Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la protection des Français de l'étranger, le budget de la Défense et les avancées en matière de défense européenne, à Paris le 25 septembre 2004.

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Circonstance : Assemblée générale de l'Union des Français de l'Etranger, à Paris le 25 septembre 2004

Texte intégral

J'effectue de nombreux déplacements à l'étranger, pour rencontrer mes homologues ou pour soutenir nos soldats en opérations extérieures.
Je ne manque jamais ces occasions de partager quelques instants avec les communautés françaises qui vivent sur place.
Elles sont en effet un élément incontournable de l'influence de notre pays dans le monde.
Forts de leur nombre (1,5 millions), les Français de l'étranger représentent la France dans toutes ses dimensions : diplomatique, culturelle, politique, administrative, militaire ou économique.
La Défense correspond aussi à une industrie qui exporte 4 Md d'euros chaque année.
Ce sont de grands groupes technologiques en Europe.
Ce sont de nombreux marchés dans le monde entier.
Chacun dans leur domaine, nos ressortissants sont des acteurs essentiels des relations fructueuses que la France entretient avec les autres Etats.
1. Aux Français de l'étranger, comme à tous les Français, l'Etat se doit d'apporter sa protection.
Le contexte stratégique actuel place certains de nos compatriotes en première ligne des menaces.
La montée du terrorisme international, la prolifération des armes de destruction massive, le développement des trafics en tous genres nous placent dans un environnement où les risques ont changé de nature.
Assurer la sécurité de nos concitoyens aujourd'hui, ce n'est plus seulement répondre à une menace aux frontières de notre territoire.
C'est surtout prévenir les crises qui peuvent les affecter directement ou indirectement.
Répondre à ces risques exige une démarche multiforme : politique, militaire, policière ou judiciaire.
Cela exige une démarche collective dans laquelle le plus de pays possible doivent se retrouver.
Notre rôle au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies nous conduit à prendre souvent une large part de responsabilité dans des opérations de maintien de la paix.
Ces opérations peuvent prendre la forme de missions d'interposition, comme ce fut le cas à Bunia en République Démocratique du Congo à l'été 2003 ou encore en Côte d'Ivoire.
La France participe aussi à plusieurs missions de stabilisation dans les Balkans, en Afghanistan ou en Afrique.
Enfin, les Français de l'étranger le savent, en nous appuyant sur nos forces prépositionnées, nous sommes parfois amenés à évacuer des ressortissants de la communauté internationale lorsqu'ils sont menacés, comme nous l'avons fait au Liberia ou en Côte d'Ivoire.
Pour assumer au mieux ses responsabilités, la France doit s'en donner les moyens.
2. Les priorités actuelles de la Défense
- Améliorer la protection des Français, sur le territoire comme à l'extérieur.
L'effort particulier dont bénéficie notre outil de défense avec la loi de programmation militaire 2003-2008 répond à cette exigence.
Il se concrétise, cette année encore, par une augmentation sensible des moyens humains et matériels de la Défense.
Il nous faut poursuivre ce redressement historique, car une politique de défense au service de la sécurité de nos concitoyens n'est crédible et cohérente que si elle s'inscrit dans la durée.
- Notre deuxième grande priorité est la construction d'une Europe forte et solidaire.
L'Union européenne, forte de ses dix nouveaux membres et d'un accord sur un traité constitutionnel qui constitue une avancée déterminante, doit faire entendre sa voix sur la scène internationale.
Il lui faut pour cela un outil de défense qui corresponde à son poids politique et économique.
L'Union a déjà démontré qu'elle était capable d'intervenir pour assurer la stabilité du continent et même de se projeter loin de ses frontières.
Il nous faut désormais mettre en oeuvre les nombreuses initiatives de ces derniers mois.
Je pense au traité constitutionnel mais également aux outils de défense que sont la force de gendarmerie européenne ou le centre de planification des opérations.
Conclusion
La France est bien décidée à jouer un rôle moteur dans la concrétisation de l'Europe de la défense, comme elle est déterminée à demeurer un acteur majeur des relations internationales.
Nous restons fidèles à nos traditions et nos principes.
Nous continuerons à préserver la paix et à défendre le droit international, en privilégiant la coopération et la prévention.
La présence de nombreux Français à l'étranger est une garantie d'un échange permanent entre nos peuples, gage de sécurité et de paix.
Je remercie l'Union des Français de l'Etranger qui, formant un lien pérenne entre la France et ses ressortissants lointains, contribue à cet échange essentiel.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 4 octobre 2004)