent à La Havane...
Vive Cuba !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-cubaine !
Longue vie à notre ami Emilio !
Et bon retour à La Havane !
(source http://www.senat.fr, le 12 juillet 2004)
Chère Madame,
Messieurs les Sénateurs, Chers Collègues et, néanmoins amis,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est avec beaucoup de joie que je reçois ce soir, à la Présidence du Sénat, l'ami plutôt que l'ambassadeur. L'ambassadeur nous quitte, mais pas l'ami, qui sait bien qu'il sera toujours chez lui ici.
Certains diront que six ans c'est trop... Je suis plutôt de ceux qui pensent que c'est trop court... C'est donc avec beaucoup de regrets que je vous vois partir, après six ans à Paris, pour rejoindre votre chère île et sa brillante capitale.
Après six ans, qui nous ont paru un instant, vous partez avec la satisfaction du devoir accompli, et bien accompli.
Certes, les relations entre nos deux pays se sont pour le moins rafraîchies depuis le 14 juillet 2003. Mais cette péripétie ne saurait faire oublier que nos liens se sont resserrés dans de nombreux domaines ces dernières années :
- la communauté d'affaires française à Cuba n'a jamais été aussi importante ;
- nos relations culturelles n'ont pas été affectées par le refroidissement politique ;
- quant au nombre de touristes français à Cuba, il continue d'augmenter. Autant dire que l'ambassadeur n'a pas à rougir de son bilan, à la hauteur de ses qualités personnelles tant intellectuelles qu'humaines.
C'est pour moi l'occasion, Monsieur l'ambassadeur, cher ami, de souligner vos nombreux mérites. Chacun ici a pu apprécié votre dynamisme, votre ouverture d'esprit, votre disponibilité, votre attention aux autres, votre sens de la convivialité... Autant de qualités humaines qui ont trouvé leur plus parfaite expression dans le Club des Amateurs de Havanes, que vous avez créé en 2000 et que j'ai eu le plaisir de recevoir au Sénat.
Avec 75 ambassadeurs et plus de 200 membres, ce club, aujourd'hui célèbre et envié, a créé en son sein des liens personnels, qui, plus encore que les liens professionnels ou officiels, contribuent à rapprocher les peuples.
Cette approche, qui place l'homme, -terme générique qui embrasse la femme-, avant tout, nous l'avons en commun, Monsieur l'ambassadeur.
J'ai salué l'homme, et il le mérite, mais je souhaiterais profiter de cette occasion pour rappeler l'attachement profond de la France à Cuba. Il faut dire que nous partageons une même culture.
Dois-je rappeler que votre héros national, José MARTI, était un fervent admirateur de notre grande gloire nationale -qui fut sénateur-, Victor HUGO, avec qui il entretint une correspondance régulière ?
Vous apprendrais-je que l'un des plus grands écrivains cubains, Alero CARPENTIER, a écrit une grande partie de son oeuvre en France ?
Saviez-vous enfin que le premier directeur de l'école des Beaux-Arts de Cuba, au début du XIXème siècle, était français ?
Il y a la culture, qui nous rapproche, qui nous unit. Il y a aussi une même vision du monde, que Cubains et Français souhaitent multipolaire et respectueux de la diversité. La France et Cuba partagent un même souci de leur indépendance, sur laquelle nous veillons jalousement.
Et puis, vous le savez, les Français apprécient vos paysages, votre architecture, votre art de vivre, cette douceur particulière propre aux îles. Et ils respectent votre peuple, fier, courageux, intelligent, instruit.
Avant de vous laisser la parole, Monsieur l'Ambassadeur, je souhaiterais rappeler l'attachement particulier que le Sénat a toujours manifesté envers Cuba.
En décembre 2000, notre haute assemblée a signé l'un de ses premiers accords de coopération avec l'Assemblée nationale du pouvoir populaire, permettant le développement de relations régulières entre députés cubains et sénateurs français, ainsi que la multiplication de stages de fonctionnaires parlementaires cubains au Palais du Luxembourg.
Comme vous le savez, le Sénat a par ailleurs substantiellement contribué à la réalisation de la Maison Victor HUGO, à La Havane.
Cette maison doit devenir une véritable maison de la France, sa vitrine, en quelque sorte. En cette période de refroidissement, la maison Victor HUGO doit constituer une passerelle entre nos peuples.
Ces peuples français et cubains qui s'apprécient et qui s'estiment mais qui souffrent du climat actuel de nos relations.
Monsieur l'Ambassadeur, ce n'est pas à vous que j'apprendrai que les Français, et je dirais même, au-delà, les Européens, ne sont pas les Américains.
Je ne vous cacherai pas notre déception d'être mis dans le même sac que nos grands alliés, dont nous ne partageons pas, en l'occurrence, l'approche.
Cuba est après tout plus européenne qu'américaine et n'a en tout cas pas vocation à devenir l'appendice ludique -et je le crains alors, impudique- de son grand voisin. Le peuple cubain n'a pas consenti tous ces sacrifices pour en arriver là.
Je sais que vous aurez à coeur d'y veiller, vous qui rejoignez la mère patrie. Je compte sur vous pour dissiper les malentendus qui trop souvent continuent d'altérer l'amitié entre nos peuples. Je compte sur vous pour être notre agent à La Havane...
Vive Cuba !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-cubaine !
Longue vie à notre ami Emilio !
Et bon retour à La Havane !
(source http://www.senat.fr, le 12 juillet 2004)