Texte intégral
Q - A l'heure où l'Union européenne (UE) rêve d'une "initiative de croissance", comment la France et l'Europe entendent-elles accroître leurs efforts en matière de recherche face au dynamisme des Etats-Unis ?
R - L'Europe s'est fixé un cap ambitieux en matière de recherche : parvenir à 3 % du PIB, le produit intérieur brut, (1 % dans le public, 2 % dans le privé) à l'horizon 2010, contre 1,9 % aujourd'hui. La France, elle, est à 2,2 % - 0,95 % dans le public et 1,25 % dans le privé. Nous sommes à la quatrième place en Europe. Les pays du Nord sont au-dessus des 3 %. L'Allemagne fait un peu mieux que nous. Nous nous sommes en tout cas fixé un objectif intermédiaire : atteindre les 2,6 % en 2006. Les moyens consacrés à la recherche pour 2004 sont en augmentation de 3,9 %. C'est la première étape pour qu'elle soit une priorité.
Q - Comment comptez-vous y parvenir ?
R - La croissance américaine en matière de recherche s'est surtout appuyée sur le secteur de la défense. L'Europe a une action forte et ciblée en faveur des politiques publiques d'intérêt général à portée économique comme les transports, l'énergie, ou sociale, comme l'environnement, la santé Il faut créer des pôles de compétence et d'excellence régionaux. Nous voulons aussi mieux harmoniser au niveau européen nos compétences universitaires.
Q - Le budget français 2004 prévoit d'accroître le crédit d'impôt recherche. Est-ce suffisant ?
R - Cette mesure va permettre de multiplier par sept le nombre d'entreprises qui pourront en bénéficier. L'enveloppe va passer de 520 à 960 millions d'euros avec un assouplissement des critères. Les grands groupes, mais aussi les PME, pourront ainsi plus facilement financer leurs efforts de recherche. Le compte d'affectation spécial va par ailleurs consacrer 150 millions d'euros aux priorités de recherche. Nous attendons aussi les retombées du nouveau statut pour les jeunes entreprises innovantes qui, avec huit années d'exonération de charge, fait de la France l'un des pays les plus attractifs pour chercher, créer et innover.
Q - Avez-vous d'autres projets de ce type ?
R - Dans la foulée de l'agenda 2006 et du discours de La Baule de Jean-Pierre Raffarin sur l'attractivité de la France, nous réfléchissons à de nouvelles mesures pour encourager les chercheurs à rester ou à revenir en France. Des annonces sur ce sujet pourraient intervenir d'ici à la fin de l'année. En outre, nous envisageons de créer un dispositif attractif permettant de drainer vers la recherche une part accrue de l'épargne des Français. La société unipersonnelle d'investissement à risque (SUIR) dont le Parlement est en train d'adopter les statuts et les exonérations fiscales en est un exemple marquant.
Q - Tout cela suffira-t-il à combler l'écart avec les Américains ?
R - Il y a de nombreux domaines dans lesquels l'Europe et la France ont une démarche de pointe en matière de recherche, notamment sur le domaine aéronautique et spatial. Le financement de projets de recherche par la Banque européenne d'investissement (BEI) pourrait permettre de donner une impulsion complémentaire à la croissance et à la compétitivité. L'UE, dans la préparation du futur budget, devrait faire une place plus importante aux investissements de recherche et développement
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 novembre 2003)