Texte intégral
Ses vacances dans le Gers sont terminées. A une semaine de la rentrée des élèves, le mardi 5 septembre, Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'Enseignement professionnel, fourmille d'idées pour redynamiser ces filières dont il est chargé depuis cinq mois. Sa principale proposition s'adresse à tous les élèves : un entretien " plan de carrière " pour tous les adolescents de 15 ans, quelle que soit la classe où ils se trouvent.
Après une baisse de 15 000 élèves l'an dernier, les lycées professionnels en perdent encore 10000 à cette rentrée. Comment expliquez-vous cette désaffection ?
Jean-Luc Mélenchon : Elle n'est pas uniquement liée à la baisse démographique. Il y a un problème d'image de cet enseignement et je veux absolument renverser cette tendance. Ce qui est surtout terrible, c'est le décalage entre l'hémorragie des jeunes dans ces filières et l'explosion de l'emploi. A l'heure où l'on manque de bons professionnels dans le bâtiment, l'aéronautique ou la restauration, le paradoxe est que ces formations ne sont pas pleines !
Comment allez-vous inciter les élèves et leurs parents à se lancer dans l'aventure ?
Dès cette rentrée, je garantis aux élèves qu'ils pourront continuer après un BEP. Certains préfèrent s'ennuyer dans les filières générales pour être sûrs d'obtenir un bac. Maintenant, après chaque BEP, il sera possible de passer un bac pro. Dès juin 2001, il y aura aussi une autre nouveauté : ceux qui ont déjà un bac pro pourront passer un bac technique, qui leur offre des possibilités supplémentaires, comme poursuivre ses études avec un BTS ou un DUT. Ils auront la chance de pouvoir conserver leurs notes au-dessus de la moyenne obtenues dans les matières générales lorsqu'ils ont passé leur bac pro. Cependant, mon plus grand souhait est la simplification. Quand j'étais jeune, j'étais en philosophie, ça impressionnait les copines ! Aujourd'hui, quand on a 17 ou 18 ans et qu'on poursuit un BEP " matériaux souples ", personne ne vous envie alors que ce BEP conduit aux métiers de la mode ! Changeons les noms, les jeunes pourront ainsi mieux s'identifier à leurs études. Certains élèves sortent sans aucune formation.
Comment comptez-vous y remédier ?
C'est un drame pour un pays. Je vais donc instaurer dès cette rentrée, dans trois académies tests qui ne sont pas encore définies, un entretien " plan de carrière ". Cette rencontre avec un professeur principal ou un conseiller d'orientation sera obligatoire pour les jeunes âgés de 15 ans. Au cours de cette discussion, le jeune devra parler de ce qu'il aime, de ce qu'il veut faire plus tard. L'adulte sera chargé de le conseiller, de l'orienter, de lui proposer des solutions de formation adaptées.
15 ans, n'est-ce pas un peu tôt ? Beaucoup ne savent pas encore ce qu'ils veulent faire à 18 ans.
Justement, 15 ans, c'est juste un an avant la fin de l'obligation scolaire. C'est un bon moment pour réfléchir à son avenir. Ceux qui n'ont aucune idée pourront être ainsi amenés à s'y pencher. Tous les élèves passeront cet entretien : les lycéens de 15 ans qui sont en 2de ou en 1re et ceux, en grande difficulté, qui ne sont encore qu'en 5e ou en 4e. Il n'y aura pas de tri, pas de classe couperet. Cette mesure permettra à chacun de se situer, de trouver des solutions, d'envisager la suite de ses études.
Parmi les préoccupations des familles, très souvent d'origine modeste, dont les enfants sont en lycée professionnel, il y a le coût de la rentrée, plus élevé que pour les autres filières
Dès la rentrée 2001, la prime, actuellement de 1 100 F pour les familles dans l'enseignement professionnel, sera doublée et portée à 2 200 F. Franchement, avec la revalorisation des bourses, l'allocation de rentrée scolaire, le gouvernement a fait beaucoup d'efforts dans le domaine des aides financières.
Les professeurs des lycées professionnels qui menaçaient de faire grève le 5 septembre ont laissé tomber. Vous sentez-vous serein à une semaine de la rentrée ?
On ne sait jamais ! Des tas de sujets méritent encore des discussions, mais j'ai proposé aux syndicats de commencer à en parler. Ils ont accepté. C'est seulement après, s'ils ne sont pas d'accord, que l'on constatera le conflit !
Propos recueillis par Laurence Le Fur
(source http://www.education.gouv.fr, le 30 août 2000)
Après une baisse de 15 000 élèves l'an dernier, les lycées professionnels en perdent encore 10000 à cette rentrée. Comment expliquez-vous cette désaffection ?
Jean-Luc Mélenchon : Elle n'est pas uniquement liée à la baisse démographique. Il y a un problème d'image de cet enseignement et je veux absolument renverser cette tendance. Ce qui est surtout terrible, c'est le décalage entre l'hémorragie des jeunes dans ces filières et l'explosion de l'emploi. A l'heure où l'on manque de bons professionnels dans le bâtiment, l'aéronautique ou la restauration, le paradoxe est que ces formations ne sont pas pleines !
Comment allez-vous inciter les élèves et leurs parents à se lancer dans l'aventure ?
Dès cette rentrée, je garantis aux élèves qu'ils pourront continuer après un BEP. Certains préfèrent s'ennuyer dans les filières générales pour être sûrs d'obtenir un bac. Maintenant, après chaque BEP, il sera possible de passer un bac pro. Dès juin 2001, il y aura aussi une autre nouveauté : ceux qui ont déjà un bac pro pourront passer un bac technique, qui leur offre des possibilités supplémentaires, comme poursuivre ses études avec un BTS ou un DUT. Ils auront la chance de pouvoir conserver leurs notes au-dessus de la moyenne obtenues dans les matières générales lorsqu'ils ont passé leur bac pro. Cependant, mon plus grand souhait est la simplification. Quand j'étais jeune, j'étais en philosophie, ça impressionnait les copines ! Aujourd'hui, quand on a 17 ou 18 ans et qu'on poursuit un BEP " matériaux souples ", personne ne vous envie alors que ce BEP conduit aux métiers de la mode ! Changeons les noms, les jeunes pourront ainsi mieux s'identifier à leurs études. Certains élèves sortent sans aucune formation.
Comment comptez-vous y remédier ?
C'est un drame pour un pays. Je vais donc instaurer dès cette rentrée, dans trois académies tests qui ne sont pas encore définies, un entretien " plan de carrière ". Cette rencontre avec un professeur principal ou un conseiller d'orientation sera obligatoire pour les jeunes âgés de 15 ans. Au cours de cette discussion, le jeune devra parler de ce qu'il aime, de ce qu'il veut faire plus tard. L'adulte sera chargé de le conseiller, de l'orienter, de lui proposer des solutions de formation adaptées.
15 ans, n'est-ce pas un peu tôt ? Beaucoup ne savent pas encore ce qu'ils veulent faire à 18 ans.
Justement, 15 ans, c'est juste un an avant la fin de l'obligation scolaire. C'est un bon moment pour réfléchir à son avenir. Ceux qui n'ont aucune idée pourront être ainsi amenés à s'y pencher. Tous les élèves passeront cet entretien : les lycéens de 15 ans qui sont en 2de ou en 1re et ceux, en grande difficulté, qui ne sont encore qu'en 5e ou en 4e. Il n'y aura pas de tri, pas de classe couperet. Cette mesure permettra à chacun de se situer, de trouver des solutions, d'envisager la suite de ses études.
Parmi les préoccupations des familles, très souvent d'origine modeste, dont les enfants sont en lycée professionnel, il y a le coût de la rentrée, plus élevé que pour les autres filières
Dès la rentrée 2001, la prime, actuellement de 1 100 F pour les familles dans l'enseignement professionnel, sera doublée et portée à 2 200 F. Franchement, avec la revalorisation des bourses, l'allocation de rentrée scolaire, le gouvernement a fait beaucoup d'efforts dans le domaine des aides financières.
Les professeurs des lycées professionnels qui menaçaient de faire grève le 5 septembre ont laissé tomber. Vous sentez-vous serein à une semaine de la rentrée ?
On ne sait jamais ! Des tas de sujets méritent encore des discussions, mais j'ai proposé aux syndicats de commencer à en parler. Ils ont accepté. C'est seulement après, s'ils ne sont pas d'accord, que l'on constatera le conflit !
Propos recueillis par Laurence Le Fur
(source http://www.education.gouv.fr, le 30 août 2000)